Côme de La Bouillerie soutiendra sa thèse de littérature française,...
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Dans le prolongement de la réflexion que mène le groupe du CERIEL depuis plusieurs années sur le politique et sa représentation (« La littérature face au politique », 2005-2006, « Les formes du politique », 2006-2007), et en préparation du Colloque consacré aux « Fictions du politique. XVIIIe-XXe siècles » coordonné par Pierre Hartmann, Éléonore Reverzy et Romuald Fonkoua en janvier 2009, les travaux porteront cette année sur le corps, abordé comme incarnation, représentation, image, métaphore du politique : lieu textuel où se dit le politique, où il devient visible et lisible, noeud d'un discours ou d'idées – qui peuvent entrer en conflit avec les discours qui par ailleurs sont tenus par l'oeuvre -, ensemble de signaux que le lecteur sémiologue doit à son tour interpréter. À partir de la définition de la métaphore proposée par Paul Ricoeur (La Métaphore vive, Seuil, 1975) et dont part l'essai désormais classique d'Antoine de Baecque (Le Corps de l'histoire. Métaphores et politique, 1770-1800, Calmann-Lévy, 1993), on abordera le corps comme une métaphore vive, « cette stratégie de discours par laquelle le langage se dépouille de la fonction de description directe pour accéder au niveau mythique où sa fonction de découverte est libérée » (Ricoeur, p. 311). Cette métaphore vive, propre à chaque auteur, à chaque oeuvre, s'insérant donc dans une poétique insciente (Flaubert) de l'oeuvre, cette inscription donc du politique dans le corps même des personnages, retrouve et se combine à de grandes métaphores conventionnelles celles-ci, celles du corps de l'État en particulier, celles des maux qui l'affligent ou des différents médecins qu'il convient d'appeler à son chevet. Ces « métaphores de l'organisme » (Judith Schlanger, 1973) disent souvent le mal politique en termes de virus (qui se transmet, se multiplie, vient d'ailleurs, etc.) ou, au contraire, de cancer, qui ronge le corps social, et qu'il s'agit alors d'extirper. Cependant, si le corps dit les maladies politiques, il est aussi au coeur d'un nouveau dispositif politique : la Terreur révolutionnaire, qui met en spectacle les décollations et les flots de sang précède des fêtes où des acteurs jouent la grande geste des valeurs révolutionnaires. Le corps mutilé (l'aristocrate traître) ou magnifié (le Christ Marat peint par David) est mis en scène et participe à la représentation du discours (comme l'a montré le bel essai de Jean Starobinski, 1789. Les Emblèmes de la raison, Flammarion, 1973).
Le champ du corps est immense : il est transdisciplinaire (historique, sociologique, anthropologique, avant d'être littéraire) et l'aborder nous conduira tant à recourir à l'histoire des idées et des représentations, à l'histoire de la médecine, qu'à l'analyse des codes en vigueur dans les arts plastiques ou littéraires (rôle des théories de Gall et Lavater, caricatures, représentations picturales du corps). La manière dont il donne à lire le politique, dont il sert à énoncer les maux dont souffre la société (le ventre du bourgeois, la chlorose et l'anémie de l'ouvrière, l'hystérie de la dévote...), dont il véhicule et à proprement parler, incarne un discours (en particulier militant, déjà chez Michelet par exemple par le biais de la physiologie féminine), conduira à retrouver, par-delà la métaphore, la figure de l'allégorie, figure majeure au XIXe siècle dans les arts plastiques comme en littérature. Celle-ci perdure incontestablement au XXe siècle où le sport peut servir d’allégorie à l’irreprésentable politique (le nazisme et la Shoah chez Perec dans W ou le souvenirs d’enfance par ex), où le corps rongé et ravagé des clochards et des marginaux dans la littérature contemporaine (Bon, Echenoz…) peut exprimer la déliquescence d’un système social et politique. La polysémie de la figuration de corps mutilés, diminués ou souffrants dans le théâtre (Beckett, Ionesco) peut sans doute susciter une interprétation politique (bien qu’éloignée des conclusions herméneutiques dégagées par l’allégorie dix-neuviémiste)… Une fraction de la littérature du XXe siècle a interrogé en termes politiques le statut du corps, en particulier celui des femmes ; aujourd'hui le malaise sexuel, le jeunisme et le culte du corps deviennent des catégories politiques questionnant le libéralisme économique (Houellebecq).
Nous ébaucherons ainsi une réflexion sur les procédés de fictionnalisation du politique, dispositif au sein duquel le personnage, et son corps, joue un rôle décisif. Ce « corps-récit » dont parle Antoine de Baecque, qui évoque ailleurs ces cérémonies du duel politique comme « fictions maîtresses » de la vie politique française (La Cérémonie du pouvoir. Les duels politiques de la Révolution à nos jours, Grasset, 2002), est un des angles d'attaque de la fiction du politique : la fable, dans sa structure, dans les personnages qu'elle invente, dans l'espace qu'elle représente, dans le conflit qu'elle met en scène, dit ce que tait le discours ou le contredit parfois (chez Balzac souvent) et inquiète son lecteur, le sollicite, le questionne. C'est ce questionnement auquel nous serons attentifs.
