Fictions du futur : séminaire 2016-2018
Après deux années consacrées à l’événement (« Créer l’événement : le savoir historique de la littérature », 2014-2015 ; « Mémoires de l’événement », 2015-2016), dont les conférences donneront bientôt lieu à une publication collective, le CERIEL abordera donc les « Fictions du futur », et plus particulièrement du XIXe au XXIe siècles. Il s’agira notamment de voir comment les représentations ou les projections utopiques ou dystopiques ont suscité une abondante production littéraire, cinématographique, artistique, et d’apprécier également comment les pratiques contemporaines reprennent et renouvellent certaines formes ou certains genres, comme la science-fiction, pour mieux interroger notre présent à partir d’hypothétiques futurs.
Qu’elle soit en effet littéraire ou cinématographique, la fiction met en scène un univers qui est rarement sans rapport avec le réel du lecteur, y compris pour des genres distanciés tels que la science-fiction. Ce constat nous renvoie de fait à une conception fonctionnaliste de la littérature, soulignée par Thomas Pavel lorsque ce dernier rappelle que « Les œuvres littéraires ne sont pas mises à distance simplement pour le bénéfice de la contemplation, mais afin qu’elles agissent avec force sur le monde du spectateur » (Les Univers de la fiction, Seuil, 1988, p. 183). Autrement dit, les « mondes possibles » de la fiction peuvent avoir pour effet – sinon même pour objet, dans le cas de la science-fiction – de « défamiliariser et de restructurer l’expérience que nous avons de notre présent, et ce, sur un mode spécifique, distinct de tout autre forme de défamiliarisation » selon le critique américain Fredric Jameson (Archéologies du futur. Tome 2 : Penser avec la science-fiction, Max Milo, 2008, p. 16). Héritière moderne de l’utopie, la science-fiction tendrait ainsi à montrer tout à la fois les manques dans notre réel, et l’incapacité que nous avons à produire de nouveaux imaginaires utopiques visant à le transformer.
Ainsi les travaux de ce programme, élaborés à partir d’un corpus de « fictions du futur » qui ne se limiteront pas aux seules œuvres de science-fiction ou d’anticipation, viseront à étudier notamment :
- l’écart ou la distance entre la fiction et le réel, ainsi que les valeurs et visées – esthétiques, axiologiques, ... - de ces écarts et le « fonctionnement » de ces fictions ;
- l’intertextualité et l’intermédialité des fictions considérées ;
- leur réception ;
- la reprise des codes esthétiques et narratifs de la science-fiction ou de l’anticipation par des auteurs contemporains de littérature « générale » comme Tristan Garcia, Michel Houellebecq, Nancy Huston, Doris Lessing…
Ces « fictions du futur » seront l’occasion de mettre en dialogue les divers domaines de spécialité des membres du CERIEL (littérature française des XIXe, XXe et XXIe siècles, littérature comparée, littérature de jeunesse, littératures francophones), et d’ouvrir des collaborations nouvelles avec des membres de l’EA rattachés ou CELAR ou à L’Europe des Lettres.
Programme des séances du séminaire
Les séances ont toutes lieu à la Faculté des Lettres, 14 rue René Descartes (Strasbourg), Bâtiment Le Portique, côté rue, 4e étage.
Première séance, vendredi 25 novembre 2016 (13 h 30, au Portique, salle 401) - Atelier organisé par Laurent Bazin (Université de Versailles Saint-Quentin en Yvelines) et Philippe Clermont (Université de Strasbourg, CERIEL et ESPE), « Fictions du futur : utopies et dystopies, pour la jeunesse et pour les autres »
Jeudi 9 février 2017 (18 h, au Portique, salle 409) : « Fictions du futur et poésie d’anticipation ». Atelier organisé par Bertrand Marquer (UdS), avec Hugues Marchal et Thibaud Martinetti (Université de Bâle)
On n’associe guère la poésie à l’essor de la science-fiction, tel qu’il est intervenu au fil du 19e siècle. Toutefois, la séance réunira deux interventions invitant à remettre en question cette approche.
Hugues Marchal montrera que le dialogue entre poésie et science a nourri, dès les années 1850, des textes d’anticipation en vers, comme Les Nouveaux Titans de Cœuret (1856) ou Le Poème humain de Gustave Rousselot (1874) – œuvres aux formes parfois elles-mêmes novatrices, et dont les tableaux de l'avenir, entre âge d’or et dystopie, doivent être rattachés aux débats contemporains suscités par le positivisme.
Thibaud Martinetti s’intéressera à la manière dont les sciences naturelles, et particulièrement l’entomologie, après avoir été perçues au 18e siècle comme la source d’un « merveilleux vrai » capable de remplacer en poésie les mythes usés, en sont venues à alimenter, à l'orée du 20e siècle, un autre « merveilleux scientifique », mêlant fiction et conjecture. Son propos portera notamment sur les textes que le poète et dramaturge Maurice Maeterlinck a consacrés aux insectes, comme La Vie des abeilles (1901), et sur des œuvres où l’entomologie a croisé la science-fiction.
