Dans le cadre du séminaire « Frontières des Mémoires : mémorialistes,...
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« Tous ne sont pas présents dans le même temps présent. Ils n’y sont qu’extérieurement, parce qu’on peut les voir aujourd’hui. Mais ce n’est pas pour cela qu’ils vivent en même temps que les autres. » (Ernst Bloch)
Pour le philosophe Ernst Bloch, réfléchir à la notion de « non-contemporanéité » consistait à tenter d’expliquer la montée du nazisme dans son pays autrement que par la simple résurgence d’une pensée réactionnaire ou rétrograde. La « force » de ce « passé qui s’immisce » lui permettait d’interroger les raisons de la non-concomitance d’existences pourtant contemporaines, et ainsi de restituer toute sa complexité au sentiment d’appartenance au temps présent. « L’époque d’un homme », écrivait-il, ne peut être séparée de sa situation dans le monde (« l’endroit où il se trouve en chair et en os ») et surtout au sein de la société (« la classe à laquelle il appartient »[1]). La « contemporanéité » impliquerait donc tout autant une cohabitation qu’une simultanéité, cohabitation à interpréter en termes idéologiques, politiques, mais aussi strictement temporels. La réflexion d’Ernst Bloch nous conduit en effet à admettre la réalité d’existences parallèles, dont la brutale rencontre serait selon lui la cause profonde des grands conflits.
Être contemporain(s) relèverait par conséquent d’une réalité et d’un imaginaire à la fois niés et partagés. Niés parce que la « contemporanéité » suppose l’exclusion, aveugle ou revendiquée, d’une partie de ceux dont nous partageons l’existence sans le savoir ou sans le voir (à l’échelle d’une ville, d’un pays, etc., – d’un espace malgré tout commun) ; partagés dans la mesure où la « non-contemporanéité » n’empêche pas l’interaction et le sentiment d’une appartenance commune (à l’image de celle que postulent les historiens lorsqu’ils parlent d’une « époque » contemporaine, et supposent une forme d’homogénéité des mentalités, le sentiment d’appartenir collectivement à un « moment » donné). Le contemporain se distinguerait ainsi de l’actuel par sa capacité à durer (notamment par le biais de représentations partagées), et à problématiser la présence (au sens d’être au présent). Il caractériserait ce lien, à la fois réel et imaginaire, tissé entre une conscience (individuelle ou collective) et le « moment » présent.
Si le contemporain n’est pas l’actuel, il entretient en revanche des rapports étroits avec l’idée de modernité. À partir du romantisme, comme le rappelle Judith Schlanger, « l’universel littéraire est devenu disparate et l’universel humain historique ». Le chef d’œuvre cesse de n’être « d’aucun temps et d’aucun lieu »[2]. La modernité, comme le laisse entendre Stendhal dans Racine et Shakespeare, suppose l’adéquation de l’œuvre à son époque et à son public. En même temps qu’une exigence de contemporanéité, elle introduit dans le domaine esthétique l’idée de péremption, et invite à s’interroger sur ce qui peut garantir à l’œuvre sa « fraîcheur »[3]. Or, celle-ci ne peut être réduite à son actualité ou sa conformité au « goût du jour ». Pour Judith Schlanger (et Georg Lukács avant elle), elle est au contraire le reflet de « l’existence dyschronique du chef-d’œuvre », « une propriété esthétique qui est aussi une anomalie historique »[4]. Le chef d’œuvre, qui « appartient […] à des dimensions temporelles divergentes »[5], serait donc capable de faire le lien entre ceux qui « ne sont pas présents dans le même temps présent », selon une perception qui ne serait plus classique (un universel), mais contemporaine (une présence paradoxale, supposant que les œuvres « sont actuelles dans le temps de la mémoire »[6]).
Après s’être intéressé à la « mémoire de l’événement » et aux « fictions du futur », le séminaire du CERIEL interrogera ce que signifie le contemporain – être contemporain(s) – et travaillera sur la pluralité des rapports au monde engagés par ce sentiment d’appartenance. Le séminaire de l’année 2018-2019 préparera et accompagnera les colloques de l’EA 1337 sur la littérature contemporaine (« Le roman contemporain », CERIEL/Europe des Lettres ; « Les Écritures du quotidien dans littérature contemporaine », CERIEL/ Interactions Culturelles et Discursives – Université de Tours/ Université de Chicago, USA), mais il prendra néanmoins pour centre de sa réflexion la question de cette « échelle » du contemporain induite par les réflexions d’Ernst Bloch et de Judith Schlanger : échelle géographique et géopolitique (qu’est-ce qui est contemporain, pour qui ?) ; échelle temporelle également (pourquoi une œuvre peut-elle être contemporaine ? Peut-elle le devenir ou l’avoir été ?). En portant sur le temps long (XIXe-XXIe siècles) et sur ce qui peut déterminer le sentiment du contemporain, cette réflexion participe en outre de la volonté d’élaborer une « histoire littéraire intégrée » soucieuse de questionner les frontières et les catégories utilisées pour penser l’histoire de la littérature.
