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Juliette BENAMRON

Docteure de l'Université de Strasbourg

 Contact : Juliette Benamron

Titre de la thèse : « Manette et Moïse, poétique du juif de fiction dans la littérature au tournant du siècle, 1867-1929 ». Soutenue le  21/11/2013 sous la direction de Mme Eléonore Reverzy, devant un jury composé des professeurs Jean-Louis Cabanès, Guy Ducrey, Philippe Hamon, Marie-Françoise  Melmoux-Montaubin et Christine Peltre.

Cette thèse de doctorat se propose d’étudier le Juif littéraire comme un personnage relativement nouveau dans la littérature, qui apparaît au lendemain de la Révolution Française, et dont l’émancipation sociale, économique et politique se double d’une promotion littéraire et fictionnelle. Le Juif entre dans la sphère littéraire, auréolé de son altérité, de son étrangeté et de la cohorte de préjugés qui l’accompagnent avec constance. Les représentations traditionnelles et anciennes constituent souvent l’arrière-fond de cette nouvelle figure, mais on découvre assez vite qu’il s’agit d’un personnage bien moins élémentaire qu’il n’y paraît, plus problématique et protéiforme qu’on ne l’imagine à première vue.

Jusqu'alors en effet la figure du Juif n'avait été traitée que de manière principalement monographique (Ketty Kupfer, Les Juifs de Balzac, ou Juliette Hassine, Marranisme et hébraïsme dans l'œuvre de Proust...). Il s’agit à présent de proposer une synthèse sur un personnage neuf, émergeant au XIXe siècle du fait de son accès à la citoyenneté française, et cette étude d’ensemble est bâtie autour d’un corpus vaste constitué de grands et de « petits » auteurs. L’étude est orientée dans la perspective d'une poétique du personnage, mais aussi dans une approche stylistique des textes, de manière à faire apparaître dans les textes littéraires les échos idéologiques qui les habitent, ceci sans délaisser  la dimension historique du sujet. Plusieurs éléments fondamentaux participent activement de cette sémiologie du personnage. Le nom propre, le portrait mythographique, l’insertion dans le stéréotype, le portrait symbolique, la description par contiguïté, par métaphore, ou par opposition, sont autant de moyens d’activer le signalement d’un personnage nouveau, naissant et promis à une fortune considérable.

Le Juif incarne cette convergence paradoxale entre la tradition historique et le réalisme social, et il est porteur de cette ambivalence (un passé théologique lourd à porter, un peuple instigateur du monothéisme, mais considéré comme « déicide ») et une présence dynamique et hardie, porteuse de progrès, dans la société civile. Ce paradoxe ne peut manquer de questionner des écrivains, qui commencent à percevoir le contraste entre l’image archaïque fantasmatique si pleine de préjugés, et la vérité banalisée du modèle qui, très souvent, donne tort aux clichés. Ceux-ci ne disparaissent pas, loin s’en faut, mais, parmi les auteurs, beaucoup accordent aux personnages juifs de l’épaisseur, et les humanisent. Balzac inaugure le nouveau statut des Juifs dans la littérature en les individualisant, Zola reprend le flambeau, Maupassant, Erckmann-Chatrian, les frères Goncourt, Octave Mirbeau, Paul Bourget, Eugène-Melchior de Vogüé, Jules Verne, Léon Daudet, Proust, mais aussi Albert Londres ou les frères Tharaud, créent des figures de Juifs diversement mémorables, comme l’avaient fait plus tôt dans le siècle Stendhal, George Sand, ou Théophile Gautier.

La thèse se partage entre des études d’ensemble comme la caractérisation du  personnage juif, la parlure typée de certains personnages juifs (le baron de Nucingen chez Balzac), certains motifs récurrents comme l’Orient et la poétique du secret (la dimension clandestine, fréquemment associée à la vision fantasmée du Juif, se retrouve dans la permanence d’un état d’obliquité conjugué à des pouvoirs prétendument occultes), mais aussi les figures d’Esther, le capharnaüm, etc., et des « micro-lectures » portant sur des textes peu connus et dignes d’être revisités : une nouvelle inachevée et inexplorée de Stendhal Le Juif, un roman méconnu de George Sand Valvèdre, un roman injustement négligé comme Le Blocus d’Erckmann-Chatrian, des auteurs délaissés comme De Vogüé ou les frères Tharaud, une écriture magnifique et oubliée comme celle de Léon Daudet (La Lutte ou le roman d’une guérison).