Résumés des conférences
Philippe Clermont (IUFM d'Alsace), « Autour du corps de la femme : aspects de l’utopie féminine en science-fiction contemporaine »
Récits utopiques et littérature de science-fiction entretiennent des liens de nature historique et littéraire. Parmi les romans de science-fiction de la deuxième moitié du XXe siècle, un certain nombre – dont les auteurs sont des femmes – ont pu reprendre certaines des visées critiques de cette forme de discours politique qu’est l’utopie. Ces romans écrits par des femmes ne sont pas nécessairement des romans féministes ; ils présentent quelques traits thématiques et d’écriture communs. L’étude a voulu interroger plus particulièrement les « traces » du corps, notamment celui des femmes, dans les sociétés heureuses (eutopiques) de la science-fiction féminine ; cela à partir des années 1970 et donc en lien avec l’influence des mouvements culturels et sociaux des années 1960 qui ont vu une réémergence du militantisme féministe. Ainsi les fictions à caractère utopique du corpus considéré mettent en avant des représentations de sociétés humaines dans lesquelles le corps de la femme est débarrassé du patriarcat, « libéré » de la maternité par de nouvelles formes de conception artificielle ; la mère biologique est émancipée des tâches liées à l'éducation des enfants par des parents sociaux. De plus, ce corps féminin utopique entretient un lien privilégié avec la nature, lien parfois figuré par des rituels. On remarque tout particulièrement – dans chaque récit – qu’une pluralité des voix narratives restitue complexité et parfois mise à distance de l'utopie elle-même. Ainsi, le caractère premier de ces récits féminins est certainement de donner à lire des utopies imparfaites, qui ne sont pas figées, qui restent ouvertes à l'évolution ; et la véritable utopie féminine, plus souvent affirmée comme souhait que mise en scène dans les récits, serait celle de la réconciliation des sexes. Finalement, on observe que des récits de science-fiction féminine servent aujourd’hui de support à de nouvelles réflexions féministes. Le « cyberféminisme » contemporain s’empare de certains récits de science-fiction mettant en scène des héroïnes dont le corps n’est plus tout à fait humain, soit parce qu’il est couplé à une machine (« corps cyborg »), ou bien parce qu’il est (dé)doublé par un corps virtuel dans une réalité électronique. La littérature permet ainsi, hors du champ littéraire cette fois, de poser à de nouveaux frais des questions d’identité : il s’agit d’aller vers la confusion des genres, vers l’hybridation corporelle qui rend caduque l’unicité éventuelle de toute identité (de sexe, de genre).
Corpus des œuvres étudiées :
A partir de deux textes que l’on peut considérer comme marquant l’histoire du genre de la science-fiction :
- L’Autre moitié de l’homme (The Female Man, 1975) de Joanna Russ et
- Les Dépossédés (The Dispossessed, 1974) de Ursula K. Le Guin,
Cinq récits plus récents ont été abordés :
- Élisabeth Lynn, Chroniques de Tornor 1 : La Tour de guet (Watchtower, fin 1979), Paris, J.C. Lattès - coll. Titres SF, 1980 : épisode de « la vallée de Vanima », récit d'une utopie sur plus d’un tiers du roman, chapitres VII à XII (sur 15 ch.) ;
- Doris Lessing, Canopus dans Argo : Archives. Mariages entre les zones Trois, Quatre et Cinq (Canopus in Argo : Archives. The marriages between zones three, four and five, 1980), Paris, Seuil, 1983 ;
- Ursula K. Le Guin, La Vallée de l'éternel retour (Always Coming Home, 1985), Paris-Arles, Actes Sud, 1994 ;
- Élisabeth Vonarburg, Chroniques du Pays des Mères (paru en 1992 au Canada), Paris, le Livre de Poche, 1996 ;
- Joëlle Wintrebert, Pollen, (F) Vauvert, Editions Au diable vauvert, 2002.
Éléments bibliographiques :
BOUCHARD, Guy, « Les utopies féministes et la science-fiction », revue Imagine n° 44, Québec (CA), juin 1988.
COHEN-SAFIR, Claude, Cartographie du féminin dans l'utopie, Paris, L'Harmattan, 2000.
HARAWAY, Donna, Manifeste Cyborg et autres essais (Manifesto for cyborgs), Paris, éd. Exils, 2007.
RIOT-SARCEY, Michèle, et al., Dictionnaire des Utopies, Paris, Larousse, 2002, articles « anarchismes », « science-fiction ».
VONARBURG, Elisabeth, « L'utopie ambiguë, les utopistes féminines aux USA », recueil Bienvenue en Utopie, Yverdon (B), éd. Maison d'Ailleurs, 1991.
Romuald Fonkoua (UMB), Politique du carnaval(esque) dans les romans francophones.
Quels sont les usages et les significations politiques du carnavalesque dans les littératures francophones d’Afrique noire et des Antilles ?
C’est pour répondre à cette question que nous nous intéresserons (entre autres) aux œuvres de Césaire (théâtre et poésie) et de Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant (romans) pour les Antilles ainsi qu’à celles de Kourouma et Labou Tansi (romans) pour l’Afrique noire.
En nous appuyant presqu’exclusivement sur les notions d’inversion et de renversement, on montrera comment la littérature, ludique, use des masques (dans le théâtre), de la parodie (dans le roman antillais) ou du simulacre et de la transgression (dans le roman africain) pour renverser les pouvoirs (politiques et religieux) et opérer une catharsis possible.