Pistes de réflexion
1/ Le contemporain comme « enjeu critique au sens littéral » et comme « prosopopée du siècle »[7]
Quels sont les critères permettant d’établir la représentativité ou l’exemplarité du choix opéré par le critique ? Quelle axiologie est véhiculée par ce choix (le contemporain contre « l’actuel », le « périssable » ; les « antimodernes » comme envers du contemporain, mais aussi comme reflet d’une « non-contemporanéité » inhérente au sentiment de modernité) ? Que dit ce choix du rôle voire de la « mission » attribués à l’œuvre littéraire, des conceptions esthétiques en présence ?
2/ Contemporanéité et atemporalité du chef-d’œuvre
Dans quelle mesure une œuvre « classique » peut-elle être « contemporaine » ? La spécificité du chef d’œuvre est-elle alors, comme le laisse entendre Judith Schlanger, de résorber la « non-contemporanéité » en « paradoxe »[8] ? Cela revient-il à dire que la « contemporanéité » d’une œuvre est tributaire de sa capacité à susciter des « lectures actualisantes »[9] – et qu’elle relève in fine d’une forme d’atemporalité ?
3/ L’instant critique du contemporain
Est-il possible d’être l’historien ou le critique de ses contemporains ? La cartographie d’un espace contemporain peut-il s’effectuer en présence, ou bien faut-il, comme se le demande Sainte-Beuve, « attendre qu’on soit loin de l’édifice […] pour l’admirer ? » [10] Le « présentisme » qui serait, selon François Hartog, le « régime d’historicité » aujourd’hui dominant permet-il une contemporanéité de la littérature et de sa critique, ou n’est-il dans ce domaine qu’un trompe-l’œil, un biais amenant à confondre le concomitant et le contemporain ?
Indications bibliographiques
Agamben, Giorgio, Qu’est-ce que le contemporain ? [2005], trad. italien Maxime Rovere, Paris, Rivages, 2008.
Bloch, Ernst, « La non-contemporanéité et le devoir de la rendre dialectique » (mai 1932), dans Héritages de ce temps, Pais, Klincksieck, « Critiques de la politique », 2017.
Chotard, Loïc, « Sainte-Beuve au risque du contemporain », Romantisme, 2000, n°109 (Sainte-Beuve ou l'invention de la critique), p. 69-80.
Citton, Yves, Lire, interpréter, actualiser. Pourquoi les études littéraires ?, Paris, Éditions Amsterdam, 2007
Hartog, François, Régimes d’historicité. Présentisme et expérience du temps, Paris, Le Seuil, 2003.
Huet-Brichard, Marie-Catherine, Meter Helmut (éds), La polémique contre la modernité. Antimodernes et réactionnaires, Paris, Classiques Garnier, 2011.
Marx, William, Les arrière-gardes au XXe siècle : l'autre face de la modernité esthétique, Paris, P.U.F., 2004.
Ruffel, Lionel (éd.), Qu’est-ce que le contemporain ?, Éditions Cécile Defaut, 2010.
Schlanger, Judith, La Mémoire des œuvres, Verdier, 2008 (1992).
Viart, Dominique, « Histoire littéraire et littérature contemporaine », Tangence n° 102, 2013, p. 113–130.
Viart, Dominique, « Au risque du contemporain. Pour une critique des enjeux », Les Temps Modernes n° 672, 2013/1, p. 242-253.
Viart, Dominique, « Historicité de la littérature : la fin d'un siècle littéraire », ELFe XX-XXI Études de littérature française des XXe et XXI siècles n° 2 : Quand finit le XXe siècle ?, 2012, p. 93-126.
[1] Ernst Bloch, « La non-contemporanéité et le devoir de la rendre dialectique » (mai 1932), dans Héritages de ce temps, Pais, Klincksieck, « Critiques de la politique », 2017, p. 82.
[2] Judith Schlanger, La Mémoire des œuvres, Verdier, 2008 (1992), p. 127.
[3] Ibid., p. 127.
[4] Ibid., p. 134.
[5] Ibid., p. 132.
[6] Ibid., p. 134.
[7] Loïc Chotard, « Sainte-Beuve au risque du contemporain », Romantisme, 2000, n°109, p. 72.
[8] Judith Schlanger, op. cit., p. 132.
[9] Voir Yves Citton, Lire, interpréter, actualiser. Pourquoi les études littéraires ?, Paris, Éditions Amsterdam, 2007, p. 384-404.
[10] Sainte-Beuve, Portraits contemporains, Paris, Michel Lévy, tome I, éd. de 1869, p. 8.
1. jeudi 4 octobre, 18h (salle 409/Po) : Conférence inaugurale du professeur Isabelle Naginski (Tufts University, USA):
« Lélia (George Sand) : portrait d’un génie en kaléidoscope » i
Actuellement en séjour à Strasbourg comme Fellow de l'USIAS, Isabelle Naginski est une spécialiste reconnue de George Sand. Conférence organisée à l'initiative de Guy Ducrey (Europe des Lettres), en association avec le CERIEL.
