Côme de La Bouillerie soutiendra sa thèse de littérature française,...
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L'Institut de littérature comparée et son groupe de recherches L'Europe des lettres sont heureux d'annoncer que M. Abdel Rahman Alnatseh a soutenu sa thèse de doctorat le 21 juin 2019:
L'Imaginaire littéraire de la Polynésie au XIXe siècle. Histoire d'une métamorphose (France, Royaume-Uni, USA)
Portique salle 412
Jury: Prof. Odile Gannier, Université de Nice, rapporteure
Prof. Jean-Marc Moura, Université de Nanterre, rapporteur
M. Patrick Werly, Maître de conférence habilité à diriger des recherches, Université de Strasbourg
Prof. Guy Ducrey, Université de Strasbourg, directeur de la thèse
La séance était publique.
Cette thèse traite de l’évolution des modes de représentations et de l’image du Polynésien dans les littératures française, anglaise et américaine depuis 1842, la date du Protectorat de Tahiti, jusqu’en 1911, la période qui précède la Première Guerre mondiale. Il s’agit d’une lecture postcoloniale analysant l’influence des facteurs temporels et culturels des voyageurs occidentaux sur l’image de l’Autre et sur sa transformation du bon sauvage ou du cannibale païen en métis tiraillé entre les traditions et la modernité. Cette analyse a pour ambition de tracer la métamorphose qui marque le discours occidental sur la Polynésie et qui atteint son paroxysme à partir de la fin du XIXe. Il est question de tracer les origines de cette métamorphose, son impact sur la littérature et de déterminer si cette évolution dans le discours colonial représente une prise de conscience de l’Autre ou bien s’il s’agit des symptômes avant-coureurs d’un état de décadence qui frapperait la littérature coloniale.
Mots clés : récit de voyage, exotisme, cannibalisme, altérité, Tahiti, Polynésie, mythe, mythification, démystification, acculturation, littérature postcoloniale, littérature coloniale
Summary
This thesis deals with the evolution of the modes of representation and the image of the Polynesian in the French, English, and American literatures since 1842, the date of the French Protectorate over Tahiti, until 1911, the period which precedes the First World War. It is about a postcolonial reading of the influence of temporal and cultural factors of Western travelers on the image of the Other, on its transformation from a Noble Savage or a Cannibal into a person who lives in a cultural hybridity, and who is in a conflict between tradition and modernity. This analysis aims to outlinethe metamorphosis that affects the Western discourse on Polynesia and which reaches its peak starting from the late nineteenth century. It endeavors to study the origins of this metamorphosis, its impact on the literature and to determine if the evolution of the colonial discourse represents a growing awareness of the Other or if it is only a kind of warning symptoms of a literary decadence.
Keywords: travel narrative, exoticism, cannibalism, otherness, Tahiti, Polynesia, myth, mythification, demystification, acculturation, postcolonial literature, colonial literature.
Un topos clos par rapport au monde profane et ouvert sur son monde immense et dépourvu de forme. Un microcosme isolé, éloigné et fortifié contre tout ce qui lui est extérieur. La symbolique de l’île reste aussi bien paradoxale que variable au fil de l’histoire et au centre de créations littéraires.
Depuis l’antiquité grecque, plusieurs écrivains comme Homère et Virgile ont conçu l’île comme un espace propice à la concrétisation de leurs principes philosophiques et de leurs réflexions profondes sur la nature humaine et ses problématiques les plus complexes. Selon ces auteurs, toute la terre ainsi que toutes ses parties sont insulaires et tous les peuples sont toujours isolés les uns des autres[1]. Cette image de la terre séparant les peuples s’exprime concrètement lors des prémices de l’âge colonial où l’ethnocentrisme pousse l’Occident à affirmer sa différence par rapport aux autres cultures. Dès les voyages entrepris par Christophe Colombe, Amerigo Vespucci jusqu’à la littérature coloniale du XXe siècle, le lointain attire le désire ardent d’un occident avide et représente ainsi un vide à remplir. L’île devient un archétype lié aux théories de l’exotisme impérial; conflit occidental d’exploration et d’exploitation, volonté d’extraversion, d’objectivation et de domination.
Suite à l’indépendance de certains pays colonisés, on assiste à l’émergence d’une nouvelle littérature qui inaugure le passage d’une vision coloniale du monde insulaire basée sur une représentation objective et réaliste de l’espace à un imaginaire postcolonial reposant sur une connaissance subjective et idéaliste de l’espace[2]. En s’introduisant dans un réel historique,-celui du colonialisme-, et en déplaçant de perspective le mythe originel, la littérature postcoloniale s’oriente vers des représentations idéalistes de l’espace et de l’individu dans le dessein de présenter une réponse à une littérature occidentale dont l’auteur « a joui trois mille ans du privilège de voir sans qu’on le voie »[3]
Ce que propose cette étude comparée des récits insulaires contemporains est une véritable réflexion novatrice sur une variante paradoxale de l’espace et sur son nouveau symbolisme inspiré de la théorie postcoloniale de l’empire de « Writing back »[4]. Aussi cette littérature postcoloniale ne désigne-elle pas seulement la littérature des pays « venant après » l’empire colonial, mais « un ensemble littéraire dont il est possible de reconnaître des qualités thématico-formelles spécifiques, lorsqu’on l’envisage par rapport à la colonisation et à ses conséquences.[5] » De ce fait, notre recherche s’intéresse à un certain nombre de récits littéraires transcontinentaux regroupant ces mêmes thématiques sans pour autant se limiter seulement à l’expression des auteurs qui ont vécu la période coloniale.
Nous proposons également d’étudier ce sujet en prenant comme hypothèse que la rupture entre l’ici et l’ailleurs provoque une force de renouvellement propre aux pratiques et aux habitudes de pensée de l’être humain et constitue une nouvelle vision du monde capable d’interroger les frontières des formes, des codes et des thèmes propres à l’aura dans laquelle vit l’homme dans son monde traditionnel et ordinaire. Nous tentons de révéler comment l’expérience du dépaysement et du déracinement produit un nouvel espace littéraire où l’ici et l’ailleurs se confrontent ingénieusement par le biais d’une écriture renouvelée et investie que ces auteurs enrichissent, chacun à sa manière, afin de substituer à l’Europe de nouvelles valeurs esthétiques, spirituelles, culturelles et sociales. Enfin, cette étude est censée délimiter les caractéristiques de l’île et son symbolisme dans la mesure où ce topos littéraire sert comme champ d’exposition et de développement d’un discours ethnologique et géographique et implique une composante essentielle de la construction identitaire et de la révélation de soi.
Mme Mariko Anazawa a soutenur sa thèse le 28 mars 2017 à 14h sous le titre
Maeterlinck et les Japonais
Jury:
Prof. Guy Ducrey, Université de Strasbourg
Prof. Claude Jamain, Université de Lille 3
Prof. Shintaro Fujii, Universtié Waseda, Tokyo
M. Yves-Michel Ergal, Université de Strasbourg, Directeur de la thèse
Maurice Maeterlinck a joué un rôle important dans l’histoire du théâtre au Japon. Après mon mémoire de D.E.A. à l’université Paris III intitulé les Quatre éléments dans le théâtre symbolique de Maeterlinck, mon attention s’est portée sur l’eau. J’ai ensuite enseigné le théâtre à l’université Nihon au japon, ce qui m’a donné l’occasion de relire les pièces de Maeterlinck avec mes étudiants et consulter sur place des documents japonais concernant les auteurs nippons de l’époque de Maeterlinck. Ma thèse s’intéresse donc aux différentes approches qui ont contribué au succès de cet auteur belge dans mon pays.
L'examen du langage : les interrogations épistémologiques dans la poésie après 1945
Thèse sous la direction de Mme Tatiana Victoroff, sujet déposé en automne 2020. Thèse soutenue le 27 septembre 2024.
Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, une nouvelle poésie s'esquisse sous la double influence de l'héritage des expérimentations avant-gardistes (le surréalisme, l'absurdisme et le futurisme russes, les Modernistes américains...) et du choc de la Deuxième guerre mondiale. C'est dans ce contexte que naît une réflexion critique sur le langage, dont les premiers représentants prônent le retour à l'objet (Francis Ponge, les Objectivistes américains). De la quête du signifié au détour du signifiant (Yves Bonnefoy) jusqu'à la révision des hiérarchies véhiculées par le langage (Lyn Hejinian), les poètes d'après-guerre répondent, semble-t-il, à des questions communes : peut-on se fier au langage ? Que peut-on connaître par son biais ? Le langage poétique résout-il ou reproduit-il les impasses du langage ordinaire ?
En étudiant un corpus d'écrits poétiques et théoriques d'auteurs qui mettent l'interrogation sur le langage au centre de leur œuvre (Emmanuel Hocquard, Arkadi Dragomochtchenko, les Language poets, et autres), nous tenterons d'opérer une analyse synthétique de ces questionnements qui correspondent, à notre sens, à un changement important dans l'évolution de la poésie occidentale.
Contre-épopées généalogiques – Fictions nationales et familiales dans les romans de Thomas Bernhard, Claude Simon, Juan Benet et António Lobo Antunes, thèse de doctorat de littérature comparée sous la direction du Professeur Pascal Dethurens, soutenue le 10 septembre 2011.
RÉSUMÉ
Contre-épopées généalogiques – Fictions nationales et familiales dans les romans de Thomas Bernhard, Claude Simon, Juan Benet et António Lobo Antunes
La doxa hégélienne a défini l’épopée comme un récit lumineux célébrant les hauts faits de héros fondateurs afin de consolider l’unité d’une communauté, et a proclamé sa disparition du champ littéraire dans un monde moderne marqué par l’ébranlement des valeurs. Or cette « épopée pétrifiée » semble davantage être un objet théorique que caractériser des textes littéraires, lesquels opposent à cette acception univoque et manichéenne une pratique plurivoque et critique de l’épopée : débordant le cadre générique fixé par l’approche poéticienne, ces « épopées de la complexité » apparaissent comme des récits problématiques qui interrogent dans un moment de crise l’identité d’une communauté, son passé et son devenir. L’« épopée pétrifiée » a en revanche une existence dans le champ politique : depuis le XIXe siècle, chaque nation a construit une geste héroïque orchestrant les mythes constitutifs de son identité à des fins idéologiques de légitimation. Dans leurs romans centrés sur l’histoire d’une ou de plusieurs familles, Bernhard, Simon, Benet et Lobo Antunes prennent violemment le contre-pied des épopées nationales en faisant de la généalogie un prisme critique. Ils déconstruisent les filiations mythiques et biologiques qui essentialisent le « corps » national. Ils ruinent le récit entendu comme monument et développement organique d’une intrigue, réinventant conjointement une écriture de l’histoire qui recourt à l’epos (la voix qui récite), assume son statut fictionnel et élabore d’autres principes de référentialité. La catégorie de l’anti-épique n’est donc pas à même de rendre compte de la force propositionnelle de ces romans qui déplacent la généalogie pour repenser la famille et la communauté en déjouant les places symboliques et les grands récits : ils mettent la finitude en partage, mais aussi en regard avec les violences historiques dont ils travaillent à transmettre la mémoire singulière ; ils déploient une poétique multiforme de la relation. L’enjeu de tels déplacements est à la fois politique, éthique et esthétique : contre les modèles de la clôture narrative et de la totalité organique, il s’agit d’inventer des formes de subjectivation, des imaginaires du vivre-ensemble et des agencements textuels qui réélaborent les modalités du commun.
Mots-clés : T. Bernhard – C. Simon – J. Benet – A. Lobo Antunes – épopée – généalogie – nation – famille – fiction – poétique de la voix – romanesque – affect – littérature et histoire – littérature et politique – littérature et éthique.
ABSTRACT
Genealogical counter-epics – National and family fictions in the novels of Thomas Bernhard, Claude Simon, Juan Benet et António Lobo Antunes
The Hegelian doxa has defined the epic as an inspiring tale that strengthens the unity of a community by extolling the great deeds of its heroic founders, and has proclaimed its disappearance from the literary field in a modern world undergoing a crisis of values. But this "petrified epic" seems to be more theoretical than characteristic of literary texts, which offer plurivocal and critical forms of epics as opposed to a single and Manichean one: these "epics of complexity" exceed the generic framework fixed by the poetical approach and appear as problematical narratives, which, in a period of crisis, question a community's identity, its past and its future. The "petrified epic" on the other hand, exists in the political field: since the 19th century, each nation has built a large heroic tale orchestrating the myths constituent of its identity for ideological purposes of legitimacy. In their novels centred on the stories of one or several families, Bernhard, Simon, Benet and Lobo Antunes violently run counter to the national epics by turning genealogy into a critical prism. They break down the mythical and biological relationships that essentialize the national body. They shatter the idea of a narrative understood as a monument with the organic development of a plot, as they reinvent the writing of history, which simultaneously resorts to an epos (understood as a reciting voice), assumes its fictional status and elaborates other referential principles. Thus, the anti-epic is not a category adapted to the innovative strength of these novels, which shift genealogy so as to rethink the family and the community by debunking the grand narratives and their symbolic commonplaces: they suggest that finiteness is a shared experience founding the community, but they also place it in the light of historical violence, whose singular memory they work to pass on; they unfold multiform poetics of relations. What is at stake with such shifts is political, ethical and esthetical at the same time: as opposed to the models of narrative closure and organic whole, these novels aim to invent forms of subjectivation, to imagine ways of living together and textual devices that craft new forms of commonality.
Keywords: T. Bernhard – C. Simon – J. Benet – A. Lobo Antunes – epic – genealogy – nation – family – fiction – poetics of voice – Romanesque – affect – literature and history – literature and politics – literature and ethics.
L'Orient-Express, configuration littéraire d'un mythe européen (1883-2000)
thèse de doctorat de littérature comparée en cotutelle, Universités de Strasbourg (Prof. Guy Ducrey dir.) et Université libre de Bruxelles (Prof. Paul Aron dir.), sujet déposé en automne 2013, soutenu le 21 novembre 2016.
Jury:
Prof. Paul Aron, professeur de littérature française (Université libre de Bruxelles), co-directeur de la thèse
Prof. Sophie Basch, professeur de littérature française (Université de Paris-Sorbonne, Paris-IV)
Prof. Laurence Brogniez, professeur de littérature française (Université libre de Bruxelles)
Prof. Guy Ducrey, professeur de littérature comparée (Université de Strasbourg), directeur de la thèse
M. Patrick Werly, maître de conférences HDR en littérature comparée (Université de Strasbourg)
Position de thèse
La thèse étudiie le célèbre train sous trois aspects principaux : les trajets, les mythes et les représentations littéraires et artistiques.
Par mythes, on entend histoires au sens de muthoi, c’est-à-dire simples histoires, histoires fondatrices et histoires ayant vocation à rendre intelligibles un certain nombre de pratiques sociales.
L’Orient Express, créé par le Liégeois Georges Nagelmackers en 1883, apparaît en effet comme un mythe européen en ce qu’il rejoint le vieux rêve de voir l’Occident et l’Orient réunis.
L’aventure de ce train marque-t-elle la naissance d'une conscience continentale – du moins pour un temps, avant que les nations ne ferment leurs frontières ? Au-delà de la prouesse technique (le raccord des réseaux européens permettait un gain de temps très appréciable, dans la mesure où les voyageurs n’avaient plus à changer de train à chaque frontière, et le confort des voitures, transformées en palaces sur rail, était tout à fait inédit), il y a une vision (essai ou illusion ?) profondément unificatrice, avec une redéfinition de la carte européenne, dont les frontières semblent s’estomper au cours des voyages et à mesure que la Compagnie Internationale des Wagons-Lits développe ses réseaux. Avec l’Orient Express, qui pousse les réalisations de Nagelmackers aux marches de l’Europe, c’est l’Orient dans son ensemble qui devient facile d’accès, du moins pour les voyageurs fortunés.
Les paradigmes ne manquent pas pour aborder ce phénomène européen : on songe notamment à l’anthropologie (qui fréquente le train ? La littérature et la réalité divergent-elles sur ce point ?), l’histoire de l’art (nombreux sont les artistes, célèbres et anonymes, qui ont contribué à la réalisation et à la renommée de l’Orient Express, de Lalique et ses verreries aux ouvriers des usines d’Aytré et de Birmingham, en passant par les marqueteurs, affichistes, vaisseliers, tapissiers, ou encore tailleurs « officiels » du train), l’histoire de l’architecture (le parcours de l’Orient Express est celui de l’Art Nouveau, et les gares traversées par l’Orient Express présentent bien des similitudes), l’histoire des mentalités et du savoir-vivre, la littérature et le cinéma. L’Orient Express, c’est tout cela à la fois, et la rédaction d’une thèse, à cet égard, exige l’interdisciplinarité et les comparaisons au sein d’un même domaine.
L’Orient Express est donc un axe, un trajet avec ses étapes choisies initialement puis modifiées et étendues au fil du temps. Si le premier Orient Express allait jusqu’à Constantinople, les lignes dérivées créées ultérieurement ont atteint l’Égypte. L’Orient s’est donc à la fois rapproché, agrandi et complexifié, le tout en l’espace de quelques décennies. Quels penseurs, quels écrivains et quels artistes pour rendre compte de réalités aussi exceptionnelles ?
D’autre part, l’Orient Express a lancé l’ère des voyages de luxe – jusqu’alors inconnus sous cette forme. Le train est un bijou, une œuvre d’art pensée et ciselée jusque dans les moindres détails (accoudoirs, sucriers…) pour un public de choix (souverains européens, diplomates, artistes, journalistes et écrivains au faîte de leur gloire). Aussi le voyage devient-il lui-même un art nouveau – adoptant le style Art nouveau en vogue dans les Grands Hôtels, qu’il reproduit dans la conception des voitures : quels rituels la société fortunée qui fréquente l’Orient Express adopte-t-elle ? Il s’agira ici d’étudier un certain art de voyager à travers les arts très liés du confort, de la gastronomie et de la musique, et très largement de l’aventure en voyage – aventure avec les divers accidents de parcours ; aventure avec la présence d’espions et de trafiquants en tous genres ; aventure avec les péripéties et raffinements érotiques de toutes sortes.
Autant d’aspects récupérés et mis en relief par la « littérature Orient Express » puis par le cinéma, et qui ont donné naissance à toute une série de topoi. L’Orient Express est une sorte de réservoir à littératures, du récit de voyage au roman d’aventures en passant par l’ouvrage de réflexion politique et le récit érotique. Il devient le décor indispensable d’une certaine littérature Belle Époque raffinée et précieuse, illustrée par des auteurs tels que Paul Morand et Valéry Larbaud en France, puis d’écrits plus populaires lors des Années Folles (La Madone des sleepings de Maurice Dekobra), des romans policiers et d’espionnage à partir des années 1930 (Le crime de l’Orient Express d’Agatha Christie). Il est par la suite l’objet d’une nostalgie de ces années considérées comme rétrospectivement (et relativement) heureuses alors qu’il connaît un déclin irréversible (Voyages avec ma tante de Graham Greene, Orient Express de Pierre-Jean Rémy). D’une littérature assez élitiste, on passe donc insensiblement à des ouvrages plus populaires. Le titre « Orient Express » est d’ailleurs retenu par maints auteurs très dissemblables, de nationalités variées et plus ou moins renommés (John Dos Passos, Graham Greene, Louis-Thomas Jurdan, A. den Doolaard, Gregor Von Rezzori, Pierre-Jean Rémy…) : il était et est toujours attrayant, voire « bankable ». Si l’imaginaire lié à l’Orient Express devient accessible, cette sorte de démocratisation n’est rendue possible que par la littérature ; elle n’existe pas dans les faits, l’Orient Express demeurant un transport réservé aux personnes fortunées – à l’exception de l’époque qui suit la Seconde Guerre mondiale, mais le train perd alors sa qualité de train de luxe.
Poésie et ontologie dans l'œuvre de Jules Laforgue, thèse de doctorat sous la direction de M. Patrick Werly, sujet déposé en septembre 2017, thèse soutenue le 16 janvier 2023.
A la différence de la majorité des travaux sur Laforgue qui sont très sensibles à la question esthétique, artiste, décadente de l'écriture de Laforgue ( et qui sont souvent éclairants), je voudrais risquer une lecture ontologique ou existentielle de Laforgue, c'est-à-dire montrer que l'écriture ne se limite pas comme chez Huysmans, par exemple, à inventer un lieu spirituel fictif qui protège du monde, mais peut aussi se revendiquer comme un lieu où vivre et répondre aux grandes questions de l'existence. Pour être moins abstrait, la poésie n'est pas étrangère chez Laforgue au fait qu'il se soit marié, c'est-à-dire dit oui, en 1886.
Pour cela j'envisage d'étudier très sérieusement le Sanglot de la Terre où je sens à l'oeuvre une dialectique du dire et du taire, de la parole et du silence, afin de restaurer la dimension existentielle de la parole poétique. Deux noms pour cela: Baudelaire, non pas le Baudelaire pétard que revendique la décadence, mais le Baudelaire d'A une passante qui scelle la poésie dans l'échange entre deux êtres; Bonnefoy en poussant son hypothèse de lecture peu reprise et pourtant très éclairante dans son essai Hamlet ou la couleur.
Images de la suite baroque en poésie et en musique au XXe siècle. Comment les poètes partagent les fantasmes des musiciens, thèse de doctorat sous la direction du Professeur Michèle Finck, soutenue en décembre 2010.
Cette thèse part du constat que le terme « suite » tend, chez un certain nombre de poètes européens de la deuxième moitié du XXe siècle, à remplacer celui de « cycle » pour désigner des ensembles de poèmes relativement indépendants les uns des autres, non reliés entre eux par un lien narratif ou déductif. Il semble qu’on assiste à ce moment fugace où, dans les usages, une catégorie descriptive est en passe de devenir un « nom de genre » (J-M. Schaeffer). Mais pourquoi avoir choisi ce mot précisément et, alors qu’il suggère la continuité, l’employer pour désigner un ensemble discontinu ? Ce phénomène est curieusement contemporain de la vogue de la musique dite « baroque », à l’heure où, par le biais des travaux de Jean Rousset, le grand mouvement de « reconquête » baroque gagne la France. En employant ce mot et en faisant, par son biais, confusément référence à la suite musicale baroque, ces poètes semblent suggérer qu’il offre à la poésie une manière de penser la forme qui se démarque du développement rhétorique classique et contribue à mettre en question le romantisme et ses valeurs, afin d’entériner la mort de Wagner et l’utopie de la Totalité organique. La teneur esthétique et idéologique des enjeux sous-jacents à ces réactualisations du baroque, également perceptible dans certains discours musicologiques, supposés neutres, sur le XVIIe siècle, prolonge ce qui s’observe dans la musique du début du XXe siècle, lors des divers « retours à la suite » de part et d’autre du Rhin.
La thèse invite ainsi à considérer l’emploi du mot « suite » comme un symptôme permettant d’analyser, dans les discours des musicologues et des critiques ainsi que dans la pratique des poètes et des compositeurs, l’évolution de fantasmes communs, qui apparaissent dès le début du XXe siècle. Pour ce faire, elle examine chronologiquement comment la « suite baroque » a nourri en parallèle l’imaginaire des musicologues, des musiciens et des poètes au fil du XXe siècle et a engendré des représentations variées, souvent contradictoires, où peuvent se lire les obsessions esthétiques et idéologiques de leur temps. La pratique de la discontinuité a en effet été l’objet d’interprétations diverses, comprise aussi bien comme l’expression d’un monde en ruine et d’un lyrisme en crise que comme une image de libération et de vie. En déployant l’histoire des projections fantasmatiques dont le mot « suite » a servi d’écran au fil du XXe siècle, et en montrant comment les artistes se sont rêvés des doubles pour échapper à leurs propres hantises, l’étude débusque un certain nombre d’approximations développées, notamment en France et en Allemagne, autour de la notion de suite baroque, et fait apparaître, au-delà des enjeux politiques et idéologiques, une remise en question de la linéarité qui caractérise aussi bien la notion de développement que la rhétorique classique de la continuité.
Travaux
Direction d’ouvrage :
Le modèle végétal dans l’imaginaire contemporain (littérature, philosophie, musique, arts plastiques), en collaboration avec Inès Cazalas, actes du colloque organisé sous l’égide de l’UFR des Arts et de l’UFR des Lettres, à Université Marc Bloch de Strasbourg les 9, 10 et 11 mai 2007, actes à paraître aux Presses Universitaires de Strasbourg en 2011.
Sélection d’articles :
« De l’ostinato au pastiche : approche comparée du comique de répétition en poésie et musique au XXe siècle », Etudes Littéraires (numéro consacré au comique de répétition coordonné par Y.-M. Tran-Gervat), Laval, 2007, pp. 71-86.
« C’est encore du roman ça. Fonctions des citations schumanniennes dans Mademoiselle Else d’Arthur Schnitzler », Musique et Roman (dir. Aude Locatelli et Yves Landerouin), Editions Le Manuscrit, 2008, pp. 153-169.
« Nervure, rameau, bouture : vers une esthétique de la fourche (à propos d’H. Dutilleux, G. Titus-Carmel et P. Celan) », Le modèle végétal dans l’imaginaire contemporain (dir. Inès Cazalas et Marik Froidefond), actes des journées d’études organisées les 9-11 mai 2007 à l’Université de Strasbourg, Presses de l’Université de Strasbourg, à paraître en 2011.
« Jouve, musicographe de Berg : vers un “discours infiniment tu” », Dire la musique : à la limite… (dir. Isabelle Soraru et Stéphane Roth), actes du colloque organisé les 22-24 novembre 2007 à l’Université de Strasbourg, à paraître en 2011.
« Entre “deux bouchées de silence” : esquisse d’une poétique à bouche fermée chez quelques poètes et compositeurs au XXe siècle (P. Celan, A. Emaz, P. Boulez, P. Dusapin) », Ecriture et silence au XXe siècle (dir. Yves-Michel Ergal et Michèle Finck), Presses Universitaires de Strasbourg, 2010, pp. 243-258.
« Ecrire une “suite” en poésie et musique au XXe siècle : modèle, alibi ou fantasme ? », Genres littéraires et formes musicales (dir. Eric Lysoe), actes du colloque organisé à l’Université de Clermont-Ferrand les 26-28 novembre 2009, à paraître.
« Commentaires sur la place des études de prosodie dans la recherche musico-littéraire » (en collaboration avec Michel Gribenski), La recherche musico-littéraire : bilans et perspectives (dir. Emmanuel Reibel, Timothée Picard et Béatrice Didier), actes des Rencontres littéraires et musicales organisées à l’Université Paris Ouest Nanterre et à l’ENS d’Ulm les 21-22 mars 2009, Littérature et musique, URL : www.fabula.org/colloques/document1258.php.
« À quelle condition l’“hypothétique solidarité” entre les arts est-elle encore pensable ? », Littérature comparée et esthétique(s) », actes du XXXVIe Congrès de la SFLGC organisé à Aix-en-Provence les 29-31 octobre 2009, à paraître en juin 2011.
« Nouvelle postérité théorique de Baudelaire. L’exemple des “correspondances” entre “L’Eté de nuit » de Bonnefoy et Tout un monde lointain de Dutilleux » (en cours), Littérature comparée et correspondance des arts, colloque organisé par Yves-Michel Ergal et Michèle Finck à l’Université de Strasbourg les 24 et 25 mars 2011, à paraître.
« Philippe Jaccottet listens Purcell », Revue française de Civilisation britannique (numéro consacré à « Musique, Nation et Identité : la Renaissance de la Musique anglaise, formes et conditions » coordonné par G. Couderc et J-F. Héberlé), à paraître en septembre 2011.
La poétique de la manipulation narrative dans Les Frères Karamazov de Dostoïevski, Le Temps retrouvé de Marcel Proust et Les Faux-monnayeurs d’André Gide, thèse de doctorat sous la direction conjointe des Profs. Pascal Dethurens et Luc Fraisse, sujet déposé en automne 2016.
Toute œuvre romanesque est manipulation. Chaque lecteur accepte de croire les propos d’un narrateur qu’il sait fictif ; au fil des pages, chaque auteur tourne son œuvre de façon à guider le lecteur dans l’aventure qu’il invente. Le problème survient lorsque le roman ne sait plus se renouveler : le lecteur suit sans surprise une histoire qu’il devine à force de pratique, la littérature se construit sur des poncifs, le langage évoque nécessairement des souvenirs dans l’esprit du destinataire et se charge d’un surplus de sens entravant sa clarté. Certains auteurs, afin de vivifier la littérature et de dépasser « l’horizon d’attente » dont parle Jauss, jouent de ces clichés littéraires et des évocations intertextuelles attachées à une situation, un mot, un personnage. En attirant le lecteur dans leurs œuvres grâce à un schéma familier, ils montent un véritable piège narratif : les clichés littéraires en place au début de l’œuvre se délitent peu à peu pour laisser le lecteur perdu dans le foisonnement d’une réalité littéraire auquel il n’est pas habitué. Face à des personnages qui sortent de leur « type », face à un narrateur qui n’est plus fiable, le lecteur se retrouve sans guide dans un milieu inconnu. Celui qui accepte de jouer le jeu doit se libérer des clichés littéraires traditionnels qui polluent la lecture de ces œuvres nouvelles. Le lecteur devient véritablement acteur : certains auteurs ont organisé sciemment leur mort — pour reprendre les mots bien connus de Roland Barthes. Il s’agit donc de déconstruire la littérature pour lui donner un nouvel élan, ce dernier passant nécessairement par l’effort créateur de la lecture.
Les Frères Karamazov, Le Temps Retrouvé, Les Faux-monnayeurs ont tous en commun le fait d’être des « œuvres ouvertes » selon les termes d’Umberto Eco dans Lector in fabula. Ces trois romans jouent avec les attentes du lecteur : de nombreuses questions sont laissées sans réponse, le narrateur omniscient devient un témoin limité (ou inversement), les personnages agissent sans raison apparente. Au lecteur de réunir les éléments et de leur apporter une réponse qui lui semble cohérente. On voit ainsi que ces auteurs ont donné une place centrale à l’imagination du lecteur : de « maîtresse d’erreur et de fausseté » que l’oeuvre doit maîtriser, elle devient le moyen privilégié d’accéder à la réalité subjective d’une œuvre. C’est grâce à elle que le lecteur peut créer du sens, son propre sens, dans ces romans complexes. Cependant ce pari est risqué : les œuvres de Fiodor Dostoïevski, de Marcel Proust et d’André Gide furent toutes rejetées lors de leur parution et jugées fausses, menteuses. Déconstruire des clichés, c’est remettre en cause l’ordre établi — que ce soit le réalisme, l’enjeu sociale de la littérature russe, la psychologie classique du personnage, etc. Ces trois œuvres sont toutes le point d’aboutissement du travail littéraire de nos auteurs : roman ultime ou unique, elles sont le fruit d’une réflexion complexe.
Dostoïevski veut en effet peindre la « vie vivante » et non pas livresque : il crée ainsi des personnages dont la complexité réaliste dépasse de loin celle de la littérature de son temps. « La vie vivante s’est enfuie de vous, ne sont restées que des formules et des catégories, et vous semblez en être contents » écrit-il dans ses carnets. Pour laisser son lecteur chercher en lui-même les réponses aux actes de ses personnages, il fait taire son narrateur, incapable d’expliquer. En effet, la force créatrice réside selon lui dans le lecteur. Il écrit ainsi : « les écrivains n’ont pas d’inventivité ni d’imagination ». Les Frères Karamazov, son dernier roman, en partie inachevé puisqu’il souhaitait écrire une suite à cette œuvre, est celui où le lecteur est le plus laissé à lui-même : « au fond, qui est coupable ? » Rien n’est avancé. Dostoïevski pousse son lecteur à chercher la réponse ailleurs que dans son livre, de lui-même.
Marcel Proust fut beaucoup influencé par les romans de Dostoïevski dont il parle dans La Prisonnière. Il loue ainsi la présentation en biais des choses par l’auteur russe et « l’illusion qui nous frappe » lorsqu’on découvre un de ses personnages. Il semble avoir même adopté la méthode qu’il décrit : ses personnages sont des « êtres de fuite » que le narrateur juge mal. Mais outre l’aspect narratif, les idées de Dostoïevski sur l’importance du lecteur sont bien proches de celles de Marcel Proust. Le lecteur doit en effet lire dans l’œuvre « son propre livre intérieur » pour reprendre les mots du Temps Retrouvé. Il doit devenir acteur de l’œuvre, se libérer de l’emprise du narrateur en s’appropriant les expériences de ce dernier. Ainsi le baron de Charlus, homosexuel notoire, voit-il dans les poèmes de Musset un homme à la place de la femme aimée, ce qui lui permet d’accéder à une meilleure compréhension de l’œuvre.