Pierre-Louis Rey (Université de Paris III-Sorbonne Nouvelle) «Corps triomphants, corps humiliés chez Camus ».
« S'il fut crucifié lui aussi, ce ne fut pas à la condition humaine, dont il s'accommodait avec délices, mais à la maladie. Il fut atteint dans ce corps, source de joie…», écrivait François Mauriac cinq ans après la mort de Camus. Atteint dans son corps : en témoigne un de ses tout premiers textes, « L'hôpital du quartier pauvre », où, hospitalisé à la suite d'une nouvelle atteinte de tuberculose, il voit auprès de lui « ces corps sans chair, réduits à des lignes osseuses ». Il sera pour finir atteint, non par la maladie, mais par un accident de voiture qui met fin à sa vie alors que, âgé d'à peine quarante-six ans, il est sur le point de renouveler l'inspiration de son œuvre. Sans doute aurait-il célébré les joies du corps même s'il ne les avait sues très tôt compromises : il a brillé sur les terrains de football bien avant de se découvrir une vocation d'écrivain, et s'il se livre avec passion au théâtre, c'est en ayant conscience que, comme il l'écrira un peu plus tard dans Le Mythe de Sisyphe, sur la scène « le corps est roi ». Mais la maladie a eu pour effet de rendre immédiatement sensible la pierre de touche de sa pensée : le bonheur est inséparable chez l'homme du sens du tragique parce qu'il le sait à tout instant perdable. Face à l'épreuve de la maladie et à la menace de la mort se développe le courage, mot par lequel il voulut d'abord intituler le dernier essai de L'Envers et l'Endroit et qui s'impose comme la suprême valeur dans son dernier ouvrage inachevé, Le Premier homme. « S'il est vrai que les seuls paradis sont ceux qu'on a perdus », selon la première phrase d'Entre oui et non, la perte du « royaume » contribuera à son aura. Ce royaume, « tout entier de ce monde » comme il le formulera à plusieurs reprises, ce fut en priorité, nous révèle Le Premier homme, la cour d'école où il jouait au football avec ses camarades. Mais, au delà de ses espoirs et de son drame personnels, Camus célèbre le corps comme une valeur héritée de la philosophie grecque, où sa propre pensée retourne sans cesse. Et les meurtrissures que lui-même dut subir comptent moins, dans cette œuvre finalement peu égotiste, que celles dont il fut le témoin en une époque où le mépris pour le corps signifiait la perte du sens de la dignité humaine. (Introduction de la communication de Pierre-Louis Rey)
Martial Guédron (UMB), « La fabrique du dégénéré. Des caricatures de la nature à la ségrégation sociale »
Présentation du conférencier :
Martial Guédron est professeur d’Histoire de l’art à l’Université Marc Bloch (Strasbourg II). Ses recherches portent sur le corps comme fondement de la représentation figurative et objet d’investigations vers lequel art, science et morale ne cessent de converger (De chair et de marbre. Imiter et exprimer le nu en France (1745-1815), Paris, 2003). Il étudie également les mythes propres aux discours sur l’art (Peaux d’âmes. L’interprétation physiognomonique des œuvres d’art, Paris, 2001). Son travail en collaboration avec Laurent Baridon sur les enjeux esthétiques des théories physiognomoniques (Corps et arts. Physionomies et physiologies dans les arts visuels, 1999) l’a conduit à assurer avec lui le commissariat de l’exposition Homme-Animal. Histoires d’un face à face (Musées de Strasbourg, printemps 2004) ainsi que la codirection du catalogue qui en est résulté.
Dernier ouvrage paru (en collaboration avec Laurent Baridon): L'art et l'histoire de la caricature Des origines à nos jours, 2006 |
Résumé de la conférence :
À la charnière du XVIIIe et du XIXe siècle, les théories esthétiques concernant les représentations du corps humain étaient encore marquées par l’idée que la beauté se définissait comme un choix, comme une sélection de certaines lignes essentielles qui devait dépasser la simple copie tout en restant dans les limites de la ressemblance. À cet égard, la caricature pouvait être considérée comme un processus analogue à celui de l’idéalisation, son double négatif, en quelque sorte. Ne dépassait-elle pas, elle-aussi, la simple imitation de la nature pour en extraire les éléments essentiels à sa forme de représentation ?
Cette intervention évoquera les conséquences de ces présupposés esthétiques dans la perception des groupes humains censés incarner l’altérité absolue par rapport aux normes occidentales. Il s’agira notamment de montrer que l’idéalisation et la caricature entraient parfaitement en résonnance avec ce que Michel Foucault a décrit comme un glissement des métaphores de la lutte des races vers celles de la lutte des classes.
Jean-Pierre Morel, « Autour du Château de Kafka »
Présentation du conférencier :
Jean-Pierre Morel est professeur émérite de littérature comparée à la Sorbonne Nouvelle. Il a publié Le Roman insupportable (Gallimard, 1985), Le Siècle de Kafka (Centre Georges Pompidou, 1984), L’Hydre et l’ascenseur. Il est l'auteur d'essai sur Heiner Müller (Circé, 1996), sur John Dos Passos (Belin, 1998), a traduit Brecht, Heiner Müller, Kroetz et Tsvetaieva.