Jeudi 16 mars 2017 (18 h, au Portique, salle 412) : « La Fin des arts et des lettres dans la littérature d’anticipation? ». Atelier organisé par Bertrand Marquer, avec Claire Barel-Moisan (CNRS) et Valérie Sténion (Paris XIII).
Claire Barel-Moisan dirige le projet ANR "Anticipations, Romans d'anticipation scientifique au tournant du XIXe siècle (1860-1940)". Elle a notamment organisé, avec Valérie Stiénon, une exposition dans le cadre de la Fête de la science à Lyon, Electromania.
Valérie Stiénon nous parlera de "(Dé)classements culturels : le canon littéraire revu par le récit d’anticipation". Le roman d’anticipation développe une certaine vision de la place de la littérature au sein des sociétés futures qu’il imagine. Plusieurs récits sont explicites au sujet des auteurs et des genres littéraires qu’ils situent dans une histoire prospective à même de distinguer ceux en faveur ou en émergence de ceux sur le déclin ou déjà disparus. Ces considérations sur l’échelle des valeurs littéraires sont abordées tantôt à travers des panthéonisations subversives ou alternatives, tantôt dans des descriptions réunissant des écrivains de premier plan et des minores pour mieux interroger le jeu complexe entre reconnaissance et pérennité, qualité et succès. À travers ces procédés, c’est une réflexion sur les frontières entre littérature légitime et productions populaires qui est proposée : quels sont les effets de l’envahissement du domaine des lettres par les logiques publicitaires, la sérialisation des thèmes et des procédés sur le modèle mécanique du feuilleton, la montée en puissance des genres industriels à l’ère médiatique ? On mettra en évidence les moyens et les enjeux des recompositions du canon littéraire par le roman d’anticipation à partir de trois œuvres qui ont en commun de proposer des figurations explicites et détaillées d’un certain avenir de la culture lettrée : Jules Verne, Paris au XXe siècle (1863, publié en 1994), Albert Robida, Le Vingtième Siècle (1883) et André Maurois, Voyage au pays des Articoles (1927).
Claire Barel-Moisan traitera de "L’expérience de lecture dans la littérature d’anticipation". Comment les nouveaux supports du livre envisagés dans les fictions futures bouleversent-ils les modes de partage de la culture ? Quels effets sociaux produit la transformation des lieux, des institutions, des pratiques de lecture ? On analysera les représentations du livre du futur et l’invention de formes littéraires nouvelles dans des fictions du tournant du XIXe siècle comme La Fin des livres d’Octave Uzanne (1895) et La Vie électrique d’Albert Robida (1890) ou du début du XXe siècle, comme Le Napus de Léon Daudet (1927) et Ravage de René Barjavel (1943).
La relation franco-africaine, une nouvelle histoire politique et littéraire (1975-2015), colloque 11-12-13 avril 2017, argumentaire
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Appel à communication
Colloque international organisé par le Centre d’Étude sur les Représentations : Idées, Esthétique, Littérature (CERIEL) les 11, 12, 13 avril 2017.
Responsables : Corinne Grenouillet, Anthony Mangeon ; axe « Littérature et Histoire » de l’EA 1337 (Configurations littéraires).
Organisé en partenariat avec deux autres équipes d’accueil (Centre Ecritures, Université de Lorraine, EA 3943 ; RIRRA 21, Université Paul-Valéry Montpellier, EA 4209), ce colloque international sera le premier temps fort d’un cycle « LHM – Littérature, histoire, mondialité », qui comprendra trois colloques coordonnés : « La relation franco-africaine » (Strasbourg, avril 2017) ; puis « Le sacre de l’écrivain mondialisé » (Université de Lorraine, Metz, 2019) et enfin « La mondialisation des littératures d’expression française » (Université Paul-Valéry, Montpellier, 2020).
Argumentaire
De nombreux historiens de la colonisation ou de la littérature ont étudié les relations franco-africaines comme une « individualité historique » (Weber 1965 : 171) où l’exercice de la domination se distinguait nettement des autres politiques coloniales européennes. Au colonialisme comme « contrôle exercé par un peuple sur un autre » (Reinhard 1997 : 9), avec son cortège habituel de violences, de guerres, et d’exploitations intensives, s’associaient en effet très régulièrement des formes d’empathie et des « doses de fraternité » (Dozon 2003 : 19) qui ont longtemps lié Français et Africains dans une possible communauté de destin historique, politique ou littéraire. Pétri de contradictions, oscillant constamment entre les logiques antagonistes de l’assimilation et de l’association, et traitant tout à la fois ses colonisés « en frères et en sujets » (Arendt 2010), l’impérialisme français a constitué un cadre complexe au sein duquel les Africains pouvaient paradoxalement imaginer leur émancipation et forger ainsi, de concert avec certains écrivains et hommes politiques français, de nouvelles définitions de la nationalité, de la souveraineté et de la République.
