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Projet IUF de Bertrand Marquer 2015-2020

Le projet pour lequel B. Marquer a obtenu une délégation à l’Institut Universitaire de France (2015-2020) porte sur la « littérature de l’estomac », soit un corpus ample, composé d'œuvres de fiction (prose, poésie, théâtre), d'écrits scientifiques et gastronomiques, et de textes faisant de l'estomac le sujet, réel ou métaphorique, d'un système de représentations excédant le domaine de la physiologie médicale. Ce projet individuel, qui s’inscrit dans l’axe « Frontières et transferts » de l’EA 1337, donnera également lieu à des entreprises collectives :

  • au sein de l’EA 1337, autour d’un certain nombre d’axes explorés à titre individuel par Bertrand Marquer, qui seront envisagés dans une perspective diachronique et comparatiste.
  • avec d’autres EA de l’UdS, notamment le CARRA (« Centre d'Analyse des Rhétoriques Religieuses de l'Antiquité », EA 3094), l’ARCHE (« Arts, civilisation et Histoire de l’Europe », EA 3400), et l’IRIST  (Institut de Recherches Interdisciplinaires sur les Sciences et la Technologie, EA 3424, Strasbourg), qui compte des chercheurs s’intéressant à la sociologie de l’aliment, à l’histoire de la médecine et de ses pratiques, ainsi qu’au darwinisme social.
  • avec le  Schwerpunkt « Literatur und Wissen » de l’Université de Bâle (Hugues Marchal), ainsi qu’avec les membres du projet franco-canadien « Médias 19 » (http://www.medias19.org/

 

Ces entreprises collectives se sont organisées autour de trois axes principaux :

(1) les « allégories du ventre », étudiées à travers deux journées d'étude regroupant des chercheurs en littérature, mais aussi en philosophie, en histoire et histoire de l’art : les « Allégories de Messer Gaster » (17-18 novembre 2016) et les "Allégories de l'estomac" (19 octobre 2017). Le colloque international consacré à l'axiome de Brillat-Savarin ("Dis-moi ce que tu manges je te dirai ce que tu es") clôt cette réflexion, en insistant sur la symbolique de l'alimentation. Cet axe a donné lieu, en 2020, à deux publications aux Presses universitaires de Strasbourg.

(2) les « arts de la table », envisagés à travers l’analogie entre les mets et les mots, et comme un moyen d’interroger la pluralité des discours et des pratiques ayant la « table » pour objet d’étude ou champ d’investigation. La réflexion s'est organisée autour d'un séminaire consacré à l'étude des liens entre la table et parole (séminaire "Edere et audire", commun au CERIEL et à l'Europe des Lettres, en collaboration avec le CARRA) ; de deux journées d’études centrées sur la tradition des propos de table (publication prévue).  Cette réflexion s'est également accompagnée d'un séminaire sur la « recette » comme art/prescription poétique, en collaboration avec Hugues Marchal  (Université de Bâle).

(3) le « réel comme aliment » (G. Bachelard[1]), axe centré sur la dimension proprement poétique de la nourriture et du schème alimentaire. Cet axe a donné lieu à plusieurs collaborations, notamment lors du programme  (2018-2020) porté par Frédérique Desbuissons (HICSA, « Histoire culturelle et sociale de l’art », Paris 1) et Julia Csergo (université Lyon 2/Laboratoire d’études rurales, UQAM) : « Comment la critique d’art "informe" la critique gastronomique : statuts, supports, fonctions, évolutions d’une pratique (18e-21e) » Il a également permis l'organisation d'un colloque co-organisé avec Eléonore Reverzy (CRP19, Sorbonne Nouvelle) autour des Histoires de chasse.

Ce projet a en outre débouché sur la coordination d'un numéro de la revue Romantisme consacré à La Gourmandise.

 


[1] Voir La Formation de l’esprit scientifique, Vrin, 1986, p. 169 : « la connaissance des objets et la connaissance des hommes relèvent du même diagnostic, et par certains de ses traits, le réel est de prime abord un aliment ».