 Il est certain que la représentation fictionnelle d’un Juif est chargée d’enjeux qui dépassent le seul agrément de la fiction. Ces enjeux sont idéologiques, politiques, ethniques, racistes et « raciaux », nationalistes, théologiques. Ils révèlent le fossé qui existe entre la réalité et le cliché, véritable subversion du réel. Les écrivains qui mettent en scène des Juifs n’ont que très peu le souci de la réalité, et s’accommodent fort bien de sa transgression, tandis qu’ils vont être beaucoup plus exigeants et sévères pour d’autres reproductions figuratives. Les modèles sont souvent caricaturaux, grossiers parfois, tracés à l’emporte-pièce, semble-t-il. Mais la variété des types offre, avec la diversification entrevue, une possibilité manifeste d’humanisation. L’image peut devenir parfois plus vraie parce que plus complète, parce qu’influencée aussi par des modèles réels, des personnalités juives qui marqueront le XIXe siècle

Les événements historiques de la fin du XIXe siècle, et ceux qui se dérouleront après 1929, montreront que la littérature n’a certainement pas (assez) joué son rôle de verrou par rapport à la diffusion des idées négatives sur le Juif. Peut-être car les écrivains n’ont décidément pas réussi à s’extraire de ce que Henri Meschonnic appelait leur « schizophrénie idéologique »[1]. La littérature du XIXe siècle se fait l’écho de cette dialectique qui en dit long sur les mentalités des sociétés occidentales.

 

Domaine de recherche: XIXème siècle, première moitié du XXème siècle, réalisme et naturalisme, Affaire Dreyfus, littérature et Histoire, littérature et idéologie, le personnage littéraire et romanesque, les personnages marginaux, onomastique, intertextualités mythologique et biblique, stéréotypes et idées reçues, Balzac, Zola, Goncourt, Maupassant, Vallès, Erckmann-Chatrian, Alphonse Daudet, Léon Daudet, Colette

 

Diplômes, formation :

  •  1981 : Hypokhâgne au lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg
  • 1982 : Khâgne au lycée Fustel de Coulanges à Strasbourg
  • 1985 : Maîtrise de lettres modernes à l’université de Strasbourg sous la direction du Professeur Émile Goichot : « Les marques de la proscription dans la trilogie de Jules Vallès »
  • 1989 : CAPES de lettres modernes
  • 1990 : DEA de lettres modernes à l’université de Strasbourg sous la direction d’ Émile Goichot  : « La notion de liberté dans L’Enfant de Jules Vallès »
  • 1991 : Licence d’hébreu à l’université de Strasbourg
  • 2002 : Agrégation de lettres modernes, rang : 4ème
  • 2012 : Nommée professeur agrégé hors classe
  • Novembre 2013 : doctorat de lettres modernes à l’université de Strasbourg, soutenu le 21 novembre 2013 sous la direction de Mme Éléonore Reverzy.

 

Expérience professionnelle

  • 1988 à 2007 : Professeur de lettres modernes à l’École ORT 14, rue Sellenick 67000 Strasbourg, classes de lycée et de BTS optique
  • 2007 à aujourd’hui (2016) : Professeur de lettres modernes à l’École AQUIBA 4, rue Baldung-Grien 67000 Strasbourg, classes de lycée (S-ES-L)
  • Enseignement du latin en vue de la préparation à l’option bac (Secondes, Premières et Terminales)
  • Missions diverses :
    • cours de didactique dispensés aux agrégatifs de lettres modernes à l’université de Strasbourg pour l’agrégation interne (à la demande de M. Jean Ehrsam, Inspecteur général de Lettres Modernes)
    • cours en formation initiale (IUFM) et en formation continue de professeurs
    • ormation des professeurs pour l’épreuve de l’EAF concernant les consignes de corrections à l’oral et à l’écrit (à la demande de Mme Geneviève Winter, Inspectrice des lettres)


Publications ou contributions

 Communication réalisée lors de la journée d’études doctorales commune Strasbourg-Freiburg, le 21 juin 2013, à la Faculté de Lettres de Strasbourg : « Le personnage juif dans tous ses états »

Conférence au Portique, Faculté de Lettres de Strasbourg, dans le cadre du CERIEL  (Centre d'Études sur les Représentations : Idées, esthétique, Littérature, EA 1337 « Configurations Littéraires) et du séminaire de « Littérature et économie » : « Émergence d’une nouvelle figure romanesque : le personnage juif » (février 2014)

Article dans Les Cahiers Goncourt, n°21,  2014 : « La judéité de Manette Salomon ou une écriture de la réticence »

Notice  « Colette et les juifs » destinée au Dictionnaire Colette à paraître chez Garnier en  2016 (remise du manuscrit printemps 2016) sous la direction de Jacques Dupont et de Guy Ducrey

Contribution à la réalisation d’un ouvrage méthodologique de BTS : L’Extraordinaire, Fiches Français, coordination Hélène Bieber, Ellipses, 2016.

 

 

 

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