Les années soixante ont marqué la fin de cette forme d’imagination impériale et de ses projections fédéralistes, sans empêcher la résilience d’une certaine mentalité coloniale dans les nouveaux rapports politiques et littéraires entre Français et Africains. Dans les faits, quoique souvent publiées chez les mêmes éditeurs, et mises à la disposition du public dans les mêmes librairies, la littérature française et la littérature africaine francophone restent le plus souvent étudiées de manières cloisonnées dans les universités de l’hexagone, comme si elles demeuraient par nature étrangères l’une à l’autre. Et lorsqu’on envisage des influences ou des filiations, ces dernières sont le plus souvent conçues à sens unique : on peut, à la rigueur, voir en Alain Mabanckou un neveu littéraire de Louis-Ferdinand Céline, mais à rebours on ne présentera jamais un écrivain métropolitain comme le nouveau Kourouma ou comme le Mongo Beti français.
En 2007, le manifeste Pour une littérature-monde en français a certes brouillé les frontières entre écrivains français et francophones, soudain réunis sous la bannière hétéroclite d’une littérature qui parle du monde, tout en venant elle-même « du monde entier » (Le Bris 2007 : 42). Mais s’il a d’une certaine manière ressuscité une forme d’« empire de la littérature », ce mouvement n’est pas encore parvenu à donner corps à son idée de « littérature-monde », c’est-à-dire à l’exhausser au statut d’un véritable patrimoine en partage. Une des raisons en fut sans doute, par-delà sa rhétorique classique de la rupture, son indifférence à l’histoire des relations franco-africaines telles qu’elles se sont construites dans la longue durée, et prolongées ensuite jusqu’en notre XXIe siècle désormais bien avancé.
De William Cohen à Gary Wilder en passant par Frederic Cooper, ou de Jean-Loup Amselle à Bernard Mouralis en passant par Jean-Pierre Dozon, les travaux les plus novateurs sur l’histoire franco-africaine s’inscrivent, aux États-Unis comme en France, dans une démarche continuiste qui montre notamment comment la métropole et ses colonies se sont réciproquement construites et influencées à travers les époques. Les littératures françaises et francophones s’y trouvent de surcroît régulièrement convoquées et commentées pour donner mieux à comprendre ces féconds rapports entre la France et l’Afrique. Mais en s’arrêtant généralement au seuil des indépendances, les recherches historiques et littéraires laissent souvent en suspens les prolongements méconnus et les mutations inédites de ces relations franco-africaines à l’ère postcoloniale. Les travaux de Dominic Thomas permettent en revanche d’apprécier les récents « processus d’intercommunication » et le « bilatéralisme des échanges entre les populations en Afrique et en France » qui président désormais à l’émergence d’une « littérature afro-française » (Thomas 2013 : 25). C’est donc ce que le présent colloque s’attachera à mettre en lumière. Il s’agira notamment d’étudier les manières différentes mais aussi parfois complices, voire complémentaires, dont les écrivains français et les écrivains africains contemporains reviennent fréquemment sur l’histoire de ces relations, depuis l’ancien régime jusqu’à la décolonisation.
En proposant comme balises les années 1975 à 2015, nous ne souhaitons pas simplement revisiter quatre décennies de production littéraire, mais surtout marquer, à partir d’exemples ou de parcours précis, qu’il n’y eut jamais solution de continuité entre la littérature française et les littératures africaines francophones, pas plus qu’entre les écrivains du XXe siècle finissant et ceux du XXIe siècle naissant. Beaucoup d’auteurs nés durant ou après la Seconde Guerre mondiale sont, dans les faits, entrés en littérature à compter des années soixante-dix, et continuent d’écrire encore aujourd’hui à partir d’un rapport privilégié à l’histoire franco-africaine. Une nouvelle génération les a rejoints, et ces « enfants de la postcolonie » (Waberi) se nourrissent également d’autres expériences ou d’autres lectures qu’à l’époque coloniale, mais surtout ils sont issus d’une histoire certes décolonisée – les indépendances ont désormais plus d’un demi-siècle –, sans que sa compréhension soit pour autant décolonialisée – le colonial perdure en effet, et fait même fréquemment retour dans les représentations et les politiques socioculturelles. Pourtant les écrivains africains et les écrivains français se lisent aujourd’hui et par là même, se répondent et s’influencent réciproquement pour certains, dans le même temps qu’ils dialoguent avec les historiens dans un effort commun pour déjouer la prégnance du colonial. On pourrait même noter qu’à certains égards, ils précèdent parfois ces derniers dans leurs relectures ou leurs « redécouvertes » historiques : Ahmadou Kourouma (Monnè, outrages et défis, 1990) devance par exemple Achille Mbembe (De la postcolonie, 2000), de même que Patrice Nganang (La Saison des prunes, 2013) précède quelque peu Éric Jennings (La France libre fut africaine, 2014), ou Paule Constant (C’est fort la France !, 2013) Guillaume Lachenal (Le Médicament qui devait sauver l’Afrique, 2014) sur les vicissitudes des relations franco-africaines, ou au contraire sur les récurrences de leur histoire. Dans tous les cas on observe des convergences entre historiographie et littérature, mais surtout une pluralité des points de vue et, partant, des regards littéraires sur l’histoire, selon que l’on se situe au Nord ou dans le Sud : les zones d’ombre ne seront pas les mêmes, et des tabous ou des problèmes de légitimité (d’une question, d’une parole) resteront propres à chaque champ. Ce sont aussi ces écarts et ces modes de positionnement différents qu’il nous faudra explorer.