2. Mercredi 10 octobre, 18h (salle 409/Po): Corinne Grenouillet et Bertrand Marquer
Introduction au séminaire « Être contemporain(s)»
3. jeudi 18 octobre, 18h (salle 409/Po): Conférence de Michel Murat, professeur de littérature française (Sorbonne Université)
« La littérature e(s)t son dehors. A propos du "romanesque des lettres"»
4. jeudi 15 novembre, 18h 15 (salle 412/Po): Conférence de Lionel Ruffel, professeur de littérature générale et comparée (Paris 8 Vincennes Saint-Denis)
« Un livre dangereux. Sur la circulation contemporaine des textes (autour de L’Insurrection qui vient et de l’affaire dite « de Tarnac ») »
Résumé : « This is a dangerous book ! », s’inquiétait Glenn Beck sur Fox News lors de la parution aux États-Unis de l’ouvrage du Comité invisible, L’Insurrection qui vient. L’affaire dite de « Tarnac » traversait l’Atlantique alors qu’en France, elle avait agi comme un puissant révélateur des enjeux liés à la circulation contemporaine des textes. Au départ, rien que de très classique : un livre donc, L’Insurrection qui vient. Et un fait-divers criminel : des lignes de train endommagées. Les deux sont liés par des lecteurs (police, justice, monde politique) « bovaryens », qui comme Emma Bovary, ne distinguent plus l’espace fictionnel ouvert par un livre et l’espace de l’action. Le livre devient alors unique pièce à conviction d’un procès médiatique puis d’un procès judiciaire. Problème : ce livre n’a pas d’auteur revendiqué, sinon un collectif invisible et imaginaire. C’est toute la structure moderne du littéraire, celle que le contemporain met en crise, qui se trouve ici convoquée. Qu’est-ce qu’un livre ? Qu’est-ce qu’un livre sans auteur ? Sans visibilité ? Sans droit de propriété ? Quels usages doit-on en faire ? Un livre peut-il être une pièce à conviction ? Quelles en sont les frontières ? Car la structure moderne du littéraire n’est rien moins que la structure moderne de la propriété, ou pour le dire autrement la raison d’être du capitalisme. Telles sont les véritables questions de l’affaire dite « de Tarnac ». Et telles sont les questions littéraires fondamentales qui se posent à nouveau en ouverture de ce millénaire. C’est à leur déploiement, de Kant à Fox News, en passant par Tiqqun que cette communication souhaite se consacrer.
5. 12 février [attention date modifiée], 18h (salle 409/Po): Conférence de Pierre Glaudes professeur de littérature française (Sorbonne Université) :
Autour de Léon Bloy, écrivain antimoderne
6. jeudi 7 Mars, 18h (salle 409/Po) : Conférence de Raphaël Szöllösy, (Unistra):
« Panser les défaites, penser les survivances : Principe (espérance) du cinéma des temps contemporains. »
Résumé: « Tout commence par une défaite. Quiconque souhaite comprendre la nature des pensées critiques contemporaines doit prendre ce constat pour point de départ » : une telle considération, déployée par Razmig Keucheyan dans sa cartographie des nouvelles pensées critiques (La Découverte, 2017), nous enjoint à une tâche singulière. Celle de nous armer d’une mélancolie active afin de braver les désastres de notre temps.
L’échec dont il est question atteste des espérances de métamorphose du monde qui animèrent le siècle passé et qui virent plutôt triompher des monstres, jusque dans leur propre camp.
Le cinéma aura pu enregistrer pareille perte et lui donner forme. Depuis celle du Temps d’après que Jacques Rancière décèle chez Béla Tarr (Béla Tarr, Le Temps d’après, Capricci, 2013) jusqu’à celle de l’entrelacement des mémoires dans l’œuvre de Théo Angelopoulos, les images en mouvement qui travaillent les temporalités contemporaines sont habitées d’une poétique de l’effondrement.
Mais ces images nous invitent également à penser les survivances malgré les catastrophes. C’est en cela qu’elles rejoignent la philosophie d’Ernst Bloch. Ce dernier aura en effet maintenu son adhésion à l’esprit de l’utopie tout en traversant d‘immenses défaites et des désastres certains. Le Principe-Espérance, construit autour d’une pratique de l’héritage malgré les sombres temps, est alors capable de panser les désarrois au sein desquels nous sommes plongés (Bernard Stiegler, Qu’est-ce que panser ?, Les Liens qui libèrent, 2018). Notre hypothèse est d’affirmer que le cinéma est à même d’accompagner ces perspectives.
Bio-bibliographie : Raphaël Szöllösy est doctorant et enseignant en études cinématographiques à l'Université de Strasbourg. Son travail de thèse s’intitule Images en mouvement du monde morcelé : principe cinématographique pour faire face aux temps contemporains. Ses publications et communications ont exploré l'œuvre de plusieurs cinéastes issus de multiples contextes géographiques et sociaux du 20ème et du 21ème siècle, à partir des pensées d'auteurs inhérents à sa recherche centrale : depuis la philosophie d’Ernst Bloch jusqu’à celle de Cornelius Castoriadis et de Bernard Stiegler, comme la méthodologie d’Aby Warburg et de Georges Didi-Huberman, qui permettent de saisir le désarroi politique le plus actuel et de construire une réponse face à celui-ci. Ainsi furent analysées les images d'Amos Gitaï ou de Dušan Hanák, les interactions entre Pier Paolo Pasolini et Mishima, les problématiques du Moyen-Orient et leurs liens avec les films ou encore celles du cinéma chinois contemporain.
