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L'unité de recherche 1337 Configurations littéraires fédère, au sein de l'université de Strasbourg, l’ensemble des recherches concernant la littérature française, francophone et comparée. Son domaine recouvre la théorie et l’histoire de la littérature ainsi que l’étude comparée des littératures française et étrangères, sans limitation de temps.
Composante de l'école doctorale des humanités ED 520, elle prépare au doctorat de littérature française, générale et comparée.
Elle regroupe trois centres de recherche, qui travaillent à la fois sur des projets propres et en symbiose sur des projets transversaux. Ce travail s'articule sur trois axes, « Littérature et Histoire », « Frontières et transferts », « Écocritique ».
Les trois axes « Littérature et Histoire », « Frontières et transferts » et « Écocritique » fédèrent l'ensemble des chercheurs de l'équipe, et donnent lieu à des collaborations entre les trois groupes de recherche qui composent l'UR 1337.
L'UR 1337 Configurations littéraires dispose d'une collection éponyme aux Presses universitaires de Strasbourg.
L'UR 1337 pilote l'Institut Thématique Interdisciplinaire « Éthique, Littérature et Arts » LETHICA (2021-2028) labellisé en janvier 2020 (voir ci-dessous).
L'axe « Littérature et Histoire » entend explorer les territoires entre la littérature et l'histoire : non pas des marges mais des espaces intermédiaires, qu'il s'agisse de genres qui revendiquent leur ancrage dans l'histoire (les mémoires, le roman et le drame historiques, la chanson de geste), ou d'écrivains qui ont fait l'objet d'une double réception, naturelle à une époque où les belles-lettres englobent l'histoire, plus complexe à partir du moment où l'histoire se constitue comme une discipline : les historiens du Grand Siècle, Voltaire, Michelet ou les Goncourt appartiennent à cette classe d'écrivains qui furent lus autant comme des historiens que comme des littérateurs. Ces territoires, en effet, n'ont sans doute pas le même statut à l'âge classique – où l'histoire n'est pas considérée comme une discipline autonome, mais comme une branche des belles-lettres, et relevant comme telle de la rhétorique –, qu'à partir de la seconde moitié du XIXe siècle.
L'axe « Littérature et Histoire » travaille sur les régimes d'historicité : à quels moments écrit-on l'histoire ? Y a-t-il des périodes historiques plus propices et pourquoi ? On dit que l'histoire naît avec la Révolution, quand la société passe d'une assiette immuable au mouvement. L'historiographie d'Ancien Régime prouve pourtant le contraire. Et, si en 1820, l'écriture de l'histoire est mue par le désir de comprendre un monde nouveau et encore incompréhensible, qu'on cherche à rattacher à un passé lointain (Augustin Thierry), qu'en est-il aujourd'hui, depuis la seconde guerre mondiale, quand le passé ne passe pas et que la mémoire est hantée sans solution de libération et de dépassement ? L'axe « Littérature et Histoire » s'interroge également sur la représentation des événements historiques donnée par les textes littéraires.
L'axe « Littérature et Histoire » se penche aussi sur l'histoire des textes, celle du manuscrit médiéval et de sa lente constitution dans ses leçons successives, comme sur les archives du texte (genèse de l'imprimé, génétique) et les étapes documentaires du travail de l'écrivain – conçu à la Renaissance comme une abeille faisant son miel de tout (Montaigne) ou comme un artisan œuvrant à partir de matériaux divers (chez Ronsard), au XIXe siècle comme un reporteur-enquêteur partant sur le terrain quêter ses informations. Il analyse aussi l'étude des réceptions d'une œuvre et de l'évolution de cette réception à travers les siècles. À ce titre, la Renaissance occupe une place privilégiée : période faste de réception et de relecture des auteurs antiques, elle est aussi envisagée dans sa redécouverte par certaines littératures d'aujourd'hui. Les travaux de Stéphane Zékian sur la construction du « siècle de Louis XIV » comme lieu de mémoire nationale, ainsi que ceux portant sur l'histoire de l'édition critique, peuvent être une des voies d'accès à ce champ, mais pas exclusivement. Les notions d'imaginaire social et d'imaginaire temporel auxquelles Dominique Kalifa a consacré l'essentiel de ses dernières recherches, exploitant un matériau à la fois littéraire et référentiel, en sont une autre.
L'axe « Frontières et transferts » regroupe la réflexion sur les échanges entre langues ; sur les échanges entre domaines artistiques (littérature et musique, littérature et peinture, littérature et arts de la scène, littérature et cinéma) ; sur les transferts de disciplines (littérature et philosophie, littérature et anthropologie, littérature et économie, littérature et médecine) ; ainsi que sur les transferts d'une aire géographique à une autre.