Plusieurs raisons nous motivent à organiser ce colloque en 2017. Si 2016 marque actuellement les 70 ans de l’Union Française et de la départementalisation (Antilles, Guyane, Réunion...), en 2017 viendront aussi les 70 ans des massacres coloniaux à Madagascar, et les quarante ans de l’indépendance de Djibouti : d’un certain point de vue, ce n’est qu’à cette date tardive (1977) que la France est véritablement devenu un État-Nation sans empire. Et cela fera exactement soixante ans qu’elle s’est détournée de sa forme ancienne d’imagination politique (l’empire), pour se lancer dans une autre aventure supranationale – l’Europe du marché commun (1957). Accessoirement, en 2017, ce seront également les 70 ans d’Erik Orsenna (22 mars 1947) et de Patrick Grainville (1er juin 1947) ainsi que les quatre-vingt ans de Henri Lopes (12 septembre 1937). Quant à Jean-Luc Raharimanana, il atteindra cinquante ans (26 juin 1967). Tous ces écrivains méritent qu’on se penche collectivement sur la manière dont leur œuvre a aidé à repenser et faire connaître l’histoire de la relation franco-africaine, dans son indéniable violence, mais aussi dans toute sa complexité. Ce colloque proposera donc plusieurs communications et des tables-rondes spécifiques, en présence si possible de ces auteurs. Il sera aussi l’occasion de dresser un premier bilan rétrospectif, dix ans après le manifeste Pour une littérature-monde en français.
Le comité scientifique souhaite croiser les regards des écrivains africains et des écrivains français sur la relation franco-africaine, ainsi que ceux des critiques et des historiens. Il propose les orientations suivantes :
- Dans quelle mesure cette relation a-t-elle rempli un rôle de révélateur dans la carrière littéraire, académique, et éventuellement politique, des uns et des autres ?
- Quelle fonction joue-t-elle dans l’économie des textes ?
- Cette relation est-elle conçue comme une réalité historique ou, au contraire, comme un fantasme et une reconstruction imaginaire ?
- Quels épisodes, ou quels événements de la relation franco-africaine se voient-ils conférer un rôle charnière par les écrivains ? Y a-t-il convergences ou divergences avec les historiens ? Quels traitements spécifiques les écrivains proposent-ils ?
- Quel discours sur l’histoire politique, et quel discours sur les usages de la langue française les écrivains tiennent-ils lorsqu’ils s’intéressent à la relation franco-africaine ?
- Quelles sont les modalités spatiales de cette relation ?
- Quelles influences précises peut-on identifier, des écrivains français sur les écrivains africains, et des écrivains africains sur les écrivains français ?
- Comment se construisent les imaginaires patrimoniaux respectifs ou communs des écrivains africains et des écrivains français ?
Ce colloque international encouragera la participation des doctorants, dans le programme général ou sous la forme d’ateliers spécifiques, selon le nombre des propositions retenues. Au terme de ses travaux, il devrait déboucher sur une vision moins cloisonnée des histoires littéraires et politiques française et africaines. Mais pourquoi, en définitive, l’organiser en Alsace, et tout particulièrement dans son Eurométropole ? Il suffit de rappeler le « Serment de Koufra », par lequel le général Leclerc et ses soldats africains jurèrent « de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs flotteront sur la cathédrale de Strasbourg » (2 mars 1941). Ce « serment » ne marquait donc pas seulement la première victoire de la France libre, mais un temps fort de la relation franco-africaine qui se projetait jusqu’à Strasbourg, dont l’université même se trouvait alors exilée. Cela fait donc particulièrement sens d’organiser dans nos murs ce colloque international sur « la relation franco-africaine, une nouvelle histoire politique et littéraire ».
Éléments de bibliographie :
Amselle, Jean-Loup. Vers un multiculturalisme français : l’empire de la coutume. Paris, Aubier, 1996.
Arendt, Hannah. Les Origines du totalitarisme, tome II : L’impérialisme, traduit de l’anglais par Martine Leiris et Hélène Frappat, Paris, Seuil, coll. Points, 2010.
Bancel, Nicolas (dir.). « Le retour du colonial », Cultures Sud, n°165, avril-juin 2007.
Benot, Yves. Les Parlementaires africains à Paris, 1914-1958. Paris, Chaka, 1989.