Il est spécialiste du roman et du théâtre au XXe siècle, s'intéresse à la question de l'engagement littéraire, aux relations entre littérature et politique ainsi qu’aux relations littéraires Russie-Allemagne-France.
Deux livres de Jean-Pierre Morel à découvrir :
Le Siècle de Kafka (7 juin au 1er octobre 1984) sous la direction de Yasha David (Textes d’introduction et de liaison de Jean-Pierre Morel), aux éditions du Centre Georges Pompidou, 1984. |
« Le Siècle de Kafka » ne veut pas dire que Kafka soit l'auteur le plus représentatif, ou le plus prophétique de ce siècle, ou encore celui qui y a résisté le mieux. Il ne sous-entend pas non plus que l'universalité de Kafka serait semblable à celle qu'ont acquise Dante, Shakespeare ou Goethe. Cette expression veut plutôt suggérer ce qui, chez l'homme et chez l'écrivain Kafka, semble le plus profondément lié à ce siècle : sa singularité, née d'une triple perspective culturelle sur le monde ; l'impossibilité de s'affirmer pleinement, mais aussi le refus de se laisser réduire à toute formule, individuelle et collective qui viendrait d'ailleurs ; sa tentation fréquente de la destruction, qui n'abolit jamais tout à fait l'humour ; son travail silencieux, et d'autant plus inouï, sur les formes transmises.
Comment ces traits se sont peu à peu dessinés et imposés, voilà ce que ce livre tente de cerner. Son fil conducteur : l'avancée et la mutation de l'œuvre de Kafka dans le siècle (mais aussi, sans doute, du siècle à travers cette œuvre), qui commence du vivant de l'auteur et se poursuit, depuis soixante ans, dans sa réception posthume (envisagée principalement du point de vue de l'Europe occidentale).
Cette histoire, littéraire, mais souvent aussi politique (comme on le verra), les trois sections de ce livre l'abordent de manière interrogative et sous des angles différents : contributions individuelles, montage de documents et brèves mises au point critiques. Le double contrepoint visuel (vues de Prague, œuvres d'artistes contemporains) fournit l'amorce d'autres parcours possibles. L'ensemble est laissé volontairement ouvert : on n'y trouvera ni bilan, ni panorama, ni désir de commémoration.
Jean-Pierre Morel, Le Roman insupportable : l'Internationale littéraire et la France, 1920-1932, Bibliothèque des Idées / Gallimard - 1985 |
Ce livre est une étude des rapports entre littérature, communisme et révolution, à partir de l'histoire, jusqu'ici peu connue, de l'« Internationale littéraire » : fondée à Moscou en 1920, cette organisation d'écrivains prolétariens et révolutionnaires a tenté pendant quinze ans, et dans tous les pays, de porter la lutte des classes jusque « sur le front » de la littérature. Idée alors nouvelle, qui divisait profondément les communistes eux-mêmes et qui témoigne de la vitesse à laquelle se sont développées, dans leurs rangs, la mentalité militante et la confusion entre littérature et « travail de parti ».
Tout cela s'illustre particulièrement dans le cas de la France, qui est au premier plan de cette étude : l'Internationale littéraire y a soutenu la cause militante, la poussant même, après 1929, à affronter ouvertement la tendance plus conciliante représentée par Barbusse, au risque de briser l'essor du camp révolutionnaire qui s'était formé chez les intellectuels français.
Pour reconstruire cette histoire, les informations de la presse française de l'époque sont systématiquement comparées à celles que les revues russes et allemandes donnaient au même moment, ainsi qu'aux archives aujourd'hui accessibles à Moscou. Ces documents, pour une grande part inédits en France, placent dans une lumière nouvelle des épisodes tels que le conflit de Barbusse avec l'Internationale littéraire, le rôle des surréalistes au congrès de Kharkov et la rupture entre Aragon et Breton... (présentation de l’éditeur)
Jean-Marie Roulin (Université de Saint-Étienne) - Le corps de l’émigré revenant : Les Aventures du dernier Abencérage et Le Colonel Chabert »
Résumé de la conférence :
Dans Le Lys dans la Vallée, Balzac voit dans l’émigré « l’un des types les plus imposants de notre époque » ; il considère le comte de Mortsauf, émigré revenu en France à la Restauration, comme « le caractère saillant du roman ». Ce personnage est central à un double titre : il incarne le passé politique plongé dans la monde moderne, restauré par l’Empereur, puis par les Bourbons revenus en France, et, par son décalage, il constitue le lieu d’un regard critique sur la société telle qu’elle a évolué. C’est donc un personnage dont la construction relève d’abord du politique. Or, les travaux d’Antoine de Baecque notamment, ont montré la place qu’a prise le corps dans la figuration politique au cours de la Révolution. Il faut y ajouter la réflexion contemporaine, dont témoigne Pierre Fontanier, sur le rôle de la métaphore dans la représentation littéraire. Dans la littérature de la première moitié du XIXe siècle, le corps de l’émigré a incarné les tensions sociales qui surgissent lors de son retour, ainsi que l’illustrent deux textes. D’une part, les Aventures du dernier Abencérage, que Chateaubriand rédige sous l’Empire, mais publie en 1826, offrent une allégorie de l’émigré revenant à travers une intrigue située dans l’Espagne de la Reconquista ; d’autre part Le Colonel Chabert met en scène le retour d’un soldat de l’Empire dans la société de la Restauration, où il se trouve confronté à un rival, le second mari de sa femme, qui est lui aussi un émigré revenu assez tôt en France. On notera que des éléments textuels marquent que la figure individuelle renvoie à une expérience collective, faisant du personnage une synecdoque d’un groupe social et politique.