7. jeudi 28 mars, 18 h (salle 409/Po). Littérature française contemporaine. DEUX CONFÉRENCES !!
Conférence de Dominique Viart (IUF, Université de Paris-Nanterre) : « Identifier et nommer la littérature contemporaine française »
Si, en ce qui concerne la littérature narrative française contemporaine, les questions de périodisation sont, à peu près définies par un consensus critique qui en détermine l’émergence à la fin des années 1970 – début des années 1980, si les principales caractéristiques de cette nouvelle production littéraire – transitivité, retour au récit, au sujet, au réel, sens éthique… - sont aussi assez unanimement admises, si même les formes qui sont apparues sont désormais assez bien décrites - autofiction, récit de filiation, fiction biographique, fictions critiques, non-fictions et fictions documentaires notamment… -, manque toujours en revanche l’identification d’un principe suffisamment synthétique pour définir la nature esthétique générale de cette littérature.
Cette absence est compréhensible, car les écrivains contemporains eux-mêmes, à la différence de leurs aînés, se sont bien dispensés d’écrire des « manifestes » et d’adopter les étiquettes ou slogans qui définiraient leur travail (ce qui est du reste un trait caractéristique de la période, en rupture avec les pratiques de la Modernité et des Avant-gardes). En cela, ils ne nous aident guère. Mais cette absence est dommageable, car la critique en est réduite à recourir à des terminologies peu satisfaisantes et très critiquées – « postmodernité », « extrême contemporain »… - voire à se satisfaire de l’expression « littérature contemporaine », notion dont la signification est bien trop labile, car chaque siècle a eu sa « littérature contemporaine » - et, comme telle, vouée à se périmer : que désignera-t-elle dans 50 ans ?
La présente communication tentera, à la lumière des pratiques actuelles, des enjeux qui la caractérise et des œuvres qui l’illustrent, de nommer la littérature contemporaine française.
Conférence de Dominique Rabaté (Université de Paris Diderot) : « Disparaître : un désir ambivalent du contemporain »
Quand on observe la fréquence du motif romanesque de la disparition depuis une vingtaine année, on peut faire l'hypothèse de la fascination que ce désir entretient aujourd'hui pour les écrivains et les lecteurs. C'est l'ambivalence de cette figure que l'on analysera à travers les œuvres de Modiano, NDiaye, Echenoz, Garcin ou Carrère, mais que d'autres littératures que française mettent ausis en scène. Ce désir d'échapper à l'omnivisibilité des sociétes contemporaines est le revers d'une anxiété et d'une injonction de paraître, de se rendre toujours plus visible.
Vendredi 28 septembre
salle 4209 – Patio Bâtiment V – 4e étage
Journée d'étude ouverte à tous
14 h - Carine Trevisan, professeur à l’Université de Paris Diderot et membre du CERILAC : « Autopsie d’une enfance, figures de la poupée ».
14 h 45 - Corinne Grenouillet, maîtresse de conférences Université de Strasbourg et membre du CERIEL : « La jeune fille : une lecture des Mémoires d’une jeune fille rangée à la lumière du Deuxième sexe ».
16 h 15 - Jean-Louis Jeannelle, professeur à l'Université de Rouen et membre du CEREdI : « Beauvoir ou La fin du mélodrame ».
17 h 00 - Hélène Baty-Delalande, maîtresse de conférences à l’Université de Rennes 2 et membre du CERILAC : « Le romanesque dans Les Mémoires d’une jeune fille rangée ».
Organisation : corinne.grenouillet@unistra.fr
Salle Guy Ourisson, Institut Le Bel
Colloque organisé par Corinne Grenouillet (Université de Strasbourg, EA 1337, CERIEL-Configurations littéraires), Maryline Heck (Université de Tours, EA 6297, Interactions Culturelles et Discursives) et Alison James (Université de Chicago, USA).
Dates:
Le champ littéraire contemporain offre une palette variée et contrastée d’œuvres traitant du quotidien. La thématique touche tous les genres littéraires et donne lieu à de nouvelles formes d’écriture, se déclinant selon une variété d’aspects. Ce colloque international, organisé en deux volets, a l’ambition de rendre compte de la diversité de ces textes, d’en dessiner la cartographie, et de définir leur place dans le paysage littéraire de notre époque.
Si le quotidien est, selon Maurice Blanchot, « ce qu’il y a de plus difficile à découvrir[1] », la difficulté est tout d’abord existentielle : nous avons souvent du mal à voir ce qui est juste sous nos yeux. Mais elle est aussi théorique : comment différencier le quotidien d’autres notions voisines, telles le banal, l’ordinaire, l’habituel ou l’insignifiant ? Pour les écrivains, cette difficulté concerne également la mise en œuvre de formes narratives et descriptives : « Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour [ …], comment en rendre compte, comment l'interroger, comment le décrire ?[2] » (Georges Perec).