Benot, Yves. Massacres coloniaux. 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises. Paris, La Découverte, 1994.
Bush, Ruth et Ducournau, Claire. « La littérature africaine de langue française, à quel(s) prix ? Histoire d’une instance de légitimation littéraire méconnue (1924-2012) ». Cahiers d’Études Africaines, vol. LV (3), n°219, p.535-568, 2015.
Carré, Nathalie, Mangeon, Anthony, et Parent, Sabrina (dir.). « Retentissements des Guerres mondiales ». Études littéraires Africaines, n°40, Metz, Centre Écritures / Association Pour l’Étude des Littératures Africaines, 2015.
Coquio, Catherine (dir.) : Retours du colonial ? Disculpation et réhabilitation de l’histoire coloniale, Nantes, L’Atalante, 2008.
Cohen, William. Français et Africains : les Noirs dans le regard des Blancs, 1530-1880 [1980].Traduit de l’anglais par Camille Garnier, Paris, Gallimard, 1981.
Cooper, Frederick. L’Afrique depuis 1940 [2002]. Traduit de l’anglais par Christian Jeanmougin, Paris, Payot, 2008.
Cooper, Frederick. Le Colonialisme en question : théorie, connaissance, histoire [2005]. Traduit de l’anglais par Christian Jeanmougin, Paris, Payot, 2010.
Cooper, Frederick. Français et Africains ? Être citoyen au temps de la décolonisation. Traduit de l’anglais par Christian Jeanmougin, Paris, Payot, 2014.
Cooper, Frederick. L’Afrique dans le monde : Capitalisme, Empire, État-Nation. Traduit de l’anglais par Christian Jeanmougin, Paris, Payot, 2015.
Diakité, Tidiane. Louis XIV et l’Afrique noire. Paris, Arléa, 2013.
Delas, Daniel, Chanda, Tirthankar, Le Lay, Maëline et Martin-Granel, Nicolas, « À propos de Congo, une histoire, de David Van Reybrouck », Études Littéraires Africaines, n°35, 2013, p.119-146.
Delas, Daniel, Mangeon, Anthony et Thomas, Dominic, « À propos de Noirs d’encre », Études Littéraires Africaines n°38, 2014, p.122-145.
Dozon, Jean-Pierre. Frères et sujets, la France et l’Afrique en perspective. Paris, Flammarion, 2003.
Dubreuil, Laurent. L’Empire du langage, colonies et francophonie. Paris, Hermann, 2008.
Fonkoua, Romuald, Mouralis, Bernard, et Piriou, Anne (dir.). Robert Delavignette (1897-1976), savant et politique. Paris, Karthala, 2003.
Fonkoua, Romuald. « Une certaine idée de la République ». Acta Fabula, vol. XIV, n°1, janvier 2013 [http://www.fabula.org/acta/document7478.php].
Grenouillet, Corinne. « Soldats africains et question coloniale dans l’œuvre d’Aragon », Recherches croisées Aragon / Elsa Triolet n° 13, Presses Universitaires de Strasbourg, 2012, p. 59-79.
Jennings, Éric. La France Libre fut africaine. Paris, Perrin / Ministère de la Défense, 2014.
Lachenal, Guillaume. Le Médicament qui devait sauver l’Afrique : un scandale pharmaceutique aux colonies. Paris, La Découverte, 2014.
Lafont, Suzanne. « Migrations patrimoniales : Céline dans quelques fictions francophones contemporaines », Études Littéraires africaines, n°40, 2015.
Le Bris, Michel, Rouaud, Jean (dir.). Manifeste pour une littérature-monde en français, Paris, Gallimard, 2007.
Le Bris, Michel, Rouaud, Jean (dir.). Je est un autre, pour une identité-monde, Paris, Gallimard, 2010.
Mabanckou, Alain. Le Sanglot de l’homme noir, Paris, Fayard, 2012.
Mangeon, Anthony. La Pensée noire et l’Occident, de la bibliothèque coloniale à Barack Obama, Cabris, Sulliver, 2010.
Mangeon, Anthony (dir.). L’Empire de la littérature. Penser l’indiscipline francophone avec Laurent Dubreuil. Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2016.
Mbembe, Achille. La Naissance du Maquis dans le Sud-Cameroun, 1920-1960 : naissance des usages de la raison en colonie. Paris, Karthala, 1996.
Mbembe, Achille. De la Postcolonie : essai sur l’imagination politique dans l’Afrique contemporaine, Paris, Karthala, 2000.
Miano, Léonora. Habiter la frontière, Paris, L’Arche, 2012.
Miller, Christopher. Nationalists and Nomads. Essays on Francophone African Literature and Culture, Chicago, Chicago University Press, 1999.
Moudileno, Lydie. « Bodo, roman africain ». Cahiers d’Études Africaines, vol. LV (2), n°218, 2015, p.381-393.