Dostoïevski fut redécouvert en France grâce à André Gide et à ses conférences au Vieux-Colombier. Ce dernier présente le russe comme un exemple à suivre pour le renouvellement du roman français: il est celui qui « respecte et protège [les] ténèbres » de ses personnages, en opposition avec la « parfaite obturation des abîmes » de la tradition française. André Gide souligne qu’en Dostoïevski, il lit ses propres idées sur le roman. Mais la réflexion d’André Gide fut également stimulée par la découverte d’À la recherche du temps perdu et de la théorie de la lecture de Marcel Proust. Ainsi son seul « roman », Les Faux-monnayeurs, prétend lui aussi faire une critique indirecte d’une littérature de convention : cette œuvre est l’histoire de multiples faux-semblant que le lecteur doit lui-même déchiffrer.
L’enjeu de cette thèse est donc de découvrir quelles sont les stratégies mises en place par nos trois auteurs pour manipuler leur lecteur de façon à faire de sa lecture un acte créateur et autonome. Pour le pousser à l’indépendance, il faut le faire passer par un état de doute et d’incompréhension afin qu’il se détache de la domination de l’auteur. Comment nos auteurs ménagent-ils cette perte de repère dans l’économie de leurs œuvres ? Quel est le statut de leur narrateur qui oscille dans chaque roman entre le rôle du guide porteur de vérité et celui du témoin subjectif perturbateur ? Comment sont présentés leurs personnages et les multiples facettes de ces derniers ? Comment ces auteurs cherchent-ils à dépasser le langage dont le sens est obstrué par des références littéraires antérieures ? Comment jouent-ils avec les références intertextuelles afin de dire plus en moins de mots ? Entre amusement de l’auteur déformant progressivement les clichés littéraires jusqu’à la perte de repères et perplexité du lecteur forcé de recréer du sens, entre volonté de divertir et de faire réfléchir, entre soumission du lecteur à une heuristique narrative et indépendance forcée, nos trois romanciers mettent en place des stratégies complexes que cette thèse se charge d’étudier avec enthousiasme.
L'Institut de littérature comparée et son groupe de recherches l'Europe des lettres sont heureux d'annoncer que
Mme Julie GERBER
Candidate au doctorat ès lettres en Littérature comparée
a soutenu sa thèse intitulée
« Écritures du Goulag : du témoignage à l’expérience contemporaine
(Varlam Chalamov, Jacques Rossi, Sergueï Lebedev) »
Vendredi 2 octobre 2020, 9h au Palais Universitaire de Strasbourg
(9, place de l'Université, en salle Fustel)
Composition du jury :
Mme Tatiana Victoroff, maîtresse de conférence en littérature comparée, Université de Strasbourg (directrice de thèse)
Mme Elena Ertner, professeure en littérature russe, Université d’État de Tioumen, Russie (co-directrice de thèse)
Mme Luba Jurgenson, professeure en Études slaves, Université Paris-Sorbonne (rapporteur)
Mr Philippe Mesnard, professeur en Littérature comparée, Université Clermont Auvergne (rapporteur)
Mr Georges Nivat, professeur honoraire, Université de Genève
Résumé de la thèse
Ce travail analyse trois œuvres liées aux camps soviétiques du Goulag. Il porte en particulier sur deux témoignages littéraires d’anciens détenus : les Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov (1978) et le recueil de chroniques Qu’elle était belle, cette utopie ! (2000) de Jacques Rossi, ainsi que sur un roman, La Limite de l’oubli de Sergueï Lebedev (2011) dont le narrateur est le petit-fils adoptif d’un ancien directeur de camp. Il s’agit de faire dialoguer ces récits testimoniaux avec un texte de fiction qui en prend acte, tout en témoignant de son propre temps. L’enjeu est de mettre en lumière une réflexion contemporaine sur les camps soviétiques de la part d’un « héritier de la mémoire ». La méthode comparatiste, bien que centrée sur la dimension littéraire, est pluridisciplinaire, ainsi que l’exige un tel sujet. Notre étude considère ainsi les dimensions linguistiques, historiques, philosophiques et anthropologiques de ces écritures. Le premier volet de ce travail comporte une interrogation sur les choix génériques et formels effectués par ces auteurs-témoins. Nous relevons les difficultés liées au langage pour restituer cette expérience ainsi que les stratégies mises en oeuvre pour les dépasser : l’écriture factographique et le recours à l’image, notamment à la photographie et au dessin. Le deuxième volet s’intéresse aux enjeux liés au corps et à la psychologie des narrateurs et des autres détenus, dans une tension entre introspection et description, intérieur et extérieur (du corps, du camp). La troisième partie, consacrée aux chronotopes « réels » et mythiques qui se superposent dans ces textes, analyse la temporalité spécifique du camp et les représentations de la nature sibérienne. Les textes sont mis en relation avec les traces matérielles et immatérielles du camp dans la société russe contemporaine, en touchant la question des paysages marqués (ou non) par le camp et celle des musées en lien avec l’expérience concentrationnaire.
Mots-clés : Goulag – Témoignage – mémoire – Corps – Héritage – Nature – Mythe.
Maryam Ghassemi-Darian, Une Orientale en Iran. L'Iran vu par Myriam Harry (1869-1958), thèse de doctorat sous la direction du Prof. Guy Ducrey, commencée en automne 2015, soutenue le 27 mars 2021. Durée de la thèse: 6 ans.
Jury: Prof. Stéphane Sawas, Inalco, Président
Mme Cécile Kovacshazy, Univ. de Limoges, Littérature comparée
Prof. Christine Peltre, Histoire de l'art, Université de Strasbourg (émérite)
Prof. Guy Ducrey, Université de Strasbourg, Directeur de la thèse
Mon sujet de thèse porte sur les récits de voyage de Myriam Harry en Iran et sur la société et la culture de la Perse telle qu’elle les a observées. La particularité de cette étude exige une recherche organisée d'une manière concentrique autour de la littérature comparée et orientaliste dans les récits du voyage d'une femme lauréate du premier prix de la littérature "Femina". En outre, pour Myriam Harry, entre les destinations comme Tunisie, Maroc, Syrie, Turquie, Egypte et Liban, l'Iran s'impose non seulement comme un trajet particulier sur le plan géographique mais également comme un lieu de rencontre de différentes cultures riches. Seules de très rares études ont été consacrées aux observations de Myriam Harry lors de son voyage en Iran en particulier et à l'image qu'elle reflète de Perse et des gens de ce pays dans ses œuvres. L'analyse des productions bibliographiques et littéraires de Myriam Harry permet à montrer les caractéristiques de sa vision générale sur l'Orient et sur l'Iran en particulier. L'étude des particularités de cet écrivain sur les plans culturels, sociaux et littéraires constituent les divers axes de recherches de la thèse.
Notre étude s'effectuera en plusieurs étapes: Premièrement, on essaiera d'esquisser un schéma général qui met en évidence les récits de voyage écrits par les auteurs français qui précédèrent Myriam Harry, et les influences qu’ils exercèrent sur elle, comme celle de Maurice Barrès, Pierre Loti et Henry Massé, alors professeur de persan à l'école des langues orientales à Paris. H. Massé était dans une relation très étroite avec le gouvernement iranien et suit de près les reformes de Réza Chah en Iran. Myriam Harry a évoqué à plusieurs reprises dans ses œuvres l’influence que certains écrivains français exercèrent sur elle. Elle a effectué plusieurs voyages en Orient et a fait une longue visite en Iran.
Deuxièmement, la recherche s’orientera vers l'étude de la vision que l’écrivain porte d'une manière générale sur l'Orient et en particulier sur l’Iran. Dans cette étape de travail, on aimerait s'orienter vers une comparaison de son regard féminin et le regard masculin des écrivains qui la précèdent. Troisièmement, on essaiera de montrer la manière dont Myriam Harry a été accueillie au sein de la société iranienne à l'époque de Réza Chah entre 1925 et 1941. La politique de Réza Chah, qui n'était pas du goût de tout le monde, avait été apparemment inspirée par celle entreprise par Atatürk en Turquie. Les récits de voyage démontrent d'ailleurs que Myriam Harry a visité les grandes villes du pays et de là elle a pris la direction du golfe persique. La question de l'altérité serait indispensable à étudier durant ce travail par l'imagologie.
Il convient donc d'analyser la société iranienne d'après le regard d'une femme étrangère et d'examiner la différence et la modification faites dans sa vision avant et après son voyage en Orient: L'Orient réel et l'Orient rêvé. On se focalisera en particulier sur le sujet de la femme. Cet aspect s’enracine sur ses expériences vécues lors de ses voyages aux différents pays et à partir d'une enquête sur les œuvres de Myriam Harry et d’une recherche documentaire portant sur sa vision de la vie et de la situation des femmes au sein des sociétés orientales. Le titre du premier livre de Myriam Harry, Femme de Perse, écrit en 1941 est très évocateur. Elle a également présenté la vie des femmes en Turquie et en Tunisie dans ses œuvres La Princesse turquoise écrit en 1942 et Les derniers Harems écrit en 1933. Ces œuvres reflètent indubitablement la sensibilité de l'auteur envers de la question de femme. La dernière partie de la recherche sera dédiée à l'étude de sa tendance vers le mysticisme en Iran, ce qui éveille en elle une grande enthousiasme de rédiger un livre sur Maulavi Djelaleddin Roumi, Poète et Danseur mystique en 1947.
La Statue dans la ville. Littératures européennes, russes et américaine à la rencontre des monuments (XIXe-XXIe siècles), thèse de doctorat de littérature comparée, sous la direction du Prof. Guy Ducrey, soutenue le 13 novembre 2015
Jury:
Prof. Michèle Finck, université de Strasbourg, littérature comparée
Prof. Anne Tomiche, université de Paris-Sorbonne (Paris 4), littérature comparée
Prof. Jean-Yves Masson, université de Paris-Sorbonne (Paris 4), littérature comparée
Prof. Michel Murat, université de Paris-Sorbonne (Paris 4), littérature française
Prof. Guy Ducrey, université de Strasbourg, littérature comparée, directeur de la thèse
L'Institut de littérature comparée et son groupe de recherches L'Europe des lettres sont heureux d'annoncer que M. Alexandre Giorgi d'Oriano au Pangloss, amphithéâtre a soutenu sa thèse de doctorat le vendredi 10 décembre 2021 à 14h, sur le sujet suivant : "Anna de Noailles et Gabriele d'Annunzio, splendeurs et misères du poète national"
Au jury :
Yves-Michel Ergal, université de Strasbourg (dir.)
Pierre Brunel (professeur émérite, Paris IV)
Sylvie Thorel (professeur émérite, université Lille 3)
Luc Fraisse (professeur, université de Strasbour
Écrire, danser: prendre corps et langue. Étude pour une dansité de l’écriture poétique, sous la codirection de Mme le Professeur Michèle Finck, thèse soutenue le 27 avril 2013. Jury:
M. Jean Clam, Chercheur au Centre National de la Recherche Scientifique
M. Guy Ducrey, Professeur à l’Université de Strasbourg
Mme Michèle FINCK, Professeure à l'Université de Strasbourg
Mme Évelyne Grossman, Professeure à l’Université Paris Diderot - Paris VII
Mme Patricia Kuypers, Chorégraphe, danseuse, chercheuse en danse
M. Laurent Van Eynde, Professeur à l’Université Saint-Louis - Bruxelles
Si la danse a connu son heure de gloire littéraire à la charnière 1900, ayant été élue comme modèle tutélaire de la pensée (Nietzsche) et de la poésie (Mallarmé, Valéry, Rilke,…), elle n’a retenu depuis la seconde moitié du xxe siècle que le silence des poètes. Cette étude repose sur l’intuition que la correspondance entre les arts poétique et chorégraphique n’est pas devenue muette, mais au contraire prolixe dans le croisement implicite de leurs enjeux respectifs. Où le corps dansant et le corps écrivant se rejoignent-ils et échangent-ils leur substance ? Le premier temps de cette réflexion s’efforcera de rechercher le juste pli de part et d’autre duquel la danse et la poésie ourdissent un dialogue commun – pli qui s’explique, s’implique, puis se complique, selon que l’on considère la danse comme un modèle explicite, la danse comme un paradigme implicite, ou encore la dansité comme une modalité virtuelle d’écriture. Le corpus à l’étude, composé principalement des œuvres d’Henri Michaux, Paul Celan, André du Bouchet et Bernard Noël, nous aidera à élaborer ensuite un abécédaire des coïncidences élémentaires à partir des schèmes fondamentaux que travaillent et le corps du danseur et la main du poète. Ce glossaire analogique ouvrira enfin sur une grammaire dynamique des concordances intermodales qui fera battre dans le mouvement de leur propre ressourcement, et à partir des modalités communes du suspens, de l’abîme, du nulle part et de l’oubli, les gestes chorégraphique et poétique.
Articles parus :
~ « Le silence et la danse au xxe siècle : d’un désaccord avec la musique à la musicalité des corps », dans Ecritures et silence au xxe siècle, textes réunis par Yves-Michel Ergal et Michèle Finck, Strasbourg, Presses Universitaires de Strasbourg, 2010, p. 309-336.
~ « Le chant du signe en poésie : de la représentation à la présence en acte. Pratiques de la torsion chez Henri Michaux, André du Bouchet et Bernard Noël », dans Représenter à l’époque contemporaine (pratiques littéraires, artistiques et philosophiques), sous la dir. d’Isabelle Ost, Pierre Piret et Laurent Van Eynde, Bruxelles, publications des facultés universitaires Saint-Louis (129), 2010, p. 277-305.
Articles en cours de publication :
~ « L’Arbre et la Danse : histoire d’une greffe épineuse entre image de la réception et réalité du corps dansant », en cours de publication aux éditions de l'ENS de Lyon (collection "Arts"). Actes des journées de recherche intitulées « Le modèle végétal dans l’imaginaire contemporain » et organisées à l’université Marc Bloch de Strasbourg par Inès Cazalas et Marik Froidefond (mai 2007).
~ « Les démêlés de Médée, ou les avatars chorégraphiques d’un mythe au xxe siècle », sur la voie d’une publication. Actes du colloque international « Présence de la danse dans l’Antiquité, présence de l’Antiquité dans la danse », organisé par le CELIS à l’université de Clermont-Ferrand (11-13 décembre 2008).
– « De la nécessité d’une correspondance entres les arts : la danse révélatrice », sur la voie d’une publication. Actes du colloque « Littérature comparée et correspondance des arts », organisé par Yves-Michel Ergal et Michèle Finck à l’université de Strasbourg (24-25 mars 2011)
MOUVEMENT ET MUSIQUE, PARTANCE ET PARTITION DANS LES OEUVRES DE JACQUES RÉDA, GUY GOFFETTE ET
JEAN-MICHEL MAULPOIX, thèse de doctorat sous la direction du Prof. Michèle Finck
Jury:
Mme FINCK Michèle Professeur, université de Strasbourg
RAPPORTEURS :
Mme DUPOUY Christine Professeur, université de Tours
M. COLLOT Michel Professeur émérite, université Sorbonne Nouvelle – Paris III
AUTRES MEMBRES DU JURY :
M. WERLY Patrick Maître de conférences habilité à diriger des recherches, université
de Strasbourg
La soutenance a eu lieu le 14 juin 2016 à 9h en salle 409. Elle était publique
Thèse de doctorat sous la direction du Professeur Michèle Finck, commencée en automne 2012.
Deux pôles antithétiques apparaissent chez plusieurs poètes contemporains : partir et rester. Au désir de départ, aux voyages, à l’envol, à la nomadie et au franchissement des frontières s’opposent le fait de rester, l’enfermement, la pesanteur, la chute, l’enlisement et l’immobilité qui forcent à rester. L’espace fait l’objet d’un traitement très intéressant dans la mesure où le poète cherche à s’en rendre maître en le décrivant comme un décor ou en y évoluant de manière concertée, tout en reconnaissant qu’il est toujours en quête d’un ailleurs qui lui reste hors d’accès. La musicalité du voyage tente de se faire mot de passe pour franchir les frontières, à moins qu’elle ne soit celle du moyen de transport, comme le « tacatam blues » du train chez Guy Goffette. Mais la musicalité est aussi la mélodie grinçante du poète encalminé, ou au contraire la berceuse apaisante qui le console de rester. Finalement, au-delà de l’opposition entre partir et rester, c’est la notion de « partance » qu’il faut analyser. Etat d’esprit d’êtres toujours disposés à partir mais qui savent qu’il leur est impossible d’atteindre la terre promise, c’est l’écriture poétique qui constitue pour eux le véritable voyage. Ces thèmes apparaissent avec l’avènement de ce qu’Octavio Paz appelle « l’ère de la modernité ». Il s’agira donc de voir comment l’articulation du mouvement et de la musicalité chez Jacques Réda, Guy Goffette et Jean-Michel Maulpoix s’inscrit dans la filiation des poètes de la fin du 19ème siècle. En effet, le constant tiraillement entre partir et rester affleure déjà chez Baudelaire, Verlaine et Rimbaud et se déploie pleinement dans la poésie contemporaine.
Poésie et origine. Linéaments pour l’observation écologique des phénomènes originaires en littérature.
Thèse de doctorat sous la direction de Mme le Professeur Michèle Finck débutée à l’automne 2015 et soutenue en juin 2022.
Derrière les puissants fantasmes héréditaires qu’elle cristallise, qui articulent dégradation ontologique et excellence primitive – instituant souvent par-là de douteuses hiérarchies de natures –, l’origine demeure pour la création littéraire un principe d’un dynamisme exceptionnel, que son hermétisme ne réduit aucunement. Son ambivalence naturelle produit une énergie qui tendrait le fond de son activité.
L’origine est d’abord la « source », origo, le point de départ ou de référence, en terme temporel, le « commencement » – moment statique, synchronique. Dans cette acception, l’origine n’existe pas, n’existe plus, elle est perdue, alors qu’elle a donné provenance. Les traces de l’origine sont alors la seule voie d’approche de l’origine, si ce n’est le bénéfice ambiguë d’une émotivité de l’âme rendue à la fois plus vulnérable et plus forte par le sentiment nostalgique de la perte de l’unité originelle avec le tout, d’une écologie naturelle immédiate propre à la vie animale (typique, par exemple, de la Sehnsucht du romantisme allemand). La disparition de l’origine nourrit le désir de dire le perdu originaire, et quelque chose de la fraicheur de la sensorialité infantile ou de la précieuse vivacité originaire. Il y aurait un fond de pensée magique, aux vertus propitiatoires : dire fait revivre, revenir ; est une réponse à un appel des confins. L’écrivain, peut-être, ne peut jamais « chanter » que des « restes » (Celan) et créer sa propre unité en collectionnant des herbiers de plantes simples (Rousseau). Mais l’universalité du perdu (si ce n’est celle du sentiment du perdu) n’empêche pas la diversité de ses noms (le « Jadis » chez Quignard, le « matin » chez Char, etc.) et de ses lieux (densité du jour chez Du Bouchet, ou lumière disséminée dans l’air chez Jaccottet, etc.).
L’origine est également cette « provenance », « naissance », « principe », en un mot la « cause » – diffusion d’énergie, temps diachronique. En tant que cause, non seulement l’origine existe ou persiste, mais en donnant à vivre des échos de ce qu’elle fut comme commencement, elle donne existence, se perpétue dans ses avatars. On ne parle de l’origine que pour quelque chose qui a évolué dans le temps ou l’espace, qui est capable de modifications. Benjamin apporte une définition précise du dynamisme originaire : « L’origine ne désigne pas le devenir de ce qui est né, mais bien ce qui est en train de naître dans le devenir et le déclin. L’origine est un tourbillon dans le fleuve du devenir, et elle entraîne dans son rythme la matière de ce qui est en train d’apparaître. L’origine ne se donne jamais à connaître dans l’existence nue, évidente du factuel, et sa rythmique ne peut être perçue que dans une double optique. Elle demande à être reconnue d’une part comme une restauration, une restitution, d’autre part comme quelque chose qui est par là même inachevé, toujours ouvert. [...] » (Origine du drame baroque allemand). L’origine n’est pas le passé, le vieux : c’est bien plutôt le pouvoir de rénovation du langage, écrit sur la jeunesse croissante des êtres. Quels sont les modes de retour de l’origine ? Fait-elle un retour éternellement identique (Nietzsche, Le gai savoir) ou éternellement différent, d’une « variété infinie » (Cendrars, « Paysage ») multipliant ainsi les significations (dès les Illuminations de Rimbaud) ?
L’objectif essentiel de cette recherche consisterait, à travers une étude des phénomènes originaires, à établir une proposition de linéaments pour une observation naturaliste de la poésie moderne au plus près de sa conscience de l’advenue de l’origine. Notre approche veut être celle du naturaliste qui cherche à repérer, observer (et peut-être, par-là, protéger) ces fugaces phénomènes naturels et les vestiges dont ils proviennent, dans une optique écologique qui sera donc double : zoologique (l’observation du vivant « animé » par sa naissance) pour l’aspect de « restauration » / « restitution » de l’origine, et archéologique (l’étude des traces archaïques) pour celui « d’inachèvement » / « d’ouverture » infinie.
Mathieu Hilfiger est écrivain et éditeur. Licence de philosophie et de lettres classiques à Strasbourg II en 2000, DEA d’histoire de la philosophie à Paris IV-Sorbonne en 2003 (boursier de mérite), DEA de sciences de l’information et de la communication à Paris III-Sorbonne Nouvelle en 2004 (major). Il dirige la maison d’édition littéraire Le Bateau Fantôme.
Bibliographie sélective :
livres
- L’Aube animale, Recours au Poème éditeurs, 2015.
- De jour comme de nuit, avec Pierre Dhainaut, Le Bateau Fantôme, 2014.
- D’une craie qui s’efface suivi de Reflets et Disgrâce, L’Harmattan, 2009.
- Lettres touchées, Pierron, 2003.
entretiens
- Mise en mouvement, dialogue avec Jacques Réda, Le Bateau Fantôme (à paraître - 2016).
- Yves Bonnefoy, entretien avec Mathieu Hilfiger et Natacha Lafond, 3eme rééd., in Yves Bonnefoy, L’Inachevable, entretiens sur la poésie 1990-2010, Le Livre de Poche, 2010.
- « Pour une seconde ou pour toujours », entretien avec Olivier Py, Le Bateau Fantôme, n°3, « La douceur », 2003.
- « Back to the trees ! », entretien avec Robert Dumas, Le Bateau Fantôme, n°2, « L’arbre », septembre 2002.
articles
- En préparation : « Jaccottet : la poésie comme exigence éthique », in Philippe Jaccottet : poésie et altérité, sous la direction de Michèle Finck et Patrick Werly, à paraître, 2016.
- « Platon : la pensée, dynamique du soin », Le Coq-Héron, « Prendre soin », n°206, septembre 2011.
- « L’enfant de la haute mer de Jules Supervielle, ou les limbes de la mémoire en deuil », Le Bateau Fantôme, n°6, « L’enfance », 2007.
- « ‘’L’humanité’’ chez Platon », Le Philosophoire, n°23, « L’humain », automne 2004.
- « La femme-arbre, enquête sur un mythe de la misogynie », Le Bateau Fantôme, n°2, « L’arbre », septembre 2002.
Mme Fiona Hosti a soutenu sa thèse en littérature comparée le vendredi 29 septembre 2023 à 14h, à l’Université de Strasbourg, en salle Pasteur du Palais Universitaire.
La thèse, commencée en 2015, a pour titre Antonin Artaud, Fernando Pessoa L’ailleurs comme poétique de l’intime. La composition du jury était la suivante :
Monsieur Pascal Dethurens, Professeur à l’Université de Strasbourg
Monsieur Patrick Quillier, Professeur à l’Université Côte d’Azur
Monsieur Jonathan Pollock, Professeur à l’Université de Perpignan
Monsieur Jacob Rogozinski, Professeur à l’Université de Strasbourg
Madame Julia Peslier, Maître de conférences à l’Université de Franche-Comté
La soutenance était publique.
Sous la « persona », masque de théâtre, jaillissent des voix plurielles. Dans la singularité de l’état hétéronymique, Fernando Pessoa parvient à l’innombrable et la démesure éclate dans le souffle poétique de l’hétéronyme Álvaro de Campos. Antonin Artaud, homme de plusieurs noms, artiste aux diverses formes, fractionne également sa nature et touche ainsi à l’incommensurable.
Cette fascination pour l’altérité traduit la tension interne entre un soi et un autre. En se refusant totalement au soi, Antonin Artaud et Álvaro de Campos entrent en exil puisqu’ils détruisent l’archétype de leur conscience en la réclamant comme plurielle. Au travers de l’exil de soi le processus d’individuation se trouve endigué et de cette façon s’étiole l’archétype du soi qui structure tous les autres et celui qui est structuré par tous. Autrement dit, devenus étrangers à soi, Álvaro de Campos et Antonin Artaud s’abîment dans l’aliénation. Alors, ils confrontent ce « moi » aux archétypes de la conscience et dans ce mouvement d’exil de soi semblent toucher au plus près de ce dernier. Ainsi, un moi en exil de soi provoque une faille dans le processus d’individuation qui permet une nouvelle poétique de l’intime de l’ordre de la rupture et de l’union des contraires. L’exil de soi est un mouvement qui résulte curieusement d’une poétique de l’intime aux attributs pluriels.
Dans la poésie se traduit une perpétuelle confrontation à l’Autre qui crée une fracture métaphysique. Elle révèle toute l’incommensurabilité de l’homme. Au sein de la pensée artaldienne transparaît cette faille que le poète nomme « cruauté ». La cruauté offre à la parole le souffle du verbe poétique à l’initiative de l’exil de soi. Le verbe ainsi défiguré déborde de son cadre poétique : il prend vie. Antonin Artaud et Álvaro de Campos s’essaient à l’expression d’une poétique vivante, une poétique de l’intime, à travers un langage ontologique qui parvient à réaliser cet exil de soi. Dans son inflexibilité, en saisissant une forme, la poésie offre au mot l’infinie liberté du sens. La visée poétique de nos auteurs se situe dans la construction d’une pensée libérée de toute forme systématique où prend place la force créatrice. Álvaro de Campos et Antonin Artaud traduisent en mots le mouvement de la pensée de l’esprit. Une rupture de la cohésion interne de la forme du mot permet la libération du Verbe. En somme, l’Autre insaisissable et indéterminé sous la plume de l’auteur crée une poétique de l’intime pluriel ; une poétique de l’intime pluriel au plus près de l’humain.
La Réception de l’œuvre de Hermann Broch chez Kundera, thèse de doctorat sous la direction du Prof. Pascal Dethurens, sujet déposé en automne 2015 et soutenu en 2022.
Milan Kundera, est né en 1929 à Brno en Tchécoslovaquie. Exclu du Parti Communiste Tchèque en 1970, il quitte son pays et s’installe en France en 1975. En 1980, il publie son premier essai en français « Prague, poème qui disparaît », ; après cette œuvre, il écrit la plupart de ses essais en français. Il obtiendra la nationalité française en 1981.
Hermann Broch, romancier et critique, est né en 1886 à Vienne en Autriche dans une famille de la bourgeoisie juive et industrielle.. A 40 ans, il devint romancier. En 1938, parce qu’il était Juif, il fut arrêté et emprisonné. Il s’expatrie aux Etats-Unis.
Ces deux écrivains ont vécu en exil. Kundera a critiqué le communisme soviétique, et Broch a fait de même avec le nazisme. En 1989, après la chute du mur de Berlin, Kundera a réfléchi sur les divers aspects de la modernité.
Durant ses années passées aux Etats-Unis, Broch a étudié la psychologie des foules. Kundera conserve les idées d’Hermann Broch à bien des égards comme l’idée de « kitsch » qui est une des plus importantes chez Kundera. Kundera apprécie surtout Broch parmi tant d’autres écrivains d’Europe Centrale, il souhaite entrer dans leur cercle et se présente lui-même, sur le plan esthétique, philosophique et politique, comme un « successeur ».
Nous avons des champs à prendre en compte et tout particulièrement :
- Les influences des œuvres de Broch dans les romans de Kundera.
- Les considérations de Kundera sur les œuvres de Broch : sont-elles vraiment vivantes dans ses romans ?
- Comment analyser les romans de Kundera et le reconnaître comme successeur de Broch dans les années 1990 ?
- Kundera est-il encore le successeur de Broch ?
- A propos du « kitsch », Kundera le formule ainsi : « ce qui nie les côtés laids de la vie et n’accepte pas la mort ».
Il conviendra par conséquent de traiter en détail toutes les œuvres de Kundera et de Broch sans se limiter aux genres ni aux périodes.
Sujet déposé en 2005, sous la direction du Prof. Guy Ducrey. Soutenu le lundi 3 novembre 2014 à 14h, salle Portique 409.
Jury: Prof. Christophe Balaÿ, INALCO; Prof. Stéphane Sawas, INALCO; Prof. Gilles Delouche (INALCO), Prof. Hussein Esmaili-Eivanaki (Université de Strasbourg), Prod. Guy Ducrey (Université de Strasbourg, directeur de la thèse)
Résumé
Cette thèse examine la manière dont les poètes iraniens du XXe siècle ont reçu la littérature française et le rôle que celle-ci a joué, d'une part, dans le processus de modernisation de la poésie persane et, d'autre part, dans l'émergence d'une nouvelle poétique. À cet égard, elle cherche à analyser et à comprendre les rapports que les auteurs iraniens ont entretenus avec les œuvres littéraires françaises et comment ils ont tenté d'imprégner leurs propres productions de cette influence issue de l'Occident. Ce travail de recherche relate l'histoire d'une littérature, en quête de renouvellement, qui conduit finalement, par le biais du poète Nima, à l'avènement d'une Poésie Nouvelle (Še’r-e now). La thèse propose une lecture de cette poésie, à la lumière des œuvres françaises qui l'ont influencée, et donne des clés de compréhension de la poétique nimaïenne et de ses concepts.
Mots-clés: Nima Youshidj, Poésie Nouvelle, Iran, littérature persane, réception, poétique.
Summary :
This thesis examines the way Iranian poets of XXth century welcomed French literature and the role it played, first in the modernisation process of Persian poetry and secondly, in the emergence of a new poetics. In this regard, this thesis seeks to analyse and to understand the relationships that Iranian authors developed with French literary works and how its western influence pervaded their own productions. This research relates the story of a literature in search of renewal, which finally leads, through the poet Nima, to the rise of a New Poetry (Še’r-e now). This thesis offers a lecture of this poetry, in the light of the French works that influenced it, and gives keys to comprehend Nimaian poetics and its concepts.
Keywords: Nima Youshidj, New Poetry , Iran , Persian Literature, reception, poetics.
Ariane Issartel
Présences de la chanson dans les textes de théâtre contemporain français, allemand et britannique (1970-2023)
thèse de doctorat sous la direction du Prof. Guy Ducrey, sujet déposé en septembre 2018, soutenu le 15 janvier 2024.
Jury:
– Mme Helen ABBOTT (Professeur, Université de Birmingham)
– Mme Sandrine LE PORS (Professeur, Université de Montpellier, rapporteur)
– Mme Isabelle MOINDROT (Professeur, Université de Paris 8, rapporteur)
– Mme Marion CHENETIER-ALEV (Maître de conférences, ENS Paris).
– M. Emmanuel BEHAGUE (Professeur, Université de Strasbourg)
– M. Guy Ducrey (Professeur, Université de Strasbourg, directeur de la thèse)
Résumé de la thèse :
On applique souvent le vocabulaire de la "crise" au sujet des évolutions de la forme théâtrale au cours du XXe siècle. L'ouvrage de Hans-Thies Lehmann en 1999 marquerait le jalon de l'ère du "post-dramatique" où le théâtre en aurait fini avec le "texto-centrisme", et se tournerait vers d'autres langages proprement scéniques. Que reste-t-il du drame dans ce contexte ? Déjà au temps de Brecht avec les « songs », la musique et plus particulièrement la chanson avaient servi de rempart à la fragmentation générale et d'outil d'avant-garde pour sauver le texte et le sens, en retrouvant par un chemin détourné la narration et la capacité à « mettre en fable » dont le théâtre contemporain se défie tant.
Dans de nombreux textes, il semblerait que le motif de la chanson revienne comme un fil rouge, comptines d’enfant, chansons de présentation d’un personnage, « numéro » soudain qui vient s’intercaler entre deux bribes de dialogue… La chanson occupe un rapport singulier avec la notion d’action qui constituait la base de la définition aristotélicienne : le chant est-il pause dans l’action, ou vient-il régénérer l’action ? A-t-il pour but de poser un regard critique sur l’action ? Qui parle, et à qui parle-t-on quand on chante ?
En analysant les rôles narratifs, expressifs et structurels des chansons, il serait possible de voir se dessiner une nouvelle esthétique théâtrale qui questionne tous les aspects de l’écriture dramatique : sa construction temporelle, son système de sens, la question de l’adresse et de l’incarnation ou encore son rapport au langage porté à sa limite (poéticité et musicalité). En définitive, comment la présence de chansons nous fait-elle nous interroger sur le statut et la fonction du langage dramatique, et comment permet-elle de renouveler la dramaturgie, à la fois dans sa forme et dans sa réception ?