Le corps de l’émigré présente deux caractéristiques majeures : il est masqué et marqué par la mort. Le masque témoigne du fait que le personnage n’a plus sa place dans la nouvelle société d'où il est rejeté et dans laquelle il ne peut avancer que masqué ou déguisé ; mais il marque également la domination de l’apparence sur l’être sous la Restauration. Le corps de l’émigré est spectral, car il est un revenant, qui a passé par une descente aux enfers et une renaissance. Survivant d’une génération morte, il témoigne pour elle. Sa dimension spectrale marque également son inexistence sociale. Ex-sangue et décalé dans son habitus, il a, comme le cygne de Baudelaire, les gestes fous des exilés. Dès lors, c’est avec son corps sensible que l’émigré tente de se réapproprier les espaces et les êtres qui fondent son identité. La dimension amoureuse ou matrimoniale de la fable exprime cette volonté de réappropriation d’abord physique et vouée à l’échec : les corps égarés sont aussi des corps stériles et maladifs qui ne réussissent pas à retrouver chair dans ce monde nouveau.
Le corps de l’émigré manifeste également les rivalités politiques, entre les différents partis : il est au centre d’enjeux de pouvoir. Ainsi, le colonel Chabert, enfant trouvé, appartient à la frange populaire du bonapartisme, « sans-culotte » qui apparaît comme sacrifié au profit du désir de Napoléon de s’allier aux familles de l’ancienne noblesse : son corps piétiné par le régiment de Murat à Eylau cède la place au comte Ferraud qui s’empare de sa femme. La cicatrice cachée qu’il porte sur son crâne témoigne de son passé glorieux, mais désignée comme « couture », renvoie aussi à la transaction secrète entre Chabert et sa femme, figure de l’impossible réinsertion des soldats de l’Empire. Derrière le duel entre les deux comtes, Chabert et Ferraud, c’est la rivalité entre deux souverains, Napoléon et Louis XVIII, qui se joue. Or, si, dans l’Abencérage François Ier est exilé, dans Le Colonel Chabert, on rappelle que Napoléon est à Sainte-Hélène. Et si Louis XVIII ouvre le récit, à travers la citation de son ordonnance sur les émigrés, il faut rappeler qu’au moment de la publication de ce récit Louis XVIII est mort et Charles en exil à Prague. Dès lors, le corps de Chabert est non seulement une métaphore du rejet de l’Empire par la Restauration, mais également celle d’une des raisons de l’échec du retour des Bourbons, à savoir son incapacité à retrouver un goût de la gloire et des valeurs héroïques
Deux livres de Jean-Marie Roulin à découvrir :
Jean-Marie Roulin, Chateaubriand l'Exil et la gloire : Du roman familial à l'identité littéraire dans l'oeuvre de Chateaubriand, Champion, 1994. |
" Qui suis-je ? et que viens-je annoncer de nouveau aux hommes ? " Cette question qui ouvre l'Essai sur les Révolutions inaugure l'œuvre de Chateaubriand et la hante tout entière. La quête d'identité menée à travers les personnages romanesques (de René à Aben-Hamet) ou historiques (Rancé) et dans les prises de positions esthétiques ou religieuses du Génie du Christianisme trouve son aboutissement dans le magistral autoportrait des Mémoires d'Outre-Tombe, épitaphe au tombeau muet et solitaire du Grand-Bé. Dans un jeu subtil de miroirs, Chateaubriand projette son image dans ses créations d'où émerge, dans un reflet magnifié, la figure mythique d'un écrivain. Cette figure, vacillant entre la déréliction et l'amour, se construit au sein même de l'antithèse de l'exil et de la gloire. Noble provincial, relégué à un ordre de valeurs et à un temps que la Révolution a rendus caducs, à la fois puissant et défaillant, le père occupe le centre de gravité de cette quête identitaire. Par la grâce de la métaphore, il étend son ombre à l'appréhension du social, de l'Histoire et, surtout, de l'esthétique sous l'avatar du "modèle littéraire". Aussi cet essai remonte-t-il aux origines fantasmatiques de l'identité pour dépasser dans un second temps le plan psychanalytique et en suivre le déploiement dans le parcours d'une oeuvre, conquête de la Plume aux dépens de l'Epée et du Crucifix.
