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George Sand et la Poétique du Génie
Pr Isabelle Naginski, Tufts University, Boston, US; Fellow 2018
Vendredi 26 octobre 2018, 12:30-14:00
Salle Amériques, MISHA (accès)
De nombreux critiques ont eu raison de considérer les Lettres d’un voyageur comme un premier questionnement sur ce que sera l’art poétique de Sand et sur la possibilité d’un génie au féminin. Le voyageur, c’est à dire Sand en travesti, éprouve à maintes reprises des sensations d’angoisse, d’insatisfaction, de frustration et de doute de soi. Et cela au moment-même où la réputation de l’écrivaine est en train de monter en flèche. Les quelques lecteurs qui disent encore que Sand écrivait sans aucune préoccupation de la qualité de sa prose se trompent de façon absolue. Il suffit de lire les Lettres d’un voyageur et Histoire de ma vie, en particulier, pour s’en convaincre. Dans cette communication je voudrais proposer quelques pistes de réflexion qui peuvent être fructueuses pour l’étude de l’articulation de Sand concernant son art poétique.
Si Sand se targue d’avoir une grande facilité dans la composition, les sentiments qui accompagnent cette facilité sont complexes. Dans les premières années, on y trouve une anxiété croissante vis-à-vis de la qualité de sa prose. Lorsqu’elle n’était qu’une petite « gribouilleuse », elle se moquait bien d’être bien ou mal jugée. Mais lorsqu’elle commence à comprendre qu’on commence à la percevoir comme une « grande écrivaine », l’angoisse s’installe. Elle se sent également poussée à faire de la copie, de plus en plus rapidement. Dans les Lettres d’un voyageur elle se plaint de cette pression et de l’effet de la rapidité sur la qualité de l’œuvre qu’elle compose. Alors que ses confrères trouvent le temps de peaufiner leurs textes, « lui [c’est-à-dire Sand], malheureux, il a fait, à grands coups de bêche et de truelle, un ouvrage grossier, informe, énergique quelquefois, mais toujours incomplet, hâté et fiévreux : l'encre n’a pas séché sur le papier, qu'il faut livrer le manuscrit sans le revoir, sans y corriger une faute! ». Et elle craint que cette facilité risque d’être garante de fabrications littéraires de deuxième ordre. Nous savons bien sûr que la rapidité ne fait rien à l’affaire. Stendhal n’a-t-il pas dicté son chef-d’œuvre, La Chartreuse de Parme, en 52 jours ?
Tout va changer pour Sand avec la composition des Maîtres mosaïstes en 1837. Nous étudierons la transformation concernant ses théories de la création romanesque grâce auxquelles elle a pu dépasser l’angoisse de l’écriture et trouver une nouvelle attitude envers l’inspiration littéraire. Il s’agit de présenter une hypothèse pour proposer comment elle a pu, une fois pour toutes, dépasser sa hantise de la médiocrité.
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