Moudileno, Lydie. « “Il devint un Romaincourtien”. Histoire coloniale et histoire régionale », dans Cécile Van den Avenne (dir.) : Tierno Monénembo, Paris, Classiques Garnier, coll. « Écrivains francophones », 2016 (à paraître).
Mouralis, Bernard. République et colonies, entre histoire et mémoire [1999]. Rééd. Paris, Présence Africaine, 2012.
Parent, Sabrina. Cultural Representations of Massacre. Reinterpretations of the Mutiny of Senegal. New York & Basingstoke, Palgrave & Macmillan, 2014.
Ranaivoson, Dominique. « Madagascar 1947 : le roman ouvre-t-il les pages scellées de l’histoire ? », Études littéraires africaines, n°26, 2008, p.61-69.
Ranaivoson, Dominique. Nour, 1947 de Jean-Luc Raharimanana, étude critique. Paris, Champion, 2015.
Reinhard, Wolfgang. Petite histoire du colonialisme. Paris, Belin Sup « Histoire », 2000.
Thomas, Dominic. Noirs d’encre. Colonialisme, immigration et identité au cœur de la littérature afro-française, Paris, La Découverte, 2013.
Thomas, Martin (dir.). The French Colonial Mind, vol. I : Mental Maps of Empire and Colonial Encounters ; vol. II : Violence, Military Encounters, and Colonialism. Lincoln & London, University of Nebraska Press, 2011.
Waberi, Abdourahman. « Les Enfants de la postcolonie : Esquisse d’une nouvelle génération d’écrivains francophones d’Afrique noire », Notre librairie, n°135, septembre-décembre 1998, p. 8-15.
Weber, Max. Essai sur la théorie de la science, Paris, Plon, 1965.
Wilder, Gary. The French Imperial Nation-State : Negritude and Colonial Humanism between the Two World Wars. Chicago, The University of Chicago Press, 2005.
Wilder Gary. Freedom Time : Negritude, Decolonization, and the Future of the World. Durham & London, Duke University Press, 2015.
Comité scientifique international :
Kusum Aggarwal (U. Delhi, Inde).
Claire Ducournau (U. Paul-Valéry Montpellier, France).
Romuald Fonkoua (U. Paris-Sorbonne, France).
Sylvère Mbondobari (U. Omar-Bongo, Gabon).
Lydie Moudileno (U. Penn, États-Unis).
Bernard Mouralis (U. Cergy-Pontoise, France).
Dominique Ranaivoson (U. Lorraine, Metz, France).
Dominic Thomas (UCLA, États-Unis).
Modalités :
Envoi des propositions d’intervention : avant le 15 juin 2016.
Les propositions (titre et résumé : 300 mots maximum) et une brève notice biobibliographique de l’auteur (statut, rattachement scientifique, champ de recherche : 70 mots maximum) sont à envoyer aux adresses suivantes :
corinne.grenouillet@unistra.fr
amangeon@unistra.fr
Réponse du comité scientifique : 5 septembre 2016.
Date du colloque : 11-12-13 avril 2017.
Une sélection des contributions au colloque fera l’objet d’une publication collective.
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La relation franco-africaine, une nouvelle histoire politique et littéraire (1975-2015), programme
Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme (MISHA)
Salle de conférence
Allée du Général Rouvillois
67 083 STRASBOURG
Relire l'argumentaire
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Mardi 11 avril
13h30 Ouverture du colloque par Béatrice Guion (directrice de l’équipe d’accueil « Configurations littéraires »), Anthony Mangeon et Corinne Grenouillet, organisateurs
Session I : Fantasmes et réalités de la relation franco-africaine
Présidence de séance : Lydie Moudileno (Université de Pennsylvanie)
14h00 Romuald Fonkoua (Paris-Sorbonne) : Les relations franco-africaines et le statut paradoxal d’une littérature noire
14h30 Nicolas di Méo (Université de Strasbourg) : La France, terre de désillusions : évolution d’un motif littéraire
15h00 Claire Ducournau (Université Paul-Valéry Montpellier) : La relation franco-africaine à travers la topographie narrative du Paris noir dans Cercueil et Cie (1985) de Simon Njami
Discussion suivie d’une pause café
16h00 Kusum Aggarwal (Université de New Delhi) : Histoire politique des relations franco-africaines d’après les romans d’Henri Lopes
16h30 Sylvère Mbondobari (Université Omar-Bongo, Libreville) : L’Afrique et sa diaspora au miroir des œuvres d’Henri Lopes et de Sylvain Prudhomme
17h00 Corinne Grenouillet (Université de Strasbourg) : Médecins et maladies dans les romans africains de Paule Constant : la relation franco-africaine comme relation médicale
Discussion
18h L’humeur du monde : Rencontre littéraire avec Paule Constant et Henri Lopes, écrivains
Mercredi 12 avril
Session II : Mobilités et décentrements
Présidence de séance : Sabrina Parent (Université Libre de Bruxelles)
9h30 Rebecca Blanchard (Université de Toronto) : La thématique du retour dans la littérature urbaine du XXIe siècle