Corps, littérature, société (1789-1900), sous la direction de Jean-Marie Roulin, Presses Universitaires de Saint-Etienne, 2005 |
1789 a doté le citoyen d'un nouveau corps juridique, politique et social. Dans la littérature postrévolutionnaire, écrire le corps, c'est scruter les marques inscrites dans les chairs par la loi, les signes tracés par la société, les cicatrices laissées par l'Histoire. Les études réunies dans ce volume interrogent ces nouveaux paradigmes de la représentation littéraire du corps dans quatre perspectives : en premier lieu est explorée la signification politique qu'il prend chez Sade, Balzac ou dans le théâtre révolutionnaire ; est développée ensuite une analyse du difficile transfert du corps du roi, dégradé chez Michelet, au corps du peuple chez Dumas ou à celui d'un nouveau Christ chez les saint-simoniens ; en troisième lieu, l'interrogation porte sur les modalités de l'incarnation de l'Histoire chez les personnages de Chateaubriand, de Balzac ou de Barbey d'Aurevilly ; enfin est étudiée la relation entre corps et création, dans la poésie de Baudelaire ou dans l'écriture autobiographique de George Sand. Du théâtre comme espace où l'acteur incarne les rôles sociaux au roman où la corporéité ancre le personnage dans l'Histoire, ce volume montre comment la littérature du XIXe siècle a recouru au corps pour figurer les rapports, souvent conflictuels, de l'individu à la société, au politique et à l'Histoire.
Claude Klein, Les "corps parlants" de La Religieuse de Diderot
Résumé de la conférence :
Plusieurs aspects de La Religieuse de Diderot rapprochent cette œuvre du roman à thèse s’inscrivant dans le contexte social et politique de la fin de l’Ancien Régime. C’est pourtant sous la Restauration que le texte sera à deux reprises interdit. Cette parole souvent perçue comme sulfureuse, a surtout été jugée dangereuse. Si le rapprochement entre l’Église et l’État peut expliquer l’interdiction de ce roman anticlérical, la mesure rend malgré tout un hommage posthume au roman de Diderot. Quels sont les procédés littéraires utilisés par Diderot ? Quelle est l’éloquence qui fit alors craindre ce texte ? La décision qui conduisit le manuscrit recopié par Girbal dans l’Enfer de la bibliothèque nationale ne doit-elle pas davantage à l’argumentation politique qu’au caractère des scènes représentées ? Quel est le lien entre les deux ? On peut s’interroger sur l’éloge qu’en fait Diderot lorsqu’il livre son texte à Meister pour La Correspondance littéraire : « je ne crois pas qu’on ait jamais écrit une plus effrayante satyre des couvents. C’est un ouvrage à feuilleter sans cesse par les peintres ; et si la vanité ne s’y opposait sa véritable épigraphe serait : son pittor anch’io. » [Je suis peintre, moi aussi]. Diderot dans l’espace des peintres, la situation n’est pas neuve, mais qu’en est-il véritablement de l’ambition romanesque de l’auteur ? Cette réclame pour son ouvrage valorise, selon nous, moins l’aspect pictural que l’ambition artistique. L’ambiguïté apparaît déjà dans la description qui précède : « c’est la contrepartie de Jacques le fataliste. Il est rempli de tableaux pathétiques. Il est intéressant et tout l’intérêt est rassemblé sur le personnage qui parle. » La question que nous allons examiner est celle de la place du pathos dans l’argumentation et dans la représentation des corps, en expliquant notamment comment les deux mémoires juridiques de M. Manouri confèrent leur dimension politique aux récits et aux tableaux de Diderot. Tantôt étouffée, tantôt valorisée, la parole de la religieuse est au centre du dispositif romanesque imaginé par l’auteur, qui exprime ses idées à travers le truchement de ses personnages, tout en affirmant son ambition littéraire par un dispositif rhétorique et esthétique complexe qui doit beaucoup à son style.
Découvrir un livre de l'auteur : Claude Klein, Restif de la Bretonne et ses doubles, Presses Universitaires de Strasbourg, 1995
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coord. Éléonore Reverzy (CERIEL) et Guy Ducrey (L'Europe des Lettres)
avec la participation de la Société OCTAVE MIRBEAU
sous le haut patronage de l'Académie GONCOURT
en relation avec le Service de la Culture et du Patrimoine du Conseil de l'Europe
Appel à communication
En novembre 1907, Octave Mirbeau (1848-1917) a publié chez Fasquelle une œuvre originale au titre énigmatique, La 628-E8, qui se présente comme un des premiers récits de voyage en automobile : il nous conduit à travers le nord de la France, la Belgique de Léopold II, la Hollande de Van Gogh et des Boers et l’Allemagne wilhelminienne. Illustrant les découvertes géographiques et psychologiques qu’entraîne l’usage de la vitesse, on y trouve une évocation vivante et diverse de l’Europe de la Belle Époque : politique nationale et internationale, littérature, beaux-arts, automobile, mœurs, nombreux sont les thèmes abordés par le voyageur curieux de tout, et d’abord de ses réactions à ce nouveau mode de transport. Européen avant la lettre, Mirbeau met également en lumière le patrimoine culturel européen et plaide pour la paix et l’amitié franco-allemande.
Tels seront les deux axes principaux du colloque universitaire dont la Société Octave Mirbeau a pris l’initiative et qui aura lieu à Strasbourg, du 28 au 30 septembre 2007, à l’occasion du centième anniversaire de cette œuvre novatrice qu’est La 628-E8. Ce colloque pluridisciplinaire à dimension européenne devrait permettre de confronter diverses approches (littéraires, comparatistes, historiques, esthétiques, sociologiques, pédagogiques...) et de tracer un tableau contrasté de l’Europe du début du vingtième siècle, confrontée aux menaces de guerre et aux prises avec des bouleversements culturels et des révolutions techniques apportées en particulier par l’automobile.