L'axe « Frontières et transferts » porte à la fois sur les déplacements spatiaux et le passage des frontières, ce qui, dans une ville comme Strasbourg – ville des routes, ville-frontière – s'impose de manière toute naturelle. Les collaborations que l'UR 1337 a nouées dans le bassin rhénan (avec les universités de Freiburg et de Bâle) et avec l'université de Zurich en sont d'ailleurs la preuve.
Plusieurs journées d'études doctorales communes à l'UR 1337 et au Romanisches Seminar de l'université de Freiburg ont été organisées depuis 2012 ; elles se tiennent alternativement à Strasbourg et à Freiburg. L'UR 1337 a co-organisé deux journées d'études doctorales avec le Romanisches Seminar de l'université de Zurich et organise tous les ans des journées doctorales avec le Centre Écritures (Université de Lorraine) et l'UMR Thalim (Sorbonne-Nouvelle) sur les littératures du sud.
L'axe « Frontières et transferts » travaille aussi sur les transferts entre les disciplines, et la façon dont la littérature intègre, transpose, remodèle les apports d'autres disciplines.
– Littérature et arts
Cet axe a pour objet pérenne dans l'UR 1337 tout ce qui a trait à la transposition et au dialogue des arts, qu'illustrent notamment les colloques organisés par l'Europe des Lettres. Les colloques Littérature et musique, Littérature et peinture, Écriture et silence au XXe siècle, Littérature comparée et correspondance des arts – dont les actes ont été publiés – confirment la vitalité d'un des domaines classiques des études comparatistes au sein de l'UR 1337, tout comme le colloque Littérature et cinéma.
– L’Europe littéraire
L’Équipe d’accueil consacre une part importante de son activité scientifique à définir les contours d’une Europe littéraire à l’époque moderne.
– Littérature et sciences humaines
L'axe « Frontières et transferts » interroge également les rapports entre littérature et morale, ainsi qu'entre littérature et philosophie.
Est également étudiée dans l'axe « Frontières et transferts » la façon dont des savoirs d'origine diverse (médicaux, anthropologiques, psychologiques, économiques...) entrent en relation avec la littérature, ce qu'ils y produisent, la manière dont ils y sont intégrés, reformulés, modifiés, peut-être trahis, peut-être magnifiés.
Dans le cadre de la réflexion sur les transferts entre disciplines, l'axe « Frontières et transferts » aborde aussi les relations entre la littérature et les sciences humaines, notamment dans le cadre historique et géographique de « l’Atlantique noir ». Les dialogues et les influences réciproques entre écrivains et penseurs français, africains, antillais, afro-américains, ont en effet présidé à la constitution de nouvelles traditions intellectuelles ou littéraires, comme la pensée noire ou les littératures postcoloniales, auxquelles divers chercheurs et doctorants du CERIEL consacrent leurs travaux.
– Littérature religieuse
L'UR 1337 travaille également sur la littérature religieuse. Ses travaux portent autant sur des auteurs (Port-Royal, Bossuet, Fénelon, les jésuites à l'âge classique) que sur des genres et des notions (le mystère, l'épiphanie).
– Littératures de jeunesse
L’axe « Frontières et transferts » permet enfin le développement des recherches en littératures de jeunesse au sein de notre UR, selon trois déclinaisons de la question des transferts.
Tout d’abord, les rapports entre littérature de jeunesse et les autres arts restent féconds. Au-delà des liens habituels entre littérature et image au sein de la bande dessinée pour la jeunesse, au sein des albums, la question toujours pertinente de l’adaptation cinématographique d’une œuvre de littérature de jeunesse appelle à considérer un double mouvement : dans un sens, il s‘agit de considérer le rapport d’une œuvre patrimoniale à ses adaptations filmiques ; dans l’autre, et de façon plus neuve, il y a lieu de considérer comment le cinéma peut conférer le statut de « classique » à une œuvre de littérature de jeunesse.
Enfin, « Frontières et transferts » permettra aux recherches en littérature de jeunesse de poursuivre le travail fondateur d’Isabelle Nières-Chevrel sur les « incertaines frontières » de ce domaine de la création littéraire. Il s’agira en particulier d’aborder la question des transferts ou de la porosité entre différentes catégories d’âges de lecteurs pour certaines œuvres, entre différentes expressions artistiques. Ces phénomènes de « crossover », comme celui d’une éventuelle transmission intergénérationnelle de la culture de jeunesse, demandent à être étudiés, sans omettre que la littérature de jeunesse est désormais située dans un régime culturel multimédiatique au sein duquel l’œuvre littéraire entre en résonance avec d’autres médias (cinéma, jeux vidéo, …).