Mme Bénédicte Jarrasse a soutenu le 28 novembre 2014 sa thèse de doctorat
Les Deux Corps de la danse . L'imaginaire de la danse théâtrale dans la littérature et l'iconographie européennes (1830-1870), thèse de doctorat sous la direction du Prof. Guy Ducrey
Jury: Prof. Florence Fix (Université de Lorraine, rapporteur)
Prof. Hélène Laplace-Claverie (Université de Pau, rapporteur)
Prof. Éléonore Reverzy (Université de Strasbourg)
Prof. Timothée Picard (Université de Rennes)
Prof. Guy Ducrey (Université de Strasbourg, directeur de la thèse)
Résumé
Aux alentours de 1830, le romantisme s'impose sur les scènes théâtrales, en France et dans toute l'Europe. Le ballet, forme secondaire au sein de la constellation des arts du spectacle, participe avec force à cette révolution esthétique. À une manière nouvelle d'envisager le spectacle fait écho une manière nouvelle de représenter le ballet – non plus « drame muet » mais « rêve muet ».
Le ballet peine toutefois à se dire pour lui-même, dans ses spécificités, et dans cette bataille du dire, c'est la danseuse, à défaut de la danse, qui devient l'objet principal des représentations. De l'air ou de la terre, du Nord ou du Sud, la ballerine cristallise le dualisme essentiel de l'imaginaire romantique. Elle se retrouve ainsi au cœur d'une entreprise de mise en légende, qui est aussi une entreprise de légitimation - et de moralisation - de l'art chorégraphique. Des galeries théâtrales aux histoires de l'Opéra, le dire de la danse passe désormais par une mythographie.
L'enjeu ultime est dans la définition – mystique - du corps romantique de la danse. Les procédures de mythification déterminent un nouveau corps, un corps proprement décent – le corps glorieux de la danse. Ce corps métaphorique n'est pourtant que l'avers d'un autre corps – le corps terrestre de la danse. Caricatures ou parodies viennent ainsi mettre en lumière l'indécence ou le ridicule du corps dansant, source tantôt de rire tantôt d'effroi. C'est, pour finir, dans les envers du théâtre – et de ce théâtre des théâtres qu'est l'Opéra de Paris dans la mythologie romantique - qu'advient le grand moment de la révélation : là est dévoilé le corps de la danse au travail, corps faillible et souffrant, éternel prix à payer de la féerie.
Mots-clés : Romantisme, Ballet, Danse, Imaginaire, Feuilleton, Récit de voyage, Galerie, Littérature panoramique, Caricature, Taglioni, Opéra de Paris, Thèses et écrits académiques
Abstract
Around 1830, Romanticism prevails on theatre stages in France and throughout Europe. While it remains a secondary art form at the time in the constellation of performing arts, ballet plays an important part in this aesthetic revolution. The new perspective on performance as a whole leads to a new perception of ballet, no longer seen as a « silent drama » but as a « silent dream ».
However, ballet struggles to assert its specificity in these new circumstances. In the battle of words that unfolds, the ballerina, rather than the ballet, becomes the main focus onstage. The ballerina cristallizes the duality that is key to the Romantic vision, whether it be air and earth or north and south. She thus finds herself at the heart of a campaign to elevate her to the status of legend, which is also a way for ballet to gain recognition and change its reputation as an immoral art form. From « galeries théâtrales » to Opera stories, the narrative of ballet, from this point onwards, has to rely on a mythography.
What is ultimately at stake is the mystical definition of the Romantic dancing body. The mythologizing process creates a new body, a chaste body - the glorious dancing body. However, this metaphorical body is but the antithesis of another one: the earthy dancing body. Caricatures or parodies portray it as indecent or ridiculous, provoking in turn laughter or fear. Finally, it is backstage at the Paris Opera - the most illustrious and important theatre in Romantic mythology - that the revelation comes: suddenly the dancing body is unveiled at work, frail and in pain, forever the price to pay for enchantment.
Key-words : Romanticism, Ballet, Dance, Imaginary, Feuilleton, Travel Literature, Galerie, Panoramic Literature, Caricature, Taglioni, Paris Opera, Thesis and Academic writings
Article publié:
« Les Beautés de l'Opéra : de la féerie chorégraphique au merveilleux littéraire », Gautier et les arts de la danse, Bulletin de la Société Théophile Gautier, n°31, année 2009.
M. Mathieu Jung a soutenu sa thèse de doctorat intitulée
James Joyce, Raymond Roussel: modalités du lisible
le vendredi 19 décembre 2014 à 14h, bâtiment Nouveau Patio, salle des thèses
Jury:
Prof. Evelyne Grossman, Université Denis Diderot, Paris 7
Prof. Tiphaine Samoyault, Université Sorbonne-Nouvelle
M. Yves-Michel Ergal, Maître de conférences à l'université de Strasbourg, Habilité à diriger des recherches
Prof. Pascal Dethurens, Université de Strasbourg, Directeur de la thèse
Comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie. Encore que nous ne saurions déterminer qui de James Joyce ou de Raymond Roussel est la machine à coudre, qui le parapluie. Les voici en tous cas sur la table de dissection. Il ne sera pas question de scalpel pour autant. Parti pris méthodique : nous ne souhaitons aucunement disséquer, de peur d’attenter au vif d’œuvres qui, de longue date, nous ont impressionné et maintenu dans une veille de tous les instants.
Retenons néanmoins le caractère fortuit de cette rencontre que nous plaçons, comme toute rencontre véritable, sous le signe du hasard objectif. Rencontre fortuite, sinon impossible. L’anecdote biographique est parlante : lorsque, sans un sou vaillant en poche et un grand livre à terminer, Joyce s’installe avec Nora, Giorgio et Lucia à Paris au début du mois de juillet 1920, Roussel vient tout juste de quitter la capitale pour un tour du monde, et ce richissime célibataire dont le plus gros de l’œuvre est déjà derrière lui n’a emporté qu’une simple valise. Joyce, Roussel : écrivains aux trajectoires que tout oppose. Notre étude se veut un essai de littérature contrastive posant la question lancinante de la comparaison des incomparables. L’alliance des contraires de Giordano Bruno, si chère à Joyce, nous y encourage aussi vivement que le théâtre des Incomparables chez Roussel.
Le jour et la nuit. Soleil de Roussel, langue nocturne de Joyce. Froideur de Roussel, chaleur de l’excrémentiel Joyce. Diamant froid et clair de Locus Solus, sombre chaleur des viscères de Shem la Plume. Tout semble dit là. Mais c’est, du même coup, manquer la profondeur et la surface de nos auteurs. Le père d’Alice n’est jamais loin. On pense à la bourse de Fortunatus dans Sylvie and Bruno, dont l’envers est dans la continuité de l’endroit, laquelle contient le monde. Dedans et dehors, l’envers et l’endroit, le poème et le monde, surface et profondeur, le haut et le bas, le chaud et le froid, vision et cécité, clarté et obscurité, la vie et la mort, le pur et l’impur, le visible et l’invisible, le lisible et l’illisible ne s’opposent pas dans l’espace qui est le nôtre. Nous nous refusons à trancher dans le vif. De crainte de rencontrer un os. Pas de scalpel, nous l’avons dit. Mais la quête d’un point sublime.
On aimerait que la vérité soit médiane, accessible et de notre monde – peu risquée, en somme. Donner foi à ce type de compromis serait se refuser à l’expérience d’œuvres-limites qui en appellent en premier lieu à un regard. Regardons de tous nos yeux. Ce que cache obstinément Roussel qui nous donne tant à voir, Joyce l’expose éhontément à la vue du monde. Comme si les calembours matriciels et souterrains des romans de Roussel étaient du même tissu que les vocables hybridés du Wake. Machine célibataire contre machine désirante. Comme si l’amour qui doit être tu chez Roussel se trouvait crûment exhibé par Joyce.
Que n’a-t-on dit sur l’obscénité du monologue de Molly. Ezra Pound lui-même s’effarouchait du vocabulaire employé par Joyce dans Ulysses, et renonça à soutenir l’auteur du Wake. La machine de Joyce s’est emballée. Elle va trop loin, lancée à toute allure sur des voies qui ne mènent nulle part. Aussi loin, semble-t-il, que les rails en mou de veau de Roussel le lui permettront. Car Roussel lui aussi exagère, à la grande joie de Breton, Desnos, Eluard et quelques autres. Sans doute que le malentendu autour de ses livres n’est pas dissipé encore. Faute de mieux, Roussel l’intempestif l’a prédit, l’œuvre-obus ne peut s’offrir que sous la forme d’une bombe à retardement. Elle est justement en train d’éclater.
Il n’y a rien d’incompréhensible, dit Lautréamont. Nous estimons que les livres de Joyce et de Roussel sont précisément des meules sur lesquelles affuter cette sentence.
Beau comme, disions-nous.
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Monographie
Le désir créateur et la dynamique de la création dans les œuvres de Romain Rolland, D.H. Lawrence et Hermann Hesse, thèse de doctorat sous la direction du Prof. P. Dethurens, sujet déposé en septembre 2008, thèse soutenue le 19 décembre 2013.
L’objet de cette thèse est de comprendre quelles valeurs et fonctions à la fois sociales et existentielles les auteurs attribuent à la création artistique : dans les quatre romans étudiés – Le jeu des perles de verre de H. Hesse, Jean-Christophe de R. Rolland, L’Arc-en-ciel et Femmes amoureuses de D.H. Lawrence, la création apparaît comme le moyen privilégié de résister à la mécanisation de la société industrielle et au désenchantement moderne, bien plus, elle vise à repenser les fondements du monde occidental. Un rôle civilisateur et régénérateur est attribué à l’art, selon différentes modalités nourries par les lectures des écrits de Nietzsche, E. Mach ou encore Tolstoï et Freud. Cela conduit à aborder leurs conceptions du sujet et de l’identité de l’artiste : pour les trois auteurs, la création permet de concilier harmonieusement le singulier et l’universel, et l’artiste incarne volontiers une forme de philosophe, de héros, ou de prophète, ayant un rapport ambivalent à la communauté. Sur le plan formel, la dimension utopique de ces romans qui imaginent une forme de renaissance de la société européenne, repose sur la coexistence de réflexions théoriques sur la politique, l’éthique, l’esthétique et de passages poétiques. Chez Hesse, Rolland et Lawrence, l’élan créateur se nourrit d’une méfiance à l’égard du langage et de la connaissance rationnelle : cela donne lieu à une écriture qui accorde le primat à l’expérience et à la sensation. Pour ce faire, ces romans empruntent des procédés d’écriture et de composition à la musique et à la peinture, tout en laissant également la part belle aux dialogues qui mettent en œuvre des développements conceptuels. Cette alternance semble traduire une discordance entre une pensée langagière et une manière plus intuitive et immédiate d’être au monde ; mais le roman, en intégrant des raisonnements à la fiction, ne fixe pas d’interprétation. Il critique le dogmatisme et valorise une pensée dynamique et constamment liée à l’expérience.
L'Écriture d'un monde sonore dans les oeuvres d'I. Calvino, J. M. G. Le Clézio et A. Baricco, thèse de doctorat de littérature comparée soutenue en 2009 sous la direction du Prof. Michèle Finck
Pour une présentation de la thèse et une liste des publications, voir la rubrique «Enseignants-chercheurs et publications» ou cliquer ici
Réécrire Molière en Turquie à l’Âge des réformes (seconde moitié du XIXe siècle)
thèse de doctorat sous la direction du Professeur Guy Ducrey (Université de Strasbourg, Institut de littérature comparée) et de Mme Ayse Banu Karadag, Université technique Yildiz, Istanbul, commencée en octobre 2010 et soutenue à Istanbul le 8 mai 2015.
Jury:
Mme Ayse Banu Karadag, Université technique de Yildiz, Directrice de la thèse
Prof. Füsun Ataseven, Université technique de Yildiz
Prof. Nedret Oztokat, Université d'Istanbul
Prof. Isabelle Moindrot, Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis
M. Patrick Werly, Université de Strasbourg
Prof. Guy Ducrey, Université de Strasbourg, Directeur de la thèse
Les comédies de Molière devinrent, dans la seconde moitié du XIXe siècle, une source féconde pour les Ottomans qui cherchaient à renouveler les arts dramatiques populaires et à créer ainsi un nouveau théâtre national. Deux grands vecteurs de la transmission à l’étranger du répertoire français au XIXe siècle (les pièces qui voyagent dans leur langue originale et les traductions et autres adaptations des pièces françaises en vogue) constituent les deux grands axes de ce travail qui poursuit le but d’analyser dans sa globalité et sa complexité la transmission du théâtre moliéresque dans l’Empire ottoman à l’Âge des réformes. Ce travail se propose de réécrire sous un nouvel angle l’histoire de la modernité théâtrale turque, des changements que subirent les arts du spectacle populaires face à la popularité grandissante du théâtre moliéresque dans la capitale ottomane, des grandes tournées dramatiques des vedettes françaises dans une Constantinople très vivante et cosmopolite, et enfin des conflits et des compromis entre les hommes de théâtre ottomans et français.
Mots-clés : Molière, théâtre ottoman-turc, traduction, réécriture, tournée dramatique, littérature comparée.
In the second half of the nineteenth century, Molière's comedies were seen as a fertile source of material for Ottoman playwrights eager to bring new ideas to the popular dramatic arts and to create a new form of national theater. There were two primary ways that French theater was transmitted to the theater-going public: Some plays were translated and adapted into local languages using French themes and stories, and other plays were performed directly in the original French. These two different modes through which Molière influenced nineteenth century Ottoman theater form the dominant two axes of this dissertation. This dissertation proposes to write a new perspective on the history of modern Turkish theater, to show how the growing popularity of Molière changed the themes and style of popular Ottoman theater, to show the effect of French stars coming to what was a lively and cosmopolitan Istanbul, and finally how the conflicts and similarities between Ottoman and French theater were reconciled with one another.
Keywords: Molière, Ottoman-Turkish theater, translation, rewriting, tours, comparative literature.
Cliquez sur la couverture pour l'agrandir et lire la présentation
Natacha Lafond, ancienne élève de l'Ecole normale supérieure de Fontenay et de Lyon II, docteur ès lettres de l'université de Strasbourg (Prof. Michèle Finck dir., 2005), est rattachée à l'équipe d'accueil ILLE de l'Université de Haute-Alsace à Mulhouse: http://www.ille.uha.fr/Membres/cv_lafond
Philippe Jaccottet: une poétique de la voix, thèse soutenue en 2001 sous la direction du Prof. Michèle Finck. Thèse publiée en 2002 sous le titre Philippe Jaccottet. Tous feux éteints (éditions Bibliophane).
« Spectacles du ”sacré” chez Claudel, Sartre, Pasolini, Fo. Révélations, incarnations, subversion ? »
Thèse soutenue le vendredi 25 mars 2022 devant un jury composé de :
Mme Tatiana Victoroff, MCF HDR (université de Strasbourg), directrice de thèse
Mme Céline Frigau Manning, Professeure (université Lyon 3), rapporteur
Mme Odile Hamot, MCF, HDR (université des Antilles), rapporteur
M. Guy Ducrey, Professeur (université de Strasbourg)
La séance était publique.
Cette thèse fait suite à un mémoire de Master 2 qui comparait les Dialogues des Carmélites de Bernanos et ceux de Poulenc. Si cette étude avait pointé les singularités des deux œuvres, elle y avait également mis en évidence un point de convergence, les dialogues de film et l’opéra ayant chacun permis à leur auteur de s’emparer du sacré pour révéler une partie de leur moi intime d’homme et de créateur.
C’est cette diversité dans le rapport au sacré, et les différentes possibilités d’expression qu’il offre qui nous ont interrogé ; ils donnent aujourd’hui lieu à un sujet de thèse portant sur le spectacle du sacré en Europe, des années 1940 aux années 1970 : alors que ces trois décennies signent l’avènement d’une société sécularisée, il semble néanmoins que le sacré y soit largement représenté dans les arts visuels. En plus d’être à rebours préoccupations de l’époque, il intéresse en outre des auteurs de gauche, athées voire anticléricaux qui, s’ils ne croient pas en Dieux, ne rejettent pas pour autant toute forme de religiosité.
En examinant entre autres comment, pourquoi, en fonction de quoi, et à quelles fins le sacré est mis en scène, on cherchera à comprendre ce que sa représentation dans les arts visuels peut nous dire des réalités politiques, sociales, économiques et religieuses de l’époque.
Une fois traité, ce sujet pourrait questionner en écho le rapport que notre société entretient aujourd’hui avec la foi, le sacré, la croyance, le religieux et les autorités religieuses, des notions aux frontières de plus en plus floues alors qu’elle paraissaient encore bien définies dans la période, pourtant trouble, que nous nous proposons d’étudier.
Télécharger ici le CV d'Ariane Loraschi.
La hantise de la rhétorique ou la quête d'un langage « vrai » : problèmes et paradoxes autour de l’exigence de sincérité dans la poésie moderne, thèse de doctorat sous la direction du Prof. Michèle Finck, soutenue le 5 décembre 2009. La thèse est à paraître chez Honoré Champion, Collection Bibliothèque de littérature générale et comparée en 2011, sous le titre : Rhétorique de la sincérité. La poésie moderne en quête d’un langage vrai.
Cette étude entreprend la relecture et la réévaluation intégrale d’un critère crucial dans les poétiques européenne et américaine modernes : celui de la sincérité. Il s’agit d’explorer les dangers sociologiques, les apories esthétiques et les incohérences historiographiques des visions traditionnelles de la sincérité, et de montrer ainsi comment elles perpétuent le mythe de la transparence communicative du poème, d’un langage poétique libre de toute convention.
La critique moderne fonde une conception de la sincérité qui prétend échapper à la dénomination et à la domination langagières, bien qu’elle ne puisse être que l’effet du langage. Cette catégorie communément admise d’une sincérité que l’on qualifiera d’expressive est ici remise en cause. En effet, ses définitions traditionnelles en poésie ne correspondent pas aux usages extraordinairement complexes qu’en font les poètes modernes. Loin de se borner au rapport de l’auteur au lecteur, ou de l’auteur au texte, loin de les concevoir comme des entités préexistantes en soi, ils les font entrer dans le jeu des paradoxes de la notion, ils montrent comment, au fil de différentes visions de la sincérité elle-même, elles se forment et se déforment.
L’étude propose alors une lecture novatrice de la poétique de Stéphane Mallarmé, comme première tentative moderne d’échapper à l’hégémonie axiologique de la sincérité dite expressive. De là, Paul Celan, W. H. Auden, Philippe Jaccottet, Louis Zukofsky, Yves Bonnefoy élaborent de nouvelles formes de sincérité poétique, perceptive, historique, ou encore paradoxale, moins attachées à l’exigence communicative.
Lire la sincérité poétique à travers les révolutions rhétoriques modernes, c’est donc enlever au sincère son statut transcendant et extra-littéraire. C’est affirmer que toute théorie ou praxis qui se fonde sur cette notion, loin de viser au « dépassement » du langage, constitue au contraire l’une des réflexions les plus proprement langagières qui soit. Une fois écartés les modèles antérieurs, bien trop réducteurs, la sincérité poétique apparaît elle aussi comme une technique du langage. Non seulement elle s’inscrit dans le catalogue possible des procédés esthétiques, mais elle va jusqu’à constituer une véritable figure rhétorique.
Sélection d'articles:
1. « Le poète dit “tous les poètes sont menteurs” : le paradoxe du menteur dans la poétique européenne d’après 1950 », in Kate Averis et Matthew Moran (dir.), Le Mensonge : Multidisciplinary Perspectives in French Studies, Cambridge, Cambridge Scholars Press, 2011, p. 81-101.
2. « La place du divin dans la poétique moderne : le reproche de Philippe Jaccottet adressé à Friedrich Hölderlin », Communication, Lettres et Sciences du Langage (CLSL), Université de Sherbrooke, vol. 2 n˚ 1 printemps, 2008.
3. « La Ville onirique : entre universel et particulier dans les paysages de l’Obscurité », in Pierre Jourde, Catherine Langle et Dominique Massonnaud (dir.), Présence de Jaccottet, Paris, Éditions Kimé, 2007, p. 149-164.
4. « Each evening he would write/ what had happened to him’ : formality and occasionality in the poems of Mark Young », Jacket Magazine, n˚ 36, 2007.
5. « “To write poems is not enough if they do not keep the life that has gone” : a Zukofskian biography between Erlebnis and Ereignis », Jacket Magazine, n˚ 35, 2007.
6. « Tom Beckett, Unprotected Texts : Selected Poems 1978-2006 », Galatea Resurrects : a Poetry Engagement, n˚ 4, 2007.
7. « On Marie Borel », Verse : French Poetry and Poetics, vol. 24, n˚ 1-3, University of Richmond, 2007,
p. 212-226.
8. « Eileen Tabios : The Light Sang As It Left Your Eyes », Cordite Magazine, n˚ 26, 2007.
9. « Edward Foster, New and Selected Poems », Verse, vol. 23, University of Richmond, 2006.
10. « Jean-Michel Espitallier: Oulipean Perspectives », Cordite Magazine, n˚ 32, 2006.
11. « Contemporary Poetry In Paris », Fascicle Magazine, n˚ 2, 2005-2006.
Thèse en littérature comparée sous la direction du Prof. Pascal Dethurens, déposé en septembre 2014, soutenue le 27 novembre 2019
La mort du héros dans le roman moderne en Europe : Léon Tolstoï, Thomas Mann, Marcel Proust, Virginia Woolf, Giuseppe Tomasi di Lampedusa
Ce projet de doctorat vise à proposer une lecture comparative d’ œuvres qui ont contribué à mieux définir l’image de la culture et de l’histoire européennes du XIXème et du XXème siècle. Il s’agit d’œuvres qui révèlent la position de certains des écrivains européens vis-à-vis des changements historiques, politiques et sociaux de l’Europe de cette époque.
Le corpus comprendra les romans suivants: La mort d’Ivan Ilitch de Léon Tolstoï, Les Buddenbrook de Thomas Mann, Le Temps Retrouvé de Marcel Proust, Les Années de Virginia Woolf, Le Guépard de Tomasi di Lampedusa et Mourir de Arthur Schnitzler.
Ces écrivains, dans des moments cruciaux de l’histoire moderne européenne, ont abordé le motif de la mort du héros comme mort symbolique d’une époque et d’une culture. Dans leurs romans, la mort des héros est symptomatique de la décadence de l’Europe aux XIXème et XXème siècles. Nous verrons comment des éléments comme le contexte critique de l’histoire, la subjectivisation du temps, l’attraction et la peur de la mort, le pessimisme schopenhauerien et le nihilisme nietzschéen, créent des liens intéressants entre les œuvres de Thomas Mann, Léon Tolstoï, Arthur Schnitzler, Marcel Proust, Virginia Woolf et Tomasi di Lampedusa. Nous pensons à l’étroite relation qui existe entre Le Guépard, Les Années et Le Temps retrouvé, notamment les réflexions sur le sens de l’histoire, sur le temps et sur la mort. Dans Les Buddenbrook, La mort de Ivan Ilitch et Mourir on retrouve les enseignements de Schopenhauer, de Wagner et de Nietzsche; le pessimisme et le nihilisme sont portés aux conséquences extrêmes. La mort alors n’est plus un sujet d’attraction mais le prélude au néant depuis une vie qui s’en va sans avoir été vécue.
Antonio Marvasi,
"Le discours critique de l'Europe (1918-1939). La circulation de la littérature étrangère dans les revues littéraires européennes de l'entre-deux-guerres (La Nouvelle Revue Française, Europe, Die Neue Rundschau, La Revista de Occidente, The Criterion, '900 - Cahiers d'Italie et d'Europe, La Critica)". Thèse de doctorat en cotutelle internationale sous la direction du Prof. Pascal Dethurens et du Prof. Gabriele Pedullà (Université de Rome3)
Sujet déposé en septembre 2016.
La fin de la Grande Guerre représente pour l’Europe un moment de profonde crise à la fois économique, politique et culturelle. La classe intellectuelle européenne est partagée, selon des modalités différentes en fonction des espaces, entre révolution et tradition, tant au sens esthétique (avant-garde vs. « retour à l’ordre ») qu’éthique (démocratie libérale vs. totalitarismes).
La revue littéraire, en tant que support où l’on accueille un texte à la fois critique et artistique, interroge la théorie littéraire par plusieurs aspects ; elle se présente en effet comme le lieu privilégié pour l’étude de la vie littéraire en acte, dans ses liens avec l’actualité historique.
Nous proposons alors de nous intéresser aux enjeux et aux mécanismes de la représentation et de la réception des littératures étrangères dans les revues littéraires au lendemain de la Grande Guerre : étudier la littérature dans le monde à travers l’analyse d’un support textuel qui se caractérise par son rapport à l’actualité littéraire et politique, dans une période où les problématiques littéraires et politiques présentent une forte tendance, dans toute l’Europe, à se superposer. Par une analyse géocritique des sommaires, nous pourrons donner une représentation cartographique et statistique de la circulation de la littérature étrangère. Par l’étude de cette circulation nous pourrons interroger l’élément idéologique sur lequel se fonde le discours sur une Europe littéraire, discours qui naît à cette époque en réaction à la crise qui suit le Grande Guerre.
Dans les faits, nous allons dessiner des graphes pour quantifier exactement la présence de chaque littérature étrangère dans la période étudiée, ainsi que des cartes des relations et des échanges entre les hommes qui animent les rédactions, non seulement en ce qui concerne la réception de la littérature étrangère, mais aussi la circulation des idées que ces mouvements de la littérature dans l’espace impliquent et provoquent.
Les Mythes de la connaissance : Prométhée, le Diable, Merlin et Faust, thèse sous la direction du Prof. Pascal Dethurens, thèse soutenue en décembre 2008, à l'Université de Strasbourg.
La Connaissance n'est-elle qu'un privilège divin, un absolu inaccessible, interdit à l'homme ? Cette question, qui est celle des limites de la connaissance, est intrinsèquement liée à celle des limites de la condition humaine. Elle est mise en scène, transmise et adaptée par les nombreuses réécritures des mythes de Prométhée, du Diable, de Merlin et de Faust. Les poèmes hésiodiques, la Bible, l'Historia Regum Britanniae, le Faustbuch, premières références écrites de ces mythes, ouvrent la recherche sur un vaste corpus qui permet d'observer la permanence et les métamorphoses de ces récits jusqu'au XXe siècle.
Doués d'une plasticité remarquable, les mythes de Prométhée, du Diable, de Merlin et de Faust parviennent à traverser les siècles grâce à une structure faite de cinq motifs : la solitude, la connaissance, la création, le châtiment ou la rédemption. Ces éléments, dérivés des mythèmes, forment un système ou plutôt un outil permettant d'interroger l'objet fondamental de cette quête étonnante qu'est la recherche de la connaissance.
Après avoir recensé les champs et théories de la connaissance, puis établi le portrait de Prométhée, du Diable, de Merlin et de Faust, cette thèse pose la question du désir, cherche son objet et aussi ses modèles obstacles. L'étude approfondie des qualités de l'univers, de la nature, des dieux, de Dieu permet de poser un objet unique à la recherche de la connaissance et invite à une réflexion sur la coïncidentia oppositorum, l'harmonie et la création.
Suzel Meyer soutiendra sa thèse de littérature comparée, intitulée « Écrire l'histoire au féminin : autour de The Years de Virginia Woolf et des Années d'Annie Ernaux », le jeudi 12 novembre 2020 à 14h. Pour des raisons sanitaires liées à l'épidémie de Covid-19, la soutenance se déroulera en ligne.
Le jury sera composé de :
Patrick WERLY, maître de conférences en littérature comparée, Université de Strasbourg (directeur de recherche)
Catherine BERNARD, professeure de littérature britannique, Université de Paris (rapporteure)
Anne TOMICHE, professeure de littérature comparée, Sorbonne Université (rapporteure)
Corinne GRENOUILLET, professeure de littérature française, Université de Strasbourg
Anne-Rachel HERMETET, professeure de littérature comparée, Université d'Angers (présidente du jury)
Résumé :
The Years (1937) de Virginia Woolf et Les Années (2008) d'Annie Ernaux partagent un titre, mais aussi une multitude de points communs : la visée de ce travail est de les mettre en évidence, autour de la question de l'écriture de l'histoire au féminin. L'étude comparative de ces deux œuvres, ainsi que d'autres écrits des autrices, ouvre des pistes de réflexion sur les modes d'écriture qui se nouent ici. Après une étude des formes et enjeux de l'écriture au féminin, on repère les stratégies littéraires afin d' « écrire la vie », leitmotiv des œuvres et des autrices. L'écriture de l'histoire se réalise au croisement des disciplines et des genres littéraires, au prisme du genre (gender), afin de proposer un autre point de vue sur l'histoire. Entre l'histoire des femmes, l'histoire littéraire et l'écriture de soi, l'écriture de l'écriture au féminin s'attache à la question de la transmission féministe, reliant questions poétiques et politiques. Plus généralement, il s'agira de repérer les inspirations et influences woolfiennes chez Annie Ernaux.
Citadelle d’Antoine de Saint Exupéry : Poème ou Œuvre de Philosophie ?
Étude de Poétique Comparée du statut générique de l’œuvre posthume de l’écrivain-aviateur.
Thèse de doctorat sous la direction de M. Yves-Michel Ergal, commencée en automne 2013, soutenue le 13 septembre 2018.
Thèse dirigée par M. Yves-Michel Ergal (université de Strasbourg)
Rapporteurs : Mme et M. les professeurs Sylvie Thorel (université Lille 3) et Pierre Brunel (université Paris-Sorbonne)
Autres membres du jury :
MM. les professeurs Luc Fraisse (université de Strasbourg) et Thierry Laurent (Fondation Robert de Sorbon)
Parue pour la première fois en 1948, soit quatre ans après la mort de son auteur, Citadelle de Saint-Exupéry a bien failli constituer son second tombeau. Finie l’écriture poétique du ciel et des étoiles qui chantait le long des pages de Courrier Sud, finie l’écriture resserrée, un peu austère, à la gloire de cette action pour « une cause qui nous dépasse » que l’on trouvait dans Vol de Nuit, finie cette écriture « reportage » que Gide lui avait suggérée pour Terre des Hommes, cet humanisme optimiste, qui lui valut le Grand Prix du Roman de l’Académie française en 1939. Finie, enfin, cette écriture chevaleresque et poétique qui caractérisait son engagement dans la résistance en 1942 dans Pilote de Guerre et finie, bien sûr, cette écriture magique à la portée universelle qui émane du Petit Prince et qui constitue, dit-on, son chef d’œuvre.
Rien de tout ce qui avait semblé caractériser et fait jusqu’alors l’écriture de « Saint’EX » ne semblait se retrouver dans ce pavé de près de 700 pages dont la critique dira rapidement qu’il y est fait l’apologie d’«une morale réactionnaire » baignant dans une « parfaite et interminable prose poétique d’autodidacte aux relans nitzschéens ». Si l’œuvre, fut présentée par la famille comme un brouillon, un texte inachevé mais aussi comme la « somme philosophique » de toute une vie, comme une somme de ses recherches poétiques, l’argument n’a guère convaincu la majorité des critiques d’alors.
Si Citadelle n’est jamais vraiment, totalement, tombée dans les abîmes de l’oubli, puisqu’un certain nombre d’éditions ont vu le jour, il n’en demeure pas moins qu’elle est restée jusqu’aujourd’hui, l’œuvre un peu honteuse dont on préfère ne pas trop parler et qui, au regard de près de 70 années de recherches universitaires depuis sa parution, reste en France, insuffisamment étudiée. (En témoigne cet exemple frappant : l’œuvre que l’on peut acheter dans le commerce aujourd’hui n’est qu’une édition abrégée.)
De surcroît Citadelle semble avoir été victime de deux grands courants universitaires dont les relations se sont avérées rapidement schismatiques : l’un voyant en Citadelle un Poème, interprétation majoritaire en France, et l’autre voyant en Citadelle une œuvre avant tout philosophique ou plus précisément de Philosophie, minoritaire en France et majoritaire à l’étranger.
L’objet de notre thèse est donc le suivant : après une étude de réception de Citadelle par la Critique tant journalistique qu’universitaire depuis sa parution en France et à l’étranger, et plus précisément en Europe et dans le monde anglo-saxon, montrer à travers l’étude de la genèse de l’œuvre, des témoignages et des carnets qu’a pu laisser Saint-Exupéry, comment a pu se poser ce problème du statut générique de cette œuvre posthume, juger de sa pertinence et y apporter une réponse nouvelle.