Dans son ouvrage Everyday Life (Oxford University Press, 2006)[3], Michael Sheringham retrace la genèse de la notion de quotidien et des pratiques d’écriture que celui-ci suscite, depuis la période des avant-gardes (surréalistes) jusqu’à Georges Perec, en passant par les écrits décisifs de Henri Lefebvre, qui offrent la première conceptualisation de la notion dans l’immédiat après-guerre. Si celle-ci naît ainsi, sur le plan théorique, dans la pensée française au XXe siècle, plus précisément entre 1945 et 1980[4], son essor en littérature se fait seulement après 1980 : jusqu’à cette date, seuls les écrits de Georges Perec sur l’« infra-ordinaire » marquent la production littéraire des années 1970. S’arrêtant au seuil du XXIe siècle, Michael Sheringham finit son livre en notant que la période contemporaine est marquée par la « dissémination » et la « diversification » des écritures du quotidien. Cependant il semble que le tournant du siècle a non seulement vu ce phénomène s’accroître encore, mais a surtout permis l’émergence de nouveaux enjeux esthétiques, politiques, et sociaux, tandis que de nombreux créateurs/écrivains contestent les frontières établies entre la littérature et les formes qui lui seraient extérieures, qu’il s’agisse des discours du savoir académique ou des formes de la représentation artistique. Les ouvrages les plus récemment parus témoignent à la fois de l’insistance de la thématique, et de la variété de ses mises en œuvre : écritures « infra-ordinaires » dans la lignée d’un Georges Perec (Annie Ernaux, Nathalie Quintane), voyages de proximité, explorations urbaines mais aussi parfois rurales (Philippe Vasset, Joy Sorman, Thomas Clerc, Jean Rolin, Marc Augé, François Maspéro), écritures documentaires ou fictionnelles à visée sociale ou politique (qu’elles décrivent le quotidien du travail ou celui des vies en marges)… Généralement marquées par une importante hybridité, ces écritures représentent une tendance marquante de la littérature d’aujourd’hui ; ce colloque s’attachera aussi à penser la manière dont elles s’inscrivent dans les mutations actuelles de la littérature, de ses objets de prédilection et de ses modes de représentation comme de ses rapports à d’autres discours (histoire, sociologie…) et à d’autres formes artistiques.
Le colloque portera sur les littératures d’expression française, sans exclusion de genres. Il s’agira d’étudier des œuvres qui interrogent spécifiquement le quotidien, et non la catégorie générale des « écritures ordinaires »[5]. On s’attachera prioritairement aux œuvres parues depuis 2000, mais les propositions concernant des œuvres parues à partir de 1980, date généralement retenue dès lors qu’il s’agit de délimiter le seuil du contemporain, seront également bienvenues. Les contributions à dimension généalogique, qui s’attachent à resituer les pratiques contemporaines dans l’histoire des écritures du quotidien, seront elles aussi appréciées. Il importe que les propositions témoignent d’un souci notionnel et s’attachent à chaque fois à définir les aspects du quotidien mis en jeu.
corinne.grenouillet@unistra.fr
[1] Maurice Blanchot, « La parole quotidienne », L’Entretien infini (Gallimard, 1969), p. 355.
[2] Georges Perec, L’Infra-ordinaire (Seuil, coll. La Librairie du XXe siècle, 1989), p. 11.
[3] Traduit en français par Maryline Heck et Jeanne-Marie Hostiou sous le titre Traversées du quotidien. Des surréalistes aux postmodernes (PUF, 2013).
[4] Le premier tome de la Critique de la vie quotidienne de Henri Lefebvre paraît en 1947. L’année 1980 est marquée par la première parution de L’Invention du quotidien de Michel de Certeau.
[5] Voir Daniel Fabre, Écritures ordinaires, P.O.L, 1993.
Colloque organisé par le Centre de recherche « Ecritures » EA 3943
A l’Université de Lorraine
Avec le soutien du Centre de recherches « Configurations littéraires » EA 1337 Université de Strasbourg
Ce colloque est inscrit au programme des manifestations organisées par le MUCEM (Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée) et l’Association des amis de Jean Giono à l’occasion du Cinquantième anniversaire de la disparition de Jean Giono (octobre 2019 / février 2020).
21 et 22 novembre 2019
Retrouver schémas, figures et parcours bibliques dans l’œuvre de Giono ne relève pas d’une imagination fantaisiste. En consultant une liste des œuvres complètes de Jean Giono, le lecteur ne peut manquer d’être interpelé par le nombre de titres qui évoquent la Bible ou des thèmes qui lui sont associés : Solitude de la pitié, Le Grand Troupeau, Le Chant du monde, Que ma joie demeure, Les Vraies Richesses, Le Poids du ciel, Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, L’Eau vive, Noé, Fragments d’un Paradis, Fragments d’un Déluge, Les Ames fortes, Les Grands chemins, Recherche de la pureté... Les citations bibliques sont fréquentes dans les romans et certains prénoms des personnages sont droit venus de l’Ancien ou du Nouveau Testament. Chacun sait, en outre, l’influence que le père de Giono, cordonnier piémontais et anarchisant qui faisait de la Bible son livre de chevet, a eue sur son fils. Giono en parle lui-même dans Jean le Bleu, son seul récit autobiographique. Il le montre aussi nettement dans le Grand Théâtre écrit trente ans plus tard sur le thème de l’Apocalypse et dans lequel un père aux allures de prophète initie son fils aux secrets du monde, de la vie et de la mort en se servant de la Bible.
