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Corentin LE DUFF

Doctorant contractuel depuis le 1er octobre 2021

Titre de la thèse : « Une œuvre ‘‘au singulier viril’’ ? Questions de genre dans l’œuvre d’Aragon »

Direction : Corinne Grenouillet 

On connaît désormais bien la « confusion des genres », au sens littéraire du terme, à laquelle s’est adonné Aragon tout au long de sa carrière d’écrivain, abattant les frontières entre poésie et roman, entre vers et prose, et affirmant que « tout [lui] est également parole ». On sait moins en revanche quelle place importante l’auteur a accordée dans son œuvre à la confusion des genres cette fois comprise au sens sociologique, c’est-à-dire tel qu’il s’est développé sous l’impulsion américaine croisée des gender et des cultural studies à partir des années 70, et qui n’est d’ailleurs pas sans rapport avec la poétique aragonienne de l’hybridation générique. À la fin de sa vie, Aragon laisse à Jean Ristat, son exécuteur testamentaire (qu’il nomme son « collaborateur »), le soin d’éditer la suite de son Œuvre poétique, un ensemble très hétérogène de textes dont le titre doit selon lui s’entendre « au singulier viril ». Si cette précision doit bien sûr être avant tout comprise au sens grammatical, elle ne manque pas non plus de faire écho au tournant inattendu que connaît alors la vie sentimentale d’Aragon après la mort d’Elsa Triolet, et dont sa collaboration avec Ristat se fait le signe, l’écrivain découvrant sur le tard l’amour des garçons. Aussi L’Œuvre poétique édifié par l’auteur dans les dernières années de son existence, véritable pendant des Œuvres romanesques croisées autrefois composées auprès de sa défunte épouse, s’oppose-t-il également à l’« hermaphrodisme assumé et épanoui » de ces dernières. Là, dans ce jeu autour du masculin et du féminin, ne réside donc pas le moindre des paradoxes entourant la figure d’Aragon, comme le souligne Jacques Henric s’étonnant à l’été 1971 du contraste entre le « puritain poète de l’amour conjugal » qu’il a jadis connu et le « beau vieillard à l’allure efféminée » qu’il rencontre alors : tout se passe comme si Aragon entreprenait tout à coup de saborder le mythe qu’il a mis des années à construire autour de sa propre personne et du couple qu’il a formé avec Elsa Triolet. Si l’on voulait trouver un sens intentionnel à ce revirement soudain, on pourrait dire que l’écrivain s’attache de nouveau à appliquer à sa propre existence le principe de sa théorie de l’homme double, formulée pour la première fois en 1936 dans Les Beaux Quartiers, qui cherche à souligner la dualité inhérente à la vie et à la personnalité de chaque individu. Alors la femme ne serait plus seulement l’avenir de l’homme, elle serait aussi son reflet dans le miroir, selon une métaphore spéculaire multipliée par l’auteur dans ses dernières œuvres. À propos des proses subversives et sulfureuses du Con d’Irène, Julia Kristeva se demande encore quel écrivain a su se glisser « avec autant de complicité, de précision et d’admirative tendresse dans le merveilleux féminin qu’Aragon invente comme à l’intérieur de sa propre chair ». Cette thèse se propose donc de démontrer que la complexité du rapport entre le masculin et le féminin chez Aragon à la fois participe d’une invariable quête d’identité personnelle et s’inscrit dans un dialogue constant avec les idées de son siècle, au travers d’une œuvre qui n’a cessé de se confronter aux aspérités du moi et aux enjeux du temps. Nous questionnerons ainsi notre sujet et notre corpus à la lumière de différents angles d’approche : genre et surréalisme, féminisme et communisme, identité et sexualité…

Diplôme, formation :

2019 – Master en Lettres modernes, Mention Très Bien, à l’Université Sorbonne Nouvelle, Paris III.
Mémoire préparé sous la direction de Mme Aude Leblond : « Des Cloches de Bâle à Aurélien : féminisme, femmes et féminité dans Le Monde réel d’Aragon ».

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