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Doctorante contractuelle (2024-2027)
Titre de la thèse : Écrire le vivant : penser l'écologie en Relation(s). Étude des organismes narratifs de Patrick Chamoiseau de 2009 à 2021
Direction : Ninon Chavoz
Résumé :
Mon hypothèse de recherche est fondée sur le constat d’une rupture dans l’œuvre de Patrick Chamoiseau : après avoir obtenu le prix Goncourt pour Texaco en 1992, et s’être rendu célèbre comme un « marqueur de paroles », vecteur d’une culture créole menacée, il donne à ses écrits une inflexion nouvelle, affirmant vouloir se détourner de la fiction. « L’objet de la littérature n’est plus de raconter des histoires » affirme-t-il dans un entretien de 2012, à la suite de la publication de L’Empreinte à Crusoé.
Pour donner à voir ce changement, ma thèse prendra pour point de départ une récapitulation des modalités de prise de paroles mises en place dans l’œuvre de Chamoiseau ainsi que dans ses prises de position publiques. Il s’agira donc d’examiner l’évolution de la posture de l’écrivain postcolonial, au sens où cette dernière est définie par Jérôme Meizoz. Dans les dernières années, le lecteur de Chamoiseau observe la disparition d’un procédé littéraire récurrent qui consistait à mettre en scène des personnages racontant des portions d’histoires, que le « marqueur de paroles » mettait en lien. Les nouvelles modalités de « L’Écrire » chamoisien tendent à nourrir un dense propos métalittéraire et assoir l’autorité nécessaire pour redéfinir un « nous » aux contours élargis. Cette reconfiguration apparaît comme une stratégie s’inscrivant dans une veine postcoloniale qui confère à l’acte d’écriture une capacité de transfigurer, de restructurer l’ordre établi. Une telle lecture postcoloniale invite à placer l’accent sur « la dialectique de légitimation des univers symboliques et la redéfinition singulière (réelle ou potentielle) de ces univers », l’auteur étant confronté au « rôle de la littérature comme système de légitimation et de production de normes sociales » (Moura, 2019). Elle permet aussi de lire Chamoiseau dans la perspective des Humanités écologiques, en avançant que ses écrits récents opèrent une mise en forme nouvelle, dans un savoir-faire littéraire, de discours écologistes. L’étude des œuvres majeures de la dernière décennies (Les Neuf consciences du Malfini, 2009, L’Empreinte à Crusoé, 2012, La Matière de l’absence, 2016, Frères migrants, 2017, Le Conteur, la nuit et le panier, 2021 que j’accompagnerai de l’étude des Manifestes publiés en 2021) sera complétée par l’analyse d’un corpus secondaire fécond qui fera la part belle aux discours de Chamoiseau sur le vivant. Ce dialogue permettra d’éclairer un processus de transposition dans une forme littéraire soit de resémiotisation : nourris de la certitude que la littérature a un effet sur le réel, les « organismes narratifs » chamoisiens offrent à ces discours une langue, un format et une portée différentes.
Chamoiseau apparaît comme un auteur fondamental pour accompagner la relance décoloniale en ce que ses écrits réactualisent la question de la responsabilité, qui joue un rôle crucial dans les nouvelles définitions de l’éthique proposées depuis le texte fondateur de Hans Jonas. Accompagnant un discours de la cale réactualisant la mémoire de l’esclavage et interrogeant toujours l’Histoire et la réalité sociale des Antilles françaises, l’œuvre de Chamoiseau reconsidère le « nous » communautaire pour s’ouvrir à la parole du vivant. En effet, en contexte caribéen francophone postcolonial, l’écrit est traditionnellement envisagé comme celui d’un « nous » inséparable du « devenir de la communauté » (Glissant, 1981) et répond à un « effacé structurant » (Chamoiseau, 2016), une « absence signifiante » (Kassab-Charfi, 2021). Les textes de Chamoiseau conjurent cet effacement et témoignent d’un « nous » recomposé. Inspirés des productions d’Édouard Glissant, ses discours sont animés par l’enjeu du vivant et redéfinissent l’écologie à partir du concept de la Relation : une « haute conscience » qui « inscrit le fait humain dans l’ensemble du vivant » (Chamoiseau, 2015). Ses textes proposent un nouvel être au monde au travers duquel le sujet s’enquiert de ses multiples relations, matérielles et immatérielles. Mon intention est d’observer comment se déploie une écriture écologique relationnelle du « nous » pour faire de l’écologie une pratique, une sémiologie, un principe d'écriture.
Domaines de recherche : Littératures francophones, écocritique, littératures comparées, littératures autochtones d’Amérique du Nord, littératures féministes, histoire de l’art/arts visuels
Diplômes et formation :
Titulaire d’un master 2 – HEC-Paris, spécialisation « Médias, arts et création » (2017, prépa ECE)
Titulaire de l’agrégation de Lettres modernes (2018)
Titulaire d’un master 2 de recherche en Littérature comparée – Sorbonne Université-Paris IV (2020)
Enseignement :
Professeure de français/lettres modernes – Académie de Créteil (2018-2021)
Chargée de cours « Auteur francophone » (4e année de Bachelor, niveau L3/M1) – Université de Montréal (2023)
Communications :
- « Repenser le Vivant : poétique du “vivre-en-Relation” dans Les neuf consciences du Malfini de Patrick Chamoiseau », Colloque « Relations », Université de Princeton (avril 2022)
- « Littérature environnementale et cultures de l'imaginaire : l'afrofuturisme au service de la cause écologique. Le personnage écologique dans Tè Mawon de Michael Roch », Colloque « Choix », Laboratoire des imaginaires, Université de Rennes (octobre 2022)
- « Postures écologiques : de l'intérêt d'une approche écocritique des textes caribéens », Colloque « La Grande Transition », Université Concordia (mai 2023)
- « Zone Caraïbe : zone écologique et critique : penser les humanités écologiques depuis l'archipel », Colloque « Ecopoeticas en el Caribe », Casa de las Americas, Cuba (mai 2023)
- « Enjeux sémiotiques attachés à une conception de la nature propre aux communautés autochtones du Nunavik. De l’article scientifique à la réécriture littéraire », Colloque « (Des)écrire l’écologie. Première approche interdisciplinaire », Université Paris-Nanterre, France
Publications :
- KLEIN, Victoria, « Récits de la baie », « Réécrire les sciences naturelles », vol. 9, Revue Saturne, juin 2023.
(Article issu de la participation à un groupe de recherche dirigé par Jonathan Hope à l’Université du Québec à Montréal et d’une communication donnée en avril 2022 « Resémiotisation : les voix rapportées. Analyse sémiologique et d'une réécriture d'un article scientifique », Journée d'étude « Réécrire les sciences naturelles »)
- KLEIN, Victoria, « Migration et frontière chez Patrick Chamoiseau : identité relationnelle du sujet migrant », « Écologie décoloniale, dans les marges du monde », vol. 3, NaKaN. A Journal of Cultural Studies, janvier 2024.
(Article issu d’une communication du même titre donnée en décembre 2022 au Colloque « Écologie décoloniale », Université de Mayotte & NaKaN, France)
Autres expériences professionnelles :
- Enseignement du FLE – Université de Montréal
- Traduction (anglais à français) – Canadian Doctors for Protection from Guns
- Auxiliariat d’enseignement et de recherche – Université de Montréal
- Curation d’exposition
- Intervention psychosociale
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