Ce bilan historique couvrant la genèse de Citadelle jusqu’à sa réception par la Critique veut montrer que la facture même de Citadelle constitue de surcroît bel et bien un problème de Poétique Comparée, au plan formel et structurel, relevant, lui aussi, de fait, de la Littérature Comparée.
Nous souhaitons donner une vue d’ensemble cohérente de la démarche créatrice de Saint-Exupéry, de son Art Poétique. Cette étude montre que la démarche créatrice qu’il adopte naît d’une réflexion poussée sur le langage. Celle-ci l’amène à écrire selon une démarche double, laquelle démarche lui appartient en propre : une démarche conceptuelle qu’il désigne lui-même sous le nom de « système conceptuel » (et dont divers documents signés de la main même de Saint-Exupéry attestent) et une démarche figurative et symbolique dont Geneviève Le Hir, à la suite du feu Professeur Michel Quesnel, a montré les caractéristiques principales.
Une étude approfondie de l’Art Poétique de Saint-Exupéry constitue une condition importante pour la compréhension des problèmes posés par Citadelle sans quoi meilleure compréhension de l’œuvre, croyons-nous, ne peut et ne pourra voir le jour. Ceci montrera notamment pourquoi telle ou telle école d’interprétation s’évertue à classer Citadelle tour à tour en Littérature ou bien en Philosophie.
Texte polymorphe du point de vue discursif, Citadelle relève de par le système conceptuel exupéryen du texte de Philosophie et de par sa recherche dans l’utilisation du symbole et de la métaphore, de la Poésie.
De fait, Citadelle relève d’un véritable problème de Poétique Comparée et donc de Littérature Comparée au titre où M. Camille Dumoulié, Professeur de Littérature Comparée à l’Université Paris X – Nanterre, l’entend dans son ouvrage Littérature et Philosophie : « si l’on prend acte de cette division de l’hétérogénéité des discours (littéraire et philosophique), on comprend que l’étude des rapports qui lient la philosophie et la littérature relève de la littérature générale et comparée. Et ceci, à trois titres au moins : dans la perspective de l’histoire des idées, en fonction d’une problématique strictement comparatiste, eu égard à la méthodologie de la lecture des textes induites par ce parallélisme. » [1]
Notre thèse intègre une analyse des dernières recherches concernant l’étude linguistique des différents types de discours (Littéraires et de Philosophie) menées par les Professeurs Frédéric Cossutta et Dominique Maingueneau.
Le dernier mouvement de notre étude s’attache à monter qu’au-delà du problème de Poétique Comparée qui est le nôtre, une étude des « influences », de la « réception » des philosophes connus de Saint-Exupéry et ayant pu avoir un impact tant sur son style que sur son système conceptuel est non seulement légitime mais encore absolument nécessaire.
On y étudiera donc, par exemple, un Saint-Exupéry lecteur de Nietzsche et, plus spécifiquement, du Zarathoustra. (Nous avons pu grâce au concours de la Succession Saint-Exupéry déterminer dans quelle traduction Saint-Exupéry avait lu Nietzsche, fait important puisque, faut-il le rappeler, Saint-Exupéry ne connaissait d’autres langues que la langue de Molière. Comprendre « le Nietzsche de Saint-Exupéry » exige donc de lire Nietzsche dans la traduction dans laquelle il l’a lu.) D’autres philosophes seront notamment convoqués tels que Pascal, Bergson ou Maritain ou encore Sartre, cette fois, en tant que lecteur de Saint-Exupéry.
Mots clefs : Poétique Comparée, Littérature Comparée, Philosophie, écriture de la Philosophie, Liens entre Littérature et Philosophie, Argumentation, Rhétorique, écriture de l’oralité, Saint-Exupéry, Maritain, Werth, Nietzsche, Bergson, Sartre, Pascal, Teilhard de Chardin, Thomisme, Néo-Thomisme, Existentialisme
Pour consulter la page des publications scientifiques et poétiques de Laurent Mourey, cliquer ici
Thèse de doctorat:
« Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change » Présence et réception de Mallarmé dans la poésie française après 1945 - autour de Bonnefoy, Deguy, Maulpoix, Meschonnic
Thèse de doctorat sous la direction du Professeur Michèle Finck, commencée en automne 2013, soutenue le vendredi 29 mars 2019, à 9 heures, en salle 409 du Portique.
Membres du jury:
Mme FINCK Michèle, directrice, Professeur, université de Strasbourg
M. MARCHAL Bertrand Professeur, université Sorbonne – Paris IV
M. MARTIN Serge, Professeur émérite, université Sorbonne Nouvelle - Paris III
M. RABATE Dominique, Professeur, université Paris Diderot – Paris VII
M. WERLY Patrick, Maître de conférence HDR, université de Strasbourg.
Pour beaucoup de poètes après 1945 écrire n’a pas lieu sans que Mallarmé n’y soit présent, à titre d’objet de réflexion sur la poésie et le langage et, plus largement, comme un interlocuteur avec lequel l’écriture chemine et s’invente. C’est à une réception en acte de poésie et de poèmes ainsi qu’en réflexion théorique que nous nous intéresserons, dans des allées et venues entre Mallarmé et les poètes qui l’ont lu, le lisent et ne cessent d’interroger son œuvre dans la réserve et l’adhésion. L’étude s’articulera principalement autour de quatre œuvres qui posent avec acuité et parfois même gravité la question de la poésie : Yves Bonnefoy, Michel Deguy, Jean-Michel Maulpoix, Henri Meschonnic. Il s’agira de faire dialoguer les points de vue au double sens de faire converser et de parcourir les discours poétiques sur et avec Mallarmé. Ce travail ne mettra pas à l’écart les disputes comme les convergences qui se logent dans les différents points de vue confrontés, la dispute étant aussi bien un examen critique qu’une manière de discuter et de raisonner. Par ailleurs nous nous pencherons sur le rapport à Mallarmé comme un inévitable rapport à soi. Le choix des quatre poètes cités pour constituer le corpus principal et central des réceptions de Mallarmé après 1945 permettra un examen des rapports entre poésie et ontologie, poème et théorie du langage, expérience du dire poétique et philosophie, sujet et lyrisme. Autant dire que penser le rapport revient à penser la poésie au présent en un état des lieux des pratiques et conceptions. Nous nous consacrerons dans le sillage des quatre problématiques convoquées à d’autres poètes dont la lecture de Mallarmé est elle aussi décisive, citons entre autres Bernard Noël, André du Bouchet, Salah Stétié ou encore Bernard Vargafitg et Jacques Ancet.
L’étude de la réception tentera de s’associer à une écoute de la présence de Mallarmé à titre d’objet d’une écriture réflexive autant qu’en sous-texte. Mallarmé figure alors une sorte d’inconscient poétique ou d’inconscient du langage, une présence disséminée dans des citations ou quasi-citations qui relèvent à la fois d’un usage de son œuvre et d’un entretien parfois imprévu et imprévisible avec un poète qui a pu susciter incompréhensions et malentendus. Il ne s’agira pas de reconstituer une supposée vérité de l’œuvre mais de questionner et de travailler sur des lectures qui se confrontant à Mallarmé en montrent l’actualité et en font un événement poétique. Nous nous attacherons également aux poèmes des auteurs du corpus pour déceler des résonances avec l’auteur entre autres d’Igitur, des Divagations, des Poésies et du Coup de dés pour se mettre à l’écoute de l’historicité d’un poète « tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change ».
Quelques éléments bibliographiques pour l’étude de la réception de Mallarmé après 1945 :
Yves Bonnefoy :
- Lieux et destins de l’image, Un cours de poétique au Collège de France 1981-1993, Paris, Le Seuil, 1999.
- Sous L’Horizon du langage, Paris, Mercure de France, 2002.
- L’Imaginaire métaphysique, Paris, Le Seuil, 2006.
- Le Siècle de Baudelaire, Seuil, 2014.
Michel Deguy
- Figurations, poèmes- propositions – études, Paris, Gallimard, 1969.
- Le Tombeau de Du Bellay, Paris, Gallimard, 1974.
- La Raison poétique, Paris, Galilée, 2000.
- L’Impair, Farrago, 2000.
Jean-Michel Maulpoix :
- Le Poète perplexe, Paris, José Corti, 2002.
- Adieux au poème, Paris, José Corti, 2005.
- La Musique inconnue, Paris, José Corti, 2013.
- Une Histoire de bleu (1992), suivi de L’Instinct de ciel (2000), préface d’Antoine Emaz, Poésie/Gallimard, 2000.
Henri Meschonnic :
- Critique du rythme, anthropologie historique du langage, Lagrasse, Verdier, 1982.
- Ecrits sur le Livre, « Mallarmé au-delà du silence », introduction à Mallarmé, choix de textes, Paris, Ed. de l’Eclat, 1986.
- Célébration de la poésie, Lagrasse, Verdier, 2001.
- Pour sortir du postmoderne, Paris, Klincksieck, 2009.
Artiste, société et Histoire dans l’œuvre de Pierre Michon, thèse de doctorat sous la direction du Prof. Pascal Dethurens, sujet déposé en décembre 2013, thèse soutenue le 21 septembre 2018.
Présentation :
Depuis presque vingt ans, Pierre Michon est considéré comme l’un des meilleurs écrivains contemporains français, l’un des « déjà classiques ». Les raisons de cette importance sont multiples. En effet, depuis le début des années 1990, les spécialistes de la littérature contemporaine ont consacré un énorme travail critique et universitaire à quelque douzaine de livres de « taille médiocre » que cet écrivain exigent, tenté toujours par le désir d’une langue parfaite ou comme le dit lui-même d’« une écriture absolue », a publié. Ainsi, jusqu’au présent, son œuvre est analysée de divers points de vue. Dans la thèse que nous allons préparer, nous nous concentrons sur l’un des points cruciaux pourtant rarement abordés qui a laissé des traces évidentes, ici et là, dans ses textes. Il s’agit de la figure omniprésente de l’artiste (au sens général du terme qui comprend aussi bien le peintre et le musicien que l’écrivain ou le poète) occupant une place de choix dans deux tiers de l’œuvre de Michon. De la Vie de Joseph Roulin à Les Onze, en passant par L’Empereur d’Occident, Maîtres et serviteurs, Rimbaud le fils, Le roi du bois, Trois auteurs et Corps du roi, l’œuvre de Michon est particulièrement éclaircissante au sujet de l’artiste en représentant minutieusement les relations que celui-ci entreprend avec la société de son temps et, d’une manière plus large, avec l’Histoire. De cette façon, tout au long de cette thèse, nous essaierons de voir comment la société et l’Histoire influencent le travail de l’artiste et réciproquement comment celui-ci
Thi Quyen NGUYEN, Le désœuvrement dans la trilogie romanesque de Beckett et les romans de Blanchot, Pascal Dethurens dir., sujet déposé en 2010, soutenu le 9 juin 2016, salle Ourrisson.
Jury:
Prof. Karen HADDAD, Université de Paris-Ouest Nanterre
Prof. Florence FIX, Université de Lorraine
Prof. Frédérique TOUDOIRE-SURLAPIERRE, Université de Haute-Alsace
Prof. Luc FRAISSE , Université de Strasbourg
Prof. Pascal DETHURENS, Université de Strasbourg (dir.)
« Au XXème sciècle, l’art se détourne de l’œuvre de la vision pour ne s’intéresser qu’au reste de voir. Même aventure pour la littérature, l’instrumentalisation du langage est réprouvée. Ne subsiste qu’une langue mise à nue que l’auteur découvre, ou tente de redécouvrir »1. Dans la première moitié du siècle, la littérature se positionne dans une recherche infinie de réponse pour la question de l'absence de Dieu, dans les combats des théories philosophiques. Dans ce contexte, « le désœuvrement étant, il faut le répéter sans cesse, l’absolu unique, saillant et déchirant, en qui s’abîmer la modernité »2.
Depuis ses premiers textes, Samuel Beckett annonce la pensée du témoin de la fin de l'art. Pour Beckett, écrire, c'est parler en paroles vides dans l'espace du néant où l'on n'a « rien à faire » ainsi que dans l'univers blanchotien, il ne reste que le vide, le silence et l'obscurité. Chez ces deux écrivains, l'absence de signification de l’œuvre traduit par la parole crée le désœuvrement. La langue manquant de sens devient impuissante. Le roman se transforme en « écriture du désastre »3 qui nie toutes les formes traditionnelles et se lance dans l'espace de destruction du langage.
Notre travail vise à réaliser une approche approfondie sur les œuvres romanesques de Beckett et Blanchot dans une vision comparée en relevant certaines constantes et spécificités quant au thème du désœuvrement.
Thèse soutenue en 2008, sous la direction de Pascal Dethurens, en cotutelle avec l'Université de Pise : "Enigme de la vision et savoir de l'image : la peinture de Cézanne entre littérature et philosophie".
La comparaison dans les romans de Gustave Flaubert et de Robert Musil, ou le paradigme ironico-poétique (titre provisoire), sous la direction du Professeur Pascal Dethurens, thèse soutenue le samedi 10 décembre 2011, salle Hoepffner..
Depuis l’Antiquité, la figure de la comparaison souffre d’un déficit d’intérêt de la part des théoriciens, à la différence de la métaphore, particulièrement étudiée. Les œuvres romanesques de Flaubert et Musil ont en commun de présenter une grande densité de comparaisons, trait stylistique encore peu mis en avant par la critique. Loin de nous intéresser à l’influence que Flaubert a pu avoir sur Musil, nous avons plutôt choisi de confronter leurs œuvres selon cette caractéristique majeure de leur style. La visée de ce travail est ainsi d’observer, au sein de la forme romanesque, certains aspects fondamentaux de la figure de la comparaison (pouvoir, tout à la fois, d’ouverture, d’illumination, mais aussi de démultiplication, d’« ambiguïsation » et de structuration narratives), tout en déterminant les spécificités de chaque auteur. Pour ce faire, nous nous attachons en particulier à l’analyse de la tension de la comparaison entre les champs de l’ironie et de la poésie. Dès lors, nous montrons que la comparaison, véritable « paradigme ironico-poétique » à l’œuvre à différents niveaux textuels, constitue un élément essentiel de l’éthique romanesque des deux écrivains.
Articles publiés :
- « “Comme une huître rêveuse” : les autoportraits de Flaubert en animal dans sa correspondance », pp. 141-154, in Bruno Sibona (éd.), Notre animal intérieur et les théories de la créativité, L’Harmattan, 2009.
- « Présence de la musique dans L’Homme sans qualités de Robert Musil, entre répulsion et fascination », pp. 97-113, in Aude Locatelli et Yves Landerouin (dir.), Musique et Roman, Le Manuscrit, 2008.
- « Bestiaire de L’Homme sans qualités de Robert Musil », 2007, Site Internet de l’Université de Nice, URL : http://revel.unice.fr/loxias/index.html?id=1904
- « La comparaison, une virtualité fictionnelle », 2007, Site Internet de l’Université de Montpellier, URL : http://www.msh-m.fr/diffusions/rusca/rusca-langues-litteratures/Colloque-2007-Figure-et-figuration/Resumes-Abstracts/La-figuration-de-la-comparaison
Comptes-rendus :
- Jeanne Bem, Uwe Dethloff, Aurélie Barjonet (éd.), Nouvelles lectures de Flaubert, Recherches allemandes, Gunter Narr Verlag, Tübingen, 2006 : « Perspectives allemandes sur l’œuvre de Flaubert », Acta Fabula, Octobre 2007 (volume 8, numéro 5), URL : http://www.fabula.org/revue/document3577.php
- Didier Philippot (éd.), Flaubert, Paris, Presses de l’Université Paris-Sorbonne, coll. « Mémoire de la critique », 2006 : « Paradoxes de Flaubert », Acta Fabula, Mars-Avril 2007 (volume 8, numéro 2), URL : http://www.fabula.org/revue/document2398.php
- Stéphane Gödicke, Désordres et transgressions chez Robert Musil, Presses Sorbonne nouvelle, 2006 : « Un nouveau regard sur l’œuvre de Robert Musil », Acta Fabula, Juin-Juillet 2006 (volume 7, numéro 3), URL : http://www.fabula.org/revue/document1457.php
Titre de la thèse : "L'attention aux choses" : la révélation de l'objet chez Gerard Manley Hopkins, Fernando Pessoa, William Carlos Williams, Francis Ponge, Lucian Blaga, rédigée sous la direction de Michèle Finck
Allocation normalienne (2017-2020) Thèse soutenue le 27 11 2020 ; jury composé de Michèle Finck, Guy Ducrey, Jean-Yves Masson et Michel Murat.
La poésie occidentale de la première moitié du XXe siècle se caractérise globalement par sa rupture avec la subjectivité romantique, mettant en œuvre une dé-subjectivation de l'énoncé et faisant émerger l'idée que le poème se construit comme un objet textuel. Ce travail s’inscrit dans le cadre de ces évolutions, mais leur ajoute une dimension particulière : les oeuvres du corpus présentent, chacune à sa manière, une attitude d'« attention aux choses », selon la formulation d'Alberto Caeiro, « maître » entre les hétéronymes de Fernando Pessoa ; elles développent comme thématique une fascination pour les fragments du réel, qui ont une existence en soi, extérieure au point focal de la voix du poème : un imaginaire de l'objet. Cette permutation mène à des constructions complexes de l'imaginaire poétique, qui s'ingénie à exprimer dans le langage l'expérience de la chose et ses caractéristiques, parmi lesquelles la particularité. Des bulles de savon au chien de Pompéi, de l’alouette lulu au centre du désert, ce travail se propose de cerner la révélation de l’objet.
La Littérature européenne face au défi wagnérien, thèse de doctorat sous la direction du Prof. Pascal Dethurens, soutenue le 13 novembre 2004.
Timothée Picard est Professeur en littérature comparée à l'université de Rennes II et membre junior de l'Institut universitaire de France.
L'Institut de littérature comparée et son groupe de recherches L'Europe des lettres sont heureux de vous annoncer que
Marjolaine Piccone-Miloud a soutenu sa thèse de littérature comparée
Dialogue des Novisimos avec la modernité poétique française du 19ème siècle :
Carnero, Panero et Siles, passeurs de culture
sous la direction du Professeur Michèle Finck
le lundi 30 juin 2014 à 10 heures
salle 412 du Portique
Jury :
Yves-Michel Ergal (université de Strasbourg)
Sophie Guermes (université de Brest)
Patrick Quillier (université de Nice)
Marie-Claire Zimmermann (université de Paris-IV Sorbonne)
Thèse de doctorat sous la direction du Prof. Michèle Finck, commencée en septembre 2011
Les Novísimos sont l’ultime génération émergente de la poésie contemporaine espagnole. Ces jeunes poètes ont commencé à se donner à entendre dans les années 70, lorsque le franquisme vivait ses dernières heures et que la poésie espagnole se résumait à un cri étouffé, une poésie sclérosée par la révolte, le désespoir et la nécessité de n’être plus qu’un message dénonciateur audible par l’ensemble du peuple.
Déterminés à rompre avec cette « poésie sociale », ces poètes pourtant très différents se sont ligués autour d’une volonté commune de rénover la poésie (et le langage) en profondeur, de lui redonner ses lettres de noblesse. Sa fulgurance, sa complexité, sa beauté aussi.
Dans cette quête d’un nouveau souffle, ils se sont tournés vers les cultures européennes (françaises et anglaises notamment), profitant de l’ouverture naissante de la péninsule ibérique au reste du monde. Provocateurs mais profondément humanistes, les Novísimos ont puisé dans le dernier grand mouvement de renouveau poétique européen : la poésie française de la fin du XIXe siècle.
Ayant à l’esprit leurs lectures passées (et souvent en version originale) de Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Gautier –pour ne citer qu’eux-, les Novísimos se sont inspirés de cet élan novateur qui a rythmé la création poétique à la charnière du XIXe et du XXe siècle. Une période houleuse où la France s’est métamorphosée soudainement, ce qui n’est pas sans rappeler le contexte mouvant et délicat de la fin de la dictature nationaliste et de l’évolution subite de l’Espagne. Ainsi, les Novísimos ont construit leur propre poésie et élaboré un renouvellement si intense qu’on le qualifierait volontiers de jusqu’auboutiste.
Et au hasard des titres de poèmes, des vers, des dédicaces, des réécritures, ils rendent hommage aux poètes français auxquels ils ont parfois emprunté (au-delà de thèmes, de mythes, de modes d’écriture, etc.) cette sombre lumière qui témoigne à la fois de la mort nécessaire d’une voix et de la naissance d’une autre. Une lumière qui ne peut être définitive triomphante puisqu’elle est marquée du sceau de l’éphémère, dans un regard, dans une oreille.
Ce travail de recherche autour d’un sujet inédit reflète avant tout le besoin d’avancer en terre inconnue. Une terre au croisement de deux cultures, deux langues, et qui ne se dévoile que progressivement, au fil des traductions et des lectures attentives, au plus près du texte originel.
Mme Piccone, allocataire doctorale, a été chargée de cours, en littérature comparée de 2011 à 2014.
Travaux parallèles :
- Participation à la journée d’hommage à Henri Meschonnic, le 22 avril 2010.
Communication intitulée « Le sujet, corps des sens » et rédaction de l’article « Le sujet, l’air(e) du poème ».
- Participation aux 6e Rencontres Européennes de Littérature, 12 mars 2011.
Présentation de Laurence Breysse-Chanet, lauréate du Prix Nelly Sachs de traduction littéraire, pour le recueil Don de l’ébriété, traduction de Don de la ebriedad du poète espagnol Claudio Rodriguez.
Maîtres à bord : les représentations du pouvoir dans le roman maritime au XIXe siècle, Thèse de doctorat de littérature comparée sous la direction du Prof. Guy Ducrey, sujet déposé en septembre 2017, soutenue le 1er décembre 2023. Durée de la thèse: 6 ans. Jury:
Mme Anne-Gaëlle Weber, Professeure, Université d'Artois, rapporteure
Mme Odile Gannier, Professeure, Université Côte d'Azur, rapporteure
M. Matthieu Letourneux, Professeur, Université de Paris-Ouest Nanterre
M. Patrick Werly, Maître de conférences HDR, Université de Strasbourg
M. Guy Ducrey, Professeur, Université de Strasbourg, directeur de la thèse
Le matelot est un maillon essentiel de la société occidentale moderne du XIXe siècle. Il permet, à
bord des grands voiliers puis des bateaux à vapeur, l’acheminement des denrées qui signalent la
prospérité d’une nation et l’étendue de son commerce mondial, qui initie le capitalisme global. Il est
aussi aux premières loges des expansions impérialistes des États occidentaux, et des projets coloniaux
qui en découlent.
Pourtant, en dépit de son rôle dans ces politiques économiques et impérialistes, le matelot fait très
rarement l’objet d’une représentation artistique. Un auteur américain va choisir de promouvoir cette
figure et son mode de vie dans les années 1820 : James Fenimore Cooper. À sa suite, plusieurs
écrivains adaptent ce projet en France (Eugène Sue, Gabriel de La Landelle), et au Royaume-Uni
(Frederick Marryat). Le contact avec la mer, les péripéties et les exploits qu’elle provoque, font du
marin l’un des personnages idéaux du genre du roman d’aventures, qui prend le nom de roman
maritime (ou roman d’aventures maritimes) lorsque son intrigue se déroule et que ses personnages
évoluent majoritairement sur les océans. Le matelot, sa langue, ses habitudes, ses codes sociaux
deviennent progressivement familiers au lecteur. Tous les auteurs de romans maritimes revendiquent
une approche réaliste au service de l’intrigue fictionnelle. Ce réalisme est souvent légitimé par
l’expérience personnelle d’embarquement de l’artiste, passée (engagement(s)) ou en cours (carrière
dans une des marines).
L’intrigue du roman maritime se noue essentiellement autour d’une lutte : lutte de l’équipage avec
les éléments extérieurs au navire (puissances naturelles, nations ennemies…), mais aussi lutte interne
à la microsociété de bord, lorsque les personnages vivants sur un même bateau s’entre-déchirent.
Dans les deux cas, c’est le pouvoir institutionnel de l’état-major, et surtout du capitaine, pouvoir
garanti par la loi, qui est questionné : les écrivains représentent les limites de ce pouvoir, et interrogent
sa légitimité.
Plusieurs approches de cette démarche se dégagent : le roman maritime se fait patriotique lorsqu’il
valorise la figure du leader charismatique et compétent, sur le modèle des héros nationaux
contemporains (Horatio Nelson, James Cook, etc.). Néanmoins la fiction peut aussi permettre de
mettre en scène une critique de l’attribution du pouvoir légal, par exemple lorsqu’il est placé entre les
mains d’officiers incompétents (Jules Verne).
Cette représentation du pouvoir par l’étude de son détenteur trouve un contrepoint chez certains
auteurs de romans maritimes qui choisissent de s’intéresser à celui qui subit le pouvoir absolu. Les
abus de ce pouvoir, visibles dans l’organisation du navire et de la vie à son bord, mais aussi dans le
corps du matelot, mènent à s’interroger sur l’exercice de la justice dans les marines occidentales du
XIXe siècle (Richard Henry Dana, Herman Melville). L’injustice et l’impunité mises en scène dans
la fiction permettent d’introduire la représentation de la rébellion qui peut en découler. Le rebelle des
mers, mutin, pirate, déserteur, permet de représenter les aspirations à la liberté, à l’égalité et à la
construction d’une nouvelle société utopique de l’ancien sujet soumis, désormais défait de ses
chaînes, mais aussi définitivement renié par la société (Robert Louis Stevenson).
Néanmoins la mise en scène spectaculaire du rebelle résulte souvent d’une mythification de ce
personnage. Un retour à l’approche réaliste, presque documentaire, peut permettre d’exprimer le
véritable quotidien du matelot. La fiction sera alors secondée du registre pathétique, rapprochant le
roman maritime du roman social contemporain (Pierre Loti). Les écrivains s’appliquent alors à
représenter les différents types de pouvoirs dont disposent les dominés, lesquels sont construits en
réaction au pouvoir institutionnel coercitif. L’importance du sens de la communauté devient alors
évident : c’est par la construction de liens amicaux forts, voire la reconstruction d’une microsociété
sur le modèle de la cellule familiale, que les matelots parviennent à entretenir un esprit de corps
primordial à leur survie mentale (Joseph Conrad).
Mais ce sens de la communauté a un autre effet bénéfique : il permet la création commune d’une
culture spécifique aux matelots. Celle-ci prend la forme de chansons et d’histoires, de rites et de
légendes qui entretiennent et diffusent les espoirs et les rêves de la communauté. Cette culture
constitue enfin une forme de contre-pouvoir, puisqu’en composant un espace de création artistique
dédié et dirigé par les matelots, elle permet l’affranchissement du cadre coercitif et de la fatalité d’une
vie misérable. Pour les auteurs de romans maritimes, la représentation, la sauvegarde et la diffusion
de cette culture des matelots est fondamentale : à la fois pour faire connaître ce pouvoir créateur
méconnu, mais aussi pour rendre hommage à une culture qui constitue une des influences majeures
de leurs propres romans. Non contents d’exercer un pouvoir inattendu à bord du navire, inattaquable
par le pouvoir coercitif, les matelots ont aussi prouvé qu’ils pouvaient être des sources d’inspirations
et des modèles pour les artistes du XIXe siècle
Le Laboratoire narratif des années 1910
thèse en littérature comparée, en cotutelle, sous la direction du Prof. Guy Ducrey (Université de Strasbourg) et du Prof. Francesco Fiorentino (Université de Bari). Sujet déposé en septembre 2013, soutenu le 15 septembre 2017
Jury:
Prof. Anne-Rachel Hermetet, Université d'Angers, Littérature comparée, rapporteur
Professeur Guy Ducrey, Université de Strasbourg, Littérature comparée, Co-directeur de la thèse
Professeur Francesco Fiorentino, Université de Bari, Littérature française, Co-directeur de la thèse
Professeur Pierluigi Pellini, Université de Sienne, Littérature française, rapporteur
Les années 1910 sont des années bouillonnantes : manifestes de peintres, musiciens et écrivains se succèdent, les ouvrages de Freud sont traduits, le bergsonisme est triomphant, Mallarmé est redécouvert. Les premiers avions prennent leur envol, les voyages en automobile deviennent de plus en plus fréquents, le paysage urbain se transforme. Si l’imaginaire européen se peuple de figures nouvelles, plus profondément c’est le rapport entre sujet et expérience qui se renouvelle, c’est la façon de percevoir le moi à changer. Dans ce cadre de rénovation des codes d’exploration du monde extérieur et de l’intériorité, quelle est la place de la parole romanesque ? Le terme « crise » est effectivement, depuis Marcel Raymond, le terme plus approprié pour définir le genre. Huysmans avait déclaré son « désir de briser les limites du roman », Paludes d’André Gide dénonçait le marécage dans lequel s’est enfoncé le roman, Marcel Schwob évoquait la nécessité d’un roman d’aventures dans le sens le plus large du mot. Les expériences étrangères, surtout russes et anglaises, deviennent les modèles. Le mépris du romanesque ne coïncide pas avec un refus du narratif : la crise et la décadence du genre sont refondatrices. Les formes narratives sont l’espace d’une recherche dynamique et à plusieurs acteurs. Parmi les écrivains de ce laboratoire on peut mentionner : Henri de Régnier (né en 1864), Colette (née en 1873), Charles-Louis Philippe (né en 1874), Jean de Tinan (1874-1898) ; puis pour la génération suivante Victor Segalen (1878), Guillaume Apollinaire (1880), Roger Martin du Gard (1881) ; plus jeunes Blaise Cendrars (1887) et Jean Cocteau (1889). Le débat est multiforme et il dépasse largement la Nouvelle Revue Française, trop souvent considérée comme le seul lieu de rénovation. Ce travail se propose de faire la lumière sur le laboratoire narratif des années 1910, d’analyser les procédés d’innovation formelle, les principes poétiques, les constantes et les variantes des nouvelles solutions esthétiques.
Colette illustrée (1900-1954). Trajectoires éditoriales d'une œuvre en images
Thèse de doctorat de littérature comparée, sous la direction de Guy Ducrey, cotutelle avec l'université de Lausanne (Prof. F. Vallotton dir.), sujet déposé en automne 2016, soutenue le 22 mars 2024.Jury:
Directeurs de thèse :
Prof. Guy DUCREY, Université de Strasbourg, Institut de littérature comparée
Prof. François VALLOTTON, Université de Lausanne, Section d'Histoire
Prof. Anne DUPRAT, Université d'Amiens, Institut universitaire de France, rapporteure
Prof. David MARTENS, Univiersité de Louvain (KU Leuven), rapporteur
Prof. Corinne GRENOUILLET, Université de Strasbourg, Institut de littérature française
Prof. Philippe KAENEL, Université de Lausanne, Section d'Histoire de l'art
La soutenance a eu lieu le vendredi 22 mars 2024 à 9h, salle Fustel de Coulanges, Palais Universitaire.
Elle était ouverte au public.
Colette a l’image au bout de la plume. Elle ne tient pas de journal, sa mémoire est, avant tout, visuelle. L’image se créée sur sa rétine puis transparaît sur la page au gré des flux et reflux de sa mémoire. Son regard affûté à la beauté est à l’origine de cette écriture propice à l’illustration. L’esprit de Colette trace les lignes intériorisées, qu’elle transpose par les mots plutôt que par le dessin, mais reste toujours fidèle à l’image collectée grâce à la passion de l’observation, du spectacle de la vie. De cette poétique si particulière : l’alphabet colettien, naît l’illustration, un retour à la représentation graphique, une ligne de crayon tracée qui suit l’arabesque colettienne. Toutefois, le phénomène de l’illustration de l’œuvre de Colette ne peut être réduit au fruit d’une écriture de l’image, il est aussi celui de rencontres, de collaborations et de promotions. Femme moderne, s’il en est, Colette connaît les rouages de la publicité, de la promotion et surtout, le pouvoir de l’image, le pouvoir de son image d’écrivain-saltimbanque libéré des conventions, de la bienséance. L’image devient reflet, double artistique ; sa personnalité toute entière, de même que son apparence, sont utilisées à des fins promotionnelles. Les éditeurs, collaborateurs, amis, artistes jouent, également, un rôle très important dans l’abondance de titres illustrés. Afin de bien comprendre le phénomène d’illustration de l’œuvre de Colette, 170 œuvres éditées par près de 70 éditeurs, il est nécessaire d’entreprendre une sociologie de l’édition colettienne. Sont-ils tous des éditeurs spécialisés dans le livre illustré ou sont-ils amenés à cette pratique par un tiers ? De même, se pose la question du choix des textes qui sont illustrés. Certains textes ont-ils échappé à cette mise en image ? Par l’étude des modalités de l’édition illustrée colettienne, on pourra mettre en valeur un système d’interrelations entre les différents acteurs et ainsi, mieux comprendre les particularités de ce transfert sémiotique vers l’image.