L’axe « Écocritique » entend contribuer à la réflexion actuelle sur les liens entre littérature et écologie. Les études écocritiques sont enracinées dans le paysage universitaire anglo-saxon depuis une trentaine d’années et elles se sont développées récemment dans l’université française sous le nom d’écopoétique. Champ disciplinaire en pleine expansion dans les recherches littéraires actuelles, l’écocritique reste toutefois un territoire encore méconnu, notamment pour les siècles anciens.
L’écocritique est confrontée à une difficulté théorique : comme toute étude littéraire, elle se présente comme un discours (critique) sur un discours (littéraire) et tend ainsi à traiter la nature comme une réalité abstraite, au lieu de l’aborder dans toute sa matérialité. Si l'écocritique s'efforce de ne pas être coupée d'une réalité concrète, la littérature reste toutefois un art de l’imaginaire. Le monde naturel est ainsi une construction culturelle dotée d'une historicité. Aborder la nature d’un point de vue symbolique, abstrait et conceptuel n’enlève rien à sa réalité : cela permet au contraire de saisir la perception éthique que les hommes en ont et qui, seule, est en mesure de modifier leur action dans un sens écologique.
L’écopoétique française se développe depuis une quinzaine d’années, mais elle délaisse souvent les siècles anciens au profit de la littérature contemporaine. Il paraît donc nécessaire de remonter aux siècles antérieurs, afin de saisir le fil d’une évolution complète. Ce relief diachronique permet de comprendre précisément les origines, le devenir et l’actualité de l’imaginaire écologique. Le passé fournit des clés de compréhension pour préparer l’avenir.
L'axe « Écocritique » est porté actuellement par :
– la chaire ECO/LIT (« Littérature et écologie »), animée par Louis-Patrick Bergot, qui propose des lectures écopoétiques des textes anciens (Moyen-Âge-XVIIIe siècle)
– la chaire ECO/PROP (« Écologie et propagande »), animée par Dominic Thomas, Anthony Mangeon et Ninon Chavoz, qui vise à penser les liens entre écologie et propagande, à partir de la littérature.
Un blog Hypotheses est consacré à la diffusion des travaux de ces deux chaires.
En juillet 2019, Configurations littéraires pilotait un consortium d’une centaine d’enseignants-chercheurs pour proposer un institut thématique interdisciplinaire centré sur l’apport des arts et des littératures à la réflexion éthique contemporaine (LETHICA). Après une évaluation très positive par un jury international d’experts, le projet LETHICA a fait partie, en janvier 2020, des 11 projets d’instituts thématiques interdisciplinaires lauréats de l’appel à projets, pour une période de 8 ans (2021-2028), et qui seront financés par l’université de Strasbourg, le CNRS et l’INSERM.
Rassemblant des enseignants-chercheurs en arts visuels et plastiques, en études théâtrales et cinématographiques, en littérature française, générale et comparée, en langues et littératures européennes et orientales, en musicologie, philosophie, sociologie, théologie et médecine (en particulier gériatrique), LETHICA a sélectionné quatre grandes thématiques qui sont plus que jamais d’actualité dans le contexte actuel de la pandémie mondiale du COVID-19 et de ses conséquences sanitaires, économiques et sociales. Les questions du « triage », des « révolutions morales », de la transparence et du secret, des manières de « faire cas » seront ainsi explorées alternativement ou consécutivement, et elles donneront lieu à divers programmes de recherche et sujets plus spécifiques d’investigation. Nous croiserons également quatre axes ou perspectives de recherche : des approches historiques, des approches interculturelles, ainsi que des articulations entre recherche et création et entre éthique et thérapeutique.
LETHICA sera adossé au master éthique, qui ouvrira à la rentrée 2020-21 un nouveau parcours trilingue (anglais, allemand, français) dans le cadre d’EUCOR – Le campus européen. De nouvelles mutualisations d’enseignements seront opérées, avec certains masters des facultés des arts, des lettres (littérature française, générale et comparée ; cultures littéraires européennes Erasmus Mundus +) et des langues (master plurilinguisme et interculturalité). Sur la base de ces mutualisations, LETHICA développera également un diplôme universitaire ouvert aux étudiants de master, aux formations doctorales et à la formation continue.
LETHICA créera ainsi de nouvelles passerelles et synergies entre les études en arts, en littérature et en sciences humaines d’un côté, et les études en sciences de la vie et de la santé de l’autre.
Voir la présentation du projet et sa carte heuristique
Voir une présentation générale en anglais et une carte heuristique en anglais (version abrégée)
Vous trouverez toutes les informations concernant LETHICA sur son site officiel, et une présentation synthétique de ses enjeux sur le site de l'Unistra
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