10h00 Brigitte Dodu (Université de Strasbourg) : Koffi Kwahulé, Monsieur Ki et sa concierge en rhapsodes de la relation franco-africaine dans un monde postbabylonien
Discussion suivie d’une pause café
11h00 Lydie Moudileno (Université de Pennsylvanie) : La Province postcoloniale
11h30 Catherine Mazauric (AMU Aix-Marseille Université) : Des lois Stoleru à la Chinafrique : la fiction afro-française au prisme des mobilités subsahariennes
Discussion
Session III : Figures et postures de l’écrivain
Présidence de séance : Pierre Halen (Université de Lorraine)
14h00 Céline Gahungu (Université Paris-Sorbonne/ITEM) : Trajectoire et postures de Sony Labou Tansi au miroir de trois « gueules savonneuses » : Victor Hugo, Arthur Rimbaud et Antonin Artaud
14h30 Reynald Lahanque (Université de Lorraine) : Le personnage de l’écrivain africain dans La Grande intrigue de François Taillandier
Discussion suivie d’une pause café
Session IV : Dramaturgies
Présidence de séance : Claire Ducournau (Université Paul-Valéry Montpellier)
15h30 Florian Alix (Université de la Sorbonne) : Métathéâtre et renversement des pouvoirs coloniaux et postcoloniaux chez Jean Genet, Aimé Césaire, Laurent Gaudé et Koffi Kwahulé
16h00 Geneviève Chovrelat-Péchoux (Université de Franche-Comté) : La controverse de Ouagadougou : Mitterrand et Sankara de Jacques Jouet
16h30 Aurore Desgranges (Université de Lyon II) : Présence de Thomas Sankara dans la dramaturgie contemporaine française et burkinabé
Discussion suivie d’une pause café
18h L’Humeur du monde - Spectacle théâtral : Rano, Rano de et avec Jean-Luc Raharimanana
Jeudi 13 avril
Session V : La relation franco-malgache
Présidence de séance : Nicolas Martin-Granel (ITEM-CNRS)
9h00 Bernard De Meyer (Université du Kwa-Zulu Natal, Afrique du Sud) : Le rapport Madagascar-France dans la littérature contemporaine de la Grande Île : une lecture des nouvelles de Johary Ravaloson et de Laurence Ink
9h30 Dominique Ranaivoson (Université de Lorraine) : L’histoire franco-malgache au miroir des littératures contemporaines : quand le passé sert à tout et à tous
Discussion suivie d’une pause café
Session VI : Nouvelles cartographies romanesques
Présidence de séance : Catherine Mazauric (Aix-Marseille Université)
10h30 Solange Namessi (Université de Strasbourg) : Poétiques de la revenance et reconfigurations mémorielles de la relation franco-africaine chez trois écrivains de la postcolonie (Tierno Monenembo, Abdourahman Waberi, Kossi Efoui)
11h00 Abdoulaye Imorou (Université du Ghana, Legon) : Le tiers inclus : les « fictions chinoises » dans la littérature africaine francophone
11h30 Christine Le Quellec-Cottier (Université de Lausanne) : Maillage transnational : de la possibilité d’une nouvelle histoire littéraire « afro-française »
Discussion
Session VII : Pratiques culturelles
Présidence de séance : Romuald Fonkoua (Université de Paris-Sorbonne)
14h00 Milunda Kombila (Université de Lorraine) : Peuples noirs, peuples africains : une revue culturelle postcoloniale
14h30 Ninon Chavoz (Université de la Sorbonne-Nouvelle) : Profondeurs de la S.A.P.E. et circulations spéculaires
15h00 Jean-Paul Meyer (Université de Strasbourg) : Malamine, Alphonse Madiba, Mamie Denis : trois figures de l’aller-retour dans la bande dessinée franco-africaine
Discussion suivie d’une pause café
16h00 L’Humeur du monde : Table-ronde avec Pierre Halen, directeur du centre Écritures de l’Université de Lorraine, Christophe Cassiau-Haurie, scénariste et spécialiste de la bande dessinée africaine, Al’Mata et KHP, auteurs : Scénariser, éditer, diffuser la bande-dessinée africaine aujourd’hui
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Écrire au féminin, penser (entre) les langues, un double exil ? Altérité linguistique dans la création littéraire des femmes (1875 –2015), 1er décembre 2016
Journée d’études, Strasbourg, 1er décembre 2016,
en préparation d’un colloque international à l’horizon 2018
Organisateurs :
Britta Benert (EA 1337 – Université de Strasbourg/ESPE)
Mateusz Chmurski (UMR 8224 EUR’ORBEM et EA 4372 CERCLE, Université de Lorraine)
Luba Jurgenson (Université de Paris-Sorbonne et UMR 8224 EUR’ORBEM, CNRS – Paris-Sorbonne)
Lieu de la manifestation :
ESPE/Université de Strasbourg, 141 avenue de Colmar à Strasbourg
Arrêt tram : « Krimeri/Stade de la Meinau »
– PROGRAMME –
10h00 : Discours d’ouverture par Guy DUCREY, directeur de l’institut de littérature comparée, Université de Strasbourg