Pourtant Jean Giono n’hésitait pas à dire combien il était éloigné de toute forme de religion. Il l’a expliqué à Jean Carrière lorsque celui-ci l’a interviewé : « Je suis indifférent en matière de religion [...] Dès la première explication du catéchisme, c’était fermé, il y avait une espèce de chape de plomb qui m’environnait et j’étais intouchable. Je m’intéressais à des quantités de choses, j’écoutais l’écho de l’église, j’étais très touché par les grandes voûtes, j’étais prodigieusement intéressé par les lumières qui se jouaient dans les vitraux, j’entendais avec le plus grand appareil romanesque le bruit des pas qui se répercutait dans les cours de l’église, tout cela me touchait, mais dès qu’on me parlait de Dieu et de la religion, c’était fini, il n'y avait plus aucun contact[1]. » L’écrivain a néanmoins toute sa vie entretenu avec la Bible un rapport complexe. De nombreux chercheurs se sont intéressés à cet aspect de l’œuvre du romancier. L’un d’entre eux, Llewelyn Brown y a consacré en 1989 sa thèse intitulée Giono et la Bible : intertextualité et imaginaire. L’auteur observe comment les motifs, les thèmes et les personnages bibliques indéniablement présents dans l’œuvre de Giono subissent des transformations importantes lorsqu’ils sont transposés dans l’univers romanesque. Il précise aussi qu’au cours de ses recherches il a trouvé dans la bibliothèque de l’écrivain six Bibles dont plusieurs largement annotées de sa main ainsi que soixante-dix ouvrages de philosophie et d’histoire de la religion, des commentaires bibliques, des livres consacrés à la vie des saints etc... Enfin, il aborde le rôle de « prophète » qui a été attribué à l’écrivain de 1935 à la guerre lorsqu’il dispensait sur le Plateau du Contadour, à des jeunes « non-violents », ses leçons sur le bonheur reprises dans des écrits pacifistes dont l’aspect apologétique n’est plus à démontrer bien qu’il s’en soit défendu.
Giono prédicateur et prophète, dressé, plus encore que Bernanos, contre le monde moderne et ses robots contait les grandes légendes de l’Inde ou de la Grèce, le sommeil de Rama, les métamorphoses de Dyonisos et dénonçait avec flamme le régime de « l’agglomération et de la masse ». Vers 1930, écrit Henri Godard , « une voix nouvelle, différente de celle que l’on entend dans les romans, [...] s’élève peu à peu dans de courts essais, articles ou préfaces qu’il commence alors à écrire. Il faut, à travers la dispersion des recueils, reconstituer une chronologie serrée de ces publications pour ressentir le mouvement qui emporte irrésistiblement Giono de plus en plus haut dans les sphères du didactisme puis d’un quasi prophétisme. »
Dans la droite ligne des travaux entrepris par le « Centre Ecritures » de l’Université de Lorraine sur le thème : « la Voix prophétique entre parole et écriture », nous avons souhaité nous interroger sur la place occupée par la figure du prophète et de la prophétie au sens biblique du terme dans l’œuvre de Jean Giono. Littérature et prophétie entretiennent un lien complexe : il s’agit de deux sphères différentes, ne répondant apparemment pas aux mêmes enjeux. On peut considérer cependant que l’écrivain à l’instar du prophète interpelle son contemporain, cherche à peser sur les événements ou, à tout le moins, transmet fidèlement messages et avertissements qui lui sont confiés. Pour être comprise dans toutes ses dimensions la littérature à visée prophétique doit être envisagée à l’aune des contextes idéologiques et de la position de l’écrivain. Elle peut aussi être mesurée aux textes-sources afin d’appréhender les transformations effectuées à partir de cet hypotexte.
On pourra se demander, par exemple, en envisageant sous cet angle les ouvrages de Jean Giono qui s’y prêtent, sans que la liste des questions soit exhaustive :
Les propositions de communication (titre, court résumé et brève biobibliographie) sont à envoyer pour le 1er mars 2019 dernier délai à :
Danièle Henky
EA 1337 « Configurations littéraires / Université de Strasbourg
daniele.henky@unistra.fr
Dominique Ranaivoson
EA 3943 « Ecritures » / Université de Lorraine
dominique.ranaivoson@univ-lorraine.fr
Une réponse sera adressée le 15 mars 2019 après lecture des propositions par le comité scientifique.
Llewellyn Brown, Professeur agrégé de Lettres modernes, Lycée international de Saint-Germain-enLaye (France). Membre du Comité éditorial de lettres modernes-Minard.
Elena di Pede, Professeur de théologie, centre de recherches « Ecritures », EA 3943, Université de Lorraine (France).
Pierre Halen, Professeur en littérature comparée, centre de recherches « Ecritures », EA 3943, Université de Lorraine (France).
Danièle Henky, MCF HDR en langue et littérature françaises, centre de recherches « Configurations littéraires », EA 1337, Université de Strasbourg (France).
François Nault, Professeur de théologie, Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval (Québec).