Anaïs Nin et la quête d'une écriture de l'intime : étude comparée des influences littéraires de langues française et anglaise, thèse de doctorat sous la direction du Prof. Michèle Finck, soutenue le 22 juin 2011.
Anaïs Nin a connu un véritable succès éditorial grâce à la publication de son journal dans les années 1970. Cette renommée a fait d'elle une figure de proue de l'écriture intime du XXe siècle. Pourtant, personne autant qu'elle n'a joué avec les formes, mélangeant fiction et réalité jusqu'aux frontières des genres.
Dans notre étude, nous souhaitons faire émerger les grands thèmes qui font de son œuvre un ensemble homogène constitué autour d'une quête incessante de l'écriture de soi. L'interaction constante entre les romans (poétiques ou psychologiques) et le journal intime nous permet d'interroger la démarche artistique de l'écrivain : comment l'écriture diaristique influe-t-elle sur la fiction ? En quoi les romans ont-ils déterminé la forme du journal publié ? C'est dans cette perspective d'étude que notre travail se place, en portant un regard sur l'œuvre d'Anaïs Nin en correspondance avec les auteurs qui forment son arrière-plan littéraire. Car tous – de Rimbaud à Djuna Barnes – lui offrent une vision nouvelle qui enrichit sa perception de l'écriture personnelle.
Camille Riquier Wautier a soutenu sa thèse de littérature comparée, intitulée « Lire pour la danse. Les ballets littéraires des chorégraphes néo-classiques (1949 à nos jours). Roland Petit et John Neumeier, parcours croisés. », le vendredi 13 novembre 2020 à 13h30. Pour des raisons sanitaires liées à l'épidémie de Covid-19, la soutenance s'est déroulée en visioconférence.
Sujet déposé en automne 2016. Durée de la thèse:4 ans.
Le jury était composé de :
M. Guy DUCREY - Professeur, Université de Strasbourg (Directeur de la thèse)
Mme Michèle FINCK - Professeure, Université de Strasbourg (Présidente du jury)
M. Olivier GOETZ - Maître de conférence-HDR, Université Paul Verlaine-Metz (Rapporteur)
Mme Hélène LAPLACE-CLAVERIE - Professeure, Université de Pau et des Pays de l’Adour (Rapporteure)
Mme Isabelle MOINDROT - Professeure, Université Paris 8
Résumé :
On considère aujourd’hui couramment que le renouveau de la danse au XXe siècle est porté par un courant dit « moderne » puis « contemporain », qui inventerait sa propre langue chorégraphique, en se passant de tout livret comme de tout recours à la littérature. La danse classique perpétuerait à rebours une tradition séculaire, en reconduisant les ballets du répertoire, son vocabulaire chorégraphique et ses livrets hérités du passé. Or, contre toute attente, à côté des célèbres reprises de ballets classiques que sont, entre autres, Giselle, Cendrillon, Casse-noisette ou Roméo et Juliette, si courues du public, une autre danse classique s’invente, dans l’ombre de la danse contemporaine et du « grand répertoire ». Cette danse dite « néo-classique » se distingue notamment par la manière personnelle dont ses chorégraphes renouent avec la littérature, bien souvent sans l’intermédiaire d’un librettiste. Inspirés par leurs lectures, les chorégraphes néo-classiques donnent naissance à d’authentiques créations, sans antécédent dans l’histoire de la danse. Un phénomène d’ampleur se dessine, tant par le nombre d’œuvres chorégraphiques qu’il compte que par son extension chronologique et géographique : ce sont assurément plusieurs centaines de ballets littéraires qui sont créés en Occident depuis les années 1940 jusqu’à nos jours. Contre l’idée reçue selon laquelle la danse classique ne crée rien de neuf, nous soutenons qu’une création classique se fait jour en danse au XXe siècle, notamment grâce au recours à la littérature.
Publications de Camille Riquier Wautier
« Écrire, filmer, danser Orphée. Cocteau et le Jeune Homme et la Mort. », contribution aux actes du colloque « Littérature comparée et cinéma », à paraître aux Presses Universitaires de Strasbourg.
« Imaxtes » in Co/opérateurs, écriture et photographie, Lyon, ENS Éditions, 2013.
« "Trois poèmes chorégraphiques" ou la Sylvia de Neumeier, du drame pastoral du Tasse au ballet anacréontique revisité », actes du colloque « Migrations des genres et des formes littéraires et artistiques », organisé à l’occasion du 41e Congrès de la Société Française de Littérature Générale et Comparée (SFLGC), par Pierre-Yves Boissau, Claire Gheerardyn et Delphine Rumeau, Université Jean Jaurès, Toulouse, publication des actes en ligne, sflgc.org/actes/actes-du-congres-de-toulouse/.
« "Littéradanse", Quand la danse contemporaine s’empare du texte littéraire ». Recension de l’ouvrage de Mélanie Mesager, Littéradanse, Quand la chorégraphie s’empare du texte littéraire. Fanny de Chaillé, Daniel Dobbels, Antoine Dufeu et Jonah Bokaer, Paris, L’Harmattan, coll. « Univers de la danse », 2018, in Recherches en danse, la revue numérique de l’Association des Chercheurs en Danse, publication en ligne, https://journals.openedition.org/danse/2028
« Répertoire et création : le ballet de l’Opéra de Paris au tournant du XXIe siècle », in Henri Loyrette et Sarah Barbedette (dir.), Encyclopédie historique de l’Opéra de Paris, Paris, Réunion des Musées Nationaux, Bibliothèque nationale de France, 2019.
« La Jumelle noire ou Colette journaliste au théâtre. Portraits de l’écrivain en critique (1933-1938) », in Andreas Gelz et Christian Papilloud (ed.), Lendemains, numéro spécial « Lendemains de Colette », Narr Francke Attempto Verlag, 2020.
« Nana, femme fatale, mythe macabre, du roman d’Émile Zola (1879) au ballet de Roland Petit (1976) », in La Revue de la BnF, Paris, Bibliothèque nationale de France, n°60, 2020.
M. Leonardo Rivero Torielli a soutenu le vendredi 2 décembre 2022 sa thèse de littérature comparée intitulée :
Musique, rêverie et mélancolie dans la modernité française baudelairienne, dans la poésie moderniste anglo-saxonne et dans le modernismo du Río de la Plata
dont le sujet a été déposé en 2017, devant un jury composé de Mme Michèle Finck (directrice), M. Hervé le Corre (Université Sorbonne nouvelle), M. Patrick Quillier (Université de Nice) et M. Yves-Michel Ergal (Université de Strasbourg).
Bien que le dialogue entre musique et poésie soit un sujet largement traité, cette thèse proposera d'explorer la rencontre sous un nouvel horizon : celui de la mélancolie et de la rêverie et dans un temps et un espace bien déterminé : le XIXe siècle post-romantique en France et dans deux courants littéraires postérieurs qui sont liés à ce moment poétique français: la poésie moderniste anglo-saxonne et la poésie du modernismo du Rio de la Plata. Le travail ainsi conçu cherchera, d'une part, de mettre en rapport la spécificité de l'esthétique musicale avec celle de la poésie moderne et de développer les recherches sur les liens qui pourraient exister entre la rêverie, la mélancolie et la musique dans la poésie moderne. D'autre part la thèse tente de rapprocher dans une perspective nettement comparatiste, trois configurations poétiques éloignées géographiquement et temporellement mais très proches d'un point de vue littéraire.
La musique, cette langue de souvenirs qui a fasciné le XIXe siècle en évoquant les choses lointaines, passées et irréversibles semble être fonctionnelle au dessein mélancolique poétique moderne. Chez Julio Herrera y Reissig, un poète moderniste urguayen héritier direct du Symbolisme français, la musique sert à exprimer l'instant de spleen : «En este instante de esplín, / mi cerebro es como un piano / donde un aire wagneriano / Toca el loco del esplín » La musique cette langue de souvenirs, telle que la conçoit Vladimir Jankélévitch, apparaît dans le poème pour évoquer l'instant de mélancolie, où le cerveau du poète est comme un piano gouverné par un air de Wagner. Pour le philosophe français, la musique est elle-même une nostalgie idéalisée : « Aussi la musique développe-t-elle à l’extrême ce parfum inexprimable des souvenirs qui trouble et grise une âme lentement imprégnée par la passéité de son propre passé»
Ce que l'on a pu constater chez Julio Herrera y Reissig en langue espagnole et dans l'espace littéraire du Rio de la Plata, on pourrait de même le retrouver parmi les poètes modernes français. Chez Jules Laforgue, par exemple, dans son lugubre sonnet « Triste, Triste » la musique du piano accompagne et renforce l'instant mélancolique : « Je contemple mon feu. J'étouffe un bâillement. / Le vent pleure. La pluie à ma vitre ruisselle. / Un piano voisin joue une ritournelle. / Comme la vie est triste et coule lentement » Chez Verlaine, la musique déclenche aussi la nostalgie lyrique comme dans « Chanson d'automne » : « Les sanglots longs / Des violons / De l'automne / Blessent mon cœur / D'une langueur / Monotone. // Tout suffocant / Et blême, quand / Sonne l'heure, // Je me souviens / Des jours anciens / Et je pleure ;». Tandis que chez Samain la musique paraît sublimer le moment d'angoisse : « Pour respirer tous nos bonheurs avec emphase, / Sur le piano triste, où trembleront des pleurs, / Tes mains feront chanter d’angéliques douleurs, / Et je t'écouterai, silencieux d'extase ». Chez Mallarmé aussi , même si toutes les allusions deviennent plus obscures : « Mais, chez qui du rêve se dore / Tristement dort une mandore / Au creux neant musicien »
Mais la musique pourrait également renvoyer à la rêverie, cette « matière nocturne oubliée dans la clarté du jour » telle que la conçoit Gaston Bachelard. Octavio Paz dit que l'homme qui se distrait et qui rêve nie le monde moderne en même temps qu'il s’intéresse au revers du monde. « El distraído se pregunta : ¿Qué hay del otro lado de la vigilia y de la razón ? » La musique pourrait bien contribuer à ces états de contemplations et de rêveries dans la poésie moderne. Comme dans ces vers de « Confins » de Samain où la musique fait rêver: « Se retrouver, et puis se perdre en des pays, / Et des heures, en des pianos inouïs. Michèle Finck a démontré comment l'écoute dans « The Lake Isle of Innisfree » de William Butler Yeats permet l'épiphanie musicale. I hear lake water lapping with low sounds by the shore (J'entends clapoter l'eau paisible contre la rive)
Selon Yves Bonnefoy, le mot, le langage empêche la captation de la plénitude des objets ce qui crée la nostalgie poétique typiquement moderne. Un nouveau ressaisissement de la réalité serait possible en tant que le mot est aussi un son, « même audible dans le silence de la lecture moderne, celle qui ne semble se faire que par les yeux». La musique, l'écoute solitaire3, accompagnerait la mélancolie et la rêverie, la découverte des choses lointaines, dans la poésie moderne, poésie signée fondamentalement par la perte. « Les violons vibrent derrière les collines » dit Baudelaire pour expliquer que musique et poésie ne sont plus du même coté. Une autre perte moderne qui guidera toute la pensée au XIXe siècle autour de la musique. « La poésie n'est pas du même cote de la « colline » que la musique et l'essence de la modernité poétique est de rendre de plus en plus audible l'intervalle entre les deux cotés »
Très consciente de ses pertes, la poésie moderne retrouvera la musique pour nourrir ses rêveries et sa mélancolie. Ce travail tente d'explorer ces rencontres dans un corpus qui comprendra plusieurs poètes de trois espaces modernes : de la modernité baudelairienne, du modernisme anglo-saxon et de la modernité du Río de la Plata.
" Ostinato" de Des Forêts: une écriture de la lutte. Sous la direction du Prof. Michèle Finck, 2001. Publication en 2010, L'Harmattan, sous le titre: Ostinato de Louis-René Des Forêts. L'écriture comme lutte.
L'Institut de littérature comparée et son groupe de recherches L'Europe des lettres sont heureux d'annoncer:
Mme Zeynab SADEGHI a soutenu le mardi 18 mai 2021 à 14 heures à l’Université de Strasbourg sa thèse de doctorat en littérature comparée, intitulée :
Raison, imaginaire et folie au prisme de l’amour dans les œuvres d’André Breton et de Sadegh Hedayat : Nadja et La Chouette aveugle
devant un jury composé de :
- M. Patrick WERLY Maître de conférences en littérature comparée, HDR, à l’Université de Strasbourg (directeur)
- Mme Homa LESSAN-PEZECHKI Professeur de langue et littérature persanes, à Aix-Marseille Université (codirectrice)
- Mme Tania COLLANI Professeur de littérature comparée, à l’Université de Haute Alsace
- Mme Isabelle KRZYWKOWSKI Professeur de littérature générale et comparée, à l’Université Grenoble Alpes
- Mme Silvia RIVA Professeur associato en littérature française, Università degli Studi di Milano
Raison, imaginaire et folie au prisme de l’amour dans les œuvres d’André Breton et de Sadegh Hedayat, thèse de doctorat sous la direction de M. Patrick Werly, sujet déposé en automne 2015
L’amour se définit, en général, comme un sentiment généreux et altruiste. Mais la passion issue d’un amour profond, souvent inexplicable, entraîne parfois l’individu au point qu’il se perd au profit de l’aimé(e) ou d’un Autre. L’amour est certainement le thème le plus approprié pour étayer une telle étude de la folie dans la représentation de l’être humain. Chez Breton et Hedayat, la femme et l’amour sont de véritables mythes qui désignent la folie, le suicide et la mort. Il est, donc, la question de la folie de personnages féminins sous l’influence d’histoires mythiques, celles de Mélusine ou de Gradiva.
Ce travail de recherche tente de dévoiler, comment un rêve devient une folie ? Comment peut-il s’insinuer dans l’imaginaire et dans ce que l’on dénomme l’hallucination ? Et en quoi ceux-ci peuvent-ils se transformer en une certaine réalité ? Est-ce que l’amour peut prendre une place dans le monde surnaturel ? Quel rapport existe-il entre la folie et le mouvement surréaliste ? Quelle importance auront ces questions que se posent les deux littératures, française et persane ? et quelles correspondances existent entre elles ?
Cette recherche tente également de démontrer, comment Breton et Hedayat aient souhaité trouver le bonheur dans l’amour des personnages féminins.
Thèse de doctorat de M. Chahab Sarrafian sur le sujet suivant, le 15 juin 2016:
" Influence de la poésie moderne française sur la poésie moderne et contemporaine persane :Nâderpour, Honarmandi et Eslami-e Nodouchane".
Jury:
Prof. Michèle Finck ( dir. Université de Strasbourg )
Prof. H. Beikbaghban ( Université de Strasbourg ).
Prof. Christine Dupouy Université de Tours)
Prof. Sophie Guermès ( Université de Brest )
La séance était publique.
Dans cette thèse de littérature comparée nous avons essayé de montrer l’influence de la poésie moderne française issue de Baudelaire sur trois poètes contemporains : Nâder Nâderpour, Hassan Honarmandi et Mohammad Ali Eslâmi-e Nodouchane. Ils ont fait tous les trois leurs études à la Sorbonne.
Depuis la période dite Machroutiat (ou monarchie constitutionnelle) des poètes modernes comme Nimâ ont écrit des poèmes en vers libres sur le modèle français. Les Iraniens, toujours attachés aux formes classiques, n’aimaient pas les vers libres. Le rôle de ces trois poètes a été de préparer le terrain pour que le lectorat persan accepte le vers libre. Ces poètes sont définis comme des poètes semi-traditionnels et en prenant des thèmes et des images puisés dans la poésie moderne française, ils ont œuvré pour que le vers libre soit bien apprécié en Iran. Ils ont choisi, dans la plupart de leurs œuvres, les quatrains continus qui sont une forme à mi-chemin entre les formes classiques et le vers libre. En choisissant les quatrains continus, ils ont essayé d’utiliser les thèmes et les images qui viennent principalement de la poésie de Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Valéry, Prévert….
Ces poètes sont considérés comme un « pont » par lequel les Iraniens passent de la poésie classique à la poésie moderne persane.
Ils ont parfois fait des changements dans la disposition des rimes sur le modèle français.
Parfois aussi ils ont intégré des tercets, des quintils ou des sizains dans leurs quatrains, ce qui peut être considéré comme une autre influence française. C’est la première fois que ces trois auteurs iraniens font l’objet d’une telle étude comparée qui propose en annexe un dossier de traductions inédites.
Du corps au texte: écrits des danseuses modernes du début du XXe siècle, thèse de doctorat de littérature comparée de M. Lucas Serol, soutenue le 4 décembre 2023, sous la direction de Guy Ducrey. Sujet déposé en 2017, durée de la thèse: 6 ans.
Jury:
– Mme Hélène LAPLACE-CLAVERIE (Professeure, université de Pau et des Pays de l’Adour)
– Mme Claudia PALAZZOLO, Maîtresse de conférence, université Lumière-Lyon 2
– M. Stefano GENETTI, Professeur associé, université de Vérone
– Mme Tatiana VICTOROFF, Maîtresse de conférence, université de Strasbourg
Résumé
Résumé
En nous intéressant aux écrits des danseuses du début de la modernité chorégraphique (la Modern Dance états-unienne, l’Ausdruckstanz allemande, et les Ballets russes), nous cherchons à déceler les spécificités d’une écriture de danseuse, distincte de l’écriture de la danse par les écrivains. Leurs autobiographies et textes théoriques sont un moyen pour elles de préciser leur conception de la danse, et de l’inscrire dans le temps. Nous interrogeons la figure de la danseuse-écrivaine, en étudiant le passage du corps dansant au texte. Pourquoi les danseuses écrivent-elles ? Comment la danse se traduit-elle en mots sous la plume des artistes ? Quelle est la place du corps dans le procédé de rédaction, et par extension dans la lecture ? Il s’agit en somme de réfléchir à une réception littéraire des écrits de danseuses.
Mots-clés : littérature ; danse ; écriture ; modernité ; danseuse ; intermédialité ; interartialité ; Modern Dance ; Ausdruckstanz ; Ballets Russes ; autobiographie ; théorie
Résumé en anglais
Through a study of the writings of dancers from the early choreographic modernity (the American Modern Dance, the German Ausdruckstanz, and the Ballets Russes), we seek to detect the specificities of a dancer's writing, different from the writing of dance by writers. The artists' texts – autobiographies and theoretical texts – enable them to clarify their conception of dance, and to inscribe it in time. We then question the figure of the dancer-writer, by studying the transition from the dancing body to the text. Why do dancers write? How is dance translated into words by artists? What is the place of the body in the writing process, and by extension in reading? In short, it is about thinking of a literary reception of the writings of dancers.
Keywords : literature ; dance ; writing ; modernity ; dancer ; intermediality ; interartiality ; Modern Dance ; Ausdruckstanz ; Ballets Russes ; autobiography ; theory
L’expérience musicale dans les œuvres de Pascal Quignard et de Gert Jonke : l’écriture face au risque de la musique, sous la direction de Mme le Professeur Michèle Finck, soutenue en décembre 2005.
Cette thèse a eu pour point de départ un certain nombre de questions : est-il possible de parler, d’écrire véritablement sur la musique, de la traduire avec des mots, de restituer l’expérience esthétique à laquelle elle ouvre ? Et, d’autre part, a-t-elle encore le statut de modèle et quels enjeux soulève-t-elle, d’un point de vue littéraire, pour des écrivains contemporains ? Par ce travail, nous souhaitions également voir dans quelle mesure la littérature peut dire la musique autrement que ne peut le faire la psychanalyse, la philosophie et la musicologie. En effet, lorsqu’on souhaite s’appuyer sur des modèles théoriques, on s’aperçoit que l’art musical suscite, que ce soit chez les philosophes – hormis quelques notables exceptions – ou dans le discours psychanalytique, à commencer par son fondateur, Freud, viennois se déclarant de manière surprenante « absolument non musicien », une certaine gêne, un malaise, une difficulté à élaborer un discours conceptuel. C’est en partant de ce questionnement, et en envisageant les œuvres de deux écrivains de la même génération, Gert Jonke et Pascal Quignard, que notre travail de thèse a cherché à réévaluer les frontières respectives de la musique et de la littérature. Pour ce faire, nous avons défini la présence musicale comme expérience, au sens étymologique du terme : ex-periri, soit la traversée d’un danger. Car si la musique peut apparaître comme une promesse, ouvrant des territoires nouveaux et inouïs pour l’écrivain qui compose, pour sa part, avec la langue, elle le met aussi au risque de son défaut de langage, au risque de la mutité.
La réception de Brecht en Afrique chez Wole Soyinka, Alioum Fantouré et Ngugi wa Thiong'o, thèse de doctorat soutenue le 15 juin 2006 (Dir. Prof. Guy Ducrey)
L'Institut de littérature comparée et son groupe de recherches L'Europe des lettres sont heureux d'annoncer que Mme Liza Steiner a soutenu sa thèse le 28 juin 2016 de 13h à 17h sur le sujet
Échos sadiens dans la littérature contemporaine : énoncé d'une nouvelle économie politique
Jury: Mme Florence Lotterie (Professeur, Université Paris Denis-Diderot)
M. Emmanuel Bouju (Professeur, Université de Rennes)
Mme Nathalie Prince (Professeur, Université du Maine)
M. Patrick Werly (Maître de conférences HDR, Université de Strasbourg)
M. Guy Ducrey (Professeur Université de Strasbourg).
Thèse de doctorat sous la direction du Professeur Guy Ducrey commencée en novembre 2009
Depuis sa récente réhabilitation, l'oeuvre de Sade ne cesse de susciter nombre d'interrogations, de commentaires ou d'examens critiques d'autant plus discordants qu'ils peinent à rendre de manière dépassionnée toutes les singularités de cette œuvre. Cette thèse a pour point de départ un certain nombre d'interrogations : pourquoi un tel engouement pour le Marquis de Sade ? Peut-il exister un univers sadien aujourd'hui ? Et quel serait le sens de cette nouvelle parole libertine ? En effet, la « publicité » du libertinage contemporain a désormais envahi la culture occidentale et les références à l’œuvre de Sade se multiplient. Mais la réactualisation des schèmes du libertinage dans nombre d'oeuvres contemporaines s'accompagne d'une redéfinition des passions et de leur écriture au cœur même de la fiction. Mon étude prend comme point de départ les œuvres de Henry Miller, de Pierre Guyotat et de Peter Weiss, mais l’horizon de ce travail sera la production littéraire contemporaine. Ma problématique est axée sur les références explicites ou implicites à Sade ainsi que sur les enjeux de la réactivation des motifs du libertinage sadien dans une perspective démocratique. En effet, nous pouvons nous interroger sur les modalités et les protocoles de lecture de l’écriture libertine contemporaine. Mais il s’agit également de questionner l’esthétique de la représentation du libertinage ainsi que les nouveaux rapports établis avec les normes tracées par les institutions.
Sade-Houellebecq, du boudoir au sex-shop, Paris, L'Harmattan, 2009
Les œuvres de ces deux écrivains présentent de nombreux points de convergence et la confrontation de ces deux univers permet d'enrichir à la fois la lecture de l'oeuvre de Michel Houellebecq, mais également celle du Marquis de Sade. Ils présentent tous deux un discours critique sur la modernité. De plus l’hypothèse surgie de la scène sadienne alliant sexualité et économie se retrouve dans les romans houellebecquiens. Mais l’analyse de la crise de la société démocratique révèle des projets d’écriture extrêmement différents. En effet, de la posture hautement élitaire des libertins sadiens à la démocratisation de toutes les pratiques sexuelles envisageables se joue une véritable mutation des rapports sociaux. Ce travail s’est articulé autour de trois axes : en premier lieu, l’impossibilité du libertinage dans la société contemporaine, puis la crise démocratique et la modification des représentations sociales, et enfin l’écriture et les dispositifs romanesques permettant d’interroger les limites de la fiction.
Publications :
Essai : Sade – Houellebecq, du boudoir au sex-shop, éditions L’Harmattan, Paris, 2009
⁃ « Du boudoir au sex-shop : l’écriture de la crise démocratique à travers la confrontation Sade-Houellebecq » in Michel Houellebecq à la une, sous la dir. De M. L. Clément et S. Van Wesemael, Editions Rodopi, 2011
Communications :
⁃ « Pierre Guyotat ou l’engrenage prostitutionnel de la langue » : communication effectuée lors du colloque international intitulé Le malaise existentiel dans le roman français de l’extrême contemporain, qui s’est déroulé à l’Université d’Amsterdam fin octobre 2008.
⁃ « Le modèle sadien à l'horizon de la littérature contemporaine : enjeux et paradoxes » : communication présentée dans le cadre des séances de travail du groupe de recherches en Littérature Comparée, L'Europe des Lettres, UDS, 10 février 2011
⁃ « L'extrême littéraire à l'ombre du Divin Marquis : Millet, Jelinek, Skorecki, Ellis » : communication effectuée lors du colloque international organisé par l'University of London Institute of Paris, le 3 juin 2011
Le rire et la mélancolie dans les romans de Milan Kundera, sous la direction du Professeur Pascal Dethurens, commencée en 2007, soutenue le 3 mai 2013.
Jury: Prof. Florence Fix (Présidente); Prof. Luc Fraisse (université de Strasbourg), Prof. Catherine Douzou (Université de Tours), Prof. Pascal Dethurens (directeur de la thèse).
Le rire et la mélancolie constituent l'ambiance dominante des romans de Milan Kundera. Ce sont les deux faces de son attitude vis-à-vis du narcissisme de l'homme reflété par ses personnages. Comme Narcisse, l'homme n'est jamais celui pour qui il se prend. Le narrateur présente cette vision kundérienne de l'homme, en racontant le comique et la misère des personnages. Comme le vécu de Kundera se reflète dans les situations des personnages, ce narrateur assume d'un côté une fonction d'autocritique. Mais d'un autre côté, ce narrateur reflète également le romancier, en prenant jusqu'au nom même de Kundera, et présente son image du romancier que croit être Kundera. Ainsi, Kundera lui-même n'est pas non plus hors de l'emprise narcissique. Néanmoins, le roman est le seul espace qui lui permet de méditer sa subjectivité narcissique en la relativisant. Pour Kundera, le roman permet d'échapper momentanément à la condition de Narcisse, grâce au jeu solitaire et sérieux de l'écriture dans les marges de l'hypothèse.
Assistant au département de littérature française de l'Université du Luxembourg, membre du Collège doctoral européen de Strasbourg (promotion 2010)
Paysages silencieux dans le roman réaliste (1850-1900), sous la direction du Professeur Guy DUCREY et du Professeur Frank WILHELM, thèse soutenue le 15 novembre 2013 à l'université du Luxembourg devant un jury composé de Mmes et MM les Professeurs
Sylvie Freyermuth (université du Luxembourg, présidente)
Eléonore Reverzy (université de Strasbourg)
Frank Wilhelm (université du Luxembourg, co-directeur)
Guy Ducrey (université de Strasbourg, co-directeur)
Denis Bertrand (université de Paris 8)
Jean-Louis Haquette (université de Reims)
Le silence dans son acception première, refus ou impossibilité de la parole, ouvre un vaste réservoir d’études littéraires et critiques. L’intérêt pour le mutisme résulte dans son association avec d’autres champs thématiques comme celui du secret, de l’innommable ou de l’indicible. En l’occurrence, ce travail propose l’étude du silence dans son sens analogique signifiant l’absence de bruit, Stille en allemand, et des descriptions qui en sont faites dans un corpus de romans réalistes de la seconde moitié du XIXe siècle. Dans la description réaliste d’un paysage ou d’un objet, le silence apparaît souvent somme un simple accident textuel, un détail passant fréquemment inaperçu. À s’y attarder, on s’étonne cependant des possibilités sémantiques qui émergent de la simple inscription du mot silence dans une séquence textuelle. Force est de constater que ces descriptions se caractérisent le plus souvent par leur tonalité poétique et romantique. Nous proposons donc, dans une perspective comparatiste, de relever certaines constantes et spécificités quant à la description du motif silence, mais également d’aborder les questionnements esthétiques et poétiques posés par cette description problématique.
Michel Leiris et Charles Juliet devant la peinture: l'ouverture à soi et à l'autre.
Thèse de doctorat en littérature comparée, soutenue le 19 novembre 2021, sous la direction de Michèle Finck.
Jury: Sophie Guermes ( présidente)
Françoise Nicol
Patrick Werly
Michèle Finck (directrice)
Sujet déposé en septembre 2017 (4 ans).
De la recherche de soi à la découverte de l’autre, ainsi vont les parcours littéraires de Michel Leiris et Charles Juliet. Nous avons choisi d’étudier cette traversée de l’intime à travers l’angle des amitiés profondes et multiples qu’ont tissées les deux écrivains avec des artistes. Aussi, notre travail essaiera de voir comment Michel Leiris et Charles Juliet se sont nourris de l’art sous toutes ses formes d’expression et comment l’œuvre de ces poètes s’intègrent et font écho aux œuvres artistiques. Surtout, nous voudrions montrer que le contact avec les arts les a aidés non seulement à voir, mais surtout à vivre. Car l’apprentissage de la vie, et donc de l’écriture – puisque que vivre n’allait pas sans écrire chez Leiris et Juliet – s’est fait, en partie, grâce à l’apprentissage du regard. Il faudra montrer comment voir, dire et vivre sont intrinsèquement liés au sein du parcours personnel et littéraire de ces deux hommes. Le regard et le verbe se touchent et se reflètent dans le miroir de l’être, se confrontent et s’épaulent dans la vie comme dans l’écriture. La balance entre la visibilité et la lisibilité est toujours en quête d’équilibre. C’est lorsque le point d’accord et de stabilité est atteint que l’être réussit à trouver la sérénité.
Dans un premier temps, nous étudierons les parcours et amitiés spécifiques de Leiris et Juliet avec des artistes : celles de Michel Leiris avec André Masson, Joan Miró, Pablo Picasso ou Giacometti ; celles de Charles Juliet avec Van Gogh, Cézanne, Bram van Velde, ou encore Fabienne Verdier. Cela nous permettra de comprendre comment leur identité s’est constituée auprès d’eux. Il s’agit pour Leiris et Juliet d’apprendre à vivre au contact de l’autre et de dépasser la souffrance et la solitude, lesquelles sont au centre de leurs parcours et de leurs œuvres. En effet, ces thématiques sont des éléments clefs pour comprendre les liens qui rapprochent les deux écrivains aux artistes, et aussi pourquoi ceux-ci ont recherché l’amitié de leurs pairs créateurs. Puis, nous nous consacrerons à la question essentielle chez Leiris et Juliet : la quête d’une voix, éminemment liée à l’apprentissage du regard. Chacun d’eux se confrontent à la question du langage, et le regard devient l’instrument par lequel ils parviennent à sortir des impasses linguistiques. En effet, nous remarquons chez Leiris et Juliet une certaine défiance envers le langage ou, du moins, une relation contrariée avec celui-ci. Ils se tournent alors vers un autre modèle de langue : celui de l’art pictural et sculpté. Enfin, nous nous plongerons dans les ouvrages collaboratifs de Leiris et Juliet avec des artistes. Ces livres se révèlent être l’accomplissement d’un rêve, celui d’êtres qui s’ouvrent aux autres en même temps qu’à eux-mêmes, et aussi le couronnement d’une communion entre les arts. Avec ces œuvres, nous assistons à la fusion de la voix et du regard, du silence et de la parole, de l’être avec la vie.
Aussi, l’objectif principal de notre thèse consistera à découvrir comment Michel Leiris et Charles Juliet se sont construits auprès de l’art et comment leurs œuvres s’intègrent et font échos aux œuvres artistiques. Entre édification personnelle et découverte de l’autre, l’étude de leurs œuvres nous amènera à effectuer un mouvement de l’intime vers l’extime, c’est-à-dire que nous serons amenés à nous pencher non seulement sur leur production littéraire relevant du genre autobiographique mais aussi sur leurs travaux de dialogue. Ce dialogisme nous l’entretiendront également en élargissant nos recherches à un corpus secondaires d’auteurs, tels que Yves Peyré, Yves Bonnefoy, René Char ou encore André du Bouchet qui viendront entrouvrir des portes dans l’étude des liens et correspondances qui existent entre ces deux mondes, si proches et si lointains, que sont la littérature et la peinture.
Ainsi, nous montrerons que ce sont pour des raisons esthétiques, mais surtout pour des raisons personnelles, que Michel Leiris et Charles Juliet se sont senti proches de certains artistes. Esthétique et éthique, aussi bien que leurs cheminements personnels, font écho aux travaux des artistes qu’ils aiment et qu’ils ont pu rencontrer. C’est pour cela que, depuis leurs premiers écrits, Leiris et Juliet n’ont cessé de s’inspirer du travail et du parcours des artistes, afin de mieux comprendre et définir leurs propres démarches poétiques, de mieux parvenir à effectuer leurs quêtes personnelles. Cependant, l’amour de l’art leirisien et julietien n’est en aucun cas un amour égoïste réducteur et autocentré : c’est d’abord un amour de la vie, de la naissance de l’être, de l’espoir et donc du déploiement vers l’immense.