Nous lançons donc un appel à communication afin que puissent être notamment abordés les points suivants :
- La 628-E8 sous tous les aspects envisageables, en tant qu’objet littéraire, bien sûr, mais aussi comme moyen de découverte de soi et de l’autre et comme représentation de l’Europe à la veille de la guerre.
- La place et le rôle d’Octave Mirbeau dans les années précédant la Première Guerre Mondiale : dans l’histoire littéraire, dans l’évolution des formes esthétiques, dans le mouvement des idées, dans les luttes politiques de l’époque.
- La réception d’Octave Mirbeau en Europe, notamment en Allemagne et en Russie, et, inversement, la façon dont il perçoit l’Europe, son patrimoine culturel, son organisation politique et son avenir.
- Le rôle joué par les intellectuels européens de la Belle Époque, particulièrement ceux qui, dans leur pays, ont adopté des positions susceptibles d’être comparées à celles de Mirbeau, face à la montée des périls en Europe, et la façon dont leurs œuvres reflètent leurs positions.
- La révolution apportée par l’automobile en Europe au début du vingtième siècle et la manière dont les diverses littératures s’en sont emparées.
Programme prévisionnel
jeudi 27 septembre 2007
11 h 00 Accueil des participants
11 h 15 Discours d'ouverture
11 h 45 1re session : L'auto
Richard Keller (Musée de l'Automobile de Mulhouse) :« Une histoire de l'automobile »
12 h 15 Pause
12 h 30 Déjeuner
14 h 00 Franck Michel (Université de Corte) « L'automobile, de la liberté au servage »
14 h 30 Emmanuel Pollaud-Dulian (Paris) : « Les automobiles Charron : dessin et publicité »
15 h 00 Pause
15 h 15 2e session : Poétique du récit de voyage
Gérard Cogez (Université de Lille II) : « Le voyage de Mirbeau : digressions critiques et dérapages contrôlés »
15 h 45 Jacques Noiray (Université de Paris IV-Sorbonne) : « « Statut et fonction de l'anecdote dans La 628-E8 »
16 h 15 Aleksandra Gruzinska (Université d'Arizona) « Octave Mirbeau critique d'art et ami de Claude Monet »
16 h 45 Sándor Kálai (Université de Debrecen) « La 628-E8, le déchiffrement du monde en auto »
17 h 15 Discussion
Vendredi 28 septembre 2007
9 h 00 Samuel Lair (Institut catholique de Rennes) : « La 628-E8 : "le nouveau jouet de Mirbeau"»
9 h 30 Bertrand Marquer (UMB) : « L'illicite transporteur de fonds »
10 h 00 Éléonore Reverzy (UMB) : « Poétique de l'analogie »
10 h 30 Pause
10 h 45 Arnaud Vareille (Angers) : « L'émotion lyrique dans La 628-E8 »
11 h 15 Yannick Lemarié (Université d'Angers) : « Mirbeau, le cinéma : l'art du montage »
11 h 45 Discussion
12 h 15 Déjeuner
14 h 00 3e session : Esthétique du voyage
Lola Bermúdez (Université de Cadix) : « Les Pays-Bas dans La 628-E8 »
14 h 30 Gwenhaël Ponnau (Université de la Réunion) : « Haro sur la Belgique ? Après les Amoenitates Belgicae de Baudelaire, les amabilités belges de Mirbeau »
15 h 00 Guy Ducrey (UMB) : « Voyage en Europe, impressions d'Afrique »
15 h 30 Pause
15 h 45 Anne-Doris Meyer (UMB)
16 h 15 Noëlle Benhamou (Paris) : « La 628-E8 sur les chemins de la prostitution européenne : de l'étape au tapin »
16 h 45 Discussion
Samedi 29 septembre 2007
9 h 00 4e session : Confrontations et réceptions
Reginald Carr (Université d'Oxford) : « Octave Mirbeau et Herbert Spencer : affinités et influences »
9 h 30 Céline Grenaud (Université d'Évry) : Octave Mirbeau et Romain Rolland : une dynamique du dépassement »
10 h 00 Jelena Novakovic (Université de Belgrade) : « La vitesse dans La 628-E8 et L'Homme pressé de Paul Morand »
11 h 00 Pause
11 h 15 Anita Staron (Université de Lodz) : « Octave Mirbeau et Leo Belmont - un dialogue à distance »
11 h 45 Paul Aron (Université Libre de Bruxelles) : La 628-E8 et La 628-E9 de Didier de Roulx »
12 h 15 Discussion
12 h 30 Déjeuner
14 h 00 Claude Leroy (Université de Paris X-Nanterre) : « 1907 vue de 1908 - Le Mouvement littéraire par Philippe-Emmanuel Glaser »
14 h 30 Nicolas Malais (Paris) : « La 628-E8 par ses exemplaires les plus remarquables »
15 h 00 5e session : Discours critique et politique
Marie-Françoise Melmoux-Montaubin (Université d'Amiens) : « Octave Mirbeau : une critique automobiliste »
15 h 30 Mathieu Schneider (UMB) : « La géopolitique musicale d'Octave Mirbeau »