Luís Carlos Pimenta Gonçalves, MCF en littérature générale et comparée à l’Universidade Aberta (Portugal) et chercheur à l’Instituto de Estudos de Literatura e Tradição (IELT).
Dominique Ranaivoson, MCF HDR en littérature comparée, centre de recherches « Ecritures », EA 3943, Université de Lorraine (France).
Isacco Turina, enseignant-chercheur en sociologie, Université de Bologne (Italie)
[1] Jean Carrière, Jean Giono, Besançon, La Manufacture, 1991, p.109-110.
Le colloque "Didactique des frontières en littérature de jeunesse", est organisé par Britta Benert et Philippe Clermont en partenariat avec la Fondation pour la coopération culturelle franco-allemande et le Prix franco-allemand pour la littérature de jeunesse (Sarrebruck, soutenu par l'EA1337, l'EA 1341 et l'ESPE). Il aura lieu les 24 et 25 janvier.
L'après-midi du jeudi 24/01 se déroulera à la Mairie de Strasbourg, Place Broglie (au programme : lectures d'extraits d'oeuvres littéraires, lecture d'Emmanuel Bourdier, intermèdes musicaux, table ronde, chorale d'enfants, ...). Pour des raisons de sécurité et de places limitées, il faudra impérativement s'inscrire à cette adresse : info-strasbourg@goethe.de
Dans le sillage des travaux scientifiques des Configurations littéraires (EA 1337) et du centre Écritures (EA 3943), en particulier de leurs axes « Littératures et Histoire » (université de Strasbourg) et « Constructions mémorielles et sacralisation » (université de Lorraine), une journée d’études doctorales est organisée le samedi 23 mars 2019 sur le thème du renouvellement des formes d’écriture littéraire de l’événement historique.
Les écrivains issus de pays autrefois colonisés ont forgé des écritures spécifiques pour dire l’histoire passée (fait colonial, guerres de décolonisation, etc.). Observateurs d'une forme de continuation du passé dans le présent (événements post-coloniaux tels que guerre du Rwanda, séquelles matérielles et psychiques héritées du passé colonial …), les différentes formes qu’ils donnent à leur écriture de l’histoire soulèvent des enjeux poétiques. Cette journée d’études doctorales se penchera donc sur les nouvelles élaborations textuelles et constructions discursives pour dire cette réalité vécue (et ces observations). Il s’agira d’explorer notamment les formes d’écriture que l’écrivain africain francophone utilise pour restituer, figurer l’événement historique.
L’écriture de l’événement historique pratiquée par des romanciers comme Assia Djebar, Tierno Monénembo, Kossi Efoui, Abdourahman A. Waberi, Rachid Boudjedra, Alain Mabanckou, Anouar Benmalek et autres donne en effet à lire une histoire en partage entre les sujets de l'histoire des anciennes métropoles et des anciennes colonies. Leur renouvellement des formes d’écriture de l’histoire s’illustre à la fois comme la construction d’une compréhension commune à l’ensemble des héritiers du fait colonial (Mouralis, 2007 ; Luste Boulbina, 2007), et comme une insistance sur le fait que les traces de cette histoire continuent de hanter notre présent. Leur écriture rend au présent l'expérience vécue et met en évidence les traces toujours vives de l'histoire passée.
Imbrications des temps, jeux sur les mises en page, sur les mots, polyphonie, intertextes, citation, etc. sont autant de moyens par lesquels l’écriture de ces romanciers africains francophones reprend le récit du fait colonial dans ses liens avec notre présent. L’ensemble de ces procédés utilisés pourraient être ceux de « fictions pensantes » telles que Franck Salaün les définit, c’est-à-dire comme des fictions qui « embarquent le lecteur dans une sorte d’aventure intellectuelle […] en signalant au promeneur quelques sites intéressants, et aux autres orpailleurs les cours d’eau et les sables aurifères » (Franck Salaün, 2013). A travers les différents procédés littéraires utilisés, leur écriture semble développer une pensée de l’histoire. C’est ainsi que leurs écritures de l’histoire travaillent le présent en l’investissant d’éléments du passé. L’écriture enferme peut-être, par cette mise en relation du présent avec le passé, l’objectif de rapprocher de nous lecteurs, « ce qui semblait éloigné de nous » (Kossi Efoui, 2013).
Axes de recherche
Écrire et interroger l’histoire
Dans quelle mesure les éléments stylistiques mettent-ils des événements historiques en évidence ?
Ecrire les non-dits, les manques, les absences
Il faudrait s’intéresser à ces écritures qui se caractérisent par des choix de poétiques diverses. Quels sont les procédés pour ramener le passé dans le présent ? (Jean-François Hamel, 2006). Quels sont ceux qui nouent le silence à l’absence pour dire les non-dits de l’histoire ?
Écriture et réception : élargir la compréhension historique des lecteurs
La forme d’écriture utilisée permet-elle d’examiner le rapport des auteurs et de leur création au lecteur ? De penser à nouveaux frais l’esthétique de la réception de ces littératures africaines ?