Bibliographie sélective :
Leiris Michel, L’âge d’homme ; précédé de De la littérature considérée comme une tauromachie, Paris, France, Gallimard, 1973.
Leiris Michel, La règle du jeu, Denis Hollier (éd.), Paris, France, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléïade », 2003.
Leiris Michel, Brisées, Paris, France, Gallimard, 1992.
Leiris Michel, Journal 1922-1989, Jean Jamin (éd.), Paris, France, Gallimard, 1992, 1992.
Leiris Michel et Masson André, Simulacre, Paris, éd. de la Galerie Simon, 1925
Leiris Michel, André Masson et Joan Miró, Glossaire j’y serre mes gloses ; suivi de Bagatelles végétales, Paris, France, Gallimard, 2014.
Leiris Michel et Giacometti Alberto, Vivantes cendres, innommées, Paris, éd. Jean Hugues, 1956
Juliet Charles, Ténèbres en terre froide: Journal I, 1957-1964, Paris, France, P.O.L., impr. 2000, 2000.
Juliet Charles, À voix basse, Paris, France, P.O.L., DL 1997, 1997.
Juliet Charles, Ce pays du silence, Paris, France, P.O.L, 1992.
Juliet Charles et Asse Geneviève, Une lointaine lueur, Saint-Clément, France, Fata Morgana, 1992.
Juliet Charles et Van Velde Bram, Au long de la spirale, Paris, France, Maeght, 1975.
Juliet Charles et Bang Hai Ja, Une joie secrète, Kwŏn-haeng Ch’oe (trad.), Montélimar, France, Voix d’encre, 2007.
Élise Tourte, docteure en philosophie et littérature, Université de Strasbourg, 2021
chargée de cours en esthétique à la Faculté de philosophie de Strasbourg
conférencière à l’ESA Saint-Luc à Tournai (Belgique)
- Croisements entre littérature & philosophie
- Poésie moderne & contemporaine
- Esthétique de la littérature
- Recherche-création
- Figures animales dans la poésie contemporaine
«"Face à ce qui se dérobe" : figures de la distance dans l'œuvre d'Henri Michaux » : Thèse de philosophie et littérature, soutenue le 16 septembre 2021, de 14h00 à 18h00 dans l'amphithéâtre du Collège doctoral européen - dirigée par Jacob Rogozinski et Patrick Werly, et soutenue devant un jury composé de :
Mme Céline FLÉCHEUX - Maître de conférences HDR en Philosophie - Université Paris Diderot
Mme Alice GODFROY - Maître de conférences en danse - Université Côte d'Azur
Mme Marielle MACÉ - Directrice de recherche CNRS - Directrice d'études EHESS en Littérature
M. Alain MILON - Professeur en Philosophie - Université Paris Nanterre
M. Jacob ROGOZINSKI - Professeur en Philosophie - Université de Strasbourg
M. Patrick WERLY - Maître de conférences HDR en Littérature - Université de Strasbourg
« ‘Face à ce qui se dérobe’ : figures de la distance dans l’œuvre d’Henri Michaux », sous la direction de Patrick Werly (Configurations littéraires, EA 1337) et Jacob Rogozinski (CRePhAC, UR 2326)
Découpé en cinq moments qui sont autant de façons de phraser la distance, ce travail s’attache à comprendre comment ce concept philosophique est figuré dans l’œuvre. Ce faisant, il s’intéresse à la manière dont une écriture littéraire peut dramatiser le conceptuel. Il s’agit d’abord d’éclairer la distance que HM établit pour se préserver du contact avec un dehors éprouvé comme collant et gênant. Les postures de distance avaient pour but de se dérober mais se retournent contre celui qui les a mises en œuvre, par la dérobée. Cette doublure de la présence qui la soupçonnait conduit à une absence douloureuse. À rebours de l’interprétation habituelle, nous lisons dans les textes de drogue la poursuite d’une quête opiniâtre de la distance, une obsession du contrôle, notamment par la dévaluation de l’expérience et par la lutte épique contre le gouffre. Finalement, ce n’est pas chronologiquement mais plutôt de façon stratifiée que le lien évolue, les moments se déployant et se recouvrant les uns les autres, et le sujet ménageant la distance et la proximité dans une forme de fidélité fluente.
Prix de thèse de l’ED 520 des Humanités, Université de Strasbourg (2021)
La représentation du paradis dans la littérature européenne d’Homère à Milton : Le sacré, le profane, et le poète, sous la direction du Professeur Pascal Dethurens.Thèse soutenue le 17 octobre 2009 devant l’Université de Strasbourg.
Le corpus choisi pour cette étude, dix textes du domaine culturel européen et appartenant à ce que l’on nomme de nos jours la littérature, qui offrent une représentation du concept « paradis » avec sa dimension du sacré, reçus comme tels dans le contexte de leur écriture mais encore actuellement plus ou moins complètement, était étalé dans le temps, depuis un extrait de L’Odyssée jusqu’au Paradis perdu. On pouvait s’attendre, du fait de la diversité des contextes, en particulier de celle des systèmes métaphysiques contemporains des auteurs, à constater la disparité de ces représentations et de leur poétique. Or elles révèlent la permanence du concept malgré quelques évolutions : il est donné dans tous les textes pour une réalité sacrée et ce caractère s’affirme de plus en plus avec l’évolution de l’histoire ; en même temps il est toujours source du bonheur véritable et ce bonheur promis est de plus en plus complet et de plus en plus accessible à celui qui le mérite. Mais sa transmission, opérée à l’aune de catégories du monde profane, espace, temps, politique du vivant, et réalisée particulièrement par les images décrites, toujours effectuée par l’utilisation d’un monde profane, donc connu, néanmoins idéalisé, et par le recours au surnaturel emprunté ou inventé par l’auteur, donne une place de plus en plus grande à ce surnaturel ; et simultanément la représentation est de plus en plus reconnue et assumée comme seulement métaphorique quand elle n’est pas, même, avouée impossible, et tue.
Ainsi ces dix textes, seulement tentatives de la représentation du paradis, se sont-ils avérés des créations poétiques, exemplaires et exceptionnelles, parce que leurs auteurs ont réussi en même temps à respecter plus ou moins complètement un système métaphysique, et toujours reçues comme révélatrices du concept paradis parce qu’elles suggèrent aussi, outre le sacré, la réalisation de désirs essentiels de l’homme de tout temps, et parce qu’elles offrent des images qui correspondent à des critères de la beauté toujours perceptibles par chacun, en dehors des modes et de l’histoire. L’évolution de leur écriture fait d’autre part prévoir et attendre de la part du « poète » qu’il invente de nouvelles formes de la représentation du paradis, ainsi, par exemple, déjà présentes dans la littérature contemporaine l’allusion, la suggestion, toutes invites au lecteur à qui est délégué le pouvoir de « remplir les espaces vides »[1].
Les représentations littéraires de la contagion chez Thomas Mann, Albert Camus, Gabriel García Márquez et Philip Roth, thèse de doctorat de littérature comparée sous la direction du Prof. Pascal Dethurens, sujet déposé en septembre 2013, thèse soutenue le 27 novembre 2018.
Sous la direction du professeur Pascal Dethurens, la thèse a pour titre :
De la maladie contagieuse à la fin des temps dans La Montagne magique, La Peste, L’amour aux temps du choléra et Némésis.
La soutenance, publique, s'est déroulée le mardi 27 novembre 2018 à partir de 9 h, à l’amphithéâtre Alain Beretz (Nouveau Patio).
Le jury était composé de
Résumé :
La présente thèse de doctorat examine la manière dont la maladie contagieuse sert de métaphore à la crise. Au niveau individuel, on démontre le rôle actif de chacun face à la maladie, puisque tant les médecins que les malades font appel à l’inventivité afin de lutter contre le fléau. Au niveau social, on prouve que la contagion sert d’argument pour stigmatiser et discriminer l’Autre que l’on considère comme menaçant. Au niveau politique, on souligne l’importance d’un compromis individuel et collectif dans la gestion des risques car les fictions illustrent les effets catastrophiques lorsque les États sont incapables d’assurer la protection de la santé des populations.
Le Caractère destructeur de l'art: Musiques et Performances des Avant-Gardes autour des deux conflits mondiaux,
thèse de doctorat sous la direction du Prof. Pascal Dethurens, sujet déposé en septembre 2012, en cotutelle avec l'université de Heidelberg. Soutenue en juin 2018.
Cette thèse se présente comme un travail transdisciplinaire, unissant des sujets et aspects méthodiques de la littérature comparée et de la musicologie.Dans ce travail de recherche, il sera question des manifestes d'avant-gardes du début du 20ème siècle ainsi que de leur influences esthétiques sur la musique et la performance, à savoir le théâtre, les « Soirées » des avant-gardistes, l'activisme politique. En ce qui concerne le corpus de mon projet, j'utiliserai les textes (manifestes, littéraires), les compositions et les témoignages de représentations théâtrales, écrits par des figures principales du futurisme, dadaïsme et surréalisme de la France, de l'Allemagne, de l'Italie, de la Russie, du Portugal et de la Suisse. Ceux-ci seront traités en fonction de leur pertinence vis-à-vis de la question de la destruction et de la violence dans l'art.
Il s'agira de démontrer comment s'est développée une dynamique destructrice dans le caractère, la rhétorique et dans l'activisme artistique de la période de l'Entre-deux-guerres dans toute l'Europe, à partir des pays cités ci-dessus.
Dans ce travail, j'étudierai trois formes d'expression différentes : la littérature, la musique et la performance. Le choix d'auteurs de manifestes s'explique par la pertinence de leur rôle au sein des différents mouvements d'avant-gardes de cette époque. Les textes littéraires ont été choisi selon leur contenu, leur expression et rhétorique destructeur, mais aussi selon des critères esthétiques, notamment l'harmonie entre la forme, le style et le contenu, ainsi que la réception posthume.
J'analyserai au début les manifestes et les textes les plus polémiques en fonction de leur esprit novateur et leur portée esthétique et sociale. Il s'agit des écrits de F. T. Marinetti, L. Russolo, F. B. Pratella, T. Tzara, G. Apollinaire, A. Breton, de la poésie de F. Pessoa et son « hétéronyme » Álvaro de Campos, les poèmes de V. Maïakovski, ainsi que les opinions de A. Artaud sur le théâtre.
Dans la partie consacrée à la musique, trois systèmes de composition avant-gardiste seront analysés : la poésie sonore, durchkomponiert, dans la Ursonate de K. Schwitters. Puis, les compositions de É. Satie, spécialement Parade, vues à travers le prisme de son époque et son patrimoine musical chargé, seront discutées. Nous mettrons en relief la manière autonome dont Satie compose pendant ces années d'avant-gardisme omniprésent. Il sera par ailleurs question des idées de F. Pratella, F. Casavola et L. Russolo en ce qui concerne l'orchestre futuriste, ainsi que l'analyse de certaines de leurs œuvres, par exemple les Futurlieder de Casavola.
Le troisième champ thématique englobe les différents types d'expression que l'on regroupe aujourd'hui sous la notion de performance. En plus des lieux de représentation les plus communs, comme les théâtres, les cabarets, les cafés et le cirque, il sera intéressant d'examiner des lieux alternatifs comme les maisons privées où se déroulent les « Soirées » artistiques. En outre, la mise en scène du corps humain et son potentiel performatif feront partie de ce champ thématique. Dans « L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique », W. Benjamin souligne le rôle de l'individu dans des conflits armés ainsi que la dissolution de l'individu dans la masse, qui, elle-même, agira de manière autonome et surtout auto-destructrice.
La rue, pour finir, se présente comme lieu de rencontre pour la population des villes modernes, souvent citées dans les manifestes et textes étudiés. En tant qu'utopie urbaine, la rue offre un espace d'expression artistique et politique idéal. Pour illustrer ce rôle, nous traiterons des manifestations futuristes du nord de l'Italie (par exemple Milan, Trieste) vers 1909 et 1910 ainsi que des tentatives de mobilisation politique des surréalistes.
« Il faudra quand même essayer de ne pas le construire » : le communisme sauvage de Marguerite Duras, thèse rédigée en cotutelle sous la direction de Patrick Werly à l'Université de Strasbourg et de Jean-François Hamel à l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et soutenue le vendredi 12 janvier 2024, à 15 heures, dans l'amphithéâtre du Collège Doctoral Européen (46 boulevard de la Victoire) à l'Université de Strasbourg.
Jury:
- Jean-François Hamel, codirecteur, Professeur en Etudes littéraires, UQAM
- Patrick Werly, codirecteur, MCF HDR, Université de Strasbourg, Configurations littéraires
- Florence de Chalonge, Professeure de Littérature française, Université de Lille, rapporteure
- Sylvano Santini, Professeur en Etudes littéraires, UQAM, rapporteur
- Julien Lefort-Favreau, Associate Professor, French Studies, Queen’s University (Kingston, Ontario)
- Daniel Payot, Professeur émérite en Philosophie de l’art, Université de Strasbourg, ACCRA
L’écrivaine Marguerite Duras a témoigné tout au long de son œuvre et de ses engagements d’une passion pour le communisme. En 1944, elle adhère au Parti communiste français, dans l’euphorie des premiers signes de la libération, suivie par ses compagnons Robert Antelme et Dionys Mascolo. « On est devenus fous de communisme », dira-t-elle rétrospectivement. En 1950, elle sera exclue du Parti, notamment pour dissidence par rapport à la ligne culturelle et littéraire. Mais elle ne cessera jamais de se revendiquer de l’exigence communiste, et même après la chute de l’Union soviétique, elle dira encore en 1993, étrangement : « Je voudrais me réinscrire au P. C. ». En même temps, sa conception du communisme n’a jamais eu grand-chose à voir avec le communisme étatique russe : elle rêvait d’un communisme qu’il faudra « essayer de ne pas construire », un communisme « sauvage » et utopique, dont la venue demande autant de contemplation que d’action, autant d’échec que de réussite, dans la mesure où la première chose à faire est de refuser la dualité des valeurs qui régissent le monde comme il est : autrement dit, de refuser l’effacement du « lieu sauvage de sa propre contradiction que le vrai communiste aura toujours en soi ». Pour mieux le comprendre, cette thèse propose de lire le rêve d’un « communisme sauvage » dont on trouve de nombreuses traces chez Marguerite Duras dans la lignée du romantisme révolutionnaire, qu’ont contribué à définir Michael Löwy et Robert Sayre, comme mouvement qui va à contre-courant de la modernité tout en cherchant à expérimenter un avenir encore inconnu. Ainsi s’agira-t-il à la fois de prêter attention à la singularité profonde de l’œuvre de Marguerite Duras, et de l’inscrire dans le sillage de celles et ceux qui avant elle ont également frayé leur voie à la croisée de l’espoir et du désespoir, comme Walter Benjamin ou Rosa Luxemburg, mais aussi ses amis du groupe de la rue Saint-Benoît, Georges Bataille ou Maurice Blanchot.
Myths of the Jew and their English response in the nineteenth-century French, English and German novel
Co-tutelle University of Kent and University of Strasbourg
Beginning: September 2011
End: December 2016
Supervisors: Prof. Pascal Dethurens (Strasbourg), Dr. Axel Staehler (Kent), Prof. Shane Weller (Kent)
Thèse de doctorat soutenue le 19 janvier 2017 à l'université de Strasbourg. Jury: Prof. Pascal Dethurens (Strasbourg), Dr. Axel Staehler (Kent), Prof. Larry Duffy (Kent), Prof. Karl Zieger (Université de Lille)
This thesis aims to explore the various representations of Jewish characters in the nineteenth-century French, English and German novel. The use of myth is particularly well-suited because it allows to travel through space and time. Most characters can be ranged into three main myths, which are linked to each other through their supernatural element: Jesus Christ. I have taken as the definition of myth the original Greek mythos, which is a story with a supernatural element.
In all novels authors use their Jewish character to express their anxieties towards their constantly changing society. They also keep oscillating between Philo- and Anti-Semitism, which demonstrates that they do not know what it feels like to be a Jew in nineteenth-century Europe. They rely on the three myths, these black holes of artistic, literary and religious data, accumulated for eighteen centuries. Their version of each myth remains more poesis than mimesis.
The final part of this thesis is dedicated to English, French and German Jewish authors, who were confronted to these three myths and decided to write stories, re-enacting them. Their novels or novellas will show how they interpreted these myths, and what they added to the depiction of their Jewish character.
This thesis is a dialogue between Christianity and Judaism, between three European cultures and between religion and literature and art.
« Le don et l’hospitalité dans la poésie d’Yves BONNEFOY », thèse de doctorat sous la direction de M. Patrick WERLY, sujet déposé en septembre 2017.
Le sujet de notre thèse porte sur deux actes constitutifs de la poésie d’Yves Bonnefoy : le don et l’hospitalité. Notre intérêt pour ce sujet réside en la présence de la pensée considérable d’Emmanuel Lévinas et de Jacques Derrida concernant le don et l’hospitalité. Réunir au long de notre thèse les trois penseurs Emmanuel Lévinas, Jacques Derrida et Yves Bonnefoy, est, pour nous lecteurs, une liaison dangereuse mais capitale pour l’étude de ce sujet. De plus, c’est à partir d’un corpus déterminé que nous étudierons la portée de notre sujet quant à la poésie contemporaine. Les principaux livres de poésie d’Yves Bonnefoy à savoir, ses quatre recueils regroupés dans Poèmes (1982), Ce qui fut sans lumière (1987), Début et fin de la neige (1991), Les Planches courbes (2001), L’Heure présente (2011), Raturer outre (2009) et son dernier recueil Ensemble encore (2016) ; constituent notre corpus. Nous nous appuierons également sur une édition critique de l’œuvre poétique de Bonnefoy qui paraîtra à la Pléiade en 2018.
Le don, acte originairement divin, s’articule autour de trois instances : le donateur, le donné et le donataire. Jacques Derrida précise que pour qu’il y ait don, il faut que ce qui est donné ne doive pas revenir au donateur. Cela veut dire que le don s’annule dès qu’il y a présence d’échange ou d’un mouvement cyclique entre donateur et donataire. Ni reconnaissance ni remerciement ne doivent s’en suivre. De cette brève définition radicale du don chez Derrida, la poésie de Bonnefoy préserve le don divin, celui de la création, en tant qu’existence des êtres et du monde. Sa poésie de la présence donne l’être-là, ou ce qu’il appelle « l’objet sensible », et l’existence à ce qui au préalable n’était qu’un concept. Un geste gratuit de la part du poète qui n’exige pas de contrepartie et qui n’espère, au contraire, que donner au lecteur à voir et à vivre la présence ou « une réalité comme jamais on n'en verra deux fois ». Ce poète donateur accentue son acte en abandonnant son « chant, [son] bien unique » pour l’autre. Sacrifice et salut seront par conséquent l’un des faits irrévocables de sa poésie.
Le don d’accueil ou l’hospitalité nous amène à considérer le poème comme une demeure ouverte à l’être et au monde. Une fenêtre entrouverte qui espère l’approche de l’être ou un seuil de maison qui garde les traces des empreintes des passants. Et telle une main tendue à l’autre, le poème l’accueille et le reçoit. Yves Bonnefoy offre, suivant cela, un poème bâti ou construit en tant que lieu d’habitation. Une lampe, un peu de feu et une table restaurent l’acte d’hospitalité et créent cette poésie « éprise de la présence d’autrui, éveillée au mystère de la rencontre, de la conversation et de l’amour » comme le dit Jérôme Thélot à propos de la poésie de Bonnefoy. De plus, sa poésie se substitue à un geste d’hospitalité où la relation entre le poète et celui qu’il reçoit est fondée sur l’agapè, l’amitié (philia) ou l’éros. Conversation, dialogue, appel ou invocation ; le poème est essentiellement échange, un «appel lancé à autrui » dit-il dans Le Nuage rouge. L’hospitalité caractérise ainsi le projet poétique d’Yves Bonnefoy et laisse apparaître le poème comme « une invitation » voire, une vocation à autrui.
Ainsi, l’ampleur d’une relation telle que le don et l’hospitalité nous amène à nous demander : Dans quelle mesure le don et l’hospitalité chez Yves Bonnefoy peuvent-ils être analysés à partir de Lévinas et de Derrida ? De quelles manières, la poésie de Bonnefoy développe-t-elle, dans un souci poéthique majeur, une réflexion sur le don et l'hospitalité ? Nous tenterons de répondre à ces questions et à maintes autres avec l’appui d’un cadre théorique qui regroupera essentiellement l’approche philosophique, l’approche éthique et l’approche esthétique.
Limites du corps, textures du monde et perception de la matière en poésie
(Plath, Sexton, Graham, Lafleur, Lalonde, Biagini)
sous la direction de Michèle Finck (sujet déposé à l'automne 2022)
Ce projet de thèse entend questionner la façon dont, dans des œuvres poétiques publiées depuis les années 1960 jusqu’à nos jours aux États-Unis (Sylvia Plath, Anne Sexton, Jorie Graham), au Québec (Annie Lafleur, Catherine Lalonde) et en Italie (Elisa Biagini), un imaginaire de la matière et une écriture préoccupée par la définition de limites des corps et des objets permettent de penser un triple rapport à l’identité, à la perception et à la figuration poétique.
Les œuvres portées à l’étude partagent une sensibilité commune, une tendance à considérer à la fois le corps humain et le monde qui l’entoure en termes de textures, c’est-à-dire d’agencements de la matière, possédant des propriétés – lisses ou en relief, intègres ou endommagées, imperméables ou poreuses. Les objets sur lesquels se fixe l’attention poétique ne sont pas des objets évidents, possédant une forme fixe : le regard semble au contraire interroger la possibilité de leur délimitation et constituer un univers de substances en mouvement, se heurtant ou se traversant les unes les autres. Cette continuité matérielle problématise des dichotomies fondatrices entre l’intérieur et l’extérieur, le sujet et l’objet, et soulève donc des questions liées à la formation d’une identité, envisagée comme délimitation de soi et négociation avec une vulnérabilité fondamentale, autant qu’à la perception des objets du monde.
Comment se construit chez ces autrices l’image de la séparation, de la distinction, non seulement entre le sujet et ce qui l’entoure, mais entre les choses qu’il perçoit ? Comment cette coupure s’opère-t-elle, que ce soit par l’action de l’œil tranchant dans la substance du monde pour y délimiter des objets, par la réaction du corps vulnérable face à ce qui le menace, par la relation ambiguë à une matière débordante ? Quel est le statut de cette matière et dans quelle mesure son omniprésence témoigne-t-elle de la relation de l’écriture poétique à l’expérience du sensible ? Ce sont ces questions que nous nous proposerons de traiter, en abordant des œuvres poétiques de factures très différentes mais rendant compte, selon nous, d’un statut tout particulier de la matière.
« Yves Bonnefoy et la forme fixe, entre traduction et œuvre poétique »
Thèse de doctorat en cotutelle entre l’Université de Bergame et l’Université de Strasbourg, sous la direction de Fabio Scotto (Bergame) et Patrick Werly (Strasbourg), commencée à Bergame à la rentrée 2022.
Ce projet de thèse entend examiner l’adoption des formes fixes, et singulièrement de la forme du sonnet, par le poète français Yves Bonnefoy, dans la dernière phase de sa production littéraire, dans le but de répondre à la question posée par Patrick Labarthe au début de son article « Bonnefoy et le sonnet comme anamnèse » : « Pourquoi chez Yves Bonnefoy l'étrange revitalisation du sonnet dans les quinze dernières années de sa vie ? ». En effet, sera menée une étude comparative qui examinera les traductions des sonnets de Shakespeare, les traductions, plus récentes, des sonnets de Pétrarque et, enfin, la dernière phase de la production poétique de Bonnefoy, notamment la section Presque dix-neuf sonnets de La longue chaîne de l'ancre (2008) et le recueil Raturer outre (2010).
La réflexion de Bonnefoy sur la traduction, dérivant de sa réflexion sur l'acte poétique, a toujours promu l'importance tant des vers libres que des formes libres, un choix qui rend possible la pleine expérience poétique même dans l'acte de traduire et qui élève ainsi la traduction au rang de véritable poésie. Ce n'est toutefois qu'après avoir été confronté aux sonnets de Pétrarque, qu'il définit comme les œuvres-mères des sonnets de Shakespeare, que le poète se rétracte et choisit d’employer les formes fixes dont il défend désormais l’importance. C'est en effet après avoir travaillé sur les sonnets du Canzoniere qu'il décide de retraduire les sonnets shakespeariens, prenant ainsi ses distances avec les versions précédentes qu'il définit alors comme « illégitimes ».
Si, aux yeux de Bonnefoy, le sonnet était initialement une contrainte formelle qui pouvait être séparée de son contenu, l’étude des poèmes du Canzoniere a suscité chez lui une prise en considération nouvelle de la combinaison de la forme et du sens inhérente aux formes fixes. Cet exemple montre clairement le travail permanent que le poète a toujours exercé sur sa pensée, s'autorisant des évolutions, des changements et des remises en question continuels visant à de nouvelles expériences artistiques. D'ailleurs, pour Bonnefoy la pratique de la traduction constitue non seulement un exercice de pensée visant la traduction en tant que telle, mais surtout une réflexion sur sa propre expérience poétique, qui s’enrichit en assumant les mots de l’auteur qu’il traduit, et sur l’expérience de cet Autre. Cela, comme l'écrit Scotto, « place le traduire dans une dimension existentielle qui implique l'œuvre originale et son auteur dans un système d'influences qui s'étend à la vie et au travail du traducteur ». Cette expérience de traduction laisse des traces, ou, comme l'écrit Bonnefoy, des « conséquences » éparpillées dans l’œuvre poétique propre de celui qui est aussi traducteur. Ce processus est si important pour l'auteur qu'il déclare que « c'est cet ensemble de conséquences, c'est cette traduction au sens large, que je crois qu'il importe d'étudier au moins autant que les quelques pages qui revendiquent le nom de traduction ».
L'objectif de ce projet sera donc d'étudier comment Bonnefoy a abordé le problème de la forme fixe dans la dernière partie de sa vie, à la fois en traduction et dans son propre travail. Ce sera l’occasion d’une étude plus approfondie de la poétique de Bonnefoy : il faudra se demander comment ce changement qu’est l’adoption de la forme fixe s’inscrit en son sein, entre continuité et redéfinition. Y a-t-il là une redéfinition complète du rapport du poète au langage et à la forme – qui ne serait donc plus un obstacle dans sa pratique de la poésie –, ou bien la forme trouve-t-elle sa place dans sa poétique comme instrument exploratoire, en permettant de l’approfondir et d’ouvrir des voies nouvelles ?
Communications :
- «Il sonetto come forme vivante. L'influenza dei Rerum Vulgarium Fragmenta nelle traduzioni di Yves Bonnefoy», Colloque International Crossing borders via translation(s), The Norwegian Institute (Roma, Italie), 1-2 settembre 2022.
- « rien que Pétrarque n’y laisserait paraȋtre. La présence de Laura dans les traductions d’Yves Bonnefoy», Colloque International Yves Bonnefoy : de la poésie à une poétique de la traduction, Université d'Artois (Arras, France), 16-17 novembre 2023.
Publications :
- «Da Πάνω σε μια χειμωνιάτικη αχτίνα di Giorgos Seferis a Sur un soleil d'hiver d'Yves Bonnefoy: storia di una traduzione» in Yves Bonnefoy cent ans (1923-2023). Rencontres, revue Studi Francesi, anno LXVII, n. 199/2023, p. 87-98.
- «Voce e gesto: Gianni Celati e Lino Gabellone traducono Entretiens avec le Professeur Y», «Ticontre. Teoria Testo Traduzione», n. 18 ( https://teseo.unitn.it/ticontre/article/view/2444 ).
La tragédie de l’humanisme : échos dostoïevskiens dans la dramaturgie d’André Gide et de Viatcheslav Ivanov
thèse de doctorat de littérature comparée sous la codirection de Madame Régine Battiston (UHA) et de Madame Tatiana Victoroff (Université de Strasbourg). Sujet déposé à l’automne 2015.
La présente recherche vise à effectuer une comparaison entre les textes dramaturgiques de Viatcheslav Ivanov et d’André Gide, en utilisant comme corpus primaire les pièces suivantes de Gide : Philoctète (1899), Le Roi Candaule (1901), Saül (1903) et Œdipe (1931), ainsi que des pièces de Viatcheslav Ivanov : Tantale (1905) et Prométhée (1919), et la mélopée L’Homme (1939).
Les deux écrivains ont été grands lecteurs de Dostoïevski et ont gardé, consciemment ou inconsciemment, l’impression produite par les lectures du romancier russe tout au long de leurs carrières. Tant Gide qu’Ivanov ont développé une relation personnelle et intime avec l’œuvre de Dostoïevski. Leurs admirations vont au-delà de la simple reconnaissance de son génie littéraire. Ils ont été profondément influencés par Dostoïevski d'un point de vue intellectuel, émotionnel et philosophique, ce qui a eu un impact significatif sur leurs propres écrits. Ils se réfèrent au romancier russe dans leurs œuvres critiques et s’inspirent de lui pour leurs œuvres artistiques à divers moments de leurs vies.
Les œuvres de notre corpus présentent des similitudes dans leurs genres dramatiques, ainsi que dans les problématiques dostoïevskiennes qu’elles explorent. Ces œuvres mettent en lumière ce que nous pourrions qualifier de « tragédie de l'humanisme », une notion inspirée par les réflexions de Nicolas Berdiaev. Cette tragédie se décline en trois axes majeurs : la relation de l’homme avec Autrui, avec Dieu et avec lui-même. Ces thèmes génèrent de nombreux sous-groupes interconnectés, englobant des concepts tels que la maladie et la folie, le surhomme, la foi et l’incrédulité, le Christ et le diable, la liberté, le crime, le sacrifice et l’abnégation. Les pièces du corpus gravitent autour de ces problématiques existentielles.
Ainsi, l’hypothèse centrale de cette thèse repose sur l’idée que les sujets abordés dans les œuvres du corpus sont en grande partie motivés et inspirés par l’influence de Dostoïevski. Nous révélerons que les trois auteurs proposent des solutions ontologiques pour surmonter la « tragédie de l’humanisme ». Afin de démontrer cette hypothèse, nous procéderons à une analyse approfondie des œuvres du corpus, en mettant en lumière la présence des questions existentielles posées par Dostoïevski, qui demeurent particulièrement pertinentes dans le contexte des crises de la première moitié du XXe siècle.
Cette lecture croisée de Gide et d’Ivanov à travers l’œuvre de Dostoïevski permettra de dégager de nouvelles perspectives dans les études sur ces trois auteurs. Elle contribuera à mettre en évidence l’universalité de la pensée dostoïevskienne et à mieux comprendre les intuitions créatives ainsi que les approches littéraires de Gide et d’Ivanov.
Bandhuli CHATTOPADHYAY, doctorante allocataire de l'université de Strasbourg
La Grande Guerre et l’entre-deux-guerres : crise historique et devenir du personnage chez Rabindranath Tagore, Romain Rolland et leurs contemporains
Thèse de doctorat en cotutelle entre l’Université de Strasbourg et l’Université Laval (Québec), sous la direction de Guy Ducrey (Strasbourg) et Brad Kent (Laval), sujet déposé en automne 2020.
Résumé
La première moitié du vingtième siècle, avec sa vague d’événements tumultueux, est témoin d’un dialogue littéraire riche entre l’Inde et l’Europe. Le dynamisme de ce dialogue repose sur le désir éprouvé par certains écrivains de s’engager, dans le contexte sociopolitique qui leur est propre, par le biais de la plume. À cette époque, alors que l’Inde lutte afin de se libérer du joug de l'oppression coloniale, l’Europe fait face aux guerres mondiales. La société humaine se met à se fragmenter et l’envie de chacun de se séparer de « l’Autre » aboutit à l’élargissement des fissures qui traversent l’humanité. Cependant, au milieu de ces temps cataclysmiques, les écrivains européens et indiens se rencontrent, se lisent, se traduisent et s’écrivent. Étroitement tissés dans la toile de l’Histoire en raison de leurs expériences de vie dans un monde en proie au nationalisme, ils nous présentent des personnages qui, en tant que victimes de leurs temps, subissent un bouleversement irrévocable de la vie quotidienne. Ce travail de recherche s’interroge sur les manières dont Rabindranath Tagore, Romain Rolland et leurs contemporains représentent dans leurs œuvres, par le devenir des personnages romanesques et dramatiques, les nombreux conflits psychologiques et sociopolitiques de la période en question. En examinant ainsi les imaginaires personnels des écrivains indiens et européens outre l’imaginaire collectif façonné par l’époque où ils écrivaient, cette étude propose d’analyser la poétique de l’engagement sociopolitique dans la littérature de l’entre-deux-guerres.