16 h 15 Christopher Lloyd (Université de Durham) « Mirbeau et le discours anticolonialiste »
16 h 45 Robert Ziegler (Université du Montana) : « La signification du personnage de Weil- Sée »
17 h 15 Discussion
17 h 30 Clôture du colloque
Ce colloque a donné lieu à une publication
Lorsqu’en 1907, Octave Mirbeau fait paraître La 628-E8, récit d’un voyage en automobile à travers l’Europe, il suscite aussitôt le scandale : un chapitre consacré à la mort de Balzac – qui sera retiré –, un éloge des Allemands, au moment où le patriotisme est devenu nationalisme, une célébration, futuriste, de la vitesse et de sa violence. S’achevant à Strasbourg, ce récit de voyage a réuni, cent ans après, à l’Université de Strasbourg, une trentaine de chercheurs, pour les uns spécialistes de Mirbeau, pour les autres, comparatistes ou historiens d’art. L’œuvre européenne de Mirbeau a ainsi trouvé sa place, à la frontière des pays et des genres. |
Table des matières
Éléonore Reverzy & Guy Ducrey • Introduction
I – POÉTIQUE DU RÉCIT DE VOYAGE
Gérard Cogez • La 628-E8 : digressions critiques et dérapages contrôlés
Jacques Noiray • Formes et fonctions de l’anecdote dans La 628-E8
Sándor Kálai • Le déchiffrement du monde en auto : enquête et récit dans La 628-E8 de Mirbeau
Bertrand Marquer • L’illicite transporteur de fonds
Éléonore Reverzy • La 628-E8. Poétique de l’analogie
Arnaud Vareille • L’Émotion lyrique dans La 628-E8
II – ESTHÉTIQUE DU VOYAGE
Lola Bermúdez • Les Pays-Bas dans La 628-E8
Gwenhaël Ponnau • Haro sur la Belgique ? Les Amoenitates Belgicae de Mirbeau
Guy Ducrey • Voyage en Europe, impressions d’Afrique
Noëlle Benhamou • La 628-E8 sur les chemins de la prostitution européenne : de l’étape au tapin
III – MIRBEAU, LA VOITURE ET LES ARTS
Emmanuel Pollaud-Dulian • Gus Bofa et la publicité Charron Limited
Aleksandra Gruzinska • Fragments d’une amitié. Octave Mirbeau, Claude Monet et Théodore Robinson
Yannick Lemarié • La 628-E8 et le cinéma : un art du montage
Anne-Doris Meyer • Octave Mirbeau et les musées
Mathieu Schneider • La géopolitique musicale d’Octave Mirbeau
Nicolas Malais • La 628-E8 par ses exemplaires les plus remarquables
IV – CONFRONTATIONS ET RÉCEPTIONS
Claude Leroy • 1907 vue de 1908 ou les secrets de la beauté future
Anita Staron • Octave Mirbeau et Leo Belmont – Un dialogue à distance
Paul Aron • De La 628-E8 d’Octave Mirbeau à La 629-E9 de Didier de Roulx
Céline Grenaud • Octave Mirbeau et Romain Rolland : une dynamique du dépassement
Jelena Novakovic • La vitesse dans La 628-E8 de Mirbeau et L’homme pressé de Paul Morand
V – DISCOURS CRITIQUE ET POLITIQUE
Reg Carr • Octave Mirbeau et Herbert Spencer, affinités et influences
Marie-Françoise Melmoux-Montaubin • Impressions de littérature en automobile
Christopher Lloyd • Mirbeau et le discours anticolonialiste dans La 628-E8
Robert Ziegler • Le personnage de Weil-Sée dans La 628-E8
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VERLAINE : REPRISES, PARODIES, STRATÉGIES (POÈMES SATURNIENS, FÊTES GALANTES, ROMANCES SANS PAROLES), journée d'étude du 6 décembre 2007
Ce colloque est en ligne sur Fabula.
Coordination Éléonore Reverzy
Matinée
10 H 00 Steve Murphy, Université de Rennes II, « Des joies de la dépression : la poésie saturnienne au second degré »
10 h 30 Olivier Bivort, Université de la Vallée d'Aoste, « Autocritique des Poèmes saturniens »
11 h 00 Discussion et pause
11 h 15 Arnaud Bernadet, Université de Besançon, « Poésie, c'est débandade... "L'Amour par terre" : une allégorie très physique »
11 h 45 Bertrand Degott, IUFM de Besançon, « ''Eux, ils vont toujours...'' : Colombine et Maya »
12 h 15 Discussion
Après-midi
14 h 00 Yann Frémy, Strasbourg, « Verlaine entre Rimbaud et Longfellow. Au sujet de la troisième ''ariette oubliée'' »
14 h 30 Pascal Maillard, UMB, « Lecture de ''Beams'' »
15 h 15 Discussion et pause
15 h 30 Jean-Michel Gouvard, Université de Bordeaux III, « Remarques sur la métrique des premiers recueils de Verlaine »
16 h Discussion. Clôture du colloque
Les Histoires de Tasì Hangbé présentent plusieurs récits sur cette figure...
Que dit la littérature contemporaine sur la mémoire de la traite...
L'Institut de littérature comparée et son groupe de recherches L'Europe...