10h15- 11h00 Introduction à la thématique (Britta Benert, Mateusz Chmurski, Luba Jurgenson)
11h00 – 11h45 Lioudmila Chvedova, MCF, Université de Lorraine – CERCLE EA 4372 Lydia Delectorskaya (1910-1996) : transformation d’un modèle en écrivain-biographe
11h45-12h30 Anna Lushenkova-Foscolo, docteur – UMR 8224 EUR’ORBEM Marina Tsvétaéva, traductrice et poétesse
12h30 – 14h00 : Buffet
14h00 – 14h45
Suzel Meyer, doctorante – Université de Strasbourg Virginia Woolf : la difficulté à écrire au féminin dans une langue masculine
14h45-15h30
Cécile Rousselet, docteur – CERC, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle et UMR 8224 EUR’ORBEM Le plurilinguisme comme dessin d’un entre-deux. Esther Kreitman : affirmation de la marge et réappropriation identitaire
15h30 – 15h45 : pause-café
15h45- 16h30
Nathalie Carré, MCF, INALCO – EA 4514 PLIDAM Les langues pour se dire : plurilinguisme chez deux auteurs africaines (Ken Bugul et Yvonne Owuor)
16h30-17h15
Myriam Geiser, MCF, Université Grenoble Alpes, EA 7356 ILCEA4 Yoko Tawada et Zehra Çirak: deux poétesses de la subversion linguistique
17h15-18h15 : Bilan
19h30 : Dîner
– ARGUMENTAIRE –
La rencontre aura pour but de préparer un colloque d’envergure internationale programmé pour le premier trimestre 2018. Il s’agira de discuter la validité de l’argumentaire ci-dessous ainsi que de dégager différents axes de réflexion (en vue des sessions du colloque).
Le colloque programmé (sujet de réflexion de la présente journée d’étude) s’inscrit dans la prolongation de deux champs d’investigation.
D’une part, avec la publication de l’ouvrage Paradoxes du Plurilinguisme littéraire 1900 (Benert, 2015), nous avons voulu élargir la problématique du changement des langues et/ou du mélange des langues au sein même des textes, en partant d’une approche résolument diachronique. La dimension historique contribue en effet à complexifier un domaine de recherche où des études consacrées à la littérature d’aujourd’hui (dite « migrante ») foisonnent mais où l’analyse de la diversité linguistique se limite souvent à pointer ses liens avec les phénomènes actuels de mondialisation. La focale portée sur la période 1900 fait émerger une attitude foncièrement paradoxale à l’égard du plurilinguisme littéraire, entre glorification et rejet, et aide à aborder avec plus de discernement certains des paradoxes du plurilinguisme littéraire d’aujourd’hui.
D’autre part, un accent fort sera mis sur l’importance de la belle époque pour l’évolution de l’écriture féminine, marginalisée tout au long du XIXe siècle, à de rares exceptions près. En effet, étudier l’importance identitaire des journaux personnels et leur rôle pour la création fictionnelle des auteurs tant marginaux que marginalisés dans le contexte culturel centre-européen (Chmurski 2012) nous a permis de constater que le cadre traditionnel de littératures nationales, issu du XIXe siècle et canonisé par la recherche littéraire dominante, ne suffit plus à circonscrire les phénomènes artistiques de l’époque 1900. Plurilingues, métafictionnels, transgressifs à plusieurs titres, les œuvres de l’époque s’avèrent le laboratoire où se construit, au cas par cas, une identité plurielle, dont se nourrissent les décennies suivantes. Or, s’il est possible de constater un essor considérable des analyses et du plurilinguisme, le rôle des écrits féminins dans ces processus n’a pas encore été proprement exploré.
Quels rapports peut-on observer entre l’érosion des genres littéraires traditionnels, l’émancipation de l’écriture féminine et l’évolution de la littérature moderne ? À travers les œuvres de nombreuses auteures qui, de Lou-Andreas-Salomé et Maria Komornicka-Piotr Włast à Agota Kristof, décidèrent d’exprimer leur identité mouvante entre les langue(s), le colloque explorera l’hypothèse du dernier quart du XIXe siècle en tant que moment clé de l’émancipation des écrits de femmes plurilingues. Nous interrogerons l’importance de cette période charnière pour les écrits du siècle dernier, sans négliger pour autant les ouvertures thématiques, génériques et théoriques, et notamment la théorie du genre.
En liant les problématiques de la création littéraire des femmes et de l’altérité linguistique, il s’agira d’interroger une marginalisation potentiellement double : du fait du plurilinguisme et du fait de créer en tant que femme. Le cadre historique choisi, pour sa part, vise à réfléchir sur les continuités et ruptures des identités en crise. Il sera accompagné d’une ébauche de réflexion théorique de ces enjeux encore trop peu connus.