Le Modernisme portugais : réception, métamorphose et évolution des courants esthétiques français dans les revues artistiques et littéraires publiées au Portugal entre 1889 et 1956, thèse de doctorat en littérature comparée, Prof. Pascal Dethurens dir., sujet déposé en automne 2015.
La thèse de doctorat que nous envisageons se veut être une approche compréhensive de la littérature moderniste portugaise publiée sous la forme d'un vaste nombre de revues artistiques et littéraires. Ce projet se sert d'une démarche qui met en œuvre des instruments d'analyse appartenant à des différents domaines, comme l'histoire littéraire, l’histoire des idées et l’esthétique. L'intitulé de cette thèse veut synthétiser une tentative pour mettre en relation la littérature moderniste portugaise avec les sources et inspirations européennes de l'époque. De façon à étudier le rôle des courants esthétiques français dans la construction du Modernisme portugais, nous nous proposons d’étudier, d’une part la réception de certains textes et certains auteurs français dans le contexte littéraire du Portugal et, d’autre part, l’émancipation de la production littéraire portugaise par rapport aux modèles français.
Une étude du Symbolisme, du Modernisme et du mouvement Avant-Garde au Portugal n'a qu'à reconnaître le rôle des revues et différentes publications culturelles dont l'amplitude a su affirmer le caractère innovant et créateur de cette période esthétique. Ces trois mouvements complémentaires sont, en effet, liés à la formation de groupes d'écrivains et d'artistes qui ont su trouver dans la publication collective l'occasion la plus efficace de matérialiser leur intervention dans le contexte culturel de leur temps. Avec des conséquences plus ou moins importantes dans leur contexte de parution, ces revues artistiques et essentiellement littéraires démontrent surtout un certain mouvement d'ouverture du Portugal à la réalité culturelle de l'Europe.
Nous avons choisi de considérer l'année 1889 comme un moment approximatif du début de ce dialogue : c'est la date de naissance des deux revues qui marquent le déclenchement du mouvement symboliste au Portugal, Boémia Nova et Insubmissos. Cependant, il est vrai que dans quelques revues publiées antérieurement nous assistons déjà à la parution de quelques écrivains qui accompagneront le développement du courant moderniste en territoire portugais et dont les œuvres, d'une façon plus réduite et moins systématique, reflètent déjà les valeurs de la Décadence et du Symbolisme, souvent dévalorisés dans l'histoire littéraire du Portugal. D'ailleurs, le mouvement de l'Avant-garde portugaise ne peut qu'être lu comme une conséquence de l'enracinement et de la croissance du courant moderniste, surtout à partir de la publication de la revue Orpheu en 1915 qui a su transformer de façon violente le champ expressif de la poésie par le biais de la subversion des formes. Le Modernisme portugais a pu mettre en question les procédés d'expression traditionnels censés plaire aux « lépidoptères bourgeois », selon l'expression du poète Mário de Sá-Carneiro, tout en contribuant à une rénovation artistique annoncée déjà par les poètes symbolistes en 1890. De nombreuses revues sont lancées par des groupes d´intellectuels qui organisent également des expositions et des conférences afin de divulguer les idées du mouvement moderniste. Leurs efforts permettent, d’une façon générale, la formation de deux groupes : un, en 1915, autour de la revue Orpheu, dont les principaux poètes étaient Fernando Pessoa, Mário de Sá Carneiro et Almada Negreiros, l´autre, en 1927, autour de la revue Presença, fondée par Branquinho da Fonseca, João Gaspar Simões et José Régio.
Nous le savons, le Modernisme en tant que désignation artistique et culturelle fait référence à un moment spécifique de l'histoire littéraire qui correspondrait à une rupture totale. Dans le contexte portugais, l'appréhension de cette rupture se manifeste sous la forme d'un sentiment de libération et de puissance provocatrice. Attentifs à la réalité européenne, la plus grande partie des jeunes littéraires et artistes de cette période sont des exemples vivants des relations culturelles entre le Portugal et la France qui seront particulièrement évidentes dans la presse contemporaine.
Intérieurs et intériorités dans les œuvres de Colette et Virginia Woolf, thèse de doctorat de littérature comparée de Mme Margaux Gérard, sous la direction du Prof. Guy Ducrey, commencée en septembre 2022. La thèse est bénéficie d'une allocation doctorale de l'université de Strasbourg (session de juin 2022).
Les notions d’intime et d’intimité font l’objet, dans notre premier XXIe siècle hanté par le dévoilement, de multiples questionnements, qui étaient déjà à l’œuvre, quoique selon des modalités différentes, durant le premier XXe siècle. En effet, l’évolution de la place des femmes (aussi bien au sens topographique de l’espace public et privé, que du rapport au travail) mais aussi une considération nouvelle accordée à l’intériorité (avec la naissance, notamment, de la psychanalyse) redessinent les contours de ces notions en Europe.
Notre étude s’inscrit dans cette archéologie de l’intime, au début du XXe siècle, en se penchant sur l’articulation entre les notions d’intérieur architectural et d’intériorité psychique dans les œuvres de Colette (1873-1954) et de Virginia Woolf (1882-1941). Elle a pour point de départ l’intérêt porté par les deux écrivaines aux espaces intérieurs. Chambres, salons, salles à manger, boudoirs, loges s’agencent en effet dans leur œuvre dans une architecture complexe qui questionne notamment la place du féminin dont l’autonomie est à conquérir et à préserver contre un monde d’hommes – ou avec lui. Mais ces architectures intérieures sont surtout l’indice d’une intériorité que le récit a pour mission de faire vivre et de protéger. Cette étude permet de se situer à la croisée d’une histoire des mentalités et d’une poétique du discours intérieur, d’observer ces jeux d’échos et ces croisements par-delà les langues et les cultures. En observant ces pionnières, on se propose d’étudier la forme que prend le discours littéraire lorsqu’il réinvente l’intérieur, et l’intériorité féminins, en les modernisant.
Colette et la vocalité du monde : l’art d’orchestrer des voix multiples, thèse de
littérature française et francophone, sous la direction du M. Guy Ducrey, sujet
déposé en automne 2024.
La création de Colette ne se limite pas au monde littéraire ou journalistique,
mais s'étend également à l’art du spectacle, au cinéma et à la radio. Qu’est-ce qui
l’a amenée à s’engager dans ces activités multidimensionelles, tout en restant
avant tout écrivaine pendent un demi-siècle? Ce que nous considérons comme
particulièrement important dans ces diverses pratiques est son intérêt marqué pour
les voix et les langages des autres, hors de l’uniformité, souvent marginales et
parfois souterraines, mais toujours très riches – qu’il s’agisse du patois, de l'argot
parisien, des accents des acteurs et actrices, ou même des voix animales et
monstrueuses.
Nous posons l’hypothèse que, tout au long de sa carrière, Colette a
constamment écouté et rassemblé les voix périphériques des autres tout en
explorant sa propre voix à travers ses essaies incessants sur l’écriture.
Cette recherche vise à mettre en lumière sa poétique originelle, une
orchestration des voix multiples, tout en la présentant comme un cas illustratif dans
le paysage littéraire français entre le XIXe et le XXe siècle. Colette partageait avec
d'autres écrivains de son époque un profond intérêt pour la voix et pour la langue,
dont les approches littéraire, linguistique, technique, et sociologique se sont
renouvelées drastiquement au tournant du siècle. Notre projet cherche donc à
articuler deux questions : d’une part, pourquoi Colette s’est-elle intéressée à ces
voix marginales – une question à la fois historique, théorique et morale ; et d’autre
part, comment les a-t-elle intégrées dans ses pratiques littéraires et artistiques pour
créer ses œuvres – une question plus pratique et stylistique.
L'objectif est d'examiner les sensibilités, les pratiques et les réflexions de l’écrivain autour de la voix sous trois axes principaux :
1) Observation : Comment Colette percevait-elle les voix diverses, et comment sa propre voix était-elle perçue par son entourage ? En se concentrant sur ses portraits et critiques dramatiques, qui décrivent les voix de ses proches et des acteurs, nous mettrons en lumière les particularités de sa manière d’écoute. D'autre part, nous recueillerons et analyserons des enregistrements ainsi que des témoignages de sa voix, révélant ses aspects théâtraux et intimes avec sa propre voix. Ces approches croisées visent à éclairer les modalités d’interaction entre l’écrivain et le monde à travers la voix.
2) Art : Comment Colette a-t-elle organisé les voix diverses et construit son écriture ? Nous analyserons sa correspondance comme un espace expérimental où elle élargissait la portée de sa voix en dialoguant avec divers interlocuteurs. Pour la fiction, nous étudierons des œuvres comme Claudine à l'école, qui aborde le monde de l’école provinciale, L’Ingénue libertine, qui explore l’argot parisien, et des textes comme Dialogues de bêtes ou L'Enfant et les sortilèges, où elle donne voix à des êtres non humains. Nous examinerons également ses adaptations théâtrales, en particulier celles de ses propres romans, afin de comprendre comment le processus d'adaptation lui permettait de naviguer entre écriture et oralité.
3) Réflexion : Dans quels courants littéraires et linguistiques son art vocal s'inscrit-il, et quelle force cet art a-t-il conféré à l’écrivaine ? Comme l'ont souligné de nombreuses études biographiques, Colette, issue de la classe moyenne provinciale, a commencé sa carrière en tant que figure marginale dans un monde littéraire dominé par les hommes, pour devenir l’une des grandes figures de la littérature française du début du XXe siècle. Nous examinerons le rôle que ses pratiques littéraires autour de la voix ont joué dans l’acquisition de sa propre voix, et comment ces essais s'inscrivent dans le paysage contemporain de figures comme Schwob, Proust, Claudel, Valéry, Ramuz ou Giono. Une telle investigation ne clarifiera pas seulement la place de Colette dans l'histoire littéraire, mais permettra également de mieux comprendre les orientations des pratiques littéraires françaises de l’époque.
Elisabeth Kaess
Adresse électronique : kaess@unistra.fr
Recherche :
Thèse (en cours)
« Ce qui a résisté - [...] la voix du poète - Fraternité et résistances poétiques : Ossip Mandelstam, Paul Celan et René Char »
Sous la direction de Patrick Suter (Professeur extraordinaire de Littérature française à la Faculté des Lettres de l’Université de Bern) et de Michèle Finck (Professeur de Littérature française, générale et comparée à la Faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg)
« Et pourquoi, dans ce temps d’ombre misérable, des poètes ? »[1] Cette ardente question modulée dans l’élégie « Le Pain et le vin » d’Hölderlin trouve des échos tout particuliers au XXe siècle et éveillent à l’infini de nouveaux questionnements. Et pourquoi des poètes dans un monde livré à l’horreur de la guerre et des pouvoirs totalitaires ? Comment l’écriture poétique résiste-t-elle « face à l’extrême », selon l’expression employée par Tzvetan Todorov pour désigner le XXe siècle et ses totalitarismes ? Les poèmes d’Ossip Mandelstam, de Paul Celan et de René Char, réunis dans un dialogue intérieur et une fraternité poétique, résonnent comme autant de réponses possibles. « Ce qui a résisté - [...] la voix du poète », écrit Mandelstam en relégation à Voronej en janvier 1937 - sous la plume de René Char en 1981[2].
Publications :
Direction d’ouvrage :
Didactique des frontières en littérature de jeunesse (titre provisoire), B. Benert, P. Clermont, E. Kaess, I. Lebrat, Zürich, LIT-Verlag, coll. « poethik polyglott », (à paraître)
Ouvrages collectifs :
2019 : « - Malheur à moi, petit ballon vert , Le langage poétique dans la littérature russe pour enfants de 1917-1937 », in Langue(s) et littérature de jeunesse, B.Benert, R.Grutman (Éds), Zürich, LIT-Verlag, 2019
2016 : « Sans le bourreau et l’échafaud / Il n’y aurait pas de poète sur terre. Une résistance poétique européenne : Anna Akhmatova, Paul Celan et René Char », in Anna Akhmatova et la poésie européenne, sous la direction de Tatiana Victoroff, Bruxelles, ed. Peter Lang, 2016, pp.143-152
2011 : Concours Professeur des Écoles, Épreuve orale de français et « agir en fonctionnaire de l’État et de façon éthique et responsable », Sous la direction de Eric Tisserand, Vanves, Éditions Foucher, 2011, 539 p.
2002 : « Une musique dans ce monde privé à jamais de parole », in Une amitié européenne, Nouveaux horizons de la littérature comparée, Textes réunis par Pascal Dethurens, Paris, Honoré Champion, 2002, pp. 133-145
Actes de colloques et congrès :
2016 : « Crucifier - couper - coller. Le Christ dans les photomontages d’Axelle Kieffer » (avec Valérie Etter), in Le Christ réenvisagé. Variations photographiques contemporaines, sous la direction de Jérôme Cottin, Natalie Dietschy, Philippe Kaenel, Isabelle Saint-Martin, Actes du colloque interdisciplinaire «Le Christ dans la photographie contemporaine (1990 - 2013) », Université de Strasbourg, Université de Lausanne, École Pratique des Hautes Études, Laboratoire Histara, 11 et 12 avril 2013, Gollion, Infolio éditions, 2016, pp.XX-XXII
2008 : « Am Rande der Welt : l’exil et les Grisons », in Une Suisse, des exils…, Études réunies par Emmanuel Cherrier et Karl Zieger, Actes du colloque Les Exils a-lémaniques. Exilés et réfugiés politiques et littéraires en Suisse, Université de Valenciennes, 10-11 mai 2007, Valenciennes, Presses Universitaires de Valenciennes, Recherches Valenciennoises n°27, 2008, pp. 175-190
2007 : « J’ai l’impression de polémiquer avec les vers : Dimitri Chostakovitch et la littérature », in Correspondances : vers une redéfinition des rapports entre la littérature et les arts, Actes du 38e Congrès de la Société Française de Littérature Générale et Comparée, Université de Valenciennes, 28-30 septembre 2005, Valenciennes, Presses Universitaires de Valenciennes, 2007 (ouvrage numérique), pp. 443-457
Communications :
2020 : « Et cela, vous pouvez le décrire ? Quand l'art se fait témoin », avec Gualtiero Dazzi, Colloque international « Les champs musicaux et sonores de la barbarie moderne », Université de Poitiers, 11-13 mars 2020
2019 : « Boulevard de la Dordogne - Avant-propos », Table ronde avec Corinna Niemeyer, Delphine Crubezy et Gualtiero Dazzi, Université de Strasbourg, 26 novembre 2019
2019 : « Raconter l'exil et l'accueil de réfugiés », Table ronde avec Michèle Finck, Matthieu Schneider et Gualtiero Dazzi, Strasbourg, 16 novembre 2019
2019 : « Il vivait par ses poèmes : les traductions par René Char de poèmes d'Ossip Mandelstam », 48e Congrès International de Philologie, Université d'État de Saint-Pétersbourg, 22 et 23 mars 2019
2019 : « A saute-frontière, circulation de la littérature de jeunesse entre Allemagne et France », Table ronde à l’occasion de la proclamation des auteurs finalistes du Prix franco-allemand pour la littérature de jeunesse 2019, Hôtel de Ville de Strasbourg, 24 janvier 2019
2018 : « René Char et Ossip Mandelstam : deux interlocuteurs par-delà l'espace et le temps », 47e Congrès international de Philologie, Université d'État de Saint-Pétersbourg, 23 et 24 mars 2018
2017 : « Par charité et par pitié, ô France, veuille / M’accorder ta terre : La France d’Ossip Mandelstam », Conférence interdisciplinaire «Dialogue franco-russe dans les années 1920-1930. Impact intellectuel», Université de Strasbourg, 14-15 décembre 2017
2016 : « Une résistance poétique européenne : Anna Akhmatova, Paul Celan, René Char », Soirée consacrée à Anna Akhmatova à l’occasion de la parution de l’ouvrage Anna Akhmatova et la poésie européenne, sous la direction de Tatiana Victoroff, Bruxelles, ed. Peter Lang, 2016, Consulat Général de la Fédération de Russie, Strasbourg, 11 octobre 2016
2016 : « - Malheur à moi, petit ballon vert , Le langage poétique dans la littérature de jeunesse en Union Soviétique », in The many languages of comparative literature, atelier présenté dans le cadre du XXIe congrès de l’AILC, Vienne, 21-27 juillet 2016
2013 : « Sans le bourreau et l’échafaud / Il n’y aurait pas de poète sur terre ». Une résistance poétique européenne : Anna Akhmatova, Paul Celan et René Char, XXe Congrès de l’Association Internationale de Littérature Comparée, Université de Paris Sorbonne, du 18 au 24 juillet 2013
2009 : « Du cri poétique à la poétique du cri », Journée Doctorale de la Société Française de Littérature Générale et Comparée, Université de Paris Ouest Nanterre La Défense, 5 juin 2009
2007 : « Am Rande der Welt : l’exil et les Grisons », Colloque international « Exils a-lémaniques », Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, 11-12 mai 2007
2005 : « J’ai l’impression de polémiquer avec les vers : Dimitri Chostakovitch et la littérature », 38e Congrès de la Société Française de Littérature Générale et Comparée Correspondances : vers une redéfinition des rapports entre la littérature et les arts, Valenciennes, 28-30 septembre 2005
Organisation de colloque :
2019 : « Didactique des frontières en littérature de jeunesse », Colloque international, ESPE - Université de Strasbourg, 24 et 25 janvier 2019 (Comité d’organisation : Britta Benert, Philippe Clermont, Gilles Buscot, Elisabeth Kaess, Isabelle Lebrat)
Le poème en prose comme genre du traumatisme : France, Russie, Italie aux XIXe-XXe siècles : thèse sous la codirection de Madame Michèle Finck et de Madame Tatiana Victoroff.
Sujet déposé à l'automne 2022
Ce projet de doctorat vise à proposer une lecture comparative de l’évolution du genre du poème en prose en fonction du traumatisme croissant de l’histoire. Dès sa création, à l’époque moderne et tumultueuse, le poème en prose est principalement accompagné du concept psychanalytique du traumatisme. Après la parution du Spleen de Paris, le poème en prose a été presque simultanément repris par les autres pays influencés par la littérature française, parmi lesquels la Russie et l’Italie. Le corpus élargi de la thèse, construit autour des « instants du danger » communs aux histoires de trois pays, permet de voir la réaction de la poésie à la pression traumatique de l’histoire. D’Aloysius Bertrand à Henri Michaux, d’Ivan Tourgueniev à Vadim Kozovoï, de Giacomo Leopardi à Vittorio Sereni, le poème en prose, situé entre deux registres littéraires, reste le genre le plus approprié pour exprimer l’expérience indéchiffrable de la victime du traumatisme. En tant que forme morbide et perturbante le poème en prose invite à réévaluer le système actuel des genres et les perceptions classiques de la poésie. Ce travail se propose de redécouvrir le genre littéraire du poème en prose et les particularités non explorées des œuvres des poètes du corpus à travers le prisme des traumatismes personnels et historiques.
Positions esthétiques et critiques dans l’œuvre des femmes surréalistes : Claude Cahun, Leonora Carrington, Leonor Fini, Joyce Mansour, Shirin Neshat, Shahrnush Parsipur et Remedios Varo, thèse de doctorat en littérature comparée sous la direction de M. Patrick Werly, Maître de conférences habilité à diriger des recherches, sujet déposé en septembre 2020.
Le surréalisme est l’un des mouvements d’avant-garde qui s’est imposé le plus durablement dans l’imaginaire collectif, mais l’étude de son histoire et de son esthétique demeure une tâche complexe. D’une part, l’usage de manifestes et d’affiches ainsi que l’implication politique de ce mouvement prétendent à une certaine homogénéité de la part des artistes, ce qui tend à diminuer la présence féminine au profit de la visibilité masculine. D’autre part, l’image passive et érotisée de la femme dans le surréalisme présente celle-ci comme l’objet de désir masculin. L’ensemble de ces éléments marginalise la présence des artistes féminines au sein de ce mouvement. Ce projet de thèse a pour objet d’étudier le surréalisme à partir de l’œuvre de plusieurs artistes féminines et cherche à mettre en avant les motifs et thèmes communs dans leur production littéraire et artistique. Le corpus de ce travail est élaboré à partir de l’œuvre de femmes issues de contextes culturels et linguistiques différents, telles que Claude Cahun, Leonor Fini, Joyce Mansour, d’expression française, Leonora Carrington, d’expression anglaise, Shirin Neshāt et Shahrnush Pārsipur, toutes deux de langue persane, et Remedios Varo, hispanophone. À travers la production littéraire et artistique des artistes mentionnées, nous cherchons à voir si le surréalisme des femmes constitue un ensemble en répondant aux questions suivantes : d’un point de vue esthétique, quels sont les motifs de la production féminine surréaliste ? Dans quelle mesure les femmes surréalistes vivent-elles la liberté promise par ce mouvement ? Qu’est-ce que la femme dans les œuvres des femmes surréalistes ? Quelle est la place des nouveaux mythes dans la remise en question du genre et de la sexualité ? En somme : peut-on identifier une forme particulière du surréalisme dans les œuvres des femmes surréalistes ? Ce projet de recherche vise à étudier l’esthétique et les motifs de la création féminine tout en se focalisant sur la réappropriation des théories surréalistes par les femmes artistes.
L’Anecdote dans l’œuvre de Colette : genre, poétique, politique, thèse de doctorat de littérature comparée sous la direction de Guy Ducrey, sujet déposé en automne 2023.
Le mot « anecdote », dérivé du terme grec aneckdotos (« non publié », « inédit »), est apparu pour la première fois dans les dictionnaires français au XVIIe siècle. Initialement centré sur la vie privée et marqué par des changements historiques de sens et ses divers caractéristiques ─ psychologique, philosophique, historique, social et politique, ce mot s'est progressivement entrelacé avec la civilisation et la culture au sens large, incluant la sphère publique. Par conséquent une compréhension approfondie des anecdotes nécessite désormais de tenir compte non seulement des expériences individuelles, mais également du contexte socioculturel et politique.
À cet égard, Colette (1873-1954) se distingue parmi les auteurs qui intègrent bien des anecdotes dans ses œuvres, reflétant ainsi ses expériences vécues et les aspects sociaux de son époque. Colette, à travers des recueils d'articles tels que Journal à rebours ou des récits autobiographiques comme Mes apprentissages, évoquait souvent la justification ou la déclaration sur son écriture par le biais d’anecdotes. Il semble donc essentiel d’analyser l’utilisation des anecdotes en tant qu'éléments, dispositifs voire forme d’écriture à part entière. En se basant sur l'analyse des œuvres de Colette, ce travail a pour objectif d’élargir la compréhension de la relation entre les anecdotes, le politique et la dimension poétique chez Colette, ainsi que sa vision artistique exprimée à travers divers sujets et formes littéraires, visant à lui accorder une place parmi les grands auteurs d’anecdotes qui ont marqué l’histoire de la littérature européenne.
Dans un premier temps, cette étude propose d’analyser la notion d’« anecdote » et d’examiner l’évolution de son sens au cours de son histoire, en mettant l'accent sur sa signification pour Colette. Ensuite, nous mettrons en lumière la perspective sociale et la dimension politique qui émergent à travers les anecdotes de Colette, en commençant par expliquer le concept du ‘politique’ qui englobe tout ce qui peut être le sujet de la politique. Enfin, l'objectif est de saisir la dimension politique qui se construit au sein de l'anecdote. En nous appuyant sur les caractéristiques telles que la brièveté des anecdotes, leur accessibilité au grand public, ainsi que la coexistence de faits et de fiction, nous choisirons des œuvres publiées sous forme de recueils d'articles ou de romans-feuilletons. Ce faisant, nous entreprendrons une exploration visant à dévoiler les effets obtenus grâce aux anecdotes, tels que « un détour pour arriver au cœur des choses », ainsi que la vision de Colette qui en découle. Sujet déposé en automne 2023.
Expérience de la perte et travail de la mémoire : une étude comparée littérature / musique
Thèse de doctorat sous la direction de Mme Michèle FINCK et de M. Karol BEFFA, sujet déposé en automne 2020.
Cette thèse se propose de mettre en regard œuvres littéraires et œuvres musicales de la seconde moitié du XXe siècle autour de deux notions croisées : le sentiment de la perte et le travail de la mémoire. On partira en effet du constat selon lequel les artistes ont réagi de deux façons diamétralement opposées aux traumas historiques du siècle : soit en prônant la tabula rasa et l’invention de formes et de langages nouveaux, soit en s’appuyant sur la mémoire culturelle et la tradition (références à des courants artistiques du passé, intertextualité, citations, recours aux mythes...) C’est cette seconde piste, moins souvent étudiée, qu’il s’agira d’explorer à travers un corpus mixte, constitué d’œuvres de deux compositeurs, Philippe Hersant (né en 1948) et Olivier Greif (1950-2000), et de trois écrivains, Nelly Sachs (1891-1970), Philippe Jaccottet (né en 1925) et Pascal Quignard (né en 1948). Dès lors, il s’agira de montrer que dans des media distincts, aux régimes sémiotiques différents, des approches créatrices similaires sont mises en jeu pour traiter de thèmes communs : la mise au point d’une méthode de comparaison d’œuvres littéraires et musicales constitue à cet égard le premier enjeu de ce travail. Ces approches créatrices recouvrent chez les artistes que nous avons retenus tout ce qui peut se ranger sous l’expression de « travail de la mémoire », tandis que les thèmes communs sont ceux de la perte, du trauma et de la nostalgie du paradis perdu.
Face à l’indifférence : Dostoïevski, Moravia et Camus. Questionnements éthiques, esthétiques et métaphysiques.
Thèse de doctorat en littérature comparée sous la direction de Mme Tatiana Victoroff. Sujet déposé en septembre 2022
Cette thèse vise à étudier l’indifférence dans les œuvres de Fiodor Dostoïevski (1821-1881), Alberto Moravia (1907-1990) et Albert Camus (1913-1960). Ces trois auteurs, conditionnés et interloqués par un nihilisme qui à leur époque est divaguant, font de l’indifférence et de ses dérivations négatives un sujet au centre de leur quête artistique et philosophique.
Dans le cadre de ce travail comparatiste, il s’agira d’abord d’analyser la question de l’art en relation à celle de l’indifférence afin de saisir comment la technique employée par l’écrivain, en particulier celle de la polyphonie, peut faire contrepoids à l’indifférence ; de repérer une langue de l’indifférence affectant certains personnages ; de réfléchir sur l’engagement éthique des auteurs, que ce soit à travers leurs œuvres de fiction, leurs essais ou leurs carrières comme publicistes. Par la suite, il sera fondamental de se pencher sur ce que les écrivains de notre corpus opposent à l’indifférence ainsi que sur leur propre définition du sacré. En conclusion, il sera question d’approfondir les conséquences néfastes de l’indifférence sur l’identité de l’individu et le rapport à l’altérité.
« En quête de sens dans un monde d’images : l’imaginaire photographique dans les œuvres de Willem Frederik Hermans, Wright Morris et Michel Tournier »
Thèse de doctorat en littérature comparée en cotutelle entre l’Université de Strasbourg et l’Université de Groningue, sous la direction de Patrick Werly (Strasbourg) et Mathijs Sanders (Groningue). Sujet déposé à la rentrée 2021.
Cette thèse porte sur l’usage de la photographie et les dimensions photolittéraires dans les œuvres de Willem Frederik Hermans (1921-1995), Wright Morris (1910-1998) et Michel Tournier (1924-2016). La photographie occupe une place importante dans la vie et dans l’œuvre de ces trois écrivains, et ils témoignent tous trois d’une véritable passion pour ce médium. La photographie est un motif récurrent dans leurs œuvres littéraires, et des images photographiques elles-mêmes figurent dans leurs ouvrages qui associent image et texte. Malgré le fait que Hermans, Tournier et Morris ne se connaissaient pas, on retrouve des questions et réflexions comparables chez ces écrivains éloignés. Ils portent une attention particulière aux intersections entre la philosophie, l’image et l’écriture. À travers le rôle et la représentation de la photographie dans leurs œuvres, on retrouve également les traces de certains grands bouleversements sociaux et politiques du XXe siècle, tels que la Seconde Guerre mondiale ou le Dust Bowl (dans le cas de Morris), qui ont marqué l’œuvre et la pensée de chaque écrivain. Ce projet permet d’explorer une thématique commune à travers des frontières linguistiques, artistiques, géographiques et culturelles, et aussi de renouveler le regard critique et théorique porté sur certaines œuvres du corpus, notamment celles de Hermans et Morris, qui restent peu connues en France, malgré le renom de ces écrivains dans leurs pays d’origine respectifs.
Doctorante contractuelle (depuis le 1er octobre 2018)
« Le soleil de la métaphysique dans la poésie française après Nietzsche chez Guillaume Apollinaire, Paul Valéry et Francis Ponge », thèse de doctorat en cotutelle entre l’Université de Strasbourg et l’Université de Bâle, sous la direction de Michèle Finck (Strasbourg) et Hugues Marchal (Bâle)
Résumé de la thèse
Symbole occidental de vérité, d’absolu, voire de divin, le soleil est à la fois aimé des philosophes et des poètes. En philosophie, Platon en fait une analogie fondatrice de la métaphysique dans La République, représentant le Bien, le Juste, le Vrai et le Beau. En poésie, l’évocation du soleil est si récurrente qu’elle en devient topique. Néanmoins, la pensée de Nietzsche, qui se diffuse en France à partir des années 1890, vient mettre en péril l’astre tout-puissant. Proclamant la mort de Dieu, le philosophe annonce la fin de la métaphysique. Vidé de sa divinité et de sa suprématie par la philosophie, le motif du soleil encourt un risque de banalisation, autrement dit de démythification et de dépoétisation. Le soleil devient le point de jonction d’une double crise de la transcendance : crise philosophique (la métaphysique) et crise poétique (le lyrisme). Ce travail s’interroge sur la portée de la mort de Dieu sur la représentation du soleil chez trois auteurs français : Guillaume Apollinaire, Paul Valéry et Francis Ponge.
Domaines de recherche
- Poésie du XXe siècle
- Œuvres de Guillaume Apollinaire, Francis Ponge et Paul Valéry
- Liens entre la poésie et la philosophie
- La réception de Nietzsche en France
Communications
- « Poésie et philosophie : un aperçu de leurs rapports, de Platon à nos jours », conférence à l’occasion d’un cours de M2, Université de Strasbourg, 10 octobre 2018
- « Poésie et philosophie : parenté ou abîme ? », Colloque International Épistémè de la littérature comparée, Centre National de Littérature (Mersch, Luxembourg), 25-26 janvier 2019
Contact
Paul Celan et les poètes français: poésie et judaïsme, thèse de doctorat de littérature comparée sous la codirection de Michèle Finck et Bertrand Badiou (ENS Ulm)
Sujet déposé en septembre 2020
Présentation:
Après la Shoah et la création de l’Etat d’Israël, la question du rapport au
judaïsme se pose avec une acuité et une complexité nouvelles pour certains poètes,
comme Paul Celan ou Edmond Jabès. Partagés entre attachement et ouverture,
déracinement et retour aux textes bibliques, à leurs commentaires et leurs lectures
plus ésotériques, ces écrivains reprennent, interrogent et déplacent ces
questionnements qui s’insinuent dans leur poétique et la parcourent. Dépassant en
effet la familiarité avec les seuls textes canoniques, ces poètes en cherchent et en
étudient les interprétations, les variations, les prolongements, allant parfois -souvent
même - jusqu’à laisser entrer un peu de la langue hébraïque au sein du vers
lui-même. Cette langue, qui côtoie alors le français ou l’allemand ouvre vers un
ailleurs linguistique, crée une tension entre deux langues si différentes et qui
pourtant se cotoient, s’entrelacent grâce à l’écriture.
Chez Paul Celan par exemple, le rapport au judaisme est complexe; présent
de façon plus ou moins prégnante dans ses poèmes, il prend une place de plus en
plus importante, voire centrale, notamment dans les dernières années de sa vie,
comme en atteste le voyage à Jérusalem et le déchirement qui en résulte. Cette
question constitue de plus un champ de recherches peu exploité, offrant de
nombreuses et extraordinaires possibilités de travail à partir d’un fonds “judaïca”
(pour partie aux archives de Marbach, pour partie géré par Mr Badiou)
particulièrement important et surtout inédit pour Celan. Ce sont ainsi par exemple
des exemplaires de la Bible hébraïque richement annotés - et l’on sait l’importance
du travail de lecture et d’annotations chez Celan - qui s’offrent à la recherche, mais
aussi toute une série d’ouvrages qui restent à explorer.
Hélène Beauchamp, maîtresse de conférences en littérature comparée à l'université de Toulouse a soutenu son Habilitation à diriger des recherches le jeudi 16 novembre 2023 de 13h30 à 18h30, salle 409, Le Portique. Le dossier des publications portait le titre:
« Le théâtre par ses marges : nouveaux corpus comparatistes pour l’histoire et l’analyse des poétiques
théâtrales du premier vingtième siècle ».
L'ouvrage inédit s'intitule:
« Théâtres de guerre » : dramaturgies d’actualité dans la première moitié du XXème siècle en Europe (France, Grande-Bretagne, Espagne)
Jury:
Prof. Anne Teulade, Université de Rennes, rapporteure
Prof. François Lecercle, Université Paris-Sorbonne, émérite, rapporteur
Prof. Emilio Javier Peral-Vega, Universidad Complutense de Madrid
Prof. Christophe Imbert, Université de Toulouse
Mme Tatiana Victoroff, Maîtresse de conférences HDR, Université de Strasbourg
Prof. Guy Ducrey, Université de Strasbourg, garant
La séance était publique.
L'Institut de littérature comparée se réjouit d'annoncer que M. Patrick Werly (Université de Strasbourg) a soutenu son Habilitation à diriger des recherches le vendredi 21 novembre 2014 à partir de 9 h, à la Faculté des Lettres de l’Université de Strasbourg, Le Portique, côté rue, salle 409 (14, rue René Descartes 67000 Strasbourg)
Le dossier avait pour titre
Poésie et conversion : écrire et filmer pour « changer la vie », pour traverser le langage et l’image
et il comprenait un ouvrage inédit intitulé : La Terre seconde d’Yves Bonnefoy ou le symbole repris à la religion.
Le jury était composé de :
M. Guy Ducrey (Professeur à l’Université de Strasbourg, Président du jury)
Mme Michèle Finck (Professeur à l’Université de Strasbourg, garante)
M. Daniel Lançon (Professeur à l’Université Stendhal Grenoble 3)
M. Jean-Yves Masson (Professeur à l’Université de Paris-Sorbonne)
M. Patrick Née (Professeur à l’Université de Poitiers)
M. Jérôme Thélot (Professeur à l’Université de Lyon)
Co-éditrice, avec R. Grutman (University of Ottawa) et K. A. Knauth (Universität Bochum), de la collection poethik polyglott, LIT-Verlag, Berlin
Dernière parution : K. Alfons Knauth, Ping-hui Liao (éds.),
Migrancy and Multilingualism in World Literature, 2016.
141 avenue de Colmar
F- 67100 Strasbourg
Tél. + 33 3 88 43 82 00
PRESENTATION DE LA RECHERCHE
Le fil rouge de mes travaux est l’interrogation des catégorisations, à la fois indispensables à notre orientation et piètres béquilles de la pensée. Dans ma thèse de littérature comparée (Contribution à l’invention d’une nouvelle esthétique au tournant du siècle : Rachilde et Lou Andreas-Salomé, Paris III, 1999, dir. S. Michaud), en étudiant l’œuvre romanesque des deux auteurs sous l’angle de l’adolescence, j’ai ainsi commencé à réfléchir aux limites que constituent les démarcations par tranche d’âge ainsi que celles des identités sexuelles ; je me suis également interrogée sur l’inscription des deux auteurs dans les discours nationaux, alors en plein essor, et sur les possibles répercussions esthétiques de ces derniers. Les travaux que j’ai consacrés à Tomi Ungerer prennent appui sur mon lieu d’affectation, l’ESPE, que j’intègre en 2002 ; l’œuvre d’Ungerer m’a incitée à réfléchir à d’autres entités souvent figées et essentialisées, dont les contours seraient au contraire mouvants et/ou aux identités complexes : la littérature de jeunesse, les zones de contact (par ex. l’Alsace), la langue.
Avec mon habilitation (‘Je n’ai pas de langue maternelle. J’ai simplement plusieurs langues fraternelles’ (Tomi Ungerer, 1996). L’Altérité linguistique en question, Université de Strasbourg, 2013, garant : G. Ducrey), je suis à la fois revenue au contexte idéologique 1900 (notamment avec Lou Andreas-Salomé, en questionnant son lien à la littérature de jeunesse, et celui, non moins ambivalent, à ses différentes langues) et aux écrivains contemporains (Vassilis Alexakis, Marica Bodrožić, Nancy Huston, Denis Lachaud, Yoko Tawada) que je tente de lire, selon ma vision de la littérature comparée, dans un double mouvement d’analyse rapprochée des textes et de remise en contexte historique, social et culturel.
Mots clés de la recherche : Littérature comparée, littératures européennes (XIXe-XXIe siècles) ; littérature de jeunesse ; écriture féminine ; altérités linguistiques (problématique du contact interculturel, bilinguisme et diglossie littéraires, auto-traduction) ; didactique de la littérature /didactique du bi-plurilinguisme ; identité/altérité ; interculturalité ; adolescence ; enfance ; migration
PUBLICATIONS
Ouvrages
1 - (direction). Paradoxes du plurilinguisme littéraire 1900 : réflexions théoriques et études de cas. Bruxelles : Peter Lang, coll. « Nouvelle poétique comparatiste », 2015, 273 pages.
2 - Une lecture de Im Zwischenland. Le paradigme de l’altérité au cœur de la création romanesque de Lou Andreas-Salomé. P.I.E. Peter Lang, Bruxelles, coll. « Nouvelle poétique comparatiste », 2011, 157 pages.
3 - (direction avec Philippe Clermont). Contre l’innocence. Esthétique de l’engagement en littérature de jeunesse. Francfort/Main, Berne : Peter Lang, coll. Kinder-und Jugendkultur, -literatur und – medien. 2011, 456 pages.
4 - (direction avec Christine Hélot, Sabine Ehrhart et Andrea Young). Penser le bilinguisme autrement. Francfort/Main : Peter Lang, coll. Kolloquium Fremdsprachenunterricht KFU, 2008, 228 pages.
Editions critiques
5 - Die Stunde ohne Gott und andere Kindergeschichten (1922), par Lou Andreas-Salomé. Réédition annotée et préfacée. Taching am See : MedienEdition Welsch. En cours.
6 - Im Zwischenland. Fünf Geschichten aus dem Seelenleben halbwüchsiger Mädchen (1902), par Lou Andreas-Salomé. Réédition annotée et préfacée. Taching am See : MedienEdition Welsch, 2013, 455 pages.
7 - (avec Romana Weiershausen) « Une cosmopolite sur les chemins de traverse : Lou Andreas-Salomé » [Introduction], colloque international organisé les 9-10-11 février 2017 à l’Université de Strasbourg, publication prévue.
8 - (avec Mateusz Chmurski et Luba Jurgenson) « Ecrire au féminin, penser (entre) les langues, un double exil ?Altérité linguistique dans la création littéraire des femmes (1875 – 2015)ais ut sur la littérature actuelle (dite migrante), les pcritent colloque s'ration avec Mateusz CHMURSKI, docteur , EA, etc. se [Introduction], Journée d’étude organisée les 1er et 2 décembre 2016, à l’Université de Strasbourg, publication prévue.
9 - « ‘Qui est ce moi passé sous silence ?’ L’écriture intime chez Anise Koltz. L’exemple de Lune Noircie », Journée d’étude organisée par Michèle Finck, le 24 novembre 2016, à l’Université de Strasbourg .
10 - (avec Philippe Clermont). « Langues et littérature de jeunesse » [Introduction], workshop organisé dans le cadre du XXIe Congrès ICLA/AILC, Vienne, 21 au 27 juillet 2016, publication prévue (direction d’ouvrage, en collaboration avec Philippe Clermont, LIT, coll. « poethik polyglott »).
11 - « Philosophie du langage dans « Le Hollandais sans peine », communication au workshop « Langues et littérature de jeunesse » dans le cadre du XXIe Congrès ICLA/ l’AILC, Vienne, 21- 27 juillet 2016, publication prévue (direction d’ouvrage prévue en collaboration avec Philippe Clermont, LIT, coll. « poethik polyglott »).
12 - « Nancy Huston und Marica Bodrožić, zwei Autorinnen der Migration ? Überlegungen zu ihrer Rezeption in Deutschland und Frankreich, mit besonderem Augenmerk auf Nord perdu (1998) und Sterne erben, Sterne färben. Meine Ankunft in Wörtern (2007), Christian Rink (éd.), « Migration in Deutschland und Europa. Interkulturalität – Multikulturalität – Transkulturalität, Frank & Timme, à paraître.
13 - « Le Pays Intermédiaire saloméen : un lieu entre expérience de l’angoisse et libération créatrice », Rosina Neginsky, Luba Jurgenson, Marthe Segrestin (éds.), L’angoisse dans les symbolismes européens, Cambridge Scholars Publishing, à paraître.
14 - « Überlegungen zu Lou Andreas-Salomés Im Zwischenland (1902) », Mateusz Chmurski, Ewa Paczoska, Izabela Poniatowska (éds.), Teksty doswiadczenia.Doswiadczenie tekstu [textes de l’expérience, expérience du texte] 2 vol. Varsovie, Wydawnictwa Uniwersytetu Warszawskiego, à paraître.
15 - « Babel en littérature. Esquisse définitionnelle et réflexion sur les implications esthétiques, politiques et identitaires du plurilinguisme littéraire », in Christine Hélot, Jürgen Erfurt (éds.), Education bilingue en France : Politique linguistique, modèles et pratiques, Peter Lang, sous presse.
16 - « ‘poethik polyglott’ : l’exemple de Tomi Ungerer », Patrizia Noel Aziz Hanna et Levente Selaf (éds.), The Poetics of Multilingualism - Poétique du plurilinguisme, Newcastle upon Tyne, Cambridge Scolar Publishing, p. 221-232 (sous presse).
17 - « Plurilinguisme et Migrations dans Nord Perdu de Nancy Huston », Carnets : revue électronique d’études françaises, IIe série, n° 7, mai 2016, p. 28-41.
18 - « Paradoxes du plurilinguisme 1900 [introduction] B. Benert (ed.), Paradoxes du plurilinguisme littéraire 1900 : réflexions théoriques et études de cas, Bruxelles : Peter Lang, coll. « Nouvelle poétique comparatiste », 2015, p. 11-29.
19 - « Lou Andreas-Salomé et ses langues », in B. Benert (éd.), Paradoxes du plurilinguisme littéraire 1900 : réflexions théoriques et études de cas, Bruxelles : Peter Lang, coll. « Nouvelle poétique comparatiste », 2015, p. 157-170.
20 - « Jeux de décomposition et de renversement d’identités dans J’apprends l’allemand de Denis Lachaud », in Philippe Clermont, Laurent Bazin, Danièle Henky (éds.), Esthétiques de la distinction : gender et mauvais genre en littérature de jeunesse, Peter Lang, coll. Kinder-und Jugendkultur, -literatur und – medien, 2013, p. 177- 190.
21 - « Apprentissages des langues et accent : de la douce illusion d’une maîtrise de la langue (à partir de textes autobiographiques d’Elias Canetti, Nancy Huston et Tomi Ungerer) », in Yves Clavaron, Jérôme Dutel et Clément Lévy (éds.), L’Etrangeté des langues, Presses Universitaires de Saint-Etienne, 2011, p. 59-68.
22 - « Lou Andreas-Salomé : un engagement esthétique dans l’écriture pour la jeunesse ? », in Britta Benert et Philippe Clermont (éds.), Contre l’innocence. Esthétique de l’engagement en littérature de jeunesse, Peter Lang, coll. Kinder-und Jugendkultur, -literatur und – medien, 2011, p. 103-118.
23 - « Lou Andreas-Salomé, eine vielsprachige Autorin ?“, in Ursula Welsch (éd.), Lou Andreas-Salomé (1861-1937). Ihr zur Feier, MedienEdition Welsch, Taching am See, 2011, p. 51-74.
24 - « ‘Ce poème je ne vais pas vous le traduire’ : plurilinguisme et (in-)traduction chez Tomi Ungerer », in Alfons K. Knauth (éd.), Translation & Multilingual Literature. Traduction & Littérature Multilingue, Lit, Berlin, Munster, Vienne, 2011, p. 145-159.
25 - « ‘Je n’ai pas de langue maternelle. J’ai simplement plusieurs langues fraternelles’. Le plurilinguisme vu par Tomi Ungerer et ses implications pour la question de la traduction », in Lieven D’hulst, Reine Meylaerts (éds.), La traduction dans les cultures plurilingues, Artois Presses Universitaires, coll. « Traductologie », 2011, p. 139-147.
26- « ‘Le côlon de la France’ : Tomi Ungerer et la question des langues en Alsace », in Dominique Huck et Thiresia Choremi (éds.), Parole(s) et langue(s), espace et temps. Mélanges offerts à Arlette Bothorel-Witz, Université de Strasbourg, 2010, 185-192.
27 - (avec Christine Hélot), « Littérature de jeunesse et plurilinguisme. A la rencontre de deux auteurs polyglottes en formation bilingue : Tomi Ungerer et Ernst Jandl », in Sabine Ehrhart, Christine Hélot, Adam Le Nevez (éds.), Plurilinguisme et Formation des enseignants : une approche critique/Plurilingualism and Teacher Education : A Critical Approach, Francfort/Main : Peter Lang, collection Kolloquium Fremdsprachenunterricht KFU, 2010, 115-143.
28 - « Das Elsass, eine Kultur des « Dazwischen » ?, in Dieter Heimböckel, Irmgard Honnef-Becker, Georg Mein, Heinz Sieburg (éds.), Zwischen Provokation und Usurpation. Interkulturalität als (un)vollendetes Projekt der Literatur-und Sprachwissenschaft, Munich, Wilhelm Fink Verlag, 2010, p. 359-373.
29 - « Vielsprachige Autoren gestern und heute, Gefangene im Zwischenland ? », in Peter Hanenberg, Isabel Capeloa Gil, Filomena Viana Guarda, Fernando Clara (éds.), Kulturbau. Aufräumen, Ausräumen, Einräumen, Peter Lang, coll. Passagem, 2010, p. 37-46.
30- (avec Christine Hélot) « Traduction et altérité », Neohelicon. Acta Comparationis Litterarum Universarum, 36 (2009) 1 : 117-129.
31 - « Comparatisme et identité régionale : le cas de l’Alsace dans le discours littéraire », in Eduardo F. Coutinho (éd.), Identities in Process : Studies in Comparative Literature, Rio de Janeiro, Aeroplano Editora, 2009, p. 91-101.
32 - « ‘A l’école il y a deux maîtres’. L’enseignement bilingue en Alsace : l’héritage culturel en question », in Christine Hélot, Britta Benert, Sabine Ehrhart et Andrea Young (éds.), Penser le bilinguisme autrement, Francfort/Main, Peter Lang, collection Kolloquium Fremdsprachenunterricht KFU, 2008, p. 41-58.
33 - (avec Philippe Clermont) « Littérature de jeunesse : une écriture spécifique ? », in Philippe Clermont (éd. ), Enseigner la littérature de jeunesse – Culture(s), valeurs et didactique des œuvres, édition du Scéren, CRDP de l’Alsace, 2008, p. 41-66.
34- (avec Christine Hélot), « Tomi Ungerer : homo viator. Trois langues et quatre récits pour penser la notion d’identité », Grenzgänge. Beiträge zu einer modernen Romanistik, 14. Jahrgang (2007), H. 27, Leipziger Universitätsverlag, 2007, 167-188.
35 - « Tomi Ungerer traducteur de lui-même. Analyse de la manière dont l’histoire alsacienne se livre à un public français, puis allemand ». Actes choisis du colloque Stéréotypes et prototypes nationaux en Europe, Forum des langues européen, Institut hongrois à Paris, 4 et 5 novembre 2005, 2007, p. 28-40.
36- (avec Christine Hélot), « Comment penser la notion d’interculturel dans la formation des enseignants du premier degré en France ? Analyse de trois notions : l’étranger, la rencontre, l’autre », Formation et pratiques d’enseignements en questions. Revue des HEP, Suisse Romande et Tessin, numéro thématique N° 4-5, ‘Approches interculturelles dans la formation des enseignants : Impact, stratégies, pratiques et expériences’, 2006, p. 77-102.
37 - « L’enseignement de l’allemand à l’école primaire en Alsace : analyse des écarts culturels ensituation de communication pédagogique », in Christine Hélot, Elisabeth Hoffmann, Marie-Louise Scheidhauer, Andrea Young (éds.), Ecarts de langues, écarts de cultures : A l’école de l’Autre, Peter Lang, coll. ‘Sprache, Mehrsprachigkeit und Sozialer Wandel’, 2006, p. 125-139.
38 - « Plurilinguisme littéraire : le cas Franz Kafka. Questions de réception », in Yves Clavaron et Bernard Dieterle (éds.), Métissages littéraires. Actes du XXXIIe Congrès de la Société française de Littérature Générale et Comparée, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2005, p. 389-396.
39 - « Quels sont les obstacles à l’acquisition de la langue allemande en Alsace ? », in Joëlle Aden (éd.), De Babel à la mondialisation : apport des sciences sociales à la didactique des langues, CNDP-CRDP de Bourgogne, coll. ‘Documents, actes et rapports pour l’éducation’, 2005, p. 197-210.
40 - « Traduttore traditore ? Sur la réception d’auteurs plurilingues s’autotraduisant », Cédérom des Cinquante ans de l’Association Internationale de littérature Comparée, Université de Venise, 22-25 septembre 2005.
41 - « Fratries dans l’œuvre romanesque de Rachilde et Lou Andreas-Salomé », in Florence Godeau et Wladimir Troubetzkoy (éds.), Fratries. Frères et Sœurs dans la littérature et les Arts de l’Antiquité à nos jours, Editions Kimé, 2003, p. 233-243.
42 - « Adolescences chez Rilke et Lou-Andreas-Salomé », in Stéphane Michaud et Gerald Stieg (éds.), Rilke et son amie Lou Andreas-Salomé à Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle/Bibliothèque Nationale, 2001, p. 41-61.
Traduction
43 - « Kind und Kunst [L’enfant et l’art] », Das literarische Echo, par Lou Andreas Salomé, traduction de l’allemand, in Nathalie Prince, La littérature de jeunesse. Pour une théorie littéraire, A. Colin, 2015, p. 212-214.
Latinité et modernité (1850-1930) : affinités et convergences, Habilitation à diriger des recherches (Coord. Prof. Guy Ducrey), soutenue à l'université de Strasbourg (Institut de littérature comparée) le 12 novembre 2006
Marie-France David-de Palacio est Professeur de littérature comparée à l'Université de Bretagne Occidentale (Brest)
Le Geste comme "objet spectaculaire", Habilitation à diriger des recherches (Coord. Prof. Guy Ducrey) prévue pour le 6 décembre 2013 à 13h45
Olivier Goetz est maître de conférences en Arts du spectacle à l'université Paul-Verlaine de Metz
Esa Christine Hartmann, Dialogue poétique sur deux versants : Saint-John Perse, Rainer Maria Rilke, Hugo von Hofmannsthal, Habilitation à diriger les recherches, sous la direction de Madame le Professeur Michèle Finck, déposée en 2014.
Un dialogue entre poètes peut adopter de multiples formes : échanges épistolaires, collaborations poétiques, emprunts intertextuels, articles critiques – autant d’hommages qui créent et attestent un lien d’amitié, d’admiration ou d’imitation entre poètes contemporains. Ce dialogue peut parfois transgresser les frontières linguistiques, et, souvent, l’hommage rendu à un poète se transforme en un défi de traduction.
La réception de l’œuvre poétique de Saint-John Perse par deux des plus grands poètes de langue allemande de sa génération, R. M. Rilke et H. v. Hofmannsthal, pourrait illustrer un tel compagnonnage translinguistique. En effet, un poème de jeunesse de Saint-John Perse, Images à Crusoé (1909) fut traduit, en 1925, par l’auteur des Elegies. Par la suite, cependant, Rilke renonça, en faveur de Walter Benjamin, à la traduction du fameux poème Anabase (1924), auquel Hugo von Hofmannsthal consacra à son tour une préface.
Or, fort curieusement, ces témoignages d’hommage, oubliés aujourd’hui, n’avaient paru dans aucune publication officielle. L’unique traduction en langue allemande faisant autorité de nos jours provient de Friedhelm Kemp (Saint-John Perse. Das Dichterische Werk, Munich, Heimeran Verlag, 2 volumes, 1978), et, dans l’édition de la Pléiade de ses Œuvres complètes (1972), Saint-John Perse, qui y annote lui-même ses poèmes, ne mentionne qu’en une petite note bibliographique l’existence de la traduction de Rilke d’Images à Crusoé (« tirage privé, hors commerce » en dit-il seulement, p.1349). Quelles sont les raisons de ce silence ?
En dehors de cette problématique génétique, cherchant à élucider les mystérieuses circonstances de création, d’édition et de réception d’une traduction et d’une préface, une deuxième perspective, comparatiste cette fois-ci, s’ouvre à nous. Cet hommage rendu à l’œuvre persienne aurait-il conduit, chez Rilke comme chez Hofmannsthal, à une appropriation intertextuelle de l’imaginaire persien, reproduit dans les œuvres poétiques des deux poètes autrichiens ? Y aurait-il un écho secret, une réminiscence lointaine de certaines métaphores persiennes, ou encore, à un niveau rythmique et prosodique, du souffle épique animant Anabase ?
Enfin, nous pourrions lire la traduction de Rilke, et peut-être même la préface de Hofmannsthal, comme un art poétique de leurs propres œuvres. Cet art poétique ne révélerait-il pas aussi, en filigrane, une esthétique de la réception des œuvres persiennes ? Et sans doute, en explorant davantage encore les profondeurs de la création, au cas où nous aurions la chance de retrouver les manuscrits de la traduction de Rilke, pourrions-nous les comparer aux manuscrits de sa propre œuvre poétique (qui fut menée, vers la fin de sa vie, en langue française), afin d’y retrouver certains procédés scripturaux marquants, certains éléments de sa poétique créatrice.
A la découverte de ce corpus d’étude, les questions qui se posent lors de notre enquête avant-textuelle à la recherche de documents et manuscrits, perdus ou enfouis dans les archives des poètes, sont certes multiples. Notre étude se proposera de mettre en lumière le travail d’hommage, oublié ou volontairement occulté, que Rilke et Hofmannsthal vouèrent à Saint-John Perse. Grâce à la richesse de ce dialogue poétique, nous espérons pouvoir jeter un nouveau regard sur les œuvres de deux grands poètes de langue allemande, et, sur l’autre versant de cette aventure de réception, sur les poèmes de Saint-John Perse.
Publications :
Monographies :
- Esa Christine Hartmann, Les manuscrits de Saint-John Perse. Pour une poétique vivante, Paris, L’Harmattan, coll. « Critiques littéraires », 2007, 500 p.
Compte rendu de l’ouvrage par Renée Ventresque, dans Genesis, Revue internationale de critique génétique, n°29/08, Paris, CNRS / ITEM / Editions des archives contemporaines, juillet 2009, pp.175-176 ;
paru également dans Souffle de Perse, n° 13, Publication de la Fondation Saint-John Perse, mars 2008, pp.130-134.
Articles (23) :
- « Manuscrits », Dictionnaire de Saint-John Perse, C. Mayaux et M. Sacotte (éd.), Paris, Gallimard, à paraître.
- « La « fièvre philomatique » de Rimbaud. Une lecture génétique des listes de vocabulaire allemand », Rimbaud, "littéralement et dans tous les sens", Rencontres 34, Etudes dix-neuviémistes, Paris, Classiques Garnier, août 2012, pp. 141-158.
- « Métaphores en marge : L’invention iconique de Saint-John Perse », Souffle de Perse, n° 15, Publication de la Fondation Saint-John Perse, décembre 2011, pp. 135-149.
- « Du rêve cosmique à la révolution métaphysique : Rimbaud et Saint-John Perse », Parade sauvage, Revue d’études rimbaldiennes, n° 22, octobre 2011, pp.11-21.
- « L’illumination lointaine des tablettes d’argile. Le statut de l’intertexte mésopotamien dans la genèse de Vents de Saint-John Perse », Genesis, Revue internationale de critique génétique, n°31/10, Paris, CNRS / ITEM, 2010, pp.123-135.
- « Poésie et vérité. Une lecture des manuscrits du Discours de Stockholm », Saint-John Perse, 1960-2010 : Les 50 ans d’un prix Nobel, La nouvelle anabase, Revue d’études persiennes, n°6, Paris, L’Harmattan, décembre 2010, pp. 65-78.
- « La fabrication du Discours de Stockholm », Souffle de Perse, hors-série n° 1, Publication de la Fondation Saint-John Perse, décembre 2010, pp. 155-171. (Première publication dans Souffle de Perse, n° 14, décembre 2009, p. 109-124).
- « La fabrication du Discours de Stockholm », Souffle de Perse, n° 14, Publication de la Fondation Saint-John Perse, décembre 2009, pp. 109-124.
- « Traduction, interprétation et critique. Les traductions anglaises et allemandes des poèmes de Saint-John Perse à l’épreuve de l’imagination créatrice », Saint-John Perse et l’écho des langues. Poésie et traduction, La nouvelle anabase, Revue d’études persiennes, n°5, Paris, L’Harmattan, octobre 2009, pp.233-299.
- « Créations "dans les blancheurs d’archives inédites" : Réflexions sur la genèse des emprunts dans l’écriture de Vents », Saint-John Perse, de Sumer aux îles solitaires. Poésie et anthropologie, La nouvelle anabase, Revue d’études persiennes, n°4, Paris, L’Harmattan, à paraître.
- « Une autre mer au loin s’élève’ : Parfums, paysages et poétiques méditerranéens dans l’œuvre de Saint-John Perse », Saint-John Perse : Atlantique et Méditerranée, Actes du colloque international de Tunis, La nouvelle anabase, Revue d’études persiennes, n°3, Paris, L’Harmattan, décembre 2007, pp. 277-286.
- « "De grandes œuvres, feuille à feuille" : Vents et la naissance mythique de l’écriture », Saint-John Perse et la mantique du poème, La nouvelle anabase, Revue d’études persiennes, n°2, Paris, L’Harmattan, décembre 2006, pp. 249-264.
- « Poésie de la braise : parcours de Chronique et Chant pour un équinoxe », Saint-John Perse et la mantique du poème, La nouvelle anabase, Revue d’études persiennes, n°2, Paris, L’Harmattan, décembre 2006, pp. 91-139.
- « ‘Transmutation mûrie d’une gloire automnale’ ou ‘écho demeuré sans réponse’ ? Les réminiscences persiennes chez Pierre Torreilles », La nouvelle anabase, Revue d’études persiennes, n°1, Paris, L’Harmattan, décembre 2005, pp. 193-207.
- « Vers un renouveau philologique : Saint-John Perse et la critique génétique », La nouvelle anabase, Revue d’études persiennes, n°1, Paris, L’Harmattan, décembre 2005, pp. 161-170.
- « ‘Cette contradiction latente qui règne au coeur de tout poème’ : a contradição, principio criador nos manuscritos de Saint-John Perse », Manuscrítica, Revista internacional de crítica genética, 2005.13., São Paulo, Annablume, pp.293-319.
- « Le poème Oiseaux, une œuvre de circonstance ? », Souffle de Perse, n° 11, Publication de la Fondation Saint-John Perse, mars 2005, pp.48-62.
- « Les réminiscences persiennes dans Où se vient amarrer le bleu », Lectures de Pierre Torreilles, Approches critiques, Sergio Villani et Paul Perron (éd.), New York / Ottawa / Toronto, Legas, 2004, pp.97-106.
- « ‘Le dix-neuvième siècle à l’extrême’ : désirs décadents et vicissitudes de la modernité dans A rebours de J-K. Huysmans », Romance Notes, Volume XLIV, Number 2, Winter, 2004, University of North Carolina Press, pp.119-131.
- « ‘A la recherche d’une variante perdue’ : La mémoire à l’œuvre sur les manuscrits de Saint-John Perse », Genesis, Revue internationale de critique génétique, n°23/04, Paris, CNRS / ITEM / Jean-Michel Place, août 2004, pp.79-92.
- « Pour une poétique vivante : genre et création chez Saint-John Perse », Question de genre, Catherine Soulier et Renée Ventresque (éd.), Presses universitaires de Montpellier, mai 2003, pp.57-82.
- « Mort et renaissance de la parole poétique dans le poème Neiges », Souffle de Perse, n° 10, Publication de la Fondation Saint-John Perse, novembre 2002, pp.45-58.
- « Histoire d’une traduction », Souffle de Perse, n° 9, Publication de la Fondation Saint-John
Mireille Brangé, PRAG en Lettres Modernes à Paris 13, ancienne élève de l’École Normale Supérieure de la rue d’Ulm, est docteur en littérature générale et comparée.
Titre provisoire de l'Habilitation à diriger des recherches:
Littérature et cinéma. Scénarios d'écrivains, Italie-France, de 1908 à 1940
Le travail envisagé porte sur la publication de scénarios d’écrivains entre 1908 et 1940 en France et en Italie qu’ils aient été tournés ou non, effectivement destinés à l’être ou adoptant une apparence de scénario cinématographique.
Dans la légitimation du cinéma comme expression culturelle puis comme art, la contribution des écrivains ne fut pas mince, en défendant le cinéma, en lui accordant un regard critique et des positions dans la grande presse autant que dans les premiers journaux spécialisés. La publication, en revues cinématographiques ou littéraires, ou en volume, de leurs scénarios, écrits normalement destinés à être abolis dans un films, jusqu’à la Deuxième Guerre Mondiale permet un double regard : sur le rôle des écrivains dans ce processus de légitimation à travers la place donnée à leurs scénarios dans le système éditorial, sur la place qu’eux-mêmes leur concèdent dans l’idée qu’ils se font de leur œuvre ; en somme, en les lisant comme autant de signaux envoyés non seulement à l’industrie cinématographique, mais aussi et toujours à leurs pairs.
Les travaux de Mireille Brangé portent sur les rapports entre littérature, théâtre et cinéma, ainsi que sur l’histoire des idées dans les domaines français, italien et germanique de 1900 à 1940.
Elle travaille en particulier sur les rapports des écrivains avec le cinéma et le théâtre au XXème siècle, sous les angles des problèmes d’articulation, théorique et pratique, entre les trois arts et d’intermédialité. Mais aussi d’adaptation et d’auto-adaptation, d’histoire intellectuelle (démocratisation culturelle) et de critique.
Elle a également consacré plusieurs études à Jean Prévost et au milieu de la Nrf.
Co-porteuse, avec Françoise Palleau (PR, Littératures anglophones, Pléiade) d’une des 5 structures fédératives de Paris Nord (Programme « Délivrez-nous du livre ! » - financement 2014-2018 http://livrelibre.hypotheses.org)
Cliquez sur la couverture pour voir la présentation du livre
Flavie Fouchard, Profesora Ayudante Doctor (Habilitée Contratada Doctor) au Département de Philologie Française de l’Université de Séville est docteur en littérature générale.
Titre provisoire de l’Habilitation à Diriger des Recherches sous la direction de Guy Ducrey : Colette et la photographie
Le travail s’attache à analyser les multiples relations de Colette à la photographie, à l’intérieur de son œuvre mais aussi en relation avec la figure d’auteur que celle-ci cherche à construire au fil de sa carrière.
Un premier volet du travail consiste donc à contextualiser les usages contemporains de la photographie (tant dans le domaine privé que littéraire) puis à étudier la présence de la photographie dans l’œuvre littéraire de Colette. Présence qui va de mentions à mettre sur le compte de l’esthétique réaliste de Colette à l’utilisation de photographies dans une perspective autobiographique pour la première édition de Mes Apprentissages, en passant par la juxtaposition de textes et de photographies comme dans Splendeurs des Papillons, Les Fleurs, Chats.
Un deuxième volet est consacré à l’utilisation de la photographie, et notamment du portrait, par Colette dans la lignée des recherches menées ces trente dernières années sur le lien entre mythe et réalité autour de la figure de Colette (fiction, autobiographie et autofiction). Cette étude est menée de manière chronologique et systématique pour montrer le rôle de la photographie dans l’élaboration de la figure d’auteur de Colette et son évolution. Pour ce faire, il est prévu de dresser une typologie des portraits publics de Colette et d’en réaliser une analyse.
La thèse de doctorat de Flavie Fouchard portait sur Le Pur et l’Impur de Colette. Ses travaux sur l’auteur lui ont permis de contribuer au Dictionnaire Colette à paraître chez Classiques Garnier (2018). Par ailleurs, ses recherches s’intéressent également aux textes narratifs de Jean Giraudoux, à la littérature de la Grande Guerre et aux relations entre la photographie et la littérature.
Les Histoires de Tasì Hangbé présentent plusieurs récits sur cette figure...
Que dit la littérature contemporaine sur la mémoire de la traite...
L'Institut de littérature comparée et son groupe de recherches L'Europe...