Les propositions de communication se formuleront prioritairement selon l’un de ces trois axes. Un résumé clair de 350 mots environ, accompagné d’une brève notice bio-bibliographique, est à envoyer à Solange Namessi (s.namessi@yahoo.fr ) et Farid Namane (namane.ait@gmail.com) avant le 10 février 2019. Une réponse sera communiquée aux intervenants sélectionnés autour du 15 février 2019. Les frais d’hébergement (une nuitée) et de restauration seront pris en charge par les équipes organisatrices.
La journée d’études est à destination de tous les jeunes doctorants en littérature. Si elle intéresse, en premier lieu, les littératures françaises et francophones, la réflexion qu’elle pose se veut aussi transversale (http://ea1337.unistra.fr/ceriel/projet-scientifique-2016-2022/). Aussi des lectures comparatives qui mettent d’autres littératures contemporaines en relation avec les littératures francophones africaines, selon des aspects relatifs aux formes d’écriture de l’événement historique, seront bienvenues.
Bibliographie
Ouvrages théoriques et articles
Barthes, Roland, Le plaisir du texte, [1973], Paris, « Point Essais », 2014.
Bessière, Jean, Qu’est-il arrivé aux écrivains français ? D’Alain Robbe-Grillet à Jonathan Littell, Paris, Labor, 2006.
Certeau (de), Michel, L’écriture de l’histoire, Paris, Gallimard, 1975.
Dosse, François, Renaissance de l’événement : Un défi pour l’historien : entre sphinx et phénix, Paris, Presse universitaires de France, coll. « Le nœud gordien », 2010.
Dozon, Jean-Pierre, Frères et sujets, Paris, Flammarion, 2003.
Game, J et A. Wald Lasowski, [dir.], Jacques Rancière. Politique de l’esthétique, Paris, Archives contemporaines, 2009.
Hamel, Jean-François, Revenances de l’Histoire : Répétition, narrativité, modernité, Paris, Minuit, « Paradoxe », 2006.
Kesteloot, Lylian, « Littérature et art au miroir du tout-monde », Éthiopiques, n° 78, 1er semestre 2007.
Luste Boulbina Seloua, « Ce que postcolonie veut dire : une pensée de la dissidence », Rue Descartes, n° 58, Avril 2007.
Mangeon, Anthony (dir.), L’empire du langage. Penser l’indiscipline avec Laurent Dubreuil, Rennes, Presses universitaires de Rennes, « Plurial », 2016.
Mouralis, Bernard, L’Illusion de l’altérité. Études de littérature africaine, Paris, Honoré Champion, « Bibliothèque de littérature générale et comparée », 2007.
Ricœur, Paul, La mémoire, l’histoire et l’oubli, Paris, Seuil, 2000.
Ricœur, Paul, Temps et récits, Paris, Seuil, 1983.
Salaün, Franck, Besoin de fiction. Sur l’expérience littéraire de la pensée et le concept de fiction pensante, [2010], Paris, Hermann, « Fictions pensantes», 2013.
Waberi, A. Abdourahman, « Comment j’ai écrit mes livres (et autres considérations sommaires) », MLN, Vol. 118, n° 4, Septembre 2003, (trad.), pp. 933-937.
Salle Louis Ourisson, Institut Le Bel
9h00 Présentation, introduction
9h15 Maha SMATI, Université de Louvain, « Histoire officielle, réalités officieuses : la fiction algérienne investie du dehors »
9h45 Farid NAMANE, Université de Lorraine, « La "guerre d’Algérie" dans le roman policier : le cas de La part du Mort de Yasmina Khadra »
10h15 Jaroslav STANOVSKÝ, Universités Paris-Est/Masaryk de Brno, « L'œuvre littéraire comme une structure dynamique : pour l’analyse fonctionnelle de la fiction historique »
11h00 Alice DESQUILBET, Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, « Sony Labou Tansi et le motif du trou, du symbole de l’histoire coloniale à la métaphore extractiviste »
11h30 Céline RICHARD, Université Paris-Sorbonne, « “Les larmes de la lune” (Scholastique Mukasonga). Témoigner du génocide ou de l’extermination, même par l’écriture poétique : exprimer le deuil, la terreur et la désolation pour interroger l’Histoire »
12h00 Philippe Herman SANON, Université de Strasbourg, « Explorer à travers l’écriture romanesque les formes d’accueil ou/et de rejet par les Africains du christianisme prêché par les missionnaires à l’époque coloniale »
14h30 Rocio MUNGUIA AGUILAR, Université de Strasbourg, « Écrire autour du silence : traite interne et esclavage dans La Saison de l’ombre de Léonora Miano »
15h00 Félicité MWOS YAKAN, Université Yaoundé 1, « La traversée du milieu : l’écriture de l’impensable par Léonora Miano dans Les Aubes écarlates »
15h45 Bo-Hyun KIM, Université de Strasbourg, « Proposition d’une nouvelle lecture de l’écriture de métissage lopésienne »
16h15 Soukaïna ELMOUDDEN, Université de Nantes, « L’histoire autrement écrite dans Léon l’Africain d’Amin Maalouf »
16h45 Milunda KOMBILA, Université de Lorraine, « Périodiques culturels et structuration du champ: le cas de Peuples noirs, peuples africains (1978